Marketplace : Amazon veut stocker moins et s’occuper des livraisons
UPS en PLS
Le 06 octobre 2017 à 13h30
5 min
Économie
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Amazon expérimente aux États-Unis un nouveau mode de livraison pour les vendeurs tiers, lui permettant de stocker moins de produits dans ses propres entrepôts. Les grands perdants si cette méthode devait être appliquée globalement s'appellent FedEx et UPS.
Aujourd'hui, quand un vendeur veut apparaître sur la marketplace Amazon, deux options s'offrent à lui. Soit il gère lui-même le stockage et la livraison des produits, soit il confie ces deux tâches directement au géant américain, qui fait appel à un prestataire pour l'expédition.
Depuis deux ans, le revendeur expérimente en Inde une solution hybride : Seller Flex. Le vendeur gère alors ses propres entrepôts et Amazon s'occupe de la livraison, de bout en bout. L'objectif est double : réduire les coûts de stockage en diminuant la quantité d'articles entreposés, et limiter le coût de livraison en internalisant cette tâche.
Une approche qu'Amazon teste désormais sur la côte ouest des États-Unis selon Bloomberg, et dont nous avons cherché à analyser les raisons qui poussent à son adoption.
Essayer de réduire la voilure sur les entrepôts
Il faut dire qu'Amazon doit faire face à une inflation galopante du nombre d'entrepôts pour gérer la demande grandissante de ses clients. Ces derniers veulent être livrés toujours plus vite, tandis que les vendeurs voient d'un bon œil la possibilité de se débarrasser d'une partie de leur logistique.
Rien qu'aux États-Unis, l'entreprise dispose aujourd'hui de 123 entrepôts maillant l'ensemble du pays, et pas moins de 27 autres sont en projet ou en cours de construction. Dans le reste du monde, la tendance est la même.
En France, Amazon comptait trois entrepôts sur le territoire en 2010, deux autres ont depuis ouvert à Sevrey (Saône-et-Loire) puis à Lauwin-Planque (Nord). Un centre de distribution a ouvert le mois dernier près d'Amiens et un entrepôt est en projet à Bretigny dans l'Essonne.
Une escalade qui participe en grande partie à l'explosion des effectifs de l'entreprise. Entre fin 2013 et fin juin 2017, le nombre d'employés d'Amazon est passé de 117 300 à 382 400, soit une multiplication par 3,26 en moins de quatre ans.
On notera d'ailleurs une nette accélération des embauches à partir de mi-2015, et que ces chiffres ne comprennent pas les sous-traitants du géant américain travaillant dans ses locaux, ni même les emplois saisonniers ou temporaires appelés en renfort lors des fêtes de fin d'année par exemple.
Tout ceci a bien évidemment un coût qui va croissant, qu'Amazon aimerait bien réduire dans la mesure du possible. Et la solution ne peut pas être (pour l'instant) d'installer des robots partout.
En laissant l'option aux vendeurs de conserver leurs stocks chez eux, Amazon pourrait donc économiser de précieux mètres carrés et nettement ralentir le rythme des embauches dans ses entrepôts, en sachant que les vendeurs tiers représentent aujourd'hui 51 % du volume des articles vendus sur la boutique en ligne.
La question du transport
Réduire la voilure sur ce segment, permettrait à l'entreprise de passer la seconde sur un autre volet : le transport. Là aussi la facture a rapidement grimpé avec le temps, d'autant plus qu'avec son principe de livraison gratuite au-delà d'un prix relativement bas, le géant du e-commerce est loin de parvenir à recouper l'ensemble des frais engagés.
Pour ralentir cette escalade, Amazon s'est lancée dans une phase d'internalisation et avance ses pions à tous les niveaux possibles. Sur le fret longue distance, l'entreprise dispose depuis peu d'une licence pour le transport maritime entre les États-Unis et la Chine et même d'une flotte de 40 Boeing 767 - 300.
Aux États-Unis, le spécialiste du commerce en ligne a renforcé sa flotte de camions en y ajoutant plusieurs centaines de véhicules qui seront utilisés par ses sous-traitants sur des distances plus courtes. En France, Amazon a tenté de prendre le contrôle de Colis Privé pour mieux intégrer sa chaîne logistique dans l'Hexagone, mais l'opération a finalement été abandonnée en mai 2016.
L'idée derrière le projet dévoilé par Bloomberg franchirait encore une étape supplémentaire en faisant d'Amazon un transporteur à part entière. L'intérêt pour le groupe étant de mieux maîtriser les coûts liés à cette activité, qui représentaient en 2016 près de 12 % du chiffre d'affaires total de l'entreprise.
Au vu des discussions en cours entre Amazon et les différents acteurs de la grande distribution en France, il est permis d'imaginer qu'une telle option est également envisagée dans l'Hexagone, à condition de trouver le bon partenaire.
FedEx et UPS peuvent trembler
Les grands perdants dans l'histoire seraient bien évidemment les transporteurs prestataires d'Amazon qui verraient une partie non négligeable de leur activité leur glisser entre les doigts.
Selon les estimations d'analystes regroupées par Bloomberg, le géant de la vente en ligne compterait à lui seul pour 5 à 10 % du chiffre d'affaires mondial d'UPS, soit de 2,5 à 5 milliards de dollars par an environ. FedEx de son côté admet que ses liens avec Amazon représentent un peu moins de 3 % de ses revenus annuels.
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FedEx et UPS peuvent trembler
Commentaires (23)
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Abonnez-vousLe 06/10/2017 à 13h49
Ils ont Amazon Logistics depuis peu…
Le 06/10/2017 à 14h03
Effectivement, en tout cas en region parisienne, Amazon livre lui meme les colis depuis quelques mois deja
Le 06/10/2017 à 14h10
Les gens qui commandent chez Amazon le font pour la fiabilité et la rapidité, chose que l’on a quand c’est vendu et expédié par Amazon.
Si c’est stocké et expédié par un prestataire du marketplace, alors on arrive au même niveau que n’importe quelle marketplace, et on perd l’intérêt de passer chez Amazon. Bref, si c’est pour au final faire une simple marketplace, autant commander chez ruducommerce ou cdiscount.
Le 06/10/2017 à 14h12
4 milliard par trimestre de cout de livraison?? je pensais pas autant…
Le 06/10/2017 à 14h20
c’est mirobolant.
et ça augmente de 35% par an.
du coup pour Q4 2017 à croissance constante on peut tabler sur 7.6MM, juste en coûts de livraison. " />
Le 06/10/2017 à 14h21
Non, justement, c’est bien ce qu’ils expliquent dans l’article. Ils vont s’occuper eux-même du transport.
Mais, et c’est vrai que ça n’est pas explicite dans l’article, on peut faire confiance à Amazon pour garder la main sur la relation commerciale. En d”autres termes, là où UPS te dit “on vient quand on peut” (je caricature), Amazon va leur dire “on vient à tel moment, c’est à vous d’être prêt, car vous vous êtes engagés à livrer sous 24 ou 48h en vendant par notre plate-forme”. Ils inversent donc totalement le pouvoir au sein de la chaîne de valeur, à travers leur maîtrise de l’aval (la vente et la livraison chez le client final) et de l’amont (le service de transport). C’est à mon sens la première fois qu’une boîte fait cela, et c’est assez malin. ça leur permet du coup de développer un nouveau métier, dont ils espèrent 1°) qu’il sera moins gourmand en capital que le stockage (cf article), et 2°) qu’il leur permettra de générer un nouveau revenu en assurant aussi de la livraison pour le compte d’autres entreprises qui ne vendraient pas forcément via leur marketplace, par exemple.
Le 06/10/2017 à 14h26
Le 06/10/2017 à 15h56
Veulent-ils vraiment tout internaliser ? Internaliser une partie permet de mettre la pression sur les sous-traitants (UPS/FedEx) pour diminuer les côuts…
Le 06/10/2017 à 17h19
Intégration verticale, un grand classique.
Vu que leur métier c’est la vente, s’occuper eux-mêmes de la chaîne logistique de bout en bout est des plus logiques.
À voir ce que ça va donner…
Le 06/10/2017 à 17h21
Découpage à la hache quand ils seront en situation de monopole." />
Le 06/10/2017 à 18h18
Le 06/10/2017 à 18h23
C’est quand même mieux pour le producteur d’un produit que de trouver ce qu’on cherche deux ans après aux soldes
Le 06/10/2017 à 19h21
L’intérêt pour le groupe étant de mieux maîtriser les coûts liés à cette activité, qui représentaient en 2016 près de 12 % du chiffre d’affaires total de l’entreprise.
Quel est l’intérêt de comparer des coûts de transport (des charges fixes) à un CA (des recettes variables) ? Il aurait mieux valu les comparer au total des charges, par ex.
Le 06/10/2017 à 19h39
Pardon ?
Les charges de transport seraient fixes et indépendantes de la quantité de marchandise vendue et donc indépendantes du CA ?
Ce sont évidement des charges variables !
Tu m’en fais un(e) capitaliste de pacotille qui n’a aucune connaissance de la vie réelle des entreprises !
Le 06/10/2017 à 19h46
Le 06/10/2017 à 22h46
Le 06/10/2017 à 22h48
Le 07/10/2017 à 07h12
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Le 07/10/2017 à 08h45
Le 07/10/2017 à 09h13
Faire du transport et de la logistique cela ne s’ invente pas et Amazon va le découvrir à ses dépens. Quand Géodis va se rendre compte de cela et qu’ Amazon va vouloir lui faire concurrence, ils vont le payer très cher. On ne peut pas concurrencer un logisticien transporteur qui détient autant d’ entrepôts et de camions que Géodis filiale de la SNCF propriétaire de dizaines d’ entreprises de transport et de dizaines de milliers de camions et la politique de Géodis a toujours été de flinguer les couts de transport sur certaines destinations jusqu’ à ce que le concurrent abandonne faute de rentabilité. Il y a plein d’ entreprises françaises qui ont essayé. Aucune n’ a réussi à part se couler soi même comme dans le cas de Ducros filiale de DHL la poste allemande excusez du peu. Le transport c’ est d’ abord et avant tout de la gestion d’ hommes car ce qui coûte cher c’ est le carburant et les salaires. En sous traitant, on peut se débarrasser et imposer des conditions qui font comme dans le bâtiment fonctionner l’ entreprise en dehors des clous de la règlementation en en faisant assumer le risque aux dirigeants de ces entreprises délinquantes(travail à la tache, non respect des heures de conduite et de repos, dépassements d’ horaires en tout genre) . Mais assurer directement ce transport c’ est se confronter directement à des syndicats puissants et une règlementation exigeante où la triche peut coûter très cher. J’ en rigole déjà. Dès qu’ un syndicat se sera bien implanté et qu’ Amazon voudra pousser le système au delà du raisonnable, il y en a qui ne vont pas recevoir leur colis avant un bon moment !!! Surtout quand on a vu Macron baisser sa culotte devant les routiers ces jours ci pour revenir sur une loi pouvant déjà votée !!!!
Le 07/10/2017 à 17h06
Dans une autre vie professionnelle j’ai vendu via amazon, c’est une horreur la façon dont ils traitent les marchands du market (comme leurs employés en effet), c’est un enfer de gestion, voir c’est impossible.
Je n’ai plus à le faire heureusement, j’y ai perdu mes sous et mon temps. JashuGatts a raison, il ne faudrait pas/plus passer par amazon.
En plus, comme AWS (Amazon Web Service) fait un pogono de ouf ils peuvent générer de la dette à fond pour étouffer les concurrents en l’étayant sur la valorisation colossal d’amazon garantie par les gains de AWS, c’est un cercles vertueux du point de vue de amazon et ses créanciers. Amazon, comme Netflix, a tout interet à faire de la dette auprès de banques ou d’institution, ils sont solides et en croissance constante, ça faut largement le coup/coût de leur acheter une partie de leur dette, elle sera honorée.
D’un certain point de vue amazon est en auto-financement via sa dette, c’est cool. Ils sont tellement gros qu’ils peuvent à peu près faire ce qu’ils veulent.
Le 07/10/2017 à 20h32
Le 08/10/2017 à 10h22