Au Sénat, le rapport d’information « Mieux organiser la Nation en temps de crise » revient longuement sur la mise en œuvre de l’état d’urgence sanitaire en France. Il est notamment question de l’application StopCovid.
Après un rappel historique, les sénateurs distribuent les mauvais points : « l'absence de consensus scientifique sur l'efficacité d'une application en deçà d'un seuil élevé d'utilisateurs et l'obstacle de la fracture numérique », « contraintes inhérentes au choix de la technologie Bluetooth », « l'inefficacité, voire les effets pervers, d'un "pistage sans dépistage" » et « un risque pour les libertés : accoutumance à la surveillance numérique, normalisation juridique de l'exception et discriminations ».
Ils indiquent que « l'adoption par la population française reste minime (1,9 million de téléchargements seulement, auxquels il faut même retrancher 460.000 désinstallations) », contre 7 millions le jour du lancement de la solution développée en Allemagne. Et que « l'utilité sanitaire concrète à ce jour semble bien négligeable ; seules 68 personnes ont fait une déclaration de test positif via l'application, et avec seulement 14 utilisateurs avertis d'un risque de contact avec une personne contaminée, « StopCovid » apparaît bien comme un rendez-vous manqué ».
Le rapport pointe du doigt le coût des serveurs (environ 200 000 euros par mois) et précise que « le dispositif reste un des rares en Europe qui ne sera probablement pas interopérable avec les autres applications développées par nos partenaires européens ». Une solution pourrait venir du protocole DESIRE (évolution de ROBERT) d’Inria.
Tout n’est pas forcément à jeter pour autant : « Face au risque de reprise de l'épidémie à l'automne, comme le redoutent les autorités sanitaires, il est trop tôt à ce stade pour conclure sur l'utilité de cette application. Peut-être serons-nous alors heureux d'échapper à un reconfinement général grâce, en partie, au déploiement plus massif de cette application ».
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