Lorsque nous l’avions testé, Zorin OS s’était rapidement révélé être un système agréable à l’usage. Ce n’est pas la seule distribution Linux bénéficiant d’un soin particulier porté à l’interface, avec un sens prononcé pour le souci du détail. C’est l’un des points forts d’Ubuntu comme de Linux Mint.

• Linux : Zorin OS et son sens aigu de l’accueil grand public

Comme souvent avec les distributions basées sur Ubuntu, l’un des objectifs était de proposer une ergonomie plus proche de GNOME 2.X. Nous avions souligné dans notre premier article le retour d’une barre des tâches, un menu « Démarrer », un systray et autant d’éléments d’interface communs à de nombreux systèmes, et qui font le succès d’environnements comme Cinnamon.

À la manière de Linux Mint, Zorin OS n’utilise que les versions LTS (Long Term Support) d’Ubuntu comme base. La branche 16 du système utilisait jusqu’ici Ubuntu 20.04. Avec la version 17, on saute quatre moutures du système de Canonical, jusqu’à la 22.04. On s’en doute, les apports sont donc importants, avec une vaste modernisation du système. L’équipe de développement met particulièrement en avant les progrès réalisés sur les performances.

Rappelons que Zorin OS est fourni en trois éditions. La plus étoffée est la Pro, vendue 48 euros TTC. Elle fournit des dispositions supplémentaires pour le bureau (dont une directement inspirée de GNOME 2 et une autre de Chrome OS), un nombre beaucoup plus important d’applications intégrées, et surtout d’un support technique dédié. Attention dans ce cas : bien que l’on puisse installer cette édition Pro sur autant de machines que l’on souhaite, le support ne s’appliquera qu’à une seule.

L’édition que nous avons utilisée est la Core, la plus classique. Une édition Lite est également proposée pour les vieilles configurations matérielles.

Un premier contact toujours aussi agréable

L'installation de Zorin OS se fait de la même manière que pratiquement toutes les autres distributions Linux : récupération d’une image ISO (environ 3 Go), installation reprenant trait pour trait les lignes d’Ubuntu, configuration de quelques éléments dont le compte principal puis redémarrage. Après quoi, on est accueilli sur le bureau par un assistant particulièrement bien pensé.

On retrouve les éléments qui ont fait la force de la distribution depuis plusieurs versions, notamment Zorin Apparence, mis en avant dans l’assistant. Au sein d’une petite fenêtre, on peut toucher à toutes les options liées à l’interface : disposition générale des éléments, thème et couleur d’accentuation, effets divers (animations, mode gelée, etc.), emplacement des boutons d’actions pour les fenêtres, choix des icônes à afficher sur le bureau, taille de ces icônes, choix de la police et ainsi de suite.

On note dans cette version 17 plusieurs nouveautés dans ce panneau, notamment Cube du Bureau et le sélecteur spatial de fenêtres. Le premier est clairement gadget, mais fonctionne bien : les bureaux virtuels sont simplement disposés sur les faces d’un cube, que l’on peut faire tourner. Il a le mérite de pouvoir donner une meilleure idée de ce qui se trouve dans un autre bureau.

Le sélecteur spatial se montre utile quand on possède un grand nombre de fenêtres ouvertes. La présentation rappelle ce que proposait iTunes il y a bien longtemps avec les pochettes d’albums. Elle permet une plus grande lisibilité des fenêtres, plutôt que de manipuler de petites miniatures quand elles deviennent nombreuses.

Ces deux ajouts remplacent les animations classiques pour les bureaux virtuels et la bascule entre les applications, mais restent disponibles avec les mêmes gestes tactiles.

De multiples améliorations

La version 17 contient une longue liste d’améliorations diverses, certaines mineures mais bienvenues, d’autres plus importantes. Par exemple, la version de GNOME fait le grand saut : Zorin OS 16 avait fait le choix de préserver la version 3.38, mais on passe cette fois à la version 45.2. Nous n’allons pas refaire l’inventaire complet des nouveautés, nous l’avons vu à de multiples reprises dans les autres distributions. Autres composants significatifs : un noyau Linux 6.2 et Mesa 23.0.

En plus du Cube et du sélecteur spatial, Zorin OS 17 introduit des nouveautés demandées par la communauté. Par exemple, un système de « tiling » plus avancé pour les fenêtres, pour en modifier la taille et la disposition en fonction du bord ou du coin de l’écran, quand on les déplace. On peut par exemple les emmener maintenant dans les coins pour leur faire adopter automatiquement le quart correspondant de l’écran. Ce comportement peut être modifié dans les options et on peut affecter des raccourcis clavier aux différentes manipulations.

Zorin OS 17 intègre également un nouveau panneau de réglages rapides, largement hérité des dernières versions de GNOME. On y retrouve notamment la bascule rapide entre thèmes clair et sombre, la sélection du périphérique audio de sortie, le mode d’alimentation, ou encore l’activation/désactivation rapide du Wi-Fi et du Bluetooth.

Le système se dote en outre d’un nouvel outil pour les captures d’écran, capable d’enregistrer en vidéo. Le support des applications Windows fait lui aussi un bond important, avec le passage de Wine à la mouture 8.0.2. On note aussi l’arrivée d’un panneau dédié pour le contrôle parental, une première pour la distribution, ainsi qu’un outil pour la connexion du bureau à distance via RDP.

Le menu général a, lui aussi, été révisé. Les éléments y ont été légèrement redisposés et on trouve maintenant un outil de recherche universelle. Particulièrement bienvenu, ce dernier permet de trouver aussi bien des applications que des documents et paramètres. Une section « Toutes les applications » fait aussi son apparition, avec un fonctionnement explicite.

Ajoutons une boutique Logiciels remaniée et plus rapide, ainsi qu’une nouvelle application pour la météo.

Un mot enfin sur le support : Zorin OS 17 étant basée sur Ubuntu 22.04, elle recevra des mises à jour logicielles et de sécurité jusqu’en 2027.

Un mot sur les performances

La modernisation générale du système se sent, qu’il s’agisse d’une installation native ou d’une utilisation en machine virtuelle. Pour celle-ci, les pilotes ont été installées d’emblée, avant même que l’assistant de bienvenue ne le propose. Le passage à Wayland joue pour beaucoup dans la fluidité et la réactivité de l’ensemble.

Si la plupart des distributions ne voient que lentement leur configuration minimale évoluer, la nouvelle mouture de Zorin OS se permet de la faire baisser : la quantité minimale de mémoire passe ainsi de 2 à 1,5 Go.

Un travail a été fait également sur le démarrage du système, ainsi que sur le temps de lancement des applications. Dans l’ensemble, Zorin OS ne nous a pas paru avoir grand-chose à envier à des distributions connues pour leur grande réactivité, comme Arch Linux et ses dérivés. Notez qu’une partie de ce travail d’optimisation provient des paquets utilisés, notamment GNOME 43. Pour le reste, l’équipe dit avoir optimisé « de nombreux composants du système ». Dans l’ensemble, Zorin OS 17 « devrait fonctionner significativement plus vite sur une vaste gamme de matériels neufs et anciens ».

Notre seul regret est une position plus consensuelle sur les paquets Snap. L’équipe de développement ne cherche manifestement pas la bagarre avec Canonical et reprend le socle Ubuntu en l’état, y compris pour Firefox.

En dépit des améliorations portées dans le temps sur ces paquets, on retrouve les deux principaux reproches que l’on peut leur faire : un temps de démarrage à froid assez long ainsi qu’une consommation élevée d’espace disque. Sur ce point, Zorin ne fait pas de miracle. Cependant, la distribution est compatible d’origine avec les paquets Flatpak, via Flathub directement intégré dans la boutique Logiciels (comme l’ont fait d’autres distributions, dont Fedora). On apprécie le choix, alors que Canonical a justement supprimé cette capacité dans Ubuntu.

À suivre de près

Zorin OS a beau exister depuis presque 15 ans (oui, déjà), la distribution reste encore largement méconnue du grand public. Dans une optique de remplacement de Windows par un système simple d’utilisation, elle est cependant à considérer et ferait partie de nos « choix de la rédac »… si nous en avions.

Avec Linux Mint, elle montre par son sens élevé du détail qu’elle souhaite réellement la bienvenue à ses utilisateurs. Tout est fait pour simplifier l’accessibilité de ses fonctions, de sa présentation classique (mais soignée) au nombre d’applications fournies, même si ces dernières n’ont rien d’exceptionnel par rapport à d’autres systèmes du même acabit.

C’est le soin porté à l’ensemble qui place Zorin à part, tant l’expérience semble avoir été pensée de manière cohérente : disposition des éléments, choix des polices, thème par défaut, couleurs, forme des boutons, etc. à ce sujet, le grand bond vers GNOME 45 se traduit par l’utilisation quasi exclusive d’applications compatibles Gtk4 et libadwaita, participant à l’impression générale de « modernité ». En somme, c’est « propre et bien rangé ».

Nous la conseillons donc aux amateurs d’interfaces soignées ou aux personnes cherchant une première distribution pour s’essayer à Linux en venant du monde Windows ou même Mac. Si vous n’êtes pas totalement allergique aux snaps bien sûr.

C’est surtout vrai pour les transfuges depuis Windows, nombre d’éléments d’interface étant proches du système de Microsoft. Le menu général par exemple, ou la recherche universelle, dont les résultats sont affichés de la même manière.