Justice : le code source d’un logiciel, document administratif communicable au citoyen
Ça coule de source
Le 14 mars 2016 à 16h00
5 min
Droit
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Le code source d’un logiciel développé par les services de l’État est-il un « document administratif » comme un autre, dès lors communicable par principe au citoyen qui en fait la demande ? Oui, vient de répondre le tribunal administratif de Paris. Explications.
Après quasiment deux ans de procédure, le ministère des Finances s’est résolu à ouvrir le 1er avril prochain le code source de son logiciel de calcul de l’impôt sur le revenu. Cette décision découle des débats autour du projet de loi Numérique, mais aussi – et surtout – du bras de fer engagé par un étudiant en économie qui réclamait de Bercy la communication de ce fichier informatique, considéré à ses yeux comme un document administratif au sens de la loi « CADA » de 1978.
En vertu de ce texte, les autorités administratives (ministères, collectivités...) sont tenues de répondre à la requête du citoyen qui réclame un document produit par leurs soins, quel qu’en soit la forme ou le support : délibérations, statistiques, rapports, études... En pratique, ce droit connaît néanmoins de nombreuses limites. Les services de l’État n’ont par exemple pas à dévoiler des informations qui relèveraient du secret défense, des fichiers préparatoires « non achevés », etc.
Bercy communique son code source juste avant que la justice l’y oblige
Invité par cet étudiant à dévoiler le code source de son logiciel de calcul de l’impôt sur le revenu, la Direction générale des finances publiques (DGFiP) a tout d’abord fait la sourde oreille. Face au refus implicite de l’administration fiscale, ce citoyen a alors saisi la Commission d’accès aux documents administratifs, qui lui a donné raison en janvier 2015. Bercy ne s’étant cependant pas décidé à communiquer son code source, ce jeune homme s’est finalement tourné vers le tribunal administratif de Paris, lequel a rendu sa décision suite à une audience en date du 18 février dernier – soit quelques jours après que le ministère lui ait communiqué de son propre chef le fichier désiré...
Le jugement rendu par la juridiction s’avère néanmoins important : il vient confirmer que ce code source était bel et bien un document administratif « communicable » au citoyen, par principe. Cette décision pourrait donc s’étendre à de nombreux autres codes sources développés par l’administration...
La juridiction a effectivement écarté tous les arguments présentés par le gouvernement pour justifier l’opposition de la DGFiP. Premièrement, Bercy soutenait que les directives de 2003 et 2013 sur la réutilisation des informations du secteur public s’opposaient à la communication de programmes informatiques. « Mauvaise lecture », a répondu en substance le tribunal administratif. À ses yeux, « il ne résulte pas de ces directives, qui portent sur la réutilisation des données et laissent inchangées les dispositions du droit national relatives à l’accès aux documents administratifs, que les programmes informatiques devraient être systématiquement exclus du droit d’accès aux documents administratifs organisé par la loi du 17 juillet 1978 ». Autrement dit, la législation européenne n’empêche pas un État membre d’enjoindre ses administrations à ouvrir leurs codes sources.
Deuxièmement, le ministère des Finances affirmait que son calculateur d’impôts ne pouvait entrer dans le champ de la loi CADA dans la mesure où il s’agissait d’un document « non achevé ». Et pour cause, le fameux logiciel est en « perpétuelle évolution » vu qu’il y a des changements tous les ans... Le tribunal a ici levé cette barrière en retenant que « si les programmes informatiques ont vocation à évoluer au gré des mises à jour, chaque version du code source d’un même programme informatique revêt le caractère de document administratif achevé et peut être communiqué dans cet état ». La juridiction a souligné à cet égard qu'une décision inverse aurait « priv[é] le justiciable d’un droit effectif à la communication des documents administratifs ».
Chaque dernière version d'un logiciel public est « communicable »
Résultat, « en l’absence de dispositions législatives ou réglementaires interdisant l’accès aux codes sources des programmes informatiques, le ministre des Finances et des comptes publics ne pouvait légalement refuser de communiquer le document demandé », conclut le tribunal administratif. Ce dernier a symboliquement annulé la décision de l’administration fiscale, tout en enjoignant Bercy à communiquer sous deux mois le code source de son logiciel de calcul de l’impôt sur le revenu des personnes physiques.
Le fameux fichier a été transmis au demandeur début février, et devrait être mis à la disposition de tous à partir du mois prochain grâce au travail de la mission Etalab (pour en savoir plus, voir notre article).
« Ce jugement, par lequel les juges renvoient Bercy à ses cours de droit, est très précieux car il servira de référence en cas d'affaires futures, réagit Frédéric Couchet, le délégué général de l’Association de promotion et de défense du logiciel libre (April). Espérons que cette règle de communication ne sera pas tuée dans l’œuf par l'amendement au projet de loi Numérique visant à créer une exception relative à la sécurité des systèmes d'information des administrations. » L’intéressé en profite pour remettre en cause la validité de certaines des analyses juridiques de Bercy, et plus précisément celle concernant l’utilisation des logiciels libres au sein de l’administration : « Nos doutes sur la qualité et la rigueur des arguments opposés ne s'en trouvent que renforcés. »
Justice : le code source d’un logiciel, document administratif communicable au citoyen
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Bercy communique son code source juste avant que la justice l’y oblige
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Chaque dernière version d'un logiciel public est « communicable »
Commentaires (32)
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Abonnez-vousLe 14/03/2016 à 16h14
Et donc, il est écrit en quel langage ? Assembleur 360 ? COBOL ? PACBASE ? RPG ? Ça m’étonnerait que ce soit du JavaScript.
Le 14/03/2016 à 16h17
Vivement que le code source buggé sur logiciel Louvois d’attribution des paies de l’armée soit disponible. " />
Le 14/03/2016 à 16h20
franchement t’as pas envie de mettre le nez dedans à mon avis. " />
sans compter qu’il n’est pas produit par l’administration, donc ne constitue pas un document administratif.
par contre le code source des boites noires, on veut bien. " />
Le 14/03/2016 à 16h27
Le 14/03/2016 à 16h28
L’image “Stock” avec V I R U S surligné en rouge
Le 14/03/2016 à 16h30
ah, et on veut bien aussi le code source de la PNIJ (même si c’est pareil que Louvois, pas dev par l’administration).
je suis d’ailleurs étonné qu’on ait pas d’actu à ce sujet sur NXI, c’est pourtant croustillant." />
Le 15/03/2016 à 15h25
Le 15/03/2016 à 15h30
Le 15/03/2016 à 15h59
j’entend par livrable ce que tu livres au client, ce qui est dans le contrat.
si les specs ne sont pas dans les livrables, tu n’es pas obligé d’en faire, ou de bien les faire, puisque ça reste à usage interne. c’est ce que voulait dire 127.0.0.1.
Le 15/03/2016 à 21h30
L’Administration va finir par louer des progiciels d’entreprises privées, avec ce type de décision. Car cela peut aller loin, comme demander le code source de la gestion d’une centrale nucléaire (EDF) par exemple, ou le métro automatique parisien (RATP). Il y a dedans des choses plus que sensibles.
Quant à cet étudiant, quelles peuvent être ses motivations ? Maintenant, il est dans le collimateur des services de police et de renseignement. Il pense pouvoir prouver des anomalies l’autorisant à demander des remboursements d’impôts ?
Le 15/03/2016 à 21h33
En tout cas, c’est du bon vieux COBOL qui tourne sous Z/OS d’IBM. Avec certainement une base DB2.
Le 15/03/2016 à 21h36
Le 16/03/2016 à 09h15
mais moi aussi j’aime l’INpactitude.
seulement j’ai pas trop le temps de fouiller. ^^
tout dépend si on considère que ce qui est produit pour l’administration (donc pas PAR l’administration) est aussi un doc administratif.
si l’article premier de la loi de 78 le dit, alors tout le code de louvois devrait être communicable, effectivement (hors infos sensibles).
Le 16/03/2016 à 13h10
Voici son témoignage :
https://forum.etalab.gouv.fr/t/howto-obtenir-dune-administration-lacces-a-un-cod…
A la base, il voulait le code source des impôts dans le cadre d’un stage au Secrétariat Général de Modernisation de l’Action Publique.
Le 18/03/2016 à 12h24
+1
Le 20/03/2016 à 08h25
Le 14/03/2016 à 16h34
c’est bon t’es engagé par le gouvernement t’es un hacker, tu as découvert leur code secret. Prépares toi a rejoindre lélite de ce pays.
Le 14/03/2016 à 16h36
C’est du langage M
Le 14/03/2016 à 17h09
Le 14/03/2016 à 17h27
Le 14/03/2016 à 17h46
les specs? ben les specs sont aussi des documents administratifs.
on parle bien de code source ici.
et sinon je doute fortement que l’armée ait rédigé les specs.
quand tu sous-traites tout ton SIRH à une boite privée, tu sous-traites aussi la spec à des consultants.
donc non, l’armée n’a sans doute (je ne peux être catégorique faute de preuve, mais bon) rien fait au niveau de la production de Louvois.
ils ont fait sans doute un peu de maitrise d’oeuvre (à priori c’est la DGA qui s’en est occupée suite à la débâcle) et des tests métier (qui ont du être rondement menés vu le bordel). ^^
Le 14/03/2016 à 19h22
Comment dire ce soft est une belle chiasse … et je sais de quoi je parle. Les différents corps armés se livrent une guerre sans merci. Les généraux, veulent chacun leur référentiel alors même que l’armée dispose d’une entité pour cela. L’information est donc éparpillée,non standardisé etc. une vraie catastrophe industrielle que notre armée, tu n’imaginesmême pas le niveau de bordel qui y règne. Des fichiers incomplets des erreurs dans les matricules, ou sinon un même matricule pour plusieurs personnes etc.
L’échec de Louvoi n’est que la partie visible du niveau de désorganisation interne de l’armée
C’est tout simplement pitoyable
Le 14/03/2016 à 23h27
Le 15/03/2016 à 06h32
D’après ce que j’avais compris, l’échec de Louvoi est principalement lié au code réalisé par l’armée (donc les ESN sont contentes, pas de pénalités possibles), l’armée faisant en interne la partie la plus sensible.
Le 15/03/2016 à 07h45
Tu dois être environ la 43ème personne à faire cette blague sur ce site.
Au bout d’un moment, les commentaires de comptoir là où ils n’ont pas lieu d’être, c’est lourd. Y’a déjà les news sur le FBI, Cazeneuve et la NSA pour ça.
Le 15/03/2016 à 09h10
ah OK.
donc on peut avoir le code source siouplait?
lol. " />
Le 15/03/2016 à 09h12
le seul moyen c’est de mettre les specs dans les livrables.
seulement si personne les lit en face (et que ça se sait)…
Le 15/03/2016 à 12h48
Le 15/03/2016 à 14h23
Le 15/03/2016 à 14h45
Voilà pourquoi tu ne seras jamais mon sous-traitant ! " />
Le 15/03/2016 à 15h15
Le 15/03/2016 à 15h24
Zut, mon edit du message précédent n’a pas marché.
Je disais donc: