Comment la France va imposer le déréférencement des sites terroristes
Ma déréférence, à moi
Le 06 février 2015 à 08h00
6 min
Droit
Droit
La France vient de transmettre à Bruxelles son projet de décret relatif au déréférencement administratif des sites « terroristes » et pédopornographiques. Les moteurs de recherche et autres « annuaires » seront tenus de procéder à une purge sous 48 heures, loin des regards du juge.
Moins d’un mois après les terribles attentats ayant frappé notre pays, le gouvernement parachève la mise en œuvre de la dernière loi anti-terroriste de novembre 2014. Il manquait en effet plusieurs décrets d’application pour que certaines mesures entrent réellement en vigueur. Après avoir publié au Journal officiel le décret relatif au blocage administratif des sites « terroristes » et pédopornographiques, l’exécutif a notifié hier à la Commission européenne celui portant sur le déréférencement de ces mêmes sites.
Ce projet de décret a été transmis à Bruxelles dans le cadre d’une procédure d’urgence, justifiée selon Paris par « l’accélération des phénomènes constatés de radicalisation par l’usage d’internet ». Ceci permettra surtout au gouvernement de Manuel Valls de le publier au Journal officiel dans une quinzaine de jours, dès qu’un tour de table des États européens aura été effectué. Le Premier ministre s’était d’ailleurs engagé à la suite des attentats à ce que tous les textes d’application de la dernière loi contre le terrorisme soient pris avant la mi-mars.
Avec ce dispositif, les pouvoirs publics veulent faire en sorte que les sites faisant l’apologie du terrorisme (telle que réprimée par l’article 421-2-5 du Code pénal) ou diffusant des images pédopornographiques (art. 227 - 3 du même Code) ne soient plus affichés parmi les résultats proposés par les « moteurs de recherche » ou bien dans les « annuaires ».
Les moteurs et annuaires auront 48 heures pour procédérer au déréférencement
Dans la pratique, le texte proposé par le ministère de l’Intérieur est intimement lié à celui relatif au blocage administratif des mêmes sites. À aucun moment, un juge n’interviendra.
Première étape : l’Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l'information et de la communication (OCLCTIC), ce service composé de gendarmes et de policiers, transmettra « aux exploitants de moteurs de recherche ou d’annuaires les adresses électroniques » à déréférencer. Une personnalité qualifiée désignée par la CNIL sera pour l’occasion mise dans la boucle, puisqu’elle recevra également cette liste de sites à censurer.
Deuxième étape : une fois avertis, les moteurs et annuaires devront prendre « dans un délai de 48 heures suivant la notification » « toute mesure utile destinée à faire cesser le référencement de ces adresses ». En clair, à charge pour eux de se débrouiller pour que les sites litigieux n’apparaissent plus... Très peu bavard sur ce point, le projet de décret ajoute simplement que ces intermédiaires ne devront par modifier « les adresses électroniques, que ce soit par ajout, suppression ou altération ». Ils seront par ailleurs tenus de « préserve[r] la confidentialité des données qui leur sont ainsi confiées ».
Les sites déréférencés seront vérifiés tous les trimestres
Afin de s’assurer que les sites déréférencés méritent toujours d’être écartés des Google & co, l’OCLCTIC vérifiera « au moins chaque trimestre que les adresses électroniques notifiées ont toujours un contenu présentant un caractère illicite ». Si jamais ce n’était pas le cas, les intermédiaires seraient avertis, de telle sorte que ceux-ci « rétablissent par tout moyen approprié le référencement des adresses électroniques [en question] ». Et ce dans un délai de quarante-huit heures suivant la notification.
Quant au contrôle exercé par la personnalité qualifiée désignée par la CNIL, la loi de novembre dernier prévoit des pouvoirs identiques à ceux qui prévalent pour les blocages de sites. En l’occurrence, celle-ci pourra « recommander » à l’OCLCTIC de mettre fin à une mesure de déréférencement « si elle constate une irrégularité ». Et au cas où les forces de l’ordre ne suivraient pas cette recommandation ? Ce membre de la CNIL (dont on ne connaît pas encore le nom) pourra « saisir la juridiction administrative compétente, en référé ou sur requête ».
L’État remboursera aux moteurs et annuaires leurs seuls « surcoûts justifiés »
S’agissant enfin du coût que représente la mise en œuvre de ce dispositif pour les intermédiaires, le projet de décret prévoit une compensation identique à celle posée par le décret de ce matin sur le blocage administratif. Seuls les « surcoûts » éventuels seront pris en charge par l’État, ceux-ci étant entendus comme les « investissements et interventions spécifiques supplémentaires » résultant de ces nouvelles obligations.
La procédure de remboursement ne sera cependant pas simple... Les moteurs et annuaires devront tout d’abord envoyer à l’OCLCTIC « un document détaillant le nombre et la nature des interventions nécessaires ainsi que le coût de l'investissement éventuellement réalisé ». Ce récapitulatif sera ensuite passé au peigne fin par le Conseil général de l'économie, de l'industrie, de l'énergie et des technologies. Et ce n’est qu’au vu de cette analyse que l’État procèdera au paiement des « surcoûts justifiés », et ce sur présentation d'une facture.
Le mystère demeure sur les « annuaires » concernés
Par contre, le projet de décret ne précise jamais quels sont les « annuaires » visés par ce dispositif. Cette notion semble pourtant extrêmement vague et quelque peu périmée... À notre connaissance, il s’agit d’ailleurs de la première fois que ce terme est utilisé dans notre droit.
Il faudra désormais attendre la publication définitive du décret (vraisemblablement dans les toutes prochaines semaines) pour voir si le gouvernement aura revu quelque peu sa copie. En procédant ainsi, c’est-à-dire en publiant un premier décret pour le blocage, puis un second pour le déréférencement, l’exécutif prend en fait des précautions. En cas d’annulation du premier texte, le second pourrait espérer passer entre les gouttes en étant adapté... Rappelons au passage que les parlementaires n’ont pas souhaité soumettre la dernière loi anti-terroriste au Conseil constitutionnel. Celui-ci pourra cependant être appelé à intervenir en cas de question prioritaire de constitutionnalité, une fois le texte publié au Journal officiel.
Comment la France va imposer le déréférencement des sites terroristes
-
Les moteurs et annuaires auront 48 heures pour procédérer au déréférencement
-
Les sites déréférencés seront vérifiés tous les trimestres
-
L’État remboursera aux moteurs et annuaires leurs seuls « surcoûts justifiés »
-
Le mystère demeure sur les « annuaires » concernés
Commentaires (48)
Vous devez être abonné pour pouvoir commenter.
Déjà abonné ? Se connecter
Abonnez-vousLe 06/02/2015 à 09h41
Si on voulait vraiment lutter contre le terrorisme il faudrait :
(je suis peut-être bisounours mais j’ose espérer que si certains parents avaient un peu plus de temps pour eux ils mettraient un peu plus de règles à leurs gosses, mais je n’en suis malheureusement pas certain, et je ne vois pas ce qu’il faudrait d’autre pour revenir à une enfance régulée par les parents et non par la police).
(oui, je sais, bisounours, toussa)
Le 06/02/2015 à 09h44
Justement, la loi française fixe la majorité à 18 ans. C’est binaire, mais il faut bien fixer une limite d’une façon ou d’une autre.
Le 06/02/2015 à 09h45
Le 06/02/2015 à 09h46
N’ayant aucun pouvoir décisionnel, tout ce que je peux dire apparaitra de toute façon comme « Yaka Fokon » donc ce n’est même pas la peine de rentrer dans ce jeu-là.
Le 06/02/2015 à 09h48
je ne dis pas que le gosse doit etre totalement responsable, mais a 15 ans tu dois normalement commencer a réfléchir un peu, te poser des questions, mettre en place tes principes etc. T’es plus proche de la majorité que de l’etat d’enfant.
L’abrutissement, par divers medias, et sur n’importe quel sujet il est peut etre la le problème, réfléchir a des solutions pour éviter ca serait peut etre un gros plus et pourrait éviter peut etre trop de dérives.
Le 06/02/2015 à 09h55
Merci, j’ai lu le second article après.
Ça reste quand-même très douteux de sortir le juge de l’équation pour des sites sensés êtres si ostensiblement illégaux.
Ça me fait penser aux derniers détenus de Guantánamo, officiellement de cadres haut-placés d’Al-Qaïda impliqués dans les attentats du 11/09/2001 qu’on a des preuves et qu’on est sur à 100% que c’est eux, mais hors de question de les juger.
Le 06/02/2015 à 10h00
Le 06/02/2015 à 10h04
Le problème c’est que des gens qui réfléchissent… ben c’est chiant, on ne peut pas les manipuler. Après faudrait que TF1/TMC/W9 et consort arrêtent leurs émissions débiles, les gens ne se contenteraient plus d’être des cons de sommateur (consommateurs si tu préfères), commenceraient à demander des comptes aux super riches (est-ce que réellement ta vie vaut 1000 / 10 000 fois plus que la mienne?), commenceraient à demander réellement des comptes à leurs politiques etc… etc…
Est-ce vraiment l’intérêt de ceux qui nous gouvernent au sens large. Mon petit doigt me dit que non : il faut des travailleurs formés, donc éduqués… mais pas trop non plus.
Le 06/02/2015 à 10h17
Se laisser convaincre par ca, c’est beaucoup plus gros que juste regarder les Ch’ti, je pense que c’est plus je me suis abruti donc je vais sur ces sites et je gobe tout, plus que l’inverse. Même si je commence a constater l’inverse pour la dieudosphère.
Le 06/02/2015 à 10h45
Ça part d’un bon sentiment. Ce qui est dommage c’est que les sentiments et la loi, c’est jamais trop ça et en pondre une sous le coup de l’émotion, bah c’est bâclé et pas spécialement réfléchi.
Le 06/02/2015 à 10h47
ca a souvent l’avantage de passer plus facilement auprès de la population
Le 06/02/2015 à 11h02
C’est quoi le lien entre terrorisme et pédophilie ? ça concerne aussi Facebook, twitter, snapchat, vine, line ou juste les sites annuaires comme google, bing, yahoo ? Bref, comme d’hab, du vent pour rassurer la ménagère de 50 piges voit internet comme un lieu hors la loi.
Le 06/02/2015 à 11h09
“C’est quoi le lien entre terrorisme et pédophilie ?”
Aucun, ensuite ça serait con de pas profiter du système pour gérer la sainte trinité apologie de crime contre l’humanité, pédopornographie et incitation à la haine raciale.
“ça concerne aussi Facebook, twitter, snapchat, vine, line ou juste les sites annuaires comme google, bing, yahoo ?”
Lis l’article, c’est cool, il est pas trop long.
Le 06/02/2015 à 11h13
Le 06/02/2015 à 11h16
C’est le principe même des lois bâclées (tant mieux dans un sens pour le coup) :)
Le 06/02/2015 à 11h53
" />
à 15 ans la plupart des gens sont plus cons qu’à 11. ça a probablement un rapport avec la puberté.
Le 06/02/2015 à 08h13
Et les sites concernés seront avertis sur leur adresse de contact, histoire de pouvoir éventuellement contester, ou tous va se faire dans leur dos entre l’administration et les moteurs de recherches ?
L’État remboursera aux moteurs et annuaires leurs seuls « surcoûts justifiés »En gros ils peuvent toujours attendre, comme les FAI…
Le 06/02/2015 à 08h22
Dites-donc, vu comme ça, ça a l’air facile de combattre le terrorisme ! Une petite notification et hop, plus de terroristes. Enfin presque quoi.
Le 06/02/2015 à 08h24
Et oui, si tu fermes les yeux et te bouchent les oreilles, les terroristes cessent d’exister ! " />
Le 06/02/2015 à 08h26
Il faut vraiment lire le “brouillon”.
Alors, on décrète, mais :
- la liste mystérieuse est bien entendue confidentielle (pourquoi aurait-on à la cacher ? qui contrôle les éventuels abus ou erreurs ?)
Encore un beau ramassis de conneries non applicables et surtout montrant une méconnaissance profonde de ce qu’est Internet… il faudra légaliser les neurones, ces chers administrateurs en ont un grand besoin !
Le 06/02/2015 à 08h27
Quelqu’un peut-il me rappeler l’option à rajouter dans google (et autres moteur de recherche si vous avez) pour désactiver le filtre par pays svp ? Je sens que je vais devoir mettre en place cette option…
Le 06/02/2015 à 08h27
Le 06/02/2015 à 08h33
Le 06/02/2015 à 08h33
Le 06/02/2015 à 08h37
Ce matin à la radio j’entendais comment des recruteurs pour le djihad approchent leurs cibles.
Honnêtement, je ne vois pas comment en bloquant certain sites ça leur rendrait la tâche difficile.
Enfin je veux dire… un site, une page web, on peut en fabriquer même avec un HTML statique servi directement depuis dropbox… c’est à dire avec 0 matériel et 0 connaissances…
Cette dérive totalitaire, qui plus est venue de la gauche, est au plus haut point inquiétante.
Le 06/02/2015 à 08h37
un Gouv. “de gauche” pourra toujours aller PLUS LOIN qu’un Gouv. de droite en matière
de répression (la preuve) !
la Droite n’aurait pas pu faire passer une TELLE Loi, et ils n’ont, même pas, essayé (peut être) de l’abroger
au Conseil Const. , bien content de pouvoir s’en servir (2017 ? ) de retour au pouvoir !!!!!!!!!!!!
“dur, dur” !!! " />
Le 06/02/2015 à 08h48
Le 06/02/2015 à 09h09
Le 06/02/2015 à 09h09
Très bien, j’attends les vraies mesures de pied ferme alors, celles qui ressembleront à de la vraie lutte contre le terrorisme !
Moi je pense que ceux qui cherchent l’info et veulent rentrer dans ce système sont un tantinet moins cons que ce que tu as l’air de penser. Ils vont fermer Facebook et Twitter aussi sinon ?
Le 06/02/2015 à 09h11
Le 06/02/2015 à 09h21
Disclaimer : je ne donne pas mon opinion, j’analyse le raisonnement de nos politiques.
Pour les parlementaires, l’objectif est d’éviter que des jeunes français partent faire n’importe quoi.
Postulats :
Conséquence : La présente loi.
Le 06/02/2015 à 09h27
Le 06/02/2015 à 09h30
Enfin… vous pensez SÉRIEUSEMENT que ces mesures sont prises contre le terrorisme ?
Non… la prochaine étape (ou la suivante, ou plus tard, mais ça risque malheureusement de venir un jour) sera de déclarer terroriste tout ce qui est contraire à “l’ordre établi”.
Et l’étape suivante sera la définition précise de ce qui était un relativement vague “l’ordre établi”.
1984 est en retard mais arrive malheureusement bien plus vite qu’on le croit. " />
Le 06/02/2015 à 09h31
et pourquoi sont ils si influencables ? Ca ne doit pas etr seulement du à l’age. A 15 piges ou plus, faut quand même commencer un peu a réfléchir et pas croire a tout ce qu’on te raconte
Le 06/02/2015 à 09h31
Le 06/02/2015 à 09h33
Le 06/02/2015 à 09h40
L’Espagne a déjà un wagon d’avance et cela donne ça :
 http://www.ffdn.org/fr/article/2015-01-07/la-federation-fdn-soutient-riseup-secu…
Ouvrez grand votre bouche et votre trou de balle, bientôt nous aussi." />
De Gaulle : “Les français sont des veaux”, Hollande : “Des sans dents”
Le 06/02/2015 à 12h04
Le 06/02/2015 à 13h42
ca dépend de ce que t’appelle con. A 15 ans tu commences quand même a reflechir a certaines choses et a avoir des “valeurs”, alors oui y a des choses que tu diras avec excès ou des trucs stupides, mais pas a ce point la
Le 06/02/2015 à 13h48
Bof, y en a bien qui disent encore des trucs complètement stupides à 65 ans…
Le 06/02/2015 à 13h52
il devient sénile c’est tout " />
Pardon aux plus de 65ans qui passeraient " />
Le 06/02/2015 à 13h56
T’en fais pas pour eux, ça sera vite oublié " />
Le 06/02/2015 à 13h58
" />
Le 06/02/2015 à 17h39
Le 06/02/2015 à 18h14
Dites, est ce qu’il existe un moyen de télécharger l’intégralité d’un DNS ? ou au pire d’avoir l’annuaire inversé ?
Non, parce qu’avec une petite liste des associations IPadresse un coup sur différent DNS, un coup de diff, et on a la liste des sites bloqués et leur(s) IP. Il ne reste plus qu’a faire un petit site web présentant la liste des sites bloqués pour chaque DNS.
Tu fous aussi le tout sur github pour les script et les sources et sur pastebin pour les différentes listes, un petit torrent ne fait pas de mal non plus.
Toute leur système tiens juste sur le fait que l’on a pas la liste… Mais dès lors que la liste sera publique, bonjour l’effet Streisand.
Le 06/02/2015 à 18h17
Comment la France va imposer le déréférencement des sites terroristes
N’importe comment
Le 06/02/2015 à 18h19
Le 06/02/2015 à 18h47