Future loi antiterroriste : l’éviction du judiciaire dénoncée par le Syndicat de la Magistrature
Prefet>juge
Le 23 juin 2017 à 14h50
3 min
Droit
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Dans un courrier adressé à la ministre de la Justice, le Syndicat de la magistrature s’inquiète de la mise à l’écart du judiciaire dans le projet de loi renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme.
« Comment la justice pourra-t-elle jouer son rôle de garante des libertés si, de l’autre main, le Gouvernement étend sans fin les mesures de police administrative et permet des restrictions et privations de liberté à partir d’une dangerosité supposée, sans référence aux éléments précis et concrets d’une infraction pénale ? »
Voilà la question adressée par le Syndicat de la magistrature à Nicole Belloubet, la nouvelle ministre de la Justice, qui fut nommée en 2013 au Conseil constitutionnel.
Le judicaire dilué ou écartée de la loi antiterroriste
En l’état actuel du texte, non encore amendé en commission parlementaire, ce sont le préfet et le procureur de la République qui emportent la palme. La création de périmètres de protection est par exemple décidée par le préfet, l’arrêté est simplement transmis « sans délai » au second.
La fermeture des lieux de culte est pareillement décidée par ce représentant de l’État dans le département. Les mesures individuelles de surveillance, équivalentes des assignations à résidence, augmentées notamment de l’obligation de fournir ses identifiants de communication, de ses numéros d’abonnement, sont décidées par le ministère de l’Intérieur. Le procureur de la République en est simplement informé.
Pour les perquisitions et saisies notamment informatiques, miroir cette fois des perquisitions administratives, obéissent à un régime mixte cumulant procédures administratives et judiciaires. La décision initiale revient au préfet, suivie d’une information du procureur. Seulement, elles sont autorisées par le juge des libertés et de la détention près le tribunal de grande instance de Paris, qui de plus en assure aussi le contrôle.
La ministre de la Justice n'est plus une ministre d’État
Outre cette mise à l’écart ou dilution de l’autorité judiciaire, le Syndicat de la Magistrature note dans l’organisation du nouveau gouvernement Philippe II, « le ministre de l’Intérieur est ministre d’État, de surcroît assisté d’une ministre, tandis que le garde des Sceaux s’est vu privé de ce statut à l’occasion du remaniement ». François Bayrou, lui, était Ministre d'État, garde des Sceaux et ministre de la Justice comme en témoignent ces pages récentes.
Un tel changement a des effets concrets puisque « cette situation vous fait perdre la possibilité de susciter des réunions interministérielles » indique-t-il à la ministre. L’exhortant à ne pas être écartées des arbitrages lors de l’examen du projet de loi en séance, il assure que « l’introduction, dans la dernière mouture du projet, du juge des libertés et de la détention démontre, s’il en était besoin, que les mesures envisagées restreignent suffisamment les libertés pour rendre incontournable l’intervention d’un juge judiciaire ».
Future loi antiterroriste : l’éviction du judiciaire dénoncée par le Syndicat de la Magistrature
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Le judicaire dilué ou écartée de la loi antiterroriste
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La ministre de la Justice n'est plus une ministre d’État
Commentaires (21)
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Abonnez-vousLe 25/06/2017 à 14h51
c’est sûr, il FAUT que notre Système Judiciaire S’ADAPTE face au terrorisme
(j’entends déjà les D.Homme : “on cède face aux terroristes” gnagnagna …)
“on NE combat pas le terrorisme avec un Evantail”–> (en tendant l’autre joue)
on est, bien, obligés !
ou alors, on se laisse faire, et on attend le prochain attentat !
on compte les coups !
Le 25/06/2017 à 19h52
Le 25/06/2017 à 20h23
Le 25/06/2017 à 20h32
Le 26/06/2017 à 07h02
Le 26/06/2017 à 07h55
allez…ils* trouveront bien de quoi financer la Sécurité, au lieu de
“venir demander l’Aumône au Peuple” (une nouvelle fois)
la solution de facilité, hé…pas besoin d”avoir fait l’ENA, pour ça”“!!!
(450 Niches-Fisc.–>84 Milliards)
BFM TV
* le Gouv.
Le 26/06/2017 à 18h37
Alors revenons à nos moutons !
https://insolentiae.com/hallucinant-letat-durgence-declare-inconstitutionnel-sil…
Bonne lecture " />
Le 23/06/2017 à 15h04
Je me demande si les huiles du système judiciaire défendent l’intérêt général ou leur poste/prérogative/statut.
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Le 23/06/2017 à 15h11
les 2 “mon Capitaine”* ! " />
* d’une Pierre, 2 coups
Le 23/06/2017 à 15h16
Comme netflix et la neutralité du net ?
Même s’ils défendent leurs prérogatives, je préfère qu’un juge prenne la décision après une demande du ministère ou du préfet, mettre plus d’étapes de pouvoirs sensés être indépendants, c’est toujours bien.
Le 23/06/2017 à 15h26
”…mettre plus d’étapes de pouvoirs sensés être indépendants, c’est toujours bien " />
oui…exactement !
Le 23/06/2017 à 15h32
Je me demande si ça vaut encore la peine d’en discuter…
On a le sentiment que “les dés sont pipés” et il n’y a plus qu’a retirer l’échèle " />
Le 23/06/2017 à 15h32
Vous inquiétez pas, tout ceci est pour notre bien. " />
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Le 23/06/2017 à 16h28
Il vaut mieux en discuter et faire du bruit dessus avant qu’il ne soit voté.
Parce que je ne suis pas sûr que l’on puisse compter sur LR pour demander au Conseil Constitutionnel de se pencher sur cette loi une fois votée, ni même sur une alliance PS + FI
Au moment où j’écris, j’écoute sur France Inter une émission qui en parle. Jacques Toubon, défenseur des droits a dit tout le mal qu’il pensait de ce projet de loi. Je trouve au contraire qu’il y a pas mal de critiques et que cela peut peser sur le contenu final.
Le 23/06/2017 à 16h48
ah… le mille-feuille décisionnaire qui fait la renommée de la France. " />
Le 23/06/2017 à 17h18
La justice ? Mais de quoi parlez-vous ? Vous vous croyez dans une série ? " />
Le 24/06/2017 à 09h22
c’est vrai que ça, c’est le mauvais côté de la chose, mais bon !
en soupesant le “pour/contre”, je préfère, encore, ça !
Le 24/06/2017 à 09h54
Ca, pour critiquer, il y a du monde… Surtout qu’il est gratifiant d’être du coté libertaire.
Mais quand il s’agit de proposer quelque chose de “mieux adapté” aux problématiques du terrorisme en France, et bah y a nettement moins de proposition. Parce que bon, il faut bien avouer le principe judiciaire classique c’est plutot “on attend le drame et après on enquêtera”… et ca passe assez mal dans l’opinion.
Le 25/06/2017 à 12h28
c”est sûr, si demain y-a, de nouveau, un attentat en France
on viendra demander des comptes à la Police, aux Renseignement*
MAIS PAS “à M. Droits-de-l’Homme”, alors critiquer “pour critiquer”
SANS rien proposer à la place, comment dire, Heu …
* sans tjrs. leur donner les moyens
mais, vas faire entendre raison à certains, sans être taxé de “je-ne-sais-quoi”
Le 25/06/2017 à 13h04
c’est simplement un principe fondamental du droit : on n’inflige pas de peine tant qu’un crime ou délit n’a pas été commis.
C’est vrai que c’est assez bizarre et pas du tout adapté au monde qui existe, il vaudrait mieux mettre en prison tous ceux qu’on soupçonne de vouloir préparer quelque chose. On peut même envisager un outil pour faire ça : une sorte de lettre où on mettrait juste le nom de la personne à emprisonner. On pourrait l’appeler par exemple “lettre de cachet”, ça irait bien s’il y a un sceau de la France dessus. Et ça permettrait de détenir une personne au secret tant que quelqu’un dans une administration quelque part a une raison de penser que cette personne pourrait représenter un danger.
C’est clair, un tel outil serait un magnifique progrès dans la lutte euh… contre le terrorisme, tiens. Entre autres.
Le 25/06/2017 à 14h04
c’est simplement un principe fondamental du droit : on n’inflige pas de peine tant qu’un crime ou délit n’a pas été commis.
Ca ne remet pas en cause mon commentaire. Le pouvoir législatif a justement créée de nouveaux types délits/crimes qui permettent d’arrêter un individu avant qu’il commette un attentat.
Tout ce qu’il manque c’est un moyen de savoir si un tel délit/crime est commis, et ca nécessite d’accorder des nouveaux droits aux pouvoir judiciaire et aux forces de l’ordre.