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Face à la question de la captation des données personnelles, le besoin d’une cohérence

Faites ce que je dis, pas ce que je fais

Face à la question de la captation des données personnelles, le besoin d'une cohérence

Le 02 février 2018 à 07h33

Avec l'arrivée prochaine du Règlement général sur la protection des données (RGPD) et d'ePrivacy en Europe, il est de plus en plus question de respect de la vie privée dans les médias. Mais face aux discours portés, souvent en faveur de l'internaute, ces derniers doivent faire face à leurs propres pratiques.

Hier, Gaspard Koenig continuait sa tournée médiatique chez Quotidien afin de défendre l'idée de son think tank Génération libre autour de la vente de nos données (voir notre précédent article).

Quelle que soit la position de chacun sur le sujet, un point étonne : le résumé de l'émission évoque ces « GAFA qui font fortune avec nos données personnelles », Yann Barthès critiquant dans son propos d'ouverture les sites qui ont pour précepte « Merci de rentrer votre mail, sinon vous n'accédez pas à ce que vous voulez ».

Captation des données, exigence d'un e-mail : TF1 n'est pas en reste

Or, la captation des données personnelles est loin de concerner uniquement les géants du Net, ou même des services américains. La « licorne » française Criteo en est un bon exemple. De plus, pour utiliser le service de replay MyTF1 sur de nombreux appareils, il faut disposer d'un compte… et donc donner une adresse e-mail pour accéder au contenu.

S'il est intéressant d'organiser un débat d'idées sur ces questions, les actes comptent. Ainsi, les médias qui vantent le besoin de reprendre le contrôle des données et de se rendre indépendant des plateformes américaines pourraient déjà commencer par... faire le ménage de leur côté.

Le site de MyTF1 compte par exemple des dizaines de trackers permettant à des tiers de récupérer des informations sur les internautes, sans que ceux-ci aient réellement une capacité de s'y opposer facilement. On retrouve d'ailleurs plusieurs scripts appartenant à Facebook et Google dans le lot, comme le montre cette capture effectuée hier soir :

TF1 Trackers

Des paroles aux actes

Le groupe serait-il enclin à payer ses visiteurs lorsqu'ils regardent ses contenus, alors qu'il est plutôt en train de chercher à faire payer des FAI afin de laisser leurs clients accéder à ses chaînes ? Sur le terrain du respect de la vie privée, TF1 fait d'ailleurs plutôt partie de ceux qui s'opposent au renforcement de la protection des données personnelles, notamment à travers le règlement ePrivacy, encore en cours de négociation.

Certes, l'émission Quotidien n'a pas de prise sur les positions de TF1 en la matière, et n'en est pas responsable. Mais sur de tels sujets, l'équipe ne peut pas se désolidariser totalement de la position de son diffuseur, qui est liée à son propre modèle économique. Une plus grande cohérence entre les propos et les pratiques serait donc la bienvenue.

Ce problème est d'ailleurs loin de toucher cette seule émission. Avec la montée en puissance des questions autour de la vie privée, et d'un discours vantant le respect de l'internaute ou le besoin d'une lutte contre les « GAFA », les médias qui le relaient vont de plus en plus devoir se poser la question de leurs propres pratiques.

Leurs lecteurs et téléspectateurs peuvent d'ailleurs le faire, ne serait-ce qu'en analysant leurs sites et en partageant les résultats obtenus avec des outils tels que Kimetrak. Et peut être tirer quelques conclusions concernant leurs habitudes.

Commentaires (19)

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On parle enfin du web franco-français <img data-src=" />



Plutôt que vendre nos données personnelles, ne serait-ce pas plus correct de louer nos données personnelles ? Une sorte de redevance. On nage en plein paternalisme économique : le digital labour, un métier d’avenir <img data-src=" />

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Quel physiocrate, ce Gaspard Koenig !

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Heureusement qu’on a encore NextInpact pour trouver un intérêt d’aller sur le net en toute confiance !

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Pour se gargariser avec la RGPD, louer la révolution que ce texte serait (ou pas…), et prétendre laver plus blanc que son voisin y a du monde. Dans les faits, on voit que les mêmes vieux schémas sont perpétuellement à l’œuvre.&nbsp;




Après le greenwashing, le startupwashing, est venu le temps du plan marketing du privacywhashing (qui au passage n'a rien avoir avec la vie privée). Comme manifestement plus c'est gros plus ça passe, pourquoi se priver ^^      






Merci David pour remettre à nouveau les pendules à l'heure (tu flingues pas mal en ce moment je trouve :francais:  



&nbsp;)

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Ce n’est pas dans un débat, mais dans une croisade que vous vous lancez là !



Mais qui sait, peut-etre qu’après vous avoir entendu, TF1 arrêtera la pub et le tracking sur ces sites, on peut toujours rêver <img data-src=" />

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Et David a d’ailleurs bien raison de le faire. Quand le RGPD se lancera véritablement, ça va faire très mal aux entreprises qui n’ont pas compris le message. Les nouvelles amendes ne font pas semblant.

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Personnellement, je vois du positif à cette apparente contradiction.



Cela montre une forte indépendance de la ligne éditoriale de Quotidien et de la non intervention de la direction du groupe TF1.



Yann Barthès disait avoir eu des garanties de ce type lors de son passage dans ce groupe. Il me semble qu’il a quitté le groupe Canal à cause de la main-mise de Bolloré

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GroupeTF1 a écrit :



nan mais déjà qu’avec Orange on va pas gagner autant que prévu, si en plus on nous enlève la pub sur le minitel, ça va être coton. Vous croyez que ça pousse dans les arbres, le temps de cerveau disponible ?







(Note importante : la citation ci-dessus est bien évidemment une fake news)


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Inny a écrit :



Et David a d’ailleurs bien raison de le faire. Quand le RGPD se lancera véritablement, ça va faire très mal aux entreprises qui n’ont pas compris le message. Les nouvelles amendes ne font pas semblant.





Il faudra voir la mise en pratique… Le RGPD est en mode épouvantail pour l’instant, mais les contrôles vont d’abord se centrer sur une prise de température, les entreprises n’auront qu’à “faire preuve de bonne foi” sur le fait qu’ils travaillent sérieusement sur le sujet pour échapper aux amendes. Bon, c’est toujours ça de pris.



On aura sûrement rien de bien concret sur ces contrôles avant au moins 5 ans.


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Next inpact pointe du doigt le fait que Quotidien a “oublié” de parler de myTF1.fr. On peut penser à une négligence médiatique (vu qu’on parle toujours des GAFA et jamais des sociétés françaises ou européennes comme Criteo ou Mediapost).



Mais est-ce que ça suffit pour dire que Quotidien serait à l’aise pour parler du cas myTF1.fr, son diffuseur ? à suivre…

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joma74fr a écrit :



Next inpact pointe du doigt le fait que Quotidien a “oublié” de parler de myTF1.fr.





Je n’ai pas lu/compris cela. Tu peux citer un passage ?



Je ne cite pas le reste car je suis plutôt du même avis.


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Le but principal de la CNIL reste d’éduquer, et seulement en second de sanctionner les violations, soit directement pour les plus flagrantes (coucou Acadomia), soit en cas de non-réaction de l’entreprise contrôlée.

Le RGPD fait peser un peu plus fort la loi du côté des sanctions, mais la CNIL elle-même n’est pas encore prête, elle ne peut guère en l’état exiger des entreprises de l’être au jour J. Mais la situation ne restera pas en mode statu quo éternellement.

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MisterDams a écrit :



Il faudra voir la mise en pratique… Le RGPD est en mode épouvantail pour l’instant, mais les contrôles vont d’abord se centrer sur une prise de température, les entreprises n’auront qu’à “faire preuve de bonne foi” sur le fait qu’ils travaillent sérieusement sur le sujet pour échapper aux amendes. Bon, c’est toujours ça de pris.



On aura sûrement rien de bien concret sur ces contrôles avant au moins 5 ans.





En réalité la RGPD change peu de choses sur le fond.



En revanche, deux difficultés pourraient faire tourner la chose au vinaigre:




  1. Un flou artistique sur les “nouvelles” notions clefs de la RGPD:&nbsp;

    les quelques dispositions nouvelles (comme le DPO ou DPIA) reposent sur des notions non définies comme le traitement à “grande échelle” et le “suivi régulier” des personnes. En l’état les textes ne permettent pas de fonder une sanction qui ne tiendrait pas 2s devant le Conseil d’Etat. Le flou est tel que le G29 a du se fendre il y a peu de divers documents dits “ligne directrice” pour tenter d’appréhender les notions jetées dans la RGPD sans la moindre définition.



    Problème, ces documents sont en Anglais et n’ont aucune force légale. A charge pour la Loi de venir sauver les notions nouvelles de la RGPD sans quoi le texte ne sera que de beaux principes sans aucune efficacité (ça serait pas nouveau au regard des résultats obtenus en la matière…).



  2. La crispation des secteurs économiques:

    Par l’inquiétude (pas toujours illégitime) d’entreprises mais encore d’associations, de syndicats et de politiques, un important lobbying est fait pour priver la RGPD de toute efficacité.



    La lecture qui a été faite par certains de ce texte (notamment pour mieux fourguer leurs solutions et conseils aussi bien techniques que juridiques), fait la description d’un encadrement administratif insoutenable de lourdeur et de complexité , d’un rigorisme imbécile, impliquant de payer une dime à des types qui n’ont aucune responsabilité pour avoir la paix (A l’image des certificats énergétiques des maisons…).



    &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Par ailleurs, s’il est souvent mis en avant que le texte laissait deux ans pour le mettre en œuvre, la réalité est qu’à moins de 3 mois de la date d’effectivité, des éléments essentiels ne sont toujours pas connus:

    . le G29 n’a édité que quelques lignes directrices pour comprendre la RGPD (avec souvent de nouvelles interrogations à la clef),

    . la CNIL n’a effectué aucune traduction des lignes directrices uniquement disponibles en anglais, pas plus que sa communication n’a été efficace.

    . On ignore toujours comment gérer la différence historique entre finalité de la collecte et finalité du traitement qui est absente des textes européens mais jusqu’à présent toujours reprise dans nos Loi (1978 et 2004).

    . les recommandations techniques restent faméliques de sorte qu’il est impossible de dire que telle ou telle architecture/solution est à ce jour dans les clous ou non.



    Donc je partage ton analyse, la CNIL a effectivement intérêt à faire d’abord de la pédagogie tandis que des éléments clefs n’ont toujours pas été donnés à 3 mois de la date “fatidique” et que la CNIL (et le G29) sont totalement à la bourre sur leurs propres textes. A défaut, le retour de bâton politique va être terrible pour elle.


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Inny a écrit :



Et David a d’ailleurs bien raison de le faire. Quand le RGPD se lancera véritablement, ça va faire très mal aux entreprises qui n’ont pas compris le message. Les nouvelles amendes ne font pas semblant.





Oui il a raison. et Je partage également ton deuxième commentaire juste avant le mien, la CNIL n’est elle même pas prête pour la RGPD au mois de mai.


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Ce n’est pas une affirmation, je pose seulement la question à titre personnelle quant à l’indépendance éditoriale de Quotidien par rapport à son diffuseur et à ce “besoin de cohérence” dont parle l’article : est-ce que Quotidien est capable de dénoncer les abus de collecte de données sans consentement du public de son propre diffuseur ?



Autrement-dit, est-ce que l’émission Quotidien peut valablement parler de la collecte de données de myTF1.fr, alors qu’elle est elle-même diffusée sur ce média canal ?



Là où tu vois une indépendance éditoriale dans cette “apparente contradiction”, moi j’attendrais de voir l’animateur de l’émission regretter que son émission soit dans l’engrenage de ces pratiques du web pour affirmer vraiment cela. Cela-dit, j’ai une approche méfiante à l’égard des “journalistes” audiovisuels et de leurs discours, notamment concernant les sujets d’internet ou des jeux vidéos.

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Oh le joli tacle du trolldi matin <img data-src=" />



En tant qu’abonné, je suis en accord avec l’avis exprimé dans le journal.



Avez-vous envoyé un lien de cet article au quotidien? ou bien tweeet? Histoire qu’ Yann Barthès participe au débat (voir vous invite à son émission).

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Soriatane a écrit :



Avez-vous envoyé un lien de cet article au quotidien? ou bien tweeet? Histoire qu’ Yann Barthès participe au débat (voir vous invite à son émission).



+1 :)



J’ai fait un rêve, où Marc Rees débattait avec Yann* Barthès





*: c’est pas Yannick en vrai ?


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Non apparemment son nom de naissance est bien

Yann Romain Barthès

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Un excellent exemple, cet entretien de l’ADN avec Tristan Nitot :Tristan Nitot : « Les internautes sont devenus le bétail de Google et Facebook »



&nbsp;Privacy Badger me signale la présence de 11 traqueurs.

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