Avec son réseau bas débit, Sigfox permet désormais de géolocaliser les objets connectés. Nous avons pu nous entretenir avec la société afin d'avoir des détails sur les solutions techniques et les performances attendues, ainsi que sur le coût d'exploitation.

Jeudi, Sigfox annonçait le lancement d'un service international de localisation des objets connectés sans GPS : Spot'It. Selon la société, il permet « le suivi d’actifs mobiles et non mobiles à l’échelle internationale ». Il est compatible avec l'ensemble des produits actuellement en service, ne nécessite aucun matériel supplémentaire ni aucune mise à jour logicielle côté client. Nous avons décidé d'en savoir un peu plus et d'interroger Sigfox.

De la triangulation maison

L'opérateur de réseau bas débit nous explique que sa technologie « permet d’analyser la puissance du signal radio émis par l’objet et reçu par trois antennes différentes ». Pour déterminer la position géographique d'un objet, les algorithmes exploitent « des données radio propres au réseau » : la fréquence, le RSSI (Received Signal Strength Indication), les effets de distorsion spatiale et temporelle, etc.

Cette technique permet donc d'obtenir des informations, sans avoir besoin de modifier l'émetteur ou d'envoyer des messages supplémentaires, tout se passe sur les serveurs de Sigfox qui s'occupent des calculs. Les données nécessaires à la localisation existaient en fait déjà, mais n'étaient tout simplement pas exploitées. Cela n'a donc aucun impact sur la consommation énergétique des objets affirme l'opérateur, contrairement à une puce de positionnement par satellite qui est relativement gourmande.

Une précision kilométrique, une position toutes les 10 minutes au mieux

Par contre, Spot'It de Sigfox propose une précision bien inférieure à celle d'un système qui exploite le GPS, le GLONASS et/ou Galileo par exemple. L'opérateur nous indique que la finesse de la localisation (possible aussi bien en intérieur qu'en extérieur) dépend de trois éléments clés : le nombre d'antennes, le nombre d'objets connectés dans les parages et la fréquence des communications de ceux-ci. Plus un ou plusieurs de ces indicateurs sont élevés, plus la précision est importante.

Ainsi, dans une zone rurale avec peu d'antennes et d'objets, la précision est « au pire de dix kilomètres », alors qu'elle peut passer « en dessous du kilomètre » dans une zone urbaine. Pour les clients qui ont des besoins spécifiques, Sigfox propose une offre qui permet d'installer des antennes sur demande, ou bien de combiner la localisation via son réseau par du Wi-Fi.

Grâce au deep learning, la précision s'améliorera

Avec le temps et l'apprentissage de son intelligence artificielle (deep learning), la précision s'affinera, affirme l'opérateur. S'il ne peut pas nous donner de chiffres pour le moment, l'idée est au moins de descendre « de façon systématique en dessous du kilomètre ».

Sachez également que, contrairement au GPS, la géolocalisation de Sigfox ne peut pas s'effectuer de manière continue. Pour obtenir une position, il faut en effet qu'un objet envoie des informations, la fréquence de mise à jour dépend donc directement du comportement de celui-ci, avec une limite à 140 communications par jour. Celle-ci est imposée par l’ETSI (European Telecommunications Standards Institute) sur les bandes non licenciées utilisées par Sigfox. Cela donne donc une moyenne minimum de 10 minutes entre deux géolocalisations.

Ajoutez 15 % de plus sur votre abonnement Sigfox pour en profiter

Vient enfin la question du prix. Si dans son communiqué de presse Sigfox affirme qu'il propose « une solution n’ayant aucun impact sur le coût d’exploitation », les choses sont moins simples en pratique, comme nous le confirme la société.

Il y a effectivement un « coût de service » pour profiter de la géolocalisation (ce qui n'est pas obligatoire) et il n'est pas négligeable : 15 % supplémentaires par rapport au prix de l'abonnement Sigfox. Pour rappel, celui-ci dépend du nombre d'objets connectés et du nombre de messages envoyés par ces derniers. Des services premium (et payants) avec des fonctionnalités supplémentaires seront proposés dans un second temps.

Sigfox n'est pas seul, Objenious aussi travaille sur la géolocalisation

Sigfox n'est pas le seul opérateur bas débit à proposer de la géolocalisation, Objenious (une filiale de Bouygues Telecom) propose le même genre de fonctionnalité sur son réseau basé sur la technologie LoRa. Stéphane Allaire, son PDG, nous expliquait en octobre qu'il avait mis en place des expérimentations sur de la triangulation.

Le dirigeant ajoutait que, à la campagne, « on a une localisation à partir du signal qui est suffisante ». « On a fait pas mal de projets avec des clients et même si on est précis au kilomètre ça leur suffit » affirmait-il. Stéphane Allaire ajoutait alors que le but était de descendre « en dessous des 100 mètres » en augmentant le nombre d'antennes. 

Sigfox a l'avantage de proposer une couverture dans 31 pays

Sigfox dispose par contre d'un avantage certain sur le réseau LoRa déployé par Bouygues Telecom : la couverture réseau. En effet, Objenious ne couvre pour le moment que la France ainsi qu'une partie des États-Unis et de l'Allemagne, grâce à des accords de roaming avec Senet et Digimodo respectivement.

De son côté, Sigfox est présent dans 31 pays à travers le monde (sur une superficie de 1,9 million de km²) et prévoit de passer à 60 pays à l'horizon 2018. Pour douze d'entre eux, il est d'ores et déjà question d'une « couverture nationale » : la France, la Belgique, le Danemark, l'Espagne, l'Irlande, le Luxembourg, Malte, la Nouvelle-Zélande, les Pays-Bas, le Portugal, la République Tchèque et Singapour. Partout où le réseau de Sigfox est disponible, la géolocalisation est possible. Il en sera de même pour les prochaines zones qui seront couvertes.

Quoi qu'il en soit, la guerre des objets connectés et des réseaux bas débit est déjà bien lancée et ne devrait pas s'arrêter de sitôt. Cela pourrait même s'intensifier lorsque la 5G arrivera, elle aussi avec des technologies dédiées pour les communications avec une très faible consommation énergétique.