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Le ministère de la Justice américain pousse pour que Google soit obligé de vendre Chrome

Mais c'est loin d'être fait

Le ministère de la Justice américain pousse pour que Google soit obligé de vendre Chrome

Après que le ministère de la Justice américain a publiquement posé la question du démantèlement de Google en octobre, les détails sur une éventuelle découpe du géant du numérique commencent à se dessiner. Reste à savoir si ce projet sera poursuivi sous le mandat de Donald Trump.

Le 19 novembre à 13h50

C'est la suite d'une plainte déposée en 2020 qui pourrait avoir de lourdes conséquences pour Google, notamment l'obligation de se séparer du navigateur Chrome, mais pas seulement.

En effet, à l'époque, le ministère de la Justice américain (Department of Justice, DOJ) et plusieurs États américains ont attaqué Google LLC, filiale d’Alphabet, pour des pratiques anticoncurrentielles. En aout dernier, le juge Amit P. Mehta concluait que l'entreprise détenait bien un monopole sur la recherche en ligne et qu'elle en abusait.

Deux mois après, on apprenait que le DOJ proposait « des mesures structurelles et comportementales qui empêcheraient Google d’utiliser des produits comme Chrome, Play et Android pour avantager Google search ou des produits et des fonctionnalités liées à Google search ».

Mais, selon Bloomberg, ces « mesures structurelles » évoquées par le ministère, resté flou jusqu'à présent, pourraient, entre autres, mener à la vente par Google de son navigateur.

La vente forcée d'un « point d'accès clé » ?

Des sources du média américain expliquent que le ministère veut que le juge ordonne cette vente de Chrome car celui-ci représente un « point d'accès clé » vers le moteur de recherche de Google en ayant atteint depuis des années le statut de leader incontestable des navigateurs.

Chrome permet à Google d'avoir un atout déterminant dans le marché de la publicité et même de faire et défaire les usages sur les techniques qui l'entourent, par exemple, l'introduction de la Privacy Sandbox et ses revirements concernant cookies tiers. L'entreprise a aussi intégré opportunément son IA générative à son navigateur, ce qui lui permet de booster l'utilisation de son modèle et de collecter des données pour l'entrainement de nouveaux.

Bloomberg précise que la date de l'obligation de cette vente n'est pas fixée et qu'elle pourrait dépendre des conséquences des effets des autres mesures proposées.

Les services du ministère de la Justice ont auditionné plusieurs dizaines d'entreprises du secteur pour préparer leur proposition. Bloomberg explique que l'obligation un temps envisagée de vendre Android a été mise de côté.

Android resterait dans le giron de Google à condition de le séparer des autres produits

Concernant Android, le ministère envisagerait plutôt que Google soit obligé de mieux séparer le système d'exploitation de ses autres produits (dont notamment le moteur de recherche et son store Google Play). Côté relation avec les annonceurs, il voudrait que Google leur partage plus d'informations et leur donne plus de contrôle sur l'emplacement des publicités.

Les informations sur les clics et les requêtes des utilisateurs du moteur de recherche sont aussi des informations clés qui pourraient être visées. D'autant qu'avec ses nouveaux résumés générés par IA, Google est accusé de faire baisser la fréquentation des sites qu'il utilise pour les créer.

Le ministère proposerait deux voies possibles : l'obligation de la vente de données autour des clics et requêtes ou que Google syndique séparément ses résultats de recherche.

La décision est encore loin d'être actée

Évidemment, tant que la position officielle n'a pas été publiée, certains détails peuvent encore évoluer.

La suspicion d'abus de position dominante a été, à l'origine, portée sous le premier gouvernement de Donald Trump et elle n'a pas rencontré de barrière particulière sous celui de Joe Biden. Cette continuité passée peut laisser penser qu'il n'y aura pas de soubresaut dû au changement de gouvernement dans ce dossier. Mais Donald Trump peut toujours décider de modifier son regard sur la question.

Interrogée par Bloomberg, Lee-Anne Mulholland, vice-présidente de Google, affirme que le ministère de la Justice américain « continue de promouvoir un programme radical qui va bien au-delà des questions juridiques soulevées dans cette affaire ». Et que cette façon d'intervenir lourdement « nuirait aux consommateurs, aux développeurs et au leadership technologique américain au moment même où il en a le plus besoin ».

Le juge Amit P. Mehta a prévu une audience en avril sur les différents changements à apporter et devrait rendre son avis final en aout 2025. L'entreprise a d'ores et déjà affirmé vouloir faire appel de la décision du juge.

Commentaires (15)

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Si seulement Android pouvait être complètement séparé de Google, mais bon ce sera déjà un grand pas avec Chrome
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Qui voudrait acheter Chrome seul ? C'est des coûts de développement mais sans moteur de recherche pour amortir ces coûts, ça a peu d'intérêt.
Vendre Android et Chrome ensemble aurait plus de sens.
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Je verrais bien la création d'une fondation, à l'image de la Mozilla Foundation. Fondation pour laquelle Google serait obligé d'abonder dans un premier temps, afin qu'elle puisse démarrer et gagner son indépendance ensuite. AOL avait, par exemple, accompagné la fondation Mozilla à ses débuts. Fournissant des fonds, de la propriété intellectuelle, etc.
Je vois mal un rachat pur et simple se faire. Et on retomberait alors potentiellement dans les mêmes travers à terme, mais avec une autre entreprise.

Amha les navigateurs devrait rester indépendants, afin de ne pas enfermer les utilisateurs dans un écosystème. Ce même si une entreprise apporte son aide derrière, elle ne devrait pas en diriger son développement.
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Une fondation sans financement, ca ne va pas loin.

La Mozilla Foundation est financée à 80% par Google.
S'il y a une "Chrome Foundation", je doute que Google continue a payer pour celle de Mozilla.
Voire même de payer pour aucune des deux, s'il n'y a rien à gagner pour Google
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Sans les revenus publicitaires tu veux dire ? Le moteur de recherche ne rapporte rien sans cela.
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Oui, bien sûr
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Qui voudrait acheter Chrome seul ?
Microsoft ?
Bon, pas sur que ce soit accepté...
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À mon avis ils préfèrent que Google dépense l'essentiel du développement de Chromium.
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Si ce démantèlement de Google pouvait aller de l'avant, ce serait une très bonne chose.
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L'entreprise a d'ores et déjà affirmé vouloir faire appel de la décision du juge.
Alors j'espère que le juge conclura qu'il ne faut rien faire.
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Genre y'a encore des gens qui utilisent un iOS ou un type Android?

tout ce qui touche aux gafam, plus particulièrement produit/service Apple/Google a été expulsé à vie de mon quotidien.
Mon tel ne fait rien tourner qui touche à android/ios.
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Oui et ils sont très majoritaires. Croire que tout le monde a tes préoccupations est assez narcissique.
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Je sais que c'est un troll, mais quand même. On doit être autour de 98% de la planète qui utilise iOS ou Android sur smartphone. Dans ces 95%, y'a encore 95% des gens qui savent à peine te dire s'ils ont iOS ou Android (ils ont "un Samsung" ou "un iPhone", voire "un vieux truc").

Alors croire que tout le monde a conscience du danger que représente un écosystème captif, c'est très très optimiste. Ça reste un privilège de l'élite Next.ink.
:inpactitude2:

Heureusement que Huawei s'émancipe un peu et sort le nouvel OS indépendant qui va sauver le monde.
:bigssourire:
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Juste le fait d'être sur internet prouve que tu utilise les produits des gafam.
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Quand je suis sur Internet depuis mon PC (ce qui n'est pas le cas ces jours-ci), cela ne prouve pas que j'utilise les produits des gafam.

Le ministère de la Justice américain pousse pour que Google soit obligé de vendre Chrome

  • La vente forcée d'un « point d'accès clé » ?

  • Android resterait dans le giron de Google à condition de le séparer des autres produits

  • La décision est encore loin d'être actée

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