Des sénateurs veulent sécuriser l’économie collaborative pour protéger l’économie traditionnelle
C'est pas share
Le 13 juin 2016 à 14h30
3 min
Droit
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Le Sénat devrait examiner cette semaine un amendement autorisant expressément les particuliers à se faire rémunérer, en plus de leurs activités professionnelles – limitées en temps de travail –, pour des services liés à l’économie du partage (co-voiturage...). Il ne faudrait cependant pas que les sommes correspondantes dépassent le simple partage de frais.
Au-delà de la durée maximale du travail (48 heures par semaine, en principe), « aucun salarié ne peut accomplir des travaux rémunérés ». Quelques exceptions sont néanmoins permises par le Code du travail : petits travaux ménagers accomplis chez des particuliers pour leurs besoins personnels, bénévolat, travaux « d'extrême urgence » liés par exemple à l’organisation de mesures de sauvetage, etc. Le sénateur Jean Bizet, suivi par une vingtaine d’élus Les Républicains, voudrait cependant introduire une nouvelle dérogation à cette règle, au profit des « services rendus entre particuliers dans le cadre de l’utilisation en commun d’un bien ».
On peut ainsi imaginer que les pratiques de co-voiturage, de couchsurfing ou d’échange de services en tout genre (bricolage, jardinage, informatique...) pourraient désormais donner lieu à la rémunération d’un particulier qui serait par ailleurs salarié – en toute légalité. Jean Bizet conditionne toutefois l’activation de ce dispositif au fait que « les sommes perçues à cette occasion ne dépassent pas une fraction du coût d’amortissement » du bien en question. Fraction qui serait « calculée selon des modalités déterminées par décret », donc ultérieurement aux débats parlementaires...
Le sénateur explique qu’il souhaite « permettre aux particuliers d’exercer, en plus de leur activité professionnelle limitée à la durée légale du travail, des activités complémentaires dans le cadre de l’économie du partage, en limitant cependant celles-ci au seul partage de frais ». Celui qui effectue du co-voiturage ne pourrait par exemple pas réclamer davantage qu’une partie de ses dépenses liées à l’essence, à l’assurance et à l’usure de son véhicule. Selon Jean Bizet, « il est essentiel de sécuriser le développement de l’économie collaborative de particulier à particulier qui concourt à l’intérêt général (en particulier en ce qui concerne la mobilité partagée) ».
En creux, tous les services dont la contrepartie financière excèderait le simple partage des frais seraient considérés comme illicites.
Fait intéressant : cet amendement est un parfait copier/coller d’un amendement déposé par une poignée d’élus PS à l’Assemblée nationale, mais que le gouvernement n’a pas retenu lorsqu’il a activé le « 49 - 3 ».
Commentaires (30)
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Abonnez-vousLe 14/06/2016 à 08h23
Le 14/06/2016 à 12h05
Le 14/06/2016 à 18h14
Le 13/06/2016 à 14h48
“sécuriser” pour mieux “imposer/sanctionner” ?
C’est fou de limité son “aide” à 48 heures par semaine …
Le 13/06/2016 à 15h00
Bien que celà semble partir d’une bonne intention, ce genre d’encadrement à systématiquement les même effets… Le travail dissimulé. Alors merci mais non merci.
Proposons qu’au delà de cette limite les sénateurs, les députés (et autres cumulards) les dirigeants du cac40, et le sieur du medef (ça c’est gratuit) ne soient plus non plus rémunéré au titre de leur mission. Je pense que cela devrait suffire à enfouir l’amendement.
Le 13/06/2016 à 15h05
Le 13/06/2016 à 15h14
Le 13/06/2016 à 15h19
Le 13/06/2016 à 15h24
En quoi cet amendement qui ajoute un alinéa à un article du code du travail ayant trait au travail salarié est-il pertinent alors qu’il y ajoute des activités qui ne sont en aucun cas salariées ?
Et ils se sont mis à 29 (si j’ai bien compté) pour proposer une telle connerie ?!
Le 13/06/2016 à 15h29
Le 13/06/2016 à 15h41
Le 13/06/2016 à 15h46
Le 13/06/2016 à 15h46
Pouvez vous m’éclairer,
je vois pas le probleme que vous trouvez a cette amandement qui limite l’economie de partage a un partage du cout de l’objet et nom une spéculation des services rendu par celuici !
Le 13/06/2016 à 15h58
Le 13/06/2016 à 16h19
Le 13/06/2016 à 16h25
“En creux, tous les services dont la contrepartie financière excèderait
le simple partage des frais seraient considérés comme illicites.”
Donc, si je fais du P2P, je peux partager les frais de ma connexion avec d’autres ? " />
Le 13/06/2016 à 16h26
ah ouais mal compris …mais bon c’est pire
Le 13/06/2016 à 16h50
Et ça coûte plus cher parce que quand on est indépendant on paie tout !
Je reste mitigée quant aux modalités mais je pense qu’il faut vraiment faire quelque choses. Marre de voir des sites à la fribiz où n’importe qui répond en proposant des tarifs sans commune mesure à ceux que peuvent proposer les vrais professionnels.
Le 13/06/2016 à 17h11
Je ne comprends pas ta réponse.
Les « services rendus entre particuliers dans le cadre de l’utilisation en commun d’un bien » ne correspondent pas non plus à une activité libérale : on ne gagne pas d’argent, on a juste le droit de partager les frais. Le RSI est aussi complètement hors sujet, mais tu as l’excuse de ne pas être sénateur.
Le 13/06/2016 à 17h48
Le 13/06/2016 à 19h17
Si c’est du partage pas besoin de réglementer !!
C’est à se demander comment on faisait avant sans toutes les législations !!! Y’a pas des sujets plus importants que ça ?
Le 13/06/2016 à 19h22
Le 13/06/2016 à 19h30
Le 13/06/2016 à 20h22
Le problème c’est la concurrence déloyale. Du coup je (et les autres personnes qui ont le même statut) ne peux pas me faire payer décemment. Il est là le problème. Quand quelqu’un annonce des tarifs de misère pour un boulot, le vrai professionnel ne peut pas lui et passe pour cher même quand ça lui permet de payer seulement ses charges. Par exemple, quand on est (et on n’a pas le choix) à la caisse de retraite CIPAV il y a une partie de cotisations qu’on doit payer même si le bénéfice de l’année est inférieur au montant, même si l’année a été déficitaire. Un type qui fait ça au noir il s’en fiche.
Je sais que c’est très difficile à comprendre quand on est salarié.
Voilà où est le problème pour les professionnels.
Le 13/06/2016 à 21h34
L’article de loi modifié (l’article L8261-3) dispose que :
Sont exclus des interdictions prévues à l’article L. 8261-1 :
1° Les travaux d’ordre scientifique, littéraire ou artistique et les concours apportés aux oeuvres d’intérêt général, notamment d’enseignement, d’éducation ou de bienfaisance ;
2° Les travaux accomplis pour son propre compte ou à titre gratuit sous forme d’une entraide bénévole ;
3° Les petits travaux ménagers accomplis chez des particuliers pour leurs besoins personnels ;
4° Les travaux d’extrême urgence dont l’exécution immédiate est nécessaire pour prévenir des accidents imminents ou organiser des mesures de sauvetage.
On y ajouterait donc :
…° Les services rendus entre particuliers dans le cadre de l’utilisation en commun d’un bien dans la mesure où les sommes perçues à cette occasion ne dépassent pas une fraction du coût d’amortissement de ce bien calculée selon des modalités déterminées par décret.
Et l’article L. 8261-1 dispose que :
Aucun salarié ne peut accomplir des travaux rémunérés au-delà de la durée maximale du travail, telle qu’elle ressort des dispositions légales de sa profession.
Pour moi, les services rendus entre particuliers ajoutés à l’article L8261-3 ne sont pas des travaux rémunérés puis qu’il ne s’agit que d’indemniser le coût et non pas de rémunérer un travail.
Les 4 premiers cas cités sont bien identifiés en tant que “travaux” et ce n’est pas le cas de ce qui est ajouté puisque l’on parle de service.
Mais, bon, cela peut se discuter vu que cet amendement est quand même mal rédigé.
Le 13/06/2016 à 22h14
Le 14/06/2016 à 05h36
Perso tel que je comprends ce truc, c’est aussi pour empêcher de trop attirer les “petits boulots à côté” et encourager à se tuer (littéralement) au travail. Il suffit de voir les discours des sites de partage justement, ils vantent tous les mérites de “tu vas arrondir tes fins de mois”.
Exemple simple : Allez dans l’IT, il y a toujours des gars qui enchaînent les astreintes/inters de nuit et font des heures pas possibles pour justement augmenter leurs paies avec les primes et heures supp. Mais derrière si le gars se viande à cause de la fatigue, la sécu va pas être d’accord.
Donc ça me paraît pas déconnant de limiter les hardeurs de ceux qui veulent bosser de jour, être taxi la nuit, et finir par se crasher.
Le 14/06/2016 à 05h46
Le 14/06/2016 à 06h54
Le 14/06/2016 à 07h46
Evidemment les gens n’ont pas le droit de décider eux même s’ils veulent faire des petits boulots, il faut encore qu’on vienne nous dire quand et comment les faire. Je propose d’instaure un code du non travail pour toutes les activités non salariées.