Le Conseil constitutionnel censure l’interdiction de séjour dans la loi sur l’état d’urgence
4ème censure
Le 09 juin 2017 à 13h22
3 min
Droit
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Le Conseil constitutionnel a censuré ce matin pour la quatrième reprise une disposition issue de la loi (modifiée) relative à l’état d’urgence. Il sanctionne cette fois la possibilité pour l’autorité administrative d’interdire de séjour durant cet état exceptionnel.
L'article 5 de la loi du 3 avril 1955 sur l’état d’urgence arme le préfet du pouvoir d’interdire « le séjour dans tout ou partie du département à toute personne cherchant à entraver, de quelque manière que ce soit, l'action des pouvoirs publics ». La Ligue des droits de l'homme a attaqué cette disposition, principalement pour deux raisons : une telle interdiction est disproportionnée puisqu’une « entrave à l'action des pouvoirs publics » n’est pas nécessairement « une menace pour l'ordre public », le bastion qu’entend défendre l’état d’urgence.
D’autre part, le législateur n’a fixé aucune durée ni même exclu « le domicile de l'intéressé du territoire pouvant être visé par l'interdiction ». Pour la LDH, il y a notamment atteinte à la liberté d’aller et venir, au respect de la vie privée et au droit de mener une vie familiale normale.
Atteinte injustifiée à la liberté d'aller et venir
Le Conseil constitutionnel a repris ces deux critiques dans sa décision : « en prévoyant qu'une interdiction de séjour peut être prononcée à l'encontre de toute personne « cherchant à entraver, de quelque manière que ce soit, l'action des pouvoirs publics », le législateur a permis le prononcé d'une telle mesure sans que celle-ci soit nécessairement justifiée par la prévention d'une atteinte à l'ordre public ». Il faut dire que les préfets, et donc au-dessus, le ministère de l’Intérieur, avaient détourné cette disposition pour interdire des personnes de participer à des manifestations, comme l’indique cette capture du juriste Nicolas Hervieu.
Plutôt que de décider d’une censure immédiate, les Sages ont décidé de reporter dans le temps les effets de l’abrogation. « Afin de permettre au législateur de remédier à l'inconstitutionnalité constatée, il y a (…) lieu de reporter la date de cette abrogation au 15 juillet 2017 ». Une date qui n’est pas hasardeuse puisqu’elle correspond à la fin de l’actuelle prorogation de l’état d’urgence.
Autant dire que cette censure rajoute un nouveau wagon au projet de loi antiterroriste bientôt présenté en Conseil des ministres, puisqu’Emmanuel Macron a décidé d’étendre l'état d'urgence jusqu’au 1er novembre.
Le Conseil constitutionnel censure l’interdiction de séjour dans la loi sur l’état d’urgence
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Atteinte injustifiée à la liberté d'aller et venir
Commentaires (15)
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Abonnez-vousLe 09/06/2017 à 13h38
une telle interdiction est disproportionnée puisqu’une « entrave à l’action des pouvoirs publics » n’est pas nécessairement « une menace pour l’ordre public »
C’était pour assigner à résidence les zadistes de NDDL… " />
Le 09/06/2017 à 13h38
Derrière les noisettes ?
Le 09/06/2017 à 13h47
Le 09/06/2017 à 13h54
je ne suis pas au CSA ^^!
nan mais quand un ministre te dit qu’on sait que c’est inconstitutionnel et qu’il ne faut pas envoyer le projet de loie au conseil consitutionnel … on a de l’abus….
et en suivant un peu les débats hadopi ou autre, on voyait plein de fois des gens dire c’est insititutionnel pour telle et telle raison ‘(argumentée) et pan “anéfé rejeté”
Depuis qu’il y a des QPC ( ce qui est bien) beaucoup de dispositions sont régulièrement censurées… des fois plusieurs fois de suite donc bon….
c’est un peu on vote un truc foireux expres, qui nous arrange pour un petit moment, et on n’en aura plus besoin de toute façon au moment ou le truc sera rejeté….
Le 09/06/2017 à 14h10
Ouf! Vous pourrez toujours importer des grenades " />
Le 09/06/2017 à 14h13
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Le 09/06/2017 à 20h11
Le 09/06/2017 à 20h21
Le 09/06/2017 à 22h02
Le 10/06/2017 à 05h23
Le 10/06/2017 à 13h11
La capture du juriste Hervieu avec l’obfuscation par suppression sous GIMP fait très pro
Le 09/06/2017 à 13h29
ah si les députés étaient soumis à une “amande” à chaque fois qu’un amendement/article pour lequel ils ont votés favorablement est retoqué par le CC… ils feraient peut être un peu moins “n’importe quoi”
Le 09/06/2017 à 13h34
Et tu leur mettrais où cette amande ?
Le 09/06/2017 à 13h37
J’ai bien une idée moi " />
Le 09/06/2017 à 13h37
Rien de mieux qu’une telle idée pour éviter toute évolution….