Le régulateur allemand interdit les montres connectées pour enfants trop intrusives
Smartwatches, spywatches
Le 20 novembre 2017 à 08h47
5 min
Droit
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La Bundesnetzagentur (BNetzA, équivalent allemand de l'ARCEP) a décidé d'interdire la commercialisation des montres dédiées aux enfants, du moins celles enrichies de fonctions d’écoute et de surveillance à distance. Selon le régulateur, plusieurs actions ont déjà été prises à l’encontre de vendeurs en ligne.
Les parents inquiets devront revoir leur prétention à surveiller à distance leurs enfants. Avec de tels équipements, explique Jochen Homann, président de l’agence fédérale des réseaux, « les parents peuvent utiliser ces montres pour écouter l’environnement de l'enfant sans être détectés via une application ». Or, au regard des textes en vigueur, « ces appareils sont considérés comme des équipements de transmission non autorisés ».
Les enquêtes du régulateur allemand « ont révélé, par exemple, que des parents les utilisaient pour espionner les enseignants en cours ». Ces montres, destinées aux jeunes de 5 à 12 ans, sont équipées d’une carte SIM et d’une fonction téléphonie. Avec une application dédiée, le correspondant peut alors surveiller à distance le porteur et ses proches sans qu’ils soient en mesure de détecter cette oreille électronique.
L'heure de la destruction de ces montres connectées
La Bundesnetzagentur demande d’ailleurs aux établissements d’enseignement d’identifier les équipements de ce type au poignet des élèves. Elle recommande même aux acheteurs et parents de détruire ces appareils.
Le paragraphe 90 de la loi sur les télécommunications interdit aussi bien la production, l’importation, la vente ou la possession de ces équipements disposant de capacités d’espionnage ou d’interception, en contradiction avec le respect de la vie privée, un principe très sensible outre-Rhin.
Face à de tels appareils, l’agence a la possibilité de demander, par exemple, aux opérateurs de plateforme de stopper sur le champ ces offres sur le marché, certificat de destruction à la clef. Et inutile pour les distributeurs de s’abriter derrière une clause d’avertissement accompagnant ces appareils connectés : ces facultés de surveillance à distance restent dans tous les cas interdites.
En octobre 2017, le Bureau européen des unions de consommateurs (BEUC) avait déjà mis à l’index ces montres, sous un angle différent puisqu'elles sont aussi accusées de souffrir de plusieurs failles de sécurité.
« Ces montres ne devraient pas se retrouver dans nos magasins. Les parents les achètent pour protéger leurs enfants. Cependant, ils ne savent probablement pas qu'au lieu de les protéger, ils rendent leurs enfants plus vulnérables » : prise de contrôle à distance, impossibilité de supprimer son compte ou ses données personnelles, conditions générales d’utilisation illicites, voire introuvables, possibilité pour un utilisateur distant de se placer parmi les personnes de confiance à appeler, etc.
La poupée Cayla, le robot i-Que...
En février 2017, la Bundesnetzagentur s'en était déjà pris à la poupée connectée Cayla pour des raisons similaires. Deux mois plus tôt, en France, l’UFC-Que choisir avait communiqué sur les dangers de ces jouets bardés d’électronique.
Que ce soit Cayla ou le robot i-Que, les fabricants ont « fait le choix d’une connexion simple et rapide, aucun code d’accès ou procédure d’association entre ces jouets et les téléphones/tablettes n’est exigé avant la connexion au jouet, ce qui garantirait pourtant que seul le propriétaire puisse s’y connecter », relevait l’association.
Conclusion : « un tiers situé à 20 mètres du jouet peut s’y connecter par Bluetooth et entendre ce que dit votre enfant à sa poupée ou à son robot, sans même que vous en soyez averti ».
Peu avant Noël, celle-ci avait alors demandé aux parents de « réfléchir à deux fois avant d’acheter » ces jouets. Elle avait dans le même temps saisi la CNIL et la DGCCRF. L’une aux fins de vérifier la question des données personnelles, l’autre, le niveau de sécurité des jouets.
Les recommandations de la CNIL
Le 28 février 2017, la CNIL avait d’ailleurs considéré que ces jouets connectés peuvent « potentiellement nuire à la vie privée de l’enfant ou affecter le rapport de confiance qu’il entretient avec ses parents ». Elle donnait quelques conseils de bon sens : mot de passe solide, mises à jour régulières, donner de fausses informations par exemple sur la date de naissance, éteindre le jouet quand on ne s’en sert plus, etc.
Elle rappelait également aux fabricants le cœur de l’article 34 de la loi de 1978. Le responsable d’un tel traitement de données personnelles est tenu « de prendre toutes précautions utiles, au regard de la nature des données et des risques présentés par le traitement, pour préserver la sécurité des données et, notamment, empêcher qu’elles soient déformées, endommagées, ou que des tiers non autorisés y aient accès ».
Le régulateur allemand interdit les montres connectées pour enfants trop intrusives
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Les recommandations de la CNIL
Commentaires (16)
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Abonnez-vousLe 20/11/2017 à 09h53
La confiance entre les enfants et les parents prend un sérieux coup quand on utilise un tel dispositif !
C’est vraiment moche ! J’aurais pas imaginé qu’on ferait un jour des produits comme ça pour les enfants.
D’une part, ça laisse les parents s’enfoncer dans une “surveillance rassurante” et d’autre part, les enfants n’ont plus de vie privée, tout ce qu’ils disent ou font pourra être écouté.
J’espère que les enfants en ayant se rebelleront avant leurs 12 ans (puisque c’est de 5 à 12 ans le public visé) pour jeter ces montres et mettre fin à la tyrannie de leurs parents.
Le 20/11/2017 à 09h54
Ce serait pas plus simple d’interdire la vente de toutes ces saloperies, tout simplement ?" />
Le 20/11/2017 à 10h48
C’est quand même curieux ce genre de pratique et effectivement ça met à zéro la confiance. En ce moment je met mon enfant tout seul sur internet (avec une liste noire) mais il est au courant que j’ai accès à son historique et que je peux être amener à lui faire des remarques sur ce qu’il regarde.
Le 20/11/2017 à 10h50
[quote]Le paragraphe 90 de la loi sur les télécommunications interdit aussi
bien la production, l’importation, la vente ou la possession de ces
équipements disposant de capacités d’espionnage ou d’interception, en
contradiction avec le respect de la vie privée, un principe très
sensible outre-Rhin.[\quote]" />
Le 20/11/2017 à 13h14
C’est quand même fou cette absence de code… A croire que les fabricants eux même n’ont pas confiance en leur produits… Parce que si un de ces produit fait un carton et qu’un môme sur deux en possède un et que n’importe qui peut ce connecter à n’importe lequel ça sera très très vite le bordel.
Le 20/11/2017 à 13h36
Le 20/11/2017 à 13h38
Qu’est-ce que fout un mioche avec une montre connectée… ou tout autre objet connecté, voir même un smartphone ? Je parle évidemment de gamin : des enfants qui vont de 0 ans (" />) à la pré-adolescence.
Nous vivons dans un monde où la high tech est prédominante et fait partie désormais de notre vie quotidienne. Est-ce que pour autant nos rejetons doivent y être plongé dès leurs naissances ?
Le 20/11/2017 à 13h40
Pourquoi un enfant n’aurait-il pas droit au même doudou que ses parents ? " />
(On est d’accord)
Le 20/11/2017 à 15h52
La différence, c’est que c’est pas le mioche qui utilise le coté connecté. C’est les parents qui s’en servent comme d’une laisse numérique pour pouvoir le laisser se promener. (parce que le modèle ficèle pour chien, ca fait mauvais genre et c’est plus limité en distance)
Le 21/11/2017 à 11h39
Ça devient complètement ridicule cette mode du “tout connecté”…
A ce train là, si demain il devait y avoir une panne mondiale du réseau on ramasserait des cadavres dans les rues, morts d’avoir oublier de respirer car leur smartphone, leur montre ou leur collier ne leur aura pas dit de le faire… " />
Bon j’exagère un peu mais je trouve quand même qu’on fonce vers une totale dépendance…
Le 21/11/2017 à 11h55
Le 21/11/2017 à 12h00
Pire !!
Ça pourrait prévenir “certains religieux” connectés qu’il y a du gibier à point dans les environs… " />
Le 21/11/2017 à 12h15
Le 21/11/2017 à 12h22
Ben ouais, comme disait Coluche “il suffirait que les gens n’en achètent pas pour que ça ne se vende plus”…
A mon avis c’est pas gagné. " />
Le 21/11/2017 à 12h29
Le 21/11/2017 à 16h51
Et le plus gros danger c’est qu’entre dépendance et soumission il n’y a qu’un tout petit pas… " />