Un Français, « détective de la tromperie », dans le « Nature’s 10 »
Le 10 janvier 2022 à 09h47
2 min
Sciences et espace
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Un Français vient d’être sélectionné parmi les dix personnalités de l’année par la prestigieuse revue anglaise « Nature », aux côtés de Tulio de Oliveira, le découvreur du variant Omicron, de la chercheuse en IA Timnit Gebru et du chef de la première mission chinoise vers la planète Mars.
La Dépêche a rencontré ce « lanceur d'alerte de la communauté scientifique » que Nature qualifie de « détective de la tromperie ». Chercheur en informatique de l’université Toulouse III Paul Sabatier, Guillaume Cabanac a conçu un logiciel qui traque les articles scientifiques « bidon ».
Son logiciel fouille inlassablement les quelque 6 millions d’articles qui paraissent chaque année dans 40 000 revues scientifiques. Des plus prestigieuses publiées par Elsevier ou Springer, aux moins considérées. « Plutôt cocasse, j’ai dénoncé des erreurs dans des articles publiés par le groupe Springer/Nature. Et c’est Nature, pourtant, qui m’a sélectionné… », s'amuse Cabanac :
« Le logiciel que j’ai mis au point effectue un criblage permanent de toute la littérature scientifique. C’est un détective à l’écoute de ses "indics", qui sont les expressions torturées. Ce sont des expressions utilisées par les plagiaires pour se dissimuler. Par exemple, ils écrivent "péril de poitrine" pour un cancer du sein (en anglais).
Les faussaires volent des passages d’articles publiés, utilisent un programme pour changer les mots par des synonymes et s’approprient ce texte paraphrasé. Voilà comment des milliers d’articles frauduleux sont publiés chaque année. Et comment nous en avons fait retirer des centaines par leurs éditeurs, en 2021. »
Le 10 janvier 2022 à 09h47
Commentaires (15)
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Abonnez-vousLe 10/01/2022 à 09h57
Je vais être très méchante, mais j’ai du mal à voir en quoi c’est une découverte ? Autant découvrir l’Omicron, c’est classe. Autant être le 1er chef chinois ou avoir codé un logiciel qui détecte les faux articles ne méritent pas (selon moi) d’être “adulé” par cette revue. Il y a ma connaissance des scientifiques qui ont fait bien d’autres découvertes plus importante, même si théorique ou limité aux cadres d’un laboratoire mais qui sont/seront très utile à l’humanité plus tard.
PS : Prendre en considérant un biais cognitif pour Nature. Dans ma communauté, publié dans Nature est signe d’un mauvais papier.
Le 10/01/2022 à 10h09
Le test de charge ultime sera de tester avec les “publications” de Raoult et l’IHU !
Le 10/01/2022 à 11h22
Pas sur que ça marche à tout les coups. En moins que le logiciel comprend les affiliations et soit capable de détecter des résultats eux-même truqués. Pour le plagiat de figures, je doute également qu’il fonctionne aussi. Raoult ayant directement plagié sans chercher à faire de l’enrobage (de ce que j’ai pu voir).
Le 10/01/2022 à 11h25
Justement, si le logiciel trouve quoique ce soit de valable dans l’océan de merde de l’IHU, ce sera une piste d’amélioration du logiciel.
Le 10/01/2022 à 13h20
Si j’ai bien suivi, le logiciel cherche à reconnaître les plagiats qui ont été déguisés à coup de dictionnaire des synonymes. Ça ne détecte pas les papiers bidons fondés sur des jeux de données à la statistique bancale. Peu de chance que ça donne quoi que ce soit pour Raoult & co.
Le 10/01/2022 à 10h26
On ne parle pas de découvreurs mais de personnalités de l’année. Vu la crise de confiance dans la science en ce moment, un outil qui pointe les articles falsifiés est plus que bienvenu quand on voit le taux de reproductibilité des papiers et le fait que des articles retirés continuent d’être cités.
En revanche Timnit Gebru
Le 10/01/2022 à 10h38
Des millions d’articles publiés chaque année et seulement quelques centaines retirés…
C’est toujours ça mais tellement peu pour être une personnalité de l’année.
Le 10/01/2022 à 11h20
Nature est assez “confidentielle” pour le grand public, en plus d’être en anglais. je vois pas en quoi ce genre de classement contribue à réduire cette crise. A la limite, ma thèse en 180 secondes (que je décris personnellement comme une aberration) est plus utile.
ça ne serait pas le boulot de ses éditeurs de développer leur propre outil afin de garantir la qualité de leur revue ? Pour rappel, en France les thèses sont passées à ce genre d’outils. Et certains instituts de recherche l’exigent avant d’envoyer le papier à l’éditeur.
Qu’un chercheur s’amuse à développer de nouvelles méthodes ou variantes, c’est super ! Mais de là en faire une personnalité de l’année…
Le 10/01/2022 à 14h01
Exact.
Plutôt que “détective de la tromperie” (Deception sleuth), je propose de l’appeler BIDONATOR !
Le 10/01/2022 à 16h01
Sauf qu’un éditeur ne pourra comparer qu’avec sa propre base d’articles…
Ça sera donc très fortement limité.
Ça c’est une démarche en interne, c’est bien, mais ça ne protège pas de chinois qui prennent ton article dans une revue française font un coup de google trad et republient ta recherche (c’est du vécu).
Le 10/01/2022 à 16h42
C’est vrai, mais pas impossible. Les universités (par exemple) ont accès à plusieurs éditeurs (Nature, Springer, Wiley…). Rien n’empêcherait un éditeur de payer pour scanner dans la base de données d’un autre éditeur. Pour moi, ce n’est pas un problème (surtout vu comme elles se goinfrent).
Sérieusement, une publication scientifique dans une revue française en français ? Deux questions de curiosité : 1. Quelle domaine ? 2. Elle a un H-index ?
Je suis désolé pour toi. J’imagine que tu es en mesure de pouvoir prouver l’originalité des travaux par leur chronologie, mais que c’est peine perdu de mener une action comme celle-ci en justice ?
Le 10/01/2022 à 16h59
C’est un article de conférence non référencé (domaine de la mécanique des matériaux).
C’est pas un article à moi, je suis juste l’éditeur en quelque sorte .
Je ne sais pas où en est l’auteur dans ses démarches, mais je lui souhaite bon courage en tout cas.
Le 10/01/2022 à 17h10
Ah ok, je comprends mieux. Merci pour les précisions. Ouep, bon courage pour lui.
Le 10/01/2022 à 19h35
Amusant, j’aurai pensé que c’était un terme woke pour être plus « inclusif » ™ ©, à l’image de chestfeeding au lieu de breastfeeding.
Le 10/01/2022 à 21h32
J’ai pas compris comment ils arrivent à “péril de poitrine”.
En anglais, cancer ce dit cancer.