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Numérique en Afrique : « Nos conditions de travail s’apparentent à de l’esclavage moderne »

Dj@ngo Unch@ined

Numérique en Afrique : « Nos conditions de travail s’apparentent à de l’esclavage moderne »

97 travailleurs Kényans cosignent une lettre ouverte demandant au président des États-Unis, Joe Biden, de mettre fin « aux conditions de travail qui s'apparentent à de l'esclavage moderne » dans l'industrie du numérique.

Le 23 mai à 16h24

Alors que le président Kényan William Ruto entame la première visite officielle d'un leader africain aux États-Unis en plus de 15 ans, des travailleurs kényans du secteur du numérique en profitent pour interpeler le président américain.

Ils travaillent tous pour des entreprises états-uniennes comme Facebook, ScaleAI ou OpenAI via des sous-traitants, soit en tant que modérateurs de contenus, soit en étiquetant des données pour l'entrainement des modèles d'intelligence artificielle.

La Maison-Blanche explique dans son communiqué de presse annonçant l'accueil de William Ruto, que « les dirigeants discuteront des moyens de renforcer notre coopération dans des domaines tels que les relations entre les peuples, le commerce et l'investissement, l'innovation technologique, le climat et l'énergie propre, la santé et la sécurité ».

Cette centaine de travailleurs expliquent que ce sont « des questions dans lesquelles notre force de travail est directement et personnellement concernée ».

Exploitation et maltraitance systématique

Dans cette lettre ouverte publiée sur le site de l'ONG britannique Foxglove, qui « lutte pour rendre la technologie équitable pour tous », ils dénoncent le fait que « les grandes entreprises américaines du secteur des technologies maltraitent et exploitent systématiquement les travailleurs africains ».

Ils précisent qu' « au Kenya, ces entreprises américaines sapent le droit du travail local, le système judiciaire du pays et violent les normes internationales du travail ». « Nos conditions de travail s'apparentent à de l'esclavage moderne » dénoncent-ils.

Il y a un an, certains travailleurs de ce secteur au Kenya ont créé un syndicat, peu de temps après la publication d'une enquête du magazine américain Time qui révélait que les travailleurs kényans ayant entraîné ChatGPT pour qu'il soit plus éthique avaient été payés moins de 2 dollars de l'heure.

Cela fait suite aussi à la plainte d'un groupe de ces travailleurs contre Meta et son sous-traitant Sama.

Pour ces travailleurs, « toute discussion commerciale entre les États-Unis et le Kenya doit tenir compte de ces abus et garantir la protection des droits de tous les travailleurs ».

Demande d'un engagement du gouvernement Biden

Ils demandent donc au gouvernement de Joe Biden de s'engager à travailler avec les employés des grandes entreprises de la Tech au Kenya. Ils réclament que le gouvernement américain veille à ce que les partenariats à venir comprennent des dispositions pour que les entreprises de son pays se conforment aux réglementations internationales du travail et qu'il empêche le démantèlement des syndicats.

Ces travailleurs kényans revendiquent aussi la possibilité que « les entreprises américaines du secteur des grandes technologies puissent être tenues responsables devant les tribunaux américains pour leurs opérations illégales à l'étranger, en particulier en ce qui concerne les droits humains et les violations du droit du travail ».

Enfin, ils demandent à ce que le « respect fondamental de la constitution et de la souveraineté du Kenya » soit au cœur des négociations entre les deux pays.

« Nous ne devrions pas avoir à sacrifier notre santé, notre bien-être et, malheureusement, dans certains cas, notre vie pour les marges bénéficiaires de Big Tech. Nous vous demandons instamment de prendre des mesures et d'examiner attentivement nos demandes dans le cadre de ces discussions et au-delà », concluent-ils.

Observer des meurtres et des viols, pour moins de 2 $ de l’heure

Kauna Malgwi, du comité directeur de l'Union africaine des modérateurs de contenu, a déclaré : « Tout le monde veut voir plus d'emplois au Kenya – mais pas à n'importe quel prix. Tout ce que nous demandons, c’est un travail digne, équitablement rémunéré, sûr et sécurisé. »

« Notre travail consiste à observer des meurtres et des décapitations, des abus et des viols d'enfants, de la pornographie et de la bestialité, souvent plus de 8 heures par jour. Beaucoup d’entre nous font ce travail pour moins de 2 dollars de l’heure.

Ces entreprises ne nous fournissent pas les soins de santé mentale nécessaires pour assurer notre sécurité. En conséquence, beaucoup d’entre nous vivent et travaillent avec le trouble de stress post-traumatique (SSPT). Nous n'avons pas été prévenus des horreurs des travaux avant de commencer. »

Leur lettre ouverte a également été approuvée par le Dr Willy Mutunga, ancien juge en chef du Kenya et éminent défenseur des droits de l'homme, précise l'ONG.

Commentaires (5)

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Les boites incriminées iront sans doute louer les services d'autres pays qui feront en sorte que personne ne parle publiquement. Ainsi va la vie de ce monde capitaliste. Pauvres kényans, j'ai peur que leur cri de détresse ne finisse en eau de boudin.
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De ce monde capitaliste... globaliste libre-échangiste. Parce que s'il était un peu plus avec frontières, il serait aussi un peu plus sous contrôle, puisque c'est à l'intérieur de ces frontières que peut s'exprimer une volonté de progrès (c'est d'ailleurs pour ça que dès que ça a été possible, elles ont délocalisé).

Quoiqu'on peut y voir un corollaire : un pays aura moins de scrupule à châtier comme il se doit une entreprise étrangère que si c'est un compatriote oligarque. Car on me rétorquera que le capitalisme national avec un État à son service qui réprime les mouvements sociaux, c'est pas terrible non plus.
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Après l'intelligence artificielle, il va falloir créer la déontologie artificielle et le respect artificiel, avant que les "producteurs" ne passent au "va te faire voir" naturel.
Ce que les utilisateurs devraient faire à la lecture de cet article d'ailleurs, mais bon, sur le coup, ils doivent être anglophones.
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Pas grand-chose de nouveau, malheureusement.
next.ink Next
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il y a une dizaine d'années, reportage à la cash investigations ou enquete exclusive, sur les dessous de la modération des réseaux sociaux ; incursion caméra cachée dans un institut de formation à la modération des contenus ; la formatrice, très imbue d'elle même :
"si les règles de modération ne vous conviennent pas, c'est votre droit, d'aller fonder votre réseau social"
sous titre? si chez nous vous n'aimez pas, la porte est par là bas.. (qu'attendent-ils pour partir? seuls les yes-life devraient rester sur la planète gafam, et qu'ils y restent..)

personnellement, ca me rappelle ce reportage de l'horreur intellectuello-sociale :
REPORTAGE - Inde : ces petites mains qui nourrissent les algorithmes de l'IA
de TF1, et plutot bien nourri.. les gens qui bossent comme dans une armée de claviers, mais au lieu de coder de l'appli utile, servent d'yeux et de petites mains à un ordigivore, à en vomir.
https://www.tf1info.fr/high-tech/video-inde-a-la-rencontre-des-petites-mains-annotateurs-de-donnees-derriere-les-systemes-d-intelligence-artificielle-ia-2277624.html

pire encore, le reportage suivant, promouvoit Optimus, le nouveau logiciel qui remplace dorénavant Henriette, secrétaire humaine, compréhensible et à l'écoute, non dénuée d'empathie envers ses cocitoyens interlocuteurs
https://www.tf1info.fr/high-tech/video-reportage-dans-cette-mairie-des-yvelines-plaisir-c-est-une-intelligence-artificielle-optimus-qui-vous-repond-2289294.html


... à la manière du mec qu'a viré 600 personnes pour les remplacer par l'IA:

«C'était nécessaire» : un PDG indien se vante d'avoir remplacé 90% des employés d’un service par une IA
Pour le fondateur de Dunkaan, cette initiative a permis de «baisser d’environ 85%» les coûts de service clients.
lefigaro.fr Le Figaro

et en france :
Onclusive, cette entreprise française qui licencie plus de 200 salariés pour les remplacer par une IA
Sur 447 «personnes employées en France dans l'ensemble des entreprises d'Onclusive», 209 salariés devraient donc être licenciés et 8 postes vacants laissés sans remplacement.
lefigaro.fr Le Figaro

j'ai hate du jour ou le PDG d'une entreprise tombera sur pire robot que le sien en appelant le service client d'un de ses fournisseurs..

maintenant, c'est simple : voix robot? mail fissa au service comm' si ce n'est boycott.
je fais la chasse aux prestataires de services, mon idéal, à part ma banque (et mon FAI) est d'en avoir plus aucun. T'façon, j'ai jamais pu blairer les abo ni les services en ligne. Minimalisme, en avant !

Numérique en Afrique : « Nos conditions de travail s’apparentent à de l’esclavage moderne »

  • Exploitation et maltraitance systématique

  • Demande d'un engagement du gouvernement Biden

  • Observer des meurtres et des viols, pour moins de 2 $ de l’heure

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