Cozy Cloud révoque son co-fondateur, qui compte poursuivre l’entreprise
De l'eau dans le cloud
Le 20 juillet 2016 à 10h30
5 min
Économie
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Après avoir fondé Cozy Cloud, Frank Rousseau n'en est plus directeur technique. Il a été révoqué en assemblée générale hier, suite à des divergences sur la stratégie. Contacté, il affirme vouloir attaquer l'entreprise, estimant la décision abusive.
Il y a du mouvement chez Cozy Cloud. La jeune pousse française s'est séparée hier de son co-fondateur et directeur technique, Frank Rousseau. Sur Twitter, il explique ainsi avoir été révoqué de son poste, par « ma propre entreprise », de manière inattendue. Une annonce soudaine, qui a étonné bon nombre de ses abonnés.
Je suis révoqué de mon poste de CTO (Directeur Général) de @MyCozyCloud / I got fired from Cozy Cloud, my own company.
— Frank Rousseau (@gelnior) 19 juillet 2016
Pour rappel, Cozy Cloud développe un espace auto-hébergeable open source, censé centraliser l'ensemble des données personnelles en un endroit. Cela passe notamment par une série de connecteurs, qui permettent de récupérer données et documents auprès de services tiers, que ce soit un e-commerçant ou une banque. Le mois dernier, l'entreprise a levé quatre millions d'euros, entre autres auprès de la MAIF, pour se développer en partenariat avec de grands comptes.
Dans un billet de blog en réponse à son ex-directeur technique, Cozy Cloud affirme que des divergences ont grandi entre les co-fondateurs, Benjamin André (PDG) et Frank Rousseau, avec « un risque croissant de ralentir le projet ». En assemblée générale, hier, les actionnaires ont donc tranché en faveur du PDG de l'entreprise. Les raisons concrètes de ce départ n'ont pas été données. Dans la foulée, Frank Rousseau déclare préparer un droit de réponse.
Des divergences stratégiques profondes
Contacté, il nous explique qu'il n'a pas demandé l'arbitrage qui a mené à sa révocation, contrairement à ce qu'affirme l'entreprise. « Cette annonce est brutale je suis révoqué sans délais, sans alternative et sans indemnité » affirme-t-il. Au cœur du sujet, une divergence sur la stratégie de l'entreprise entre les dirigeants. Profonde, mais pas irréconciliable, selon Rousseau.
Alors que l'entreprise se concentre actuellement sur le développement de Cozy en partenariat avec de grands comptes et des hébergeurs (Gandi et OVH), Frank Rousseau présentait une troisième voie. « J'ai présenté une stratégie avec une mise sur le marché rapide d'un produit générateur de chiffre d'affaires répétable » explique-t-il.
Concrètement, il proposait de monter une plateforme d'hébergement gérée par Cozy, avec choix de l'hébergeur, pour trouver rapidement un prix, des options et un discours convaincants. À terme, il espérait pouvoir distribuer en propre du matériel avec Cozy pré-installé. Une proposition rejetée par l'entreprise, qui se concentre sur ses partenariats.
Selon Frank Rousseau, son idée n'aurait d'ailleurs pas été débattue. « Cette démarche ne convenait pas au président. [...] J'ai toujours demandé un débat constructif sur les orientations de la société [pendant plusieurs mois] et n'ai eu en réponse qu'un débat sur ma révocation » affirme-t-il. Le co-fondateur ne compte donc pas en rester là. « Je donnerai donc les suites judiciaires qui conviennent à cette révocation que je considère comme totalement abusive », avant de fonder une nouvelle startup ou d'en rejoindre une autre, explique-t-il.
Pour Cozy Cloud, ce départ suit des mois de discussion
Pour sa part, Cozy Cloud nous affirme que le débat a bien eu lieu entre les deux fondateurs, sur plusieurs mois, lors de nombreuses discussions. Discussions qui ont précédé l'arrivée de nouveaux actionnaires au capital. Elle maintient, par ailleurs, que l'arbitrage en assemblée générale a bien été effectué à la demande des deux dirigeants.
La société rappelle d'ailleurs que Frank Rousseau en reste actionnaire. Elle estime bien qu'ouvrir « un troisième front » (une offre propre, en plus de celles proposées via hébergeurs et grands comptes) n'aurait pas été pertinent. Une stratégie plus lente que d'itérer rapidement via une plateforme propre, mais qui évite une dispersion des ressources. La publicité de ce départ met semble-t-il l'entreprise mal à l'aise, qui évoque avant tout une question de « ressources humaines ».
Une réorganisation de la direction aura lieu dans les prochains jours, notamment pour nommer un nouveau directeur technique. Il reste tout de même à voir quelles seront les conséquences à long terme de cet épisode, qui a mené au départ forcé d'un fondateur peu après une levée de fonds. D'autant que celui-ci envisage des poursuites. La question de la transparence viendra également, Cozy Cloud étant un projet open source et communautaire.
Cette situation rappelle celle d'ownCloud, dont le cofondateur Frank Karlitschek a fondé le fork Nextcloud après son départ du projet. Les raisons étaient néanmoins différentes puisqu'il critiquait notamment les relations avec la communauté des contributeurs, qui n'aurait pas été assez écoutée par l'entreprise sur certaines décisions.
Cozy Cloud révoque son co-fondateur, qui compte poursuivre l’entreprise
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Des divergences stratégiques profondes
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Pour Cozy Cloud, ce départ suit des mois de discussion
Commentaires (33)
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Abonnez-vousLe 20/07/2016 à 10h49
Cool, alors que déjà leur soft évoluait pas dans le bon sens (une vrai horreur a utiliser, manque de fonctions basic, lent, lourd et peu puissant…)
Maintenant ils se battent en interne… Je suis pas prés de trouver mieux que owncloud :(
Le 20/07/2016 à 10h50
gérer une boite en prenant en compte la communauté n’est pas aisé, m’est avis que ça c’est bien frité entre les deux dirigeants
Le 20/07/2016 à 10h57
Et Tristant Nitot qui s’est foutu dans ce bordel :) Le pauvre…
Le 20/07/2016 à 11h07
Il me semble que c’est lui à la base de toutes les décisions techniques de Cozy et il doit surement être à l’oeuvre sur le coeur du software, ça va pas être facile de continuer sans lui…
C’est bizarre quand même de le virer complètement de l’entreprise, j’aurai plutôt pensé à un scénario à la Silicon Valley où il n’est plus Directeur Général mais reste Directeur Technique.
Benjamin André n’est pas PDG, il est président.
Le 20/07/2016 à 11h10
On dirait la série silicon Valley avec l’histoire du développement d’un serveur cloud fermé.
Le 20/07/2016 à 11h18
J’ai exactement pensé la même chose!!!
“The BOX”
Le 20/07/2016 à 11h18
Bah, ce sont des histoires assez courantes… C’est juste que c’est rarement étalé sur la place publique comme ça…
Le 20/07/2016 à 11h18
Mettre un prix sur son service est la pire chose qui puisse arriver à une startup en pleine levée de fond : il deviens alors aisé de faire des projections de revenu potentiel, alors que sans prix les spéculations vont bon train et la valorisation augmente mécaniquement à chaque nouveau round de financement. Pas étonnant que ça clash entre ces deux logiques que tout oppose.
Le 20/07/2016 à 11h22
Le 20/07/2016 à 11h25
Le 20/07/2016 à 11h28
Le 20/07/2016 à 19h59
Peut-être qu’il rejoindra NextCloud? ;)
Quelqu’un l’a testé d’ailleurs? J’hésite à transférer mon ownCloud vers NextCloud, malgré les améliorations annoncées. J’attends d’avoir un peu de retours et de recul.
Le 21/07/2016 à 10h47
J’ai testé, ça souffre pour le moment des même souci que owncloud, mais la politique donne déjà plus envie.
En espérant que ca continue de bien evoluer, ou qu’un “vrai” cloud perso apparaisse un jour
Le 21/07/2016 à 12h30
En réponse à ceux qui cherchent une alternative : essayez Yunohost.
Il se base entièrement sur des briques connues et courantes, leur valeur ajoutée c’est l’API+Webui.
L’empaquetage “ d’applications ” est également assez intuitif puisqu’il s’agit de scripts Bash avec des fonctions facilitant la vie.
Le 21/07/2016 à 19h53
Nextcloud c’est juste un fork d’Owncloud, et crois-moi le code est à chier (je suis développeur)
Le 21/07/2016 à 19h57
Je ne connais pas du tout cette solution. Je vais jeter un oeil merci ;)
Le 22/07/2016 à 16h22
IMHO, CozyCloud a toujours été un projet mort-né. Pour moi, l’avenir se situe dans NextCloud.
http://www.silicon.fr/collaboration-libreoffice-nextcloud-153297.html
Le 20/07/2016 à 11h37
Le débat n’est pas Nitot… Certes il est très connu (et apprécié) mais aux dernières nouvelles lui est tuojours en poste (C3PO " />)
En tout cas c’est dommage cette histoire. Nous n’en connaissons pas tous les détails (et ne devons pas les cconnaître), mais c’est regrettable car c’était une initiative sympa pour dégoogliser, en plus française. Mais comme dans toute société il y a des rapports humains, et parfois ça coince. Espérons que le produit n’en subisse pas trop les conséquences…
Le 20/07/2016 à 12h15
Attention, le prénom Tristan ne finit pas par un t !
Pour en revenir au sujet, je suis curieux de lire le droit de réponse de Frank Rousseau.
Le 20/07/2016 à 12h43
Le 20/07/2016 à 12h47
Pour forker un projet de ce type il faut embarquer la communauté, les clients et les devs avec soi, sinon rien n’est possible…
Le 20/07/2016 à 12h53
Le 20/07/2016 à 12h59
Oui, alors ça, ça dépend de l’officier d’état civil et des parents. Pas de wikipedia :p
Le 20/07/2016 à 14h06
Quand la réalité rattrape la fiction, on se croirait vraiment dans Silicon Valley.
J’espère que cela ne pénalisera pas le développement du produit. :/
Le 20/07/2016 à 14h51
Pas mieux, je l’ai installé il y a deux semaines sur mon kimsufi (16 Go de RAM sur un i5, donc bon …) et déjà j’avais des énormes problèmes de perf. La solution c’était une incompatibilité entre NodeJS et le kernel debian d’OVH. Une fois installé un kernel debian vanilla ça tournait plutôt pas mal.
Mais rien ne fonctionne correctement, à part l’import des contacts depuis GMail. Les apps tierces sont truffées de bugs, elles ne devraient même pas apparaître sur le store. La gestion des fichiers est plus que discutable, puisque les fichiers eux-mêmes sont stockés en bdd (couchdb). Du coup, tu peux pas importer des fichiers que tu as déjà de stockés sur ton serveur, à moins de développer une app basée sur leur API (franchement j’ai mieux à faire de mes soirées et WE).
Je pensais aussi trouver une alternative à cette grosse daube d’OwnCloud, c’est pas pour demain apparemment !
Le 20/07/2016 à 14h54
Le 20/07/2016 à 14h55
Sur le principe oui, dans les faits voici les résultats d’une recherche sur les quelques sites de prénoms :
Alors que des prénoms très peu portés sont répertoriés (Cunégonde: 11 vivantes en France avec 86 ans d’âge moyen ^^).
Bref, Tristan s’écrit sans T dans 99,99% des cas et c’est le cas de Tristan Nitot " />
Le 20/07/2016 à 15h20
ah, désolé que tu sois dans le meme sac que moi, mais merci pour tes retours ! intéressent et dommage que la solution out of the box d’ovh pose problème…
Le 20/07/2016 à 16h18
Le 20/07/2016 à 16h45
Le côté mono utilisateur est un (très) gros problème… L’avantage du cloud personnel c’est que c’est bien pour toute la famille. C’est déjà assez dur à mettre en place pour le grand public. Cozy.io n’ira pas bien loin chez le particulier en tout cas. Après avec OVH derrière…
En tout cas, Cozy n’est pas fait pour moi.
Le 20/07/2016 à 16h53
Le 20/07/2016 à 17h49
Ça me rassure de voir que je ne suis pas le seul à avoir plein de problèmes avec Cozy… Je cherche des solutions pour ne plus dépendre de Google et Dropbox, et j’ai notamment essayé OwnCloud qui était bien trop lent sur mon Synology d’il y a 5 ans.
Je suis tombé sur Cozy en lisant les news de Tristan, et je me suis dit que ça avait l’air plutôt cool… Du coup je l’ai testé sur une VM VirtualBox et sur mon Raspberry Pi 2, et dans les deux cas, quelle galère ! À chaque fois, il me suffisait de faire la “mise à jour plate-forme” conseillée par une notification pour tout faire merder avec une royale erreur 502 “BAD GATEWAY”… Super :/ Alors bien sûr on trouve des commandes à taper sur le mode d’emploi et les forums, mais bon, pour un truc qui se veut presque grand public, c’est mal barré !
J’essayerai de voir où ça en est dans un an, mais en attendant je vais me remettre à chercher autre chose pour gérer mes propres données !
Le 20/07/2016 à 18h26
C’est bien la force des GAFAM, en plus de la simplicité de leurs produits : c’est qu’il n’y a pas d’alternative viable…
Franchement vu les enjeux, j’accepterais qu’il y ait quelques bugs, des fonctionnalités manquantes, ils n’ont pas le même budget que Google. Mais il faut un minimum pour qu’il soit acceptable.