Le système biométrique européen aux frontières en difficulté à cause des déboires d’Atos
Atos, no border ?
Alors que la Commission européenne prévoyait de mettre en place le système biométrique aux frontières européennes dès novembre dernier, il devrait être mis en place dans le courant de l'année prochaine. En cause, selon Bloomberg, la gestion erratique du projet par l'entreprise française Atos.
Le 05 décembre à 09h30
4 min
Économie
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Le 16 aout dernier, la Commission européenne annonçait la date officielle d’entrée en vigueur du système Entry/Exit System (EES), prévu pour gérer les frontières extérieures de l’espace Schengen : il devait être utilisable à partir du 10 novembre dernier.
La commissaire européenne issue du parti social-démocrate suédois, Ylva Johansson, s'enflammait : « bientôt, nous mettrons en service le système numérique de gestion des frontières le plus moderne au monde ». Mais finalement, l'Union européenne a annoncé en novembre qu'il ne sera pas opérationnel avant 2025.
Collecte de la photographie faciale et des empreintes digitales
Ce système composé de bornes en libre-service doit permettre de valider et enregistrer les allées et venues pour un court séjour (90 jours) des ressortissants de pays situés en dehors de l'Union européenne (ou des pays de l'Espace économique européen qui font partie du projet) et d’identifier les personnes en situation irrégulière.
Ceci dans les pays suivants (la plupart des pays de l'UE et certains pays de l'Espace économique européen) : Allemagne, Autriche, Belgique, Bulgarie, Croatie, Danemark, Espagne, Estonie, Finlande, France, Grèce, Hongrie, Islande, Italie, Lettonie, Liechtenstein, Lituanie, Luxembourg, Malte, Norvège, Pays-Bas, Pologne, Portugal, République tchèque, Roumanie, Slovaquie, Slovénie, Suède, Suisse.
Ce système doit « collecter, enregistrer et stocker » des données personnelles comme les noms, date de naissance, dates d'entrées et sorties, les éventuels refus d'entrées, mais aussi faire de même pour des données biométriques comme la photographie faciale et les empreintes digitales.
En 2021, Next expliquait que le ministère de l'Intérieur faisait un appel à compétences à ce sujet auprès des industriels et start-ups françaises.
Atos, principal responsable du retard
Selon Bloomberg, ce sont bien les problèmes d'un de ces industriels français qui retardent la mise en place du projet. Le média américain explique qu' « un trio d'entreprises avec Atos au centre était en grande partie responsable ». Les deux autres sont IBM et Leonardo. Tous les trois sont liés dans un consortium qui a gagné un contrat de 412 millions d'euros autour de ce système.
Mais « Atos était en charge de la majeure partie du travail – et au centre de nombreux problèmes », expliquent nos confrères qui ont pu consulter des « centaines de pages de documents » ainsi que des personnes directement liées au projet.
D'après Bloomberg, ces documents montrent qu'Atos a particulièrement ralenti le projet effectivement en n'installant que partiellement le matériel, en prenant un temps important pour corriger des bugs et en égarant même des pièces. L'entreprise aurait affecté au projet des équipes manquant d'expérience. Le média estime que ces nombreux problèmes ont « conduit à des délais non respectés et à des millions de dollars de coûts de maintenance supplémentaires ».
Interrogées par le média américain, les trois entreprises ont refusé de répondre pour des raisons de confidentialité.
Ce retard aurait obligé Frontex à réaffecter 130 personnes qu'elle avait embauchées pour travailler sur ETIAS, « European Travel Information and Authorisation System », système européen d'information et d'autorisation concernant les voyages et dont la finalité sera d'identifier les menaces ou les risques éventuels associés aux voyageurs se rendant dans l'un des pays de l'espace Schengen à partir des données biométriques. Ce système faisait, d'ailleurs aussi partie de l'appel à compétences du ministère de l'Intérieur dont nous vous parlions en 2021.
Le système biométrique européen aux frontières en difficulté à cause des déboires d’Atos
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Collecte de la photographie faciale et des empreintes digitales
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Atos, principal responsable du retard
Commentaires (9)
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Abonnez-vousLe 05/12/2024 à 10h25
Couplé avec les indicateurs pastèque (vert à l’extérieur, rouge dedans) c’est un combo classique en entreprise
Le 05/12/2024 à 15h25
Toutes ressemblances avec une situation réelle étant bien sûr purement fortuite.
Le 05/12/2024 à 11h38
Le 05/12/2024 à 16h40
Modifié le 06/12/2024 à 00h01
Le 05/12/2024 à 13h09
Le 06/12/2024 à 00h02
Ça donne vraiment l'impression que la boite est hyper mal gérée.
Le 06/12/2024 à 06h46
Le 06/12/2024 à 10h19
Dans le cas d'un tel projet, j'imagine que le projet était géré sur un centre de service d'Atos, donc avec CP, managers, etc bien au courant du problème.
Si par contre le projet était géré dans les locaux du client, là, j'ai envie de dire que le fautif est le client : c'est dans tes bureaux, c'est toi qui gère.
La grande majorité des projets ratés que j'ai vus sont fait dans les locaux du client. En CDS, c'est généralement beaucoup plus qualitatif grâce à l'expertise partagée, l'esprit d'équipe et les outils adaptés.