Prise en main de Bluesky : un dérivé de Twitter décentralisé, qui dépasse le million d’utilisateurs

Tour du propriétaire

Prise en main de Bluesky : un dérivé de Twitter décentralisé, qui dépasse le million d’utilisateurs

Prise en main de Bluesky : un dérivé de Twitter décentralisé, qui dépasse le million d’utilisateurs

Abonnez-vous pour tout dévorer et ne rien manquer.

Déjà abonné ? Se connecter

Abonnez-vous

Le 12 septembre, le dérivé de Twitter construit sur un protocole décentralisé a annoncé avoir atteint le million d’utilisateurs. Afin de voir exactement ce que propose Bluesky, nous l’avons testé via son application mobile. 

Le 12 septembre, l’application BlueSky, créée en 2019 par Jack Dorsey (cofondateur de Twitter), a annoncé avoir atteint son premier million d’utilisateurs. Le rythme d’inscriptions semble aller croissant, dans la mesure où l’entreprise évoquait le pallier des 100 000 premiers utilisateurs en juin 2023, tandis que le service data.ai dénombrait déjà plus de 600 000 téléchargements de l'application. Bluesky est aussi accessible depuis un navigateur, sur son ordinateur par exemple.

Bluesky a d’abord été pensé comme une initiative pour rendre Twitter décentralisé, via la construction du protocole AT, une technologie pensée comme capable « d’alimenter la prochaine génération d’applications sociales ». Le projet a finalement pris son indépendance de la plateforme à l’oiseau bleu en 2021, sous la direction de Jay Graber. Son ambition déclarée reste de « transformer les réseaux sociaux en biens communs partagés ». 

En octobre 2022, quelques jours à peine avant que la reprise de Twitter (renommé X depuis) par Elon Musk ne devienne effective, le réseau social a ouvert une liste d’attente pour les personnes souhaitant tester sa version beta. En deux jours, 30 000 personnes s’étaient inscrites.

Date d’ouverture définitive inconnue

Depuis, le réseau s’est régulièrement élargi. Il oblige toujours les volontaires à obtenir une invitation, cela dit, ou à s’inscrire sur liste d’attente afin d’être acceptés pour pouvoir commencer à l’utiliser.

La pratique a réussi à créer un certain sentiment de fear of missing out chez l’autrice de ces lignes (preuve non-scientifique de l’intérêt marketing de la pratique), réduite à emprunter le compte d’un collègue pour écrire cet article. Mais si Bluesky n’est accessible que sur invitation, c’est surtout une manière de s’assurer que tout fonctionne correctement avant une « ouverture publique » évoquée dans les communications officielle, sans qu’aucune date précise ne soit pour le moment connue. 

Ailleurs, dans sa documentation, Bluesky décrit par ailleurs son système d’invitation comme une manière plus efficace de modérations (qui se fait donc a priori) que celles qui ont généralement cours sur les réseaux sociaux et qui se font a posteriori.

En attendant, en ligne, les internautes se partagent des astuces pour réussir à se créer un compte. Celles-ci consistent principalement à suivre les fils Reddit où s’échangent les invitations (par exemple r/blueskyinvites et r/BlueskySocial). Prudence, cela dit : les arnaques et tentatives de se faire de l’argent sur le dos d’usagers pressés de rejoindre un club social supplémentaire sont nombreuses.

Interface proche de twitter, recommandations encore erratiques

Mais à quoi ça ressemble, Bluesky ? Vaut-il vraiment la peine de chercher une invitation ? Pour les nostalgiques d’un Twitter un peu plus apaisé que depuis l’arrivée de son repreneur, Bluesky n’aura rien de dépaysant : mêmes icônes renvoyant aux fils d’actualités, aux notifications et au profil en bas, même fonctionnalités diverses accessibles via un menu hamburger...

En lieu et place des actuels fils « for you » et « following » proposés sur X, Bluesky donne par défaut le choix entre trois options : un fil dédié à ce que publient les personnes que vous suivez, un intitulé « discover » et dans lequel on ne détecte pour le moment pas de logique particulière et un présentant des publications « populaires chez vos amis ». 

Surtout, en cliquant sur l’onglet Feed, la roue de paramétrage, puis la barre « discover new feeds », l’internaute a accès à une variété de fils créés de manière automatisée, en fonction de hashtags ou selon des sélections humaines. Il peut aussi en créer lui-même. Ne reste ensuite plus qu’à l’épingler pour le retrouver sur son écran d'accueil.

bluesky 1 bluesky 2 bluesky 3

Du côté des recommandations de comptes à suivre, l’algorithme de Bluesky n’est pas non plus très clair. Après s’être abonnée à plusieurs comptes de spécialistes français des questions numériques, auxquels on a mêlé quelques profils de journalistes et chercheurs anglophones, l’onglet « who to follow » de l’application continue par exemple de nous suggérer toute une série de comptes directement liés à Bluesky.

bluesky

Plus bas, elle nous indique des profils suivis par divers comptes… auxquels nous ne sommes même pas abonnés. Dans ces conditions, difficiles de comprendre pourquoi ces profils-ci, précisément, nous sont suggérés.

300 caractères pour un « skeet »

Sur Bluesky, la limite d’écriture est de 300 signes, avec la possibilité, comme ailleurs, de faire des fils de discussion. Pour bon nombre d’utilisateurs du réseau, les publications s’appellent des skeets, un mélange de « sky » et de « tweet ».

Dans la mesure où, en anglais, le terme peut aussi être compris comme une version grossière du mot « sperme », la directrice générale de Bluesky a tenté, un temps, de faire revenir les usagers vers d’autres appellations, sans grand succès. Vu depuis les recherches que nous avons réalisées sur Google en français, on trouve plus drôle que skeet puisse aussi désigner une forme de tir, non pas à l’oiseau bleu, mais au disque d’argile.

Sur l’application, décidément riche en jeux de mots, on ne parle pas non plus de timeline mais de skyline, mot qui désigne habituellement l’horizon.

Modération personnalisable

Mais revenons aux fonctionnalités. S’il est un élément qui nous a paru intéressant, sur Bluesky, c’est la part belle faite à la personnalisation de la modération. Non seulement l’onglet dédié est très simple à trouver (il s’appelle simplement « modération » et se trouve au milieu du menu de gauche), mais il donne accès à quatre fonctionnalités différentes : une classique liste de comptes bloqués, une autre pour les comptes sur silencieux (muted accounts) et un écran dédié au filtrage de contenu.

bluesky 5 bluesky bluesky7

Sur celui-ci, l’utilisateur peut choisir dans quelle mesure il veut cacher, recevoir des signaux ou montrer une variété de publications qui pourraient être considérées comme trompeuses ou dangereuses.

Le panneau de modération permet aussi de créer des listes de comptes qu’il est possible de mettre en silencieux d’un seul coup, listes qu’il est possible de partager avec d’autres utilisateurs. Surprise de notre part : si la fonctionnalité peut être détournée, elle ne semble pas être envisagée par Bluesky sous l’angle positif — comme peuvent l’être les listes sur X, pour qui les utilise encore.

Autre manque, beaucoup plus flagrant : l’application ne propose pas de message privé. Elle permet en revanche très facilement d’envoyer un retour ou un commentaire aux équipes de développement, grâce à un bouton « feedback » qui renvoie vers un formulaire zendesk relativement simple (quoiqu’en anglais). 

Après un lancement en version bêta en janvier, Bluesky a lancé la possibilité d’ajouter des domaines personnalisés à son pseudo en mars et a rendu son application open-source en mai. L’entreprise a ouvert son premier service payant – à destination des domaines personnalisés – en juillet, date où l’entreprise bouclait une levée de fonds d’amorçage de 8 millions de dollars.

Le réseau déclare avoir déjà accepté un million d’utilisateurs via sa liste d’attente, et compter encore entre deux et trois millions d’invitations à envoyer ainsi. 

Commentaires (19)


Ce n’est pas évident de retrouver des comptes des journalistes de NXI et/ou du site lui-même sur les autres réseaux sociaux, si tant est qu’ils existent. :craint:


Pluzun. Marc Rees est présent sur Mastodon, mais quasi inactif alors qu’il y a une population plutôt attirée par les sujets relatifs au respect de la vie privée / RGPD qu’il traite.




Albirew a dit:


de ce que je vois, AT est plus puissant que ActivityPub, ne serais-ce que pour la décentralisation promise: si tu déménage, tu garde tout ton contenu, contrairement à ActivityPub…




En fait sur ActivityPub, c’est pas le protocole qui le supporte mais l’outil. Mastodon supporte le déménagement de profil d’une instance à l’autre (il me semble qu’il y a quand même un peu de risques de perdre quelques éléments). Je ne sais pas Si PixelFed ou PeerTube le supportent aussi, je ne m’en sers pas.


Ça fait un peu copié/collé de Twitter quand même; est-ce que quelqu’un a déjà exploré l’angle légal de Dorsey qui vend son bébé pour ensuite en sortir un clone ?
Je me doute que le contrat de cession de Twitter est confidentiel, m’enfin, on doit pouvoir imaginer sans trop de mal une clause de non-concurrence sur le même domaine. C’est une pratique courante côté US ?


Dorsey n’a pas vendu.
Musk a racheté les actions en bourses.


Il est incompréhensible que ce réseau ait inventé un nouveau protocole de communication, alors qu’ActivityPub existe. Il y a sans doute une volonté de contrôle. L’aspect décentralisé en devient très douteux et l’intérêt peu discernable. Un nouvel outil marketing.


de ce que je vois, AT est plus puissant que ActivityPub, ne serais-ce que pour la décentralisation promise: si tu déménage, tu garde tout ton contenu, contrairement à ActivityPub…


Albirew

de ce que je vois, AT est plus puissant que ActivityPub, ne serais-ce que pour la décentralisation promise: si tu déménage, tu garde tout ton contenu, contrairement à ActivityPub…


Pour le moment, la décentralisation n’est que promise, justement.


Albirew

de ce que je vois, AT est plus puissant que ActivityPub, ne serais-ce que pour la décentralisation promise: si tu déménage, tu garde tout ton contenu, contrairement à ActivityPub…


Tu peux exporter / importer sur Mastodon sauf erreur de ma part


Albirew

de ce que je vois, AT est plus puissant que ActivityPub, ne serais-ce que pour la décentralisation promise: si tu déménage, tu garde tout ton contenu, contrairement à ActivityPub…


J’trouve que c’est quand-même assez surprenant de vouloir garder des publications en ligne pendant des années et des années alors qu’elles sont souvent très dépendantes du contextes de la date de publication.
Surtout avec des trucs comme Mastodon/Twitter/Bluesky qui ne permettent que des courts textes.
Enfin, tout ça pour dire que l’import/export, c’est un truc qui me parait sans intérêt pour des RS. Faut ouvrir des blogs ou publier ailleurs.


C’est hyper lourd activitypub


Un petit site sympathique pour qui veut tester Bluesky
https://github.com/qwell/bsky-exploits


J’allais le dire :-)
Visiblement la sécurité y est prise à la légère



https://fosstodon.org/@north/111057335768073441


J’ai du mal à comprendre la « hype » autour de bluesky, ça fait surtout twitter bis avec toutes ses dérives…



Dorsey est aussi foldingo que musk :



https://www.nbcnews.com/news/amp/rcna86063


Dorsey déteste tellement Bluesky qu’il a supprimé son compte. Ça fait un souffle d’air frais sur le réseau.



SebGF a dit:


Pluzun. Marc Rees est présent sur Mastodon, mais quasi inactif alors qu’il y a une population plutôt attirée par les sujets relatifs au respect de la vie privée / RGPD qu’il traite.




Je connais au moins 3 journalistes NextInpact actifs sur Mastodon.



(reply:2152756:consommateurnumérique)




Je veux bien que tu partages les profils.



(reply:2152756:consommateurnumérique)




Pareil



(reply:2152900:consommateurnumérique)




Merci.


Fermer