La hausse du crédit d’impôt jeu vidéo actée au Journal officiel
Et donc, un feu vert bruxellois
Le 17 août 2017 à 07h28
5 min
Droit
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Ce dimanche, au Journal officiel, a été activée une mesure très attendue par le secteur du jeu vidéo. Issue de la loi de finances pour 2017, elle prévoit une hausse substantielle du crédit d’impôt pour renforcer la compétitivité de la France sur la scène internationale.
Un crédit d’impôt est une somme soustraite du montant de l’impôt qui peut être remboursé à son bénéficiaire lorsque son montant dépasse l’impôt dont il est redevable. Ce mécanisme est un levier habituel pour apporter un coup de pouce à certaines activités économiques, ici les entreprises de création de jeux vidéo soumis à l’impôt sur les sociétés.
Lors de la dernière loi de finances pour 2017, plusieurs amendements avaient été déposés par un petit groupe de députés socialistes afin de pousser la générosité en argent public au profit des acteurs français. Jusqu’à présent, le taux de crédit de l’impôt était de 20 % des coûts de production. Ces parlementaires affirmaient qu'un tel niveau « ne constitue pas une incitation suffisante pour les acteurs nationaux et internationaux souhaitant créer de nouveaux sites de production et conduit les acteurs les plus fragiles de la filière à recourir à la sous-traitance dans des territoires à bas coûts ».
Trois augmentations pour le crédit d’impôt jeu vidéo
Dans leurs amendements, les élus proposaient alors de passer ce taux à 30 % pour les titres dont le budget dépasse 100 000 euros. Ils avaient également envisagé de doubler le plafonnement en vigueur pour le porter à 6 millions d’euros par exercice. Enfin, ils ont souhaité porter le montant des dépenses éligibles de sous-traitance européenne à 2 millions d'euros.
L’enjeu était alors de faire face à la concurrence nord-américaine notamment. « Nous avons souvent accompagné, par des mesures fiscales, l’adaptation au numérique du cinéma, du livre, de la presse, exposait le député Jean-Marie Beffara. Aujourd’hui, la plus jeune de nos industries culturelles est confrontée à cette évolution technologique. Il me semble donc opportun de lui donner ce coup de pouce pour réussir à négocier le virage ».
Une réforme conditionnée à un feu vert de la Commission européenne
Finalement, cette série de réformes a été adoptée par l’Assemblée nationale, contre l’avis du gouvernement et de la rapporteure. Chistian Eckert, alors secrétaire d'État chargé du Budget, avait épinglé la nature très sélective de cette rampe fiscale, considérant qu’elle allait surtout profiter à un seul acteur, Ubisoft, pour ne pas le nommer. Un ciblage contesté par le Syndicat national du jeu vidéo, qui considère que d’autres noms, tels qu’Ankama, Arkane Studios ou Focus Interactive, pourront eux aussi profiter de cette aide fiscale.
Toutefois, malgré le vote de la loi de finances, le texte n’était toujours pas appliqué. Et pour cause, sa mise en œuvre était conditionnée depuis l’origine à l’adoption d’un décret qui se devait d’être publié au plus tard 6 mois après le feu vert de la Commission européenne s’agissant d’une aide d’Etat. Bruxelles ayant autorisé l'ensemble de ces modifications le 5 mai 2017, le décret a pu être diffusé ce 13 août au Journal officiel.
Une pluie d’arguments pour faire valider l’aide
Dans la notification adressée à l’autorité européenne, les autorités françaises ont annoncé que ce mécanisme implanté en 2007 devrait être maintenu jusqu'au 31 décembre 2022. Surtout, elles ont révélé qu’avec la réforme actuelle, le budget annuel du CIJV serait désormais de 30 millions d'euros chaque année, contre 14 jusqu'à présent.
Le gouvernement a multiplié les arguments pour décrocher le fameux sésame. Des arguments entendus par la Commission et spécialement Margrethe Vestager, la commissaire à la concurrence : la hausse du crédit d’impôt « reflèterait mieux les hausses des budgets de production » et encouragerait les « risques sur les projets les plus créatifs, dont les perspectives de vente sont limitées ». L’augmentation de l’assiette des dépenses de sous-traitance ? Elle ferait « accroitre les échanges créatifs européens, tout en prenant en compte les hausses des budgets de production et de sous-traitance européenne ». Enfin, le doublement du plafond « permettrait aux entreprises d'entreprendre plus de jeux en même temps. »
Bruxelles en a déduit que les autorités françaises avaient « élaboré des critères nationaux vérifiables permettant de garantir que le contenu des jeux vidéo éligibles au titre du crédit d'impôt est véritablement culturel et que la mesure d'aide remplit donc un objectif réel de promotion de la culture. »
La hausse du crédit d’impôt jeu vidéo actée au Journal officiel
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Trois augmentations pour le crédit d’impôt jeu vidéo
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Une réforme conditionnée à un feu vert de la Commission européenne
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Une pluie d’arguments pour faire valider l’aide
Commentaires (31)
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Abonnez-vousLe 17/08/2017 à 09h55
Le 17/08/2017 à 10h01
Sachant que le même équipement est amorti sur les deux, c’est difficile à chiffrer précisément, oui. En terme de ratio coût / recettes, pour une collectivité, le sport pro est généralement un gouffre. Il y a bien sûr des exceptions.
Pour l’état, c’est probablement plus discutable.
Le 17/08/2017 à 10h47
Le 17/08/2017 à 11h19
Le jeux vidéo : la TOP priorité de la france " />
Le 17/08/2017 à 11h30
Toujours plus de dette publique pour enrichir les patrons privés " />
Le 17/08/2017 à 11h30
Le 17/08/2017 à 12h14
Pour les indés, il faut se galérer à choper les quelques subsides que veut bien accorder le CNC.
(Et oui, c’est n’imp’)
Le 17/08/2017 à 12h16
Le Québec a essayé de diminuer ce crédit d’impôts. Résultat, Ubisoft (principal boite à en profiter) a fait du chantage à l’emploi…
C’est un cercle vicieux ce truc
Le 17/08/2017 à 12h18
le cnc sert…au cinéma, normalement, on est d’accord ?" />
Du coup c’est les tickets d’entrée à chaque fois que tu rentres dans un ciné qui finance le jeu indé, c’est intéressant " />
blague à part, ça a l’air assez mal foutu…
Le 17/08/2017 à 12h21
Ils ont une aide pour le JV, mais c’est que dalle ;)
(Pis normalement, c’est “Centre national du cinéma et de l’image animée”. Du coup ça va. Sauf si tu fais un jeu d’aventure textuel auquel cas… " /> )
Le 17/08/2017 à 12h32
exactement, en France pour des jeunes indés dans la théorie, c’est très bien ( peu cumuler jeune entreprise innovante , credit d’impôt recherche et crédit d’impôt jeux vidéo )
dans la pratique, il faut un investisseur et cramer des sous pour se verser un salaire et donc justifier de dépenses + payer une entreprise qui va faire les démarche à ta place et se prendre un petite com au passage.. (pour certaines en %mensuel du crédit histoire de te dire que tu n’avance aucun sous et que ‘ça te coute rien’ )
bref, des bonnes idée mais en pratique pas si facile malheureusement
Le 17/08/2017 à 15h22
Dev here. Le credit d’impôt c’est par projet.
En gros si le projet te coûte plus de 100k€ ça devient intéressant de passer du temps sur un dossier (1 mois au moins avec ~50% de chances d’être accepté). Toutes les dépenses de production sont comptabilisées.
C’est assez lourd pour des petits studios mais ça reste accessible. Mais c’est clairement une aide qui bénéficie beaucoup plus aux plus grosses structures.
Le jeu vidéo ça reste un secteur compliqué, avec de gros risques de plantages et beaucoup de concurrence. Pour le moment les aides me paraissent équilibrées : c’est pas open bar comme dans le cinéma et ça soutien bien la création.
Le 18/08/2017 à 08h21
Allez encore des cadeaux aux entreprises, c’est qui les assistés ?
Après on tape sur les pauvres types qui touchent 300 balles par mois en disant qu’ils profitent du système !
Même pas capable d’aller jusqu’au bout de leur libéralisme, finalement c’est qui qui paye la note de ces aides ? ce sont les salariés pour qui les cotisations sociales ne font qu’augmenter pour compenser les généreux cadeaux faits aux patrons, qui les mettent dans leurs poches et ceux des actionnaires et qui par défaut de cotisation sociale et le manque à gagner ne participent plus à l’effort collectif. Ils creusent le déficit de la sécu tout en criant que le système n’est plu viable !!! honteux!
Le 18/08/2017 à 08h31
Le 18/08/2017 à 09h11
Le 18/08/2017 à 11h18
Intéressant que tout le monde tape comme cela sur cette nouvelles.
Il était temps, le Quebec à réussit à faire venir d’énorme entreprise grâce a cela.
En France dans la plupart du temps les salaire son misérable dans le jeu vidéo, tout le monde souhaite partir à l’étranger. Sachant que cela fait des années que le jeu vidéo à exploser le cinéma en terme de coût de production et de bénéfice, il serait temps de se bouger les fesses.
Sans parler des excellent studio/artiste français.
A l’heure actuelle à cause de la politique au USA de nombreux studio/employé son dans la tourmente, c’est le bon moment de leur dire venez chez nous vous allez payer moins d’impôt et pas de problème pour embauché des personnes de toute nationalité, car en se moment au dernière nouvelle sa migre plutôt vers le Quebec à nouveau.
Mais le Quebec avait accompagner cela par la création de formation publique, en France on attend toujours…
On à juste 10 ans de retard.
Le 18/08/2017 à 13h34
Ce genre de dispositif porte un nom : de la concurrence fiscale
L’Irlande le fait pour toutes les sociétés, particulièrement avec son taux de 12,5%.
Le Québec le fait particulièrement avec les entreprises de jeu vidéo.
En gros, l’idée est de mettre l’imposition plus bas qu’un autre pays pour bénéficier de la délocalisation des entreprises. On peut être pour, on peut être contre, mais il faut bien voir ce qui est en jeu derrière.
Le 19/08/2017 à 07h30
Le problème des salaires c’est pas les aides données gracieusement et sans contre partie aux patrons de boites, mais plus cette sale mentalité française où les boss veulent le beurre et l’argent du beurre, il faut que tu sois top performant, Agile ils disent maintenant et là il faut comprendre homme ou femme à tout faire du sol au plafond, mais pas trop cher ! C’est comme le code du travail, c’est pas la grosseur qui compte, c’est le fait surtout qu’il soit appliqué et les managers et patrons français se font une spécialité de ne pas appliquer la loi et de la contourner.
Si le fait de dilapider les fonds publics se retrouvaient dans les salaires nous serions le pays le mieux payé d’Europe, mais non c’est une question de posture idéologique patronale, on sort pas un sou de plus pour les salariés, au contraire dès qu’on peut baisser ce cout on le fait.
Alors arrêtez de filer des aides sans contre partie, la matière première des boites de jeux vidéos et d’informatique en général ce sont les salariés. Mais peu importe pour tous ces marchands de viande ce qui compte c’est de diminuer cette masse au détriment de la création et de l’innovation, ils n’en ont rien à foutre de la France, de la création du jeux ou de l’innovation en entreprise, ce qui compte c’est combien cela va rapporter aux actionnaires à très court terme et en France ils ont la vue très très basse et aucune vision d’avenir. Sinon ils feraient des ponts d’or aux salariés, chercheurs et autres compétences de leurs business.
Le 21/08/2017 à 10h30
Le 21/08/2017 à 10h31
Désolé pour le formatage pourri du message précédent, j’suis sur mobile et j’ai visiblement foiré un truc " />
Le 17/08/2017 à 07h57
Ce même type d’aide très génereuse est pratiqué au québec, et de gros studios comme Ubisoft usent (abusent) pour optimiser leur résultats financiers. J’ai du mal à comprendre intérêt de Canada et Francais de faire du dumping fiscal sur le Jeu Video. Industrie profitable, sur des profils de compétence pénuriques. Pour secteurs stratégiques et/ou bootstrap comme énergie verte ou défense/agro voir économie collaborative/IoT ou mobilité OK c mais là dans le contexte budgétaire compliqué, je ne comprends pas ou je loupe un truc.
Le 17/08/2017 à 08h01
Pour essayer de garder de l’emploi, et attirer des société pour les imposés, simplement, et faire plaisir aux amis pour les prochaines élections." />
Le 17/08/2017 à 08h35
Donc c’est un crédit d’impôt officiellement destiné au jeu indé/innovant mais total se retrouve à aider des titres triple A, j’ai bon ?" />
Le 17/08/2017 à 08h45
Le 17/08/2017 à 08h48
j’imagine que tous les salaires et les coûts liés au développement sont inclus. J’ai bon ?
edit : là-dedans ils incluent tout, y compris la distribution et la promotion :http://www.latribune.fr/technos-medias/20141014trib0192dab50/des-jeux-video-de-p…
Le 17/08/2017 à 08h56
Mouais…
Je pense qu’il y a des secteurs plus intéressants à financer qu’un pur loisir.
Bientôt, on va financer d’autres loisirs comme le foot. Oh, merde " />
Le 17/08/2017 à 09h03
Le 17/08/2017 à 09h13
Le 17/08/2017 à 09h21
Le jeu vidéo est plus gros que le cinéma. Et des entreprises françaises sont dans les premiers éditeurs mondiaux - et ça date pas d’hier. Donc si on veut avoir une “politique culturelle” il faut donner l’impression d’agir.
Quant au foot, il ne faut pas oublier les “exemptions spécifiques” dont bénéficient certains clubs à cause de la nationalité de leur propriétaire (cherchez des infos sur les accords fiscaux entre la France et le Qatar, vous allez voir, c’est assez rigolo)
Le 17/08/2017 à 09h30
Oula, tu oublies ce que ça coûte aux collectivités locales. Notamment le coût de construction des infrastructures (stades et voies d’accès), par exemple. Un stade, ça se chiffre facilement en centaines de millions. Pour l’euro 2017, ce sont 1,7 milliars d’euros qui ont été investis, par exemple.
Le 17/08/2017 à 09h31