Le Syndicat national de l'édition phonographique (SNEP) vient de publier les résultats du marché de gros de la musique enregistrée pour les trois premiers trimestres de l'année, soit entre janvier et septembre 2012. Et le bilan ne change guère : le numérique progresse, sans pour autant compenser la baisse des ventes des disques (physiques).

Répartition de chaque marché dans le secteur numérique. (Abonnement = Streaming par abonnement)

Près d'un tiers du marché pour le numérique 

Avec 296 millions d'euros de chiffre d'affaires (hors taxe), en baisse de 7,8 %, le marché de la musique français n'est toujours pas à la fête. Il faut dire que si les ventes numériques ont bien progressé (+ 13,8 %), avec une croissance de 11 millions d'euros, les ventes physiques, elles, ont particulièrement souffert. De 242 millions d'euros en 2011, elles ont cette année cumulé 206 millions d'euros, soit une baisse de 36 millions d'euros (- 14,9 %).

Résultat : le numérique représente désormais 30,4 % du chiffre d'affaires du marché de la musique dans l'Hexagone, contre 24,6 % en 2011. Une progression du numérique qui n'a pas de raison de s'arrêter, qui devrait d'ailleurs d'ici quelques années atteindre la barre des 50 % des ventes, à l'instar des États-Unis, et bientôt de la Suède ou de la Corée du Sud.

L'importance grandissante du streaming

Part du streaming (abonnement ou gratuit) dans le chiffre d'affaires numérique de la musique.

Concernant le numérique, le SNEP précise que 52,7 % de ce marché a pour source les téléchargements sur Internet (via iTunes par exemple), en hausse de 17,3 % en un an. Le streaming, pour sa part, représente près de 40 % du marché, soit le plus fort pourcentage au monde derrière la Suède (90 %). Ce secteur a progressé de près de 30 % en un an. Enfin, le reste du marché du numérique est capté par la téléphonie mobile (sonneries et ventes de singles), qui ne cesse de s'écrouler, avec 7,6 % de PDM désormais, contre 14 % en 2011. Ce secteur a régressé de 38,4 % en un an.

Merci Hadopi 

Selon Pascal Nègre, le succès du streaming en France et en Suède est simple : ces deux pays disposent d'une «législation sérieuse contre la piraterie ! C'est un tout !»

La France est derrière la Suède le 2 eme pays au monde où la part de marché du streaming est la plus élevée !!!! Effets lois antipirateries?

— PascalNegre (@PascalNegre) Novembre 8, 2012

Spotify suédoise et Deezerfrançaise crées dans les deux pays avec une législation sérieuse contre la piraterie ! C'est un tout !

— PascalNegre (@PascalNegre) Novembre 8, 2012

Selon le syndicat, toujours dans le secteur numérique, les albums et les singles génèrent un chiffre d'affaires quasi équivalent pour le téléchargement direct, avec près de 44 millions d'euros à eux deux (+ 18 %). Les sonneries de téléphone ont pour leur part rapporté 2,5 millions d'euros (- 28 %). Du côté du streaming, les abonnements ont réalisé un chiffre d'affaires de 23 millions d'euros, et le streaming gratuit 12,7 millions d'euros grâce à la publicité.

Le CD Single tire sa révérence

Concernant le marché physique, le single deviendra bientôt une pièce de musée. En baisse de 54,7 % en un an, le single n'a en effet réalisé que 972 000 euros de chiffre d'affaires depuis le début de l'année. Un résultat ridicule, à comparer aux 192,5 millions d'euros de chiffre d'affaires cumulées par les ventes d'albums (- 14,3 %). À ce rythme, les singles rapporteront moins d'un million d'euros sur toute l'année dès 2013, et il ne serait pas étonnant qu'ils soient purement et simplement retirés du marché d'ici une poignée d'années.

Au regard des données fournies par le SNEP, nous pouvons d'ailleurs voir que 96 % des ventes de singles sont réalisées via téléchargement (internet ou mobile), et donc que 4 % seulement sont des ventes physiques, tout du moins en valeur (hors taxe). Du côté des albums, les CD représentent par contre encore 88,5 % des ventes, contre 11,5 % pour le numérique. Un contraste peu étonnant dès lors que les singles sont systématiquement moins chers sur Internet, tandis que de nombreux albums sont parfois moins chers physiquement.