TF6, mini-chaîne généraliste enfantée d’un couple improbable, sera bientôt remplacée par un écran noir. Ses parents, TF1 et M6, viennent d’annoncer sa fermeture de cette étoile filante de la TNT payante pour le 31 décembre 2014.

C’est en raison de l’aiguillon de la TNT gratuite que les deux grandes chaînes expliquent l’enterrement de TF6 : « La chaîne a été créée en décembre 2000 avec un format minigénéraliste qui a été depuis fortement concurrencé par les chaînes de la TNT gratuite ». Or, préviennent TF1 et M6, « la TNT payante n'a jamais été le relais de croissance attendu » alors que TF6 était diffusé via Canasat et Numéricable.

Les redevances des distributeurs de télévision payante n’ont donc pas été suffisantes pour combler « le recul des recettes publicitaires » affirment-ils, assurant que « la pérennité de la chaîne ne peut plus être assurée ». Dans un tel contexte, l’ensemble des membres de la chaîne sera réintégré respectivement par M6 et TF1.

L’affaire intervient dans un contexte tendu entre la TNT payante et la TNT gratuite. TF1 tente actuellement de faire basculer LCI de l’univers payant à celui du gratuit. Cette tentative a été rendue possible grâce à un amendement socialiste voté dans le cadre de la loi sur l’indépendance de l’audiovisuel public. La procédure exigera un passage devant l’autorité de la Concurrence, tant est épineuse la question concurrentielle.

On se souvient justement de la colère d’Alain Weill, numéro un de BFM, qui avait considéré qu’il n’y aurait pas de place pour trois chaînes d’information (I>Télé, BFM TV et donc Lci). En face, Nonce Paolini n’avait pas hésité à menacer de fermeture LCI si jamais sa demande venait à capoter.

Peut-on du coup y voir une tentative de pression sur le CSA ? Laurent de Lorme, directeur général délégué de TF6 a exposé aux Échos que « c’est l’arrivée à échéance de notre contrat de distribution avec CanalSat et Numericable, qui nous impose cette date, plutôt qu’un choix tactique ». Guillaume Thouret, directeur général de cette chaîne soutient aussi qu’« il nous fallait anticiper le plan de mobilité prévu pour le personnel et cela ne pouvait pas attendre la fin de l’année ». Pression ou pas, la fermeture de TF6 montre dans tous les cas que les chaînes mécontentes sont en capacité d’appuyer sur le bouton off si le marché n’est pas au beau fixe. La balle est désormais dans les mains du CSA, ou sur sa tempe.