« La vidéoprotection augmentée ne sera pas optimum au moment des JO »
VSA va pas le faire
Un rapport sénatorial constate que la vidéosurveillance algorithmique (VSA), un an après la promulgation de la loi autorisant son expérimentation, serait « loin des objectifs fixés ». Elle déplore qu'une seule expérimentation, limitée à « 6 caméras et 4 cas d’usages » (à comparer aux 8 « évènements prédéterminés » autorisés), ait à ce jour été effectuée.
Le 12 avril à 09h43
6 min
Droit
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[Article mis à jour le 13 avril avec la déclaration de la rapporteure sur le fait que « Nous avons compris, lors du concert de Depeche Mode ayant servi d'expérimentation, que l'outil ne fonctionnait pas. Les jeux Olympiques offriront un terrain d'expérimentation supplémentaire, mais en aucun cas il y a là un moyen de sécurisation. »]
À moins de 100 jours de la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques, une mission d’information sénatoriale a présenté son rapport intitulé (sans ironie) « Gagner la médaille d'or de la sécurisation des jeux Olympiques et Paralympiques de 2024 » et ses 55 préconisations, fruit de 95 auditions et de cinq déplacements, rapporte Public Sénat.
Les deux rapporteures Agnès Canayer (apparentée LR) et Marie-Pierre de la Gontrie (PS) ont livré « un satisfecit général », tout en déplorant que le déploiement de la vidéosurveillance algorithmique (VSA) dite « intelligente » ou « augmentée », point fort de la loi adoptée l’an passé, « est loin des objectifs fixés ».
« La vidéoprotection augmentée ne sera pas optimum au moment des JO. Mais les JO seront un grand terrain de jeux pour l’expérimenter », a regretté Agnès Canayer qui souligne par ailleurs qu' « il faudra plus de forces de sécurité intérieure ou de forces de sécurité privée pour compenser ce défaut d’outils technologique ».
Une seule expérimentation, un an après l'adoption de la loi
Les rapporteures relèvent que « l’ensemble des potentialités ouvertes » par le législateur dans l’utilisation des moyens technologiques, et « singulièrement la vidéoprotection "augmentée" », n’avaient pas été utilisées par les acteurs du continuum de sécurité.
Ainsi, « une seule expérimentation » de cette technologie, « sur six caméras et quatre cas d’usages », au bénéfice de la seule préfecture de police de Paris, ont été réalisée « plus d’un an » après la promulgation de la loi l’autorisant.
« Nous avons compris, lors du concert de Depeche Mode ayant servi d'expérimentation, que l'outil ne fonctionnait pas », a même déclaré Agnès Canayer au Sénat. Et de conclure : « Les jeux Olympiques offriront un terrain d'expérimentation supplémentaire, mais en aucun cas il y a là un moyen de sécurisation ».
Elles préconisent, en conséquence, d’assurer la « pleine application » de la loi Jeux olympiques et paralympiques, dite « JOP », afin de « permettre le déploiement effectif, à titre expérimental », de la vidéoprotection « intelligente » et son évaluation, avant d’envisager toute pérennisation :
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- sur l’ensemble des cas d’usage définis par le législateur ;
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- pour l’ensemble des acteurs intéressés figurant sur la liste fixée par la loi (police et gendarmerie nationales, services d'incendie et de secours, polices municipales et services internes de sécurité de la SNCF et de la RATP).
Allonger la durée de conservation des images
Pour la vidéoprotection « simple », elles proposent également d'encourager les opérateurs de transport, les collectivités et la préfecture de police, à « allonger, pour la seule durée des JOP et dans le respect de la limite de la durée légale de 30 jours hors réquisitions judiciaires, la durée de conservation des images captées lors des événements ».
De façon plus générale, et afin de « consolider les acquis » de l’expérience de sécurisation des JOP au profit d’autres « grands événements », elles appellent aussi à « poursuivre l’expérimentation » de la vidéoprotection intelligente pour des évènements « de moindre ampleur », afin de tester les matériels « sur l’ensemble des saisons », sur des évènements « de natures différentes » et de permettre au Parlement de disposer d’un « bilan exhaustif » avant d’envisager une « éventuelle pérennisation ».
Détecter en temps réel 8 événements prédéterminés
L'AFP rappelle que les logiciels d'analyse d'images associées aux caméras « ont pour finalité de détecter en temps réel des événements prédéterminés » dans « huit situations, notamment pour repérer des départs de feu, des mouvements de foule, des objets abandonnés, la présence d'un véhicule ou d'une personne dans une zone interdite en vue d'alerter pompiers, policiers ou gendarmes ».
La loi JOP précise qu'ils pourront être expérimentés pour les « manifestations sportives, récréatives ou culturelles » qui seraient « particulièrement exposées à des risques d'actes de terrorisme ou d'atteintes graves à la sécurité des personnes ».
Mathias Houllier, cofondateur de la société parisienne Wintics, l'une des quatre bénéficiaires du marché public de la VSA, pour un montant de 8 millions d'euros, explique à l'AFP que leur logiciel « n'analyse pas les visages, ne lit pas les plaques d'immatriculation, il n'a pas recours à des méthodes d'identification, il va seulement détourer des objets comme des systèmes d'ombres chinoises ».
20 M€ pour 3 255 caméras réparties sur ou dans 150 sites
L'AFP évoque ainsi le département des Yvelines, qui a dépensé 20 millions d'euros pour déployer, depuis 2019, 3 255 caméras de vidéosurveillance équipées d'un dispositif algorithmique anti-intrusion dans ou aux abords de 150 sites, collèges, casernes de pompiers ou établissements départementaux.
« Un être humain ne peut pas regarder 3 255 alarmes en simultané, c'est impossible, donc ce système nous permet de cibler les intrusions », justifie Isabelle Damas, responsable du centre de supervision.
Laurent Rochette, directeur général de Seine et Yvelines numérique, « avance un bilan de 42 interpellations en 2023 » grâce à ce dispositif, « qui doit être étendu à la voie publique ».
« La vidéoprotection augmentée ne sera pas optimum au moment des JO »
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Une seule expérimentation, un an après l'adoption de la loi
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Allonger la durée de conservation des images
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Détecter en temps réel 8 événements prédéterminés
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20 M€ pour 3 255 caméras réparties sur ou dans 150 sites
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Le 12/04/2024 à 12h42
Le 12/04/2024 à 13h39
"vidéoprotection", pfffffffffffffff, ça m'a toujours hérissé le poil !
Le 12/04/2024 à 17h13
Le 15/04/2024 à 11h14
C'est pour cela qu'on engage pas qu'une personne. CQFD
Le 15/04/2024 à 16h39
Le 15/04/2024 à 17h04
(En avant propos je ne suis pas pro ou anti technologie). Je suis plus pragmatique, un outil reste un outil c'est son usage (et donc son utilisateur) qui le rend bénéfique ou dangereux.; Si la techno. m'est utile je l'adopte, sinon non.)
Pour mon commentaire, dans mon esprit je comparais la situation à une époque ou je travaillait dans un NOC (Network Operation Center) avec de la supervision de liaison informatique entre divers site dans le monde.
Et donc on utilisait un outil de remonté d'alarme et on n'était pas tout seul à l'utiliser.
Oui en si je suis seul et que 3 255 alarmes apparaissent en même temps évidement que je n'aurait pas pu les géré tout seule. Mais avec une équipe de suffisamment de personne oui.
Donc des moyens humains restent indispensable peut importe la qualité de logiciel de traitement.
Ai-je été plus claire ?
[Mode troll]
Si c'est si efficace, pourquoi il ne remplace pas les contrôleurs aériens avec ? ]
Le 15/04/2024 à 17h10
Le 15/04/2024 à 17h28