Les nombreux écueils de la redevance sur les moteurs de recherche d’images
Passage comme des images
Le 13 février 2017 à 15h50
4 min
Droit
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La redevance sur les moteurs de recherche (dite « Taxe Google », par raccourci) a été programmée par la loi Création du 7 juillet 2016. Le texte, entré depuis quelques semaines dans une phase importante, n’est toujours pas accompagné d’un décret d’application, contraignant les parties prenantes à des négociations complexes.
Derrière cette redevance, on trouve concrètement une mise en gestion collective obligatoire de l’ensemble des images référencées par ces services en ligne. Dès publication, l’article L136-4 du Code de la propriété intellectuelle instaure en effet une « rémunération » pour la reproduction et la représentation de ces œuvres au profit d’une des sociétés de gestion collectives agréées.
Le barème et les modalités de versement de cette « rémunération » sont fixés dans le cadre d’un accord entre ces sociétés de gestion collective du secteur et les « organisations représentant les exploitants des services automatisés de référencement d'images. »
Normalement, ce droit est prévu pour entrer en application à compter de la publication d’un décret en Conseil d’État. Ce décret n’ayant jamais été publié, une autre piste a été prévue par le législateur : l’entrée en vigueur est repoussée 6 mois après la promulgation de la loi et donc début janvier 2017. Nous sommes entrés dans ce scénario. Il y a toutefois plusieurs écueils tenant à sa mise en œuvre pratique.
Plusieurs écueils
Déjà, il n’existe pas d’organismes représentatifs des intérêts des moteurs. Ensuite, on peut contraindre les uns et les autres à entrer en négociation, non à parvenir à une joyeuse entente. De fait, selon nos informations et sans grande surprise, il n’y a toujours pas eu d’accord entre les parties prenantes.
Certes, anticipant le faible empressement pour les débiteurs de payer au titre du référencement d’images, le législateur a prévu le scénario du défaut d’accord. Dans cette hypothèse, le montant à payer pourra être arrêté par une commission composée, en nombre égal, de représentants des sociétés agréées et de ceux des moteurs. Cette commission est elle-même présidée par un représentant de l’État qui a voix prépondérante en cas de partage des voix. Et c’est le seul ministère de la Culture qui a compétence pour désigner ces personnes.
Mais tout n’est pas si rose puisque cette voie de secours est elle-même conditionnée : le défaut d'accord doit être constaté dans les six mois suivant la publication du décret en Conseil d'État, décret qui disions-nous, n’a toujours pas été diffusé !
Résultat des courses : les sociétés de gestion collective sont aujourd’hui obligées de se rapprocher des Google, Qwant et autre Bing ou attendre la diffusion de ce fameux texte notifié en septembre à la Commission européenne. Et évidemment, les moteurs ont un empressement très relatif à aligner des chiffres sur un chèque, alors que des quantités astronomiques d'images sont référencées chaque jour par ces solutions en ligne.
L’effet de la jurisprudence ReLire sur « la Taxe Google »
Dernier détail, selon la Quadrature du Net, ce texte serait en indélicatesse avec la récente jurisprudence de la Cour de Justice de l’Union européenne portant sur le registre ReLire relatif aux livres indisponibles.
La justice européenne avait en effet épinglé ce mécanisme de gestion collective obligatoire, faute pour la France d’avoir prévu une « information effective et individualisée » de l’ensemble des auteurs concernés qui voyaient leurs écrits entrer en gestion collective par un coup de baguette légale.
Les nombreux écueils de la redevance sur les moteurs de recherche d’images
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Plusieurs écueils
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L’effet de la jurisprudence ReLire sur « la Taxe Google »
Commentaires (24)
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Abonnez-vousLe 13/02/2017 à 15h54
On ne marche pas sur la tete… la c’est carrement de la course de fond.
Le 13/02/2017 à 15h55
De toute façon, tout ce qui touche à la culture en France, on le fait mal (ou bien, suivant qu’on se place du côté des lobbies copains ou des sans-dents)
Le 13/02/2017 à 15h57
Le choix de l’image, avec la requête google… énorme… " />
Sinon, comme d’hab hein. Idem que la musique, le cinéma, les livres… un truc imbitable à mettre en place, qui n’enrichiera que les mêmes, et ne fera pas avancer la création artistique dans le monde d’aujourd’hui. Depuis 2000 qu’on est dessus, Marc fais partie comme moi des premiers a travailler le sujet, moi j’ai plus la force.
Marc, je ne sais pas comment tu fais pour te refilier au mastic là… " />
Le 13/02/2017 à 16h24
De toute façon la loi est complétement stupide de base, on peux pas allez très loin quand le début est déjà caduque.
Quand les lobbys admettront que l’on peux ne pas être référencé, et ne pas apparaitre sur les moteurs, à eux de le faire, et à ne pas venir chercher à référencer des images si ils ne veulent pas que les moteurs les indexes.
Bref juste ridicule, après on va taxer les mots utilisés par les moteurs pour présenter un site ? Genre taxe sur la balise méta title et méta description, et sur le texte indexé par les moteurs ?
Le 13/02/2017 à 16h47
Le sous titre !!! " />
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Le 13/02/2017 à 17h04
La même chose dans le domaine de la pub :
“Monsieur, vous avez regardé cette pub dans la rue, vous êtes donc redevable de l’avoir regardée : vous devez donc nous (régie de pub concernée) verser XXX boules”
Et si on croise une jolie fille dans la rue, et qu’on ignore si elle est péripatéticienne, faut il lui verser de l’oseille pour l’avoir juste regardée de façon systématique ? Ca risque de couter cher dès qu’on se balade en ville…
Le 13/02/2017 à 17h14
Le 13/02/2017 à 20h09
Y a vraiment plus aucune limite au n’importe quoi, on est d’accord ?
Je veut dire, il est en roue libre total le gouvernement fr là.
Le 13/02/2017 à 20h20
Il est peut-être belge, c’est légal là bas. " />
Le 13/02/2017 à 20h40
méeuh stop les clichés
( savoir si je me plains du sexisme ordinaire ou de la belgophobie, voire les deux, soyons fous, est laissé à l’appréciation du lecteur)
Le 14/02/2017 à 06h13
Le 14/02/2017 à 08h24
Le 14/02/2017 à 09h36
à une époque on payait pour être référencé !
Le 14/02/2017 à 09h53
Le 14/02/2017 à 10h38
Le fichier robot.txt, c’est pour les moteur de recherche (ce que n’est pas la BNF). Ensuite ce n’est qu’une indication pour aider ceux-ci à filtrer les données inutiles à indexer, ça n’a rien d’obligatoire.
Le 14/02/2017 à 11h20
Cette loi est la honte de la France. La France où la culture est dirigée par des lobbyistes industriels qui n’ont aucune limite à l’argent qu’ils veulent se mettre dans les poches : comme si les français avaient autant d’argent qu’ils le veulent à mettre dans la culture… Alors quand on arrive aux limites, on fait dans l’indirect…
Le 14/02/2017 à 11h40
Je sais bien que le robots.txt n’a aucune valeur légale, ça permet cependant d’éviter à des images de se retrouver sur les moteurs de recherche et d’en arriver aux aberration soulevées dans l’article. On préfère mettre en œuvre la solution à tous les problèmes (une taxe) que de responsabiliser les éditeurs qui publient du contenu en ligne.
Concernant la BNF, je ne vois pas en quoi elle se donne le droit d’aspirer tout le contenu mis en ligne sans respecter les bonnes pratiques de récupération et d’indexation de contenu. Car elle n’est peut-être pas un moteur de recherche, mais il y a bien une indexation du contenu aspiré qui est faite.
Et je ne parle même pas des particuliers qui hébergent du contenu chez eux en croyant ne jamais être indexé.
Le 14/02/2017 à 12h50
tu confonds indexation et mise à disposition publique : ce n’est pas parce que ce n’est pas indexé que ça n’en reste pas moins public et qu’on peut donc le pomper automatiquement.
Le 14/02/2017 à 12h51
ce qui m’agace le plus dans tout ça c’est que ça ne fait aucune distinction sur les images : ce sont des images libres de droit… pas grave on ponctionne dessus tout de même… si ce n’est pas du vol ça….
Le 14/02/2017 à 14h14
Ils savent très bien récupérer de la tune sur le travail d’autrui en France, c’est aberrant mais très prisé par les vautours des hautes sphères française.
Bref une loi comme on les aimes dans notre gouvernement.
3)…
Une taxe et une sprd-like, c’est le summum, c’est Byzance, c’est le TOP du TOP de la loi parfaite chez eux…
Le 15/02/2017 à 08h51
oui c’est dommage que ça ne sorte pas plus dans les médias traditionnels : le Pénélopegate fait du bruit, ça montre qu’il y a moyen de réveiller un peu les français tout de même : si y avait une série d’article pour expliquer la mécanique bien huilée de toutes ces sociétés de ponction, peut-être que l’opinion mettrait un peu la pression pour qu’ils arrêtent leur bordel. Là à part quelques bien informés style NXI et leur lecteurs… ben… on en entend jamais parler.
Le 15/02/2017 à 10h35
même principe que la sacd/sacem et les musiques libres de droits, non ?
Le 15/02/2017 à 18h37
Merci Marc pour le suivi de ce dossier, et de tant d’autres (en particulier celui de la fiscalité des plateformes). A l’instar de ce dernier, la “taxe google” est source de nombreux commentaires, inspirés par l’assimilation d’actes de la vie courante à des concepts juridiques, dont les contours sont souvent très (voire très) précis.
Celle-ci se manifeste par des choix esthétiques justifiables lors des phases de préparation (mise en scène et cadrage particuliers), de réalisation (choix de la lumière, de l’arrière plan), ou des retouches logicielles. Pour conférer le statut “d’oeuvre de l’esprit”, les juridictions vont évaluer si ces différents choix relèvent d’un parti pris esthétique mettant en valeur le sujet photographié par des effets particuliers ; ou sont au contraire, une conséquence mécanique de choix banals et contraignants, liés à la volonté de reproduire exactement l’objet/le sujet.
qu’elle ne vise pas seulement à reproduire de la manière la plus fidèle possible, un objet préexistant.Par ailleurs le seul fait de représenter des avions ou des éléments
Le 15/02/2017 à 19h50
Non, je ne confonds pas les deux. Je râle après ce que je considère être un comportement abusif venant de la BNF. Surtout que cette dernière reconnaît qu’il y a des bonnes pratiques mais que comme elles n’ont aucune valeur légale elle se permet de tout copier sans distinction.
Pour en revenir au sujet, la BNF va se retrouver avec des images protégées par le droit d’auteur. Elle se fera accuser de contrefaçon ? " />