La réforme de la redevance TV « pourrait attendre 2021»
Feuilleton à la française
Le 03 décembre 2018 à 15h07
6 min
Droit
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Le gouvernement ne semble finalement pas vouloir profiter du projet de loi sur l’audiovisuel pour rouvrir le chantier de la redevance TV. Certains élus craignent cependant que cette décision compromette le basculement vers un prélèvement dit « universel ».
Annoncé pour cette année par Emmanuel Macron, le projet de loi de réforme de l’audiovisuel ne devrait finalement pas être présenté en Conseil des ministres avant mars ou avril 2019. C’est en effet ce qu’a récemment indiqué la Direction générale des médias et des industries culturelles, un service du ministère de la Culture, au sénateur Jean-Pierre Leleux.
Au travers d’un rapport parlementaire, l’élu LR ajoute que l’exécutif envisage une première lecture à l'Assemblée nationale « au printemps 2019 », en vue d’une adoption définitive du texte « début 2020 » au plus tard.
Martin Ajdari, le directeur général des médias et des industries culturelles, a surtout confié à Jean-Pierre Leleux que la réforme de la redevance TV « ne figurerait pas dans le projet de loi de réforme de l'audiovisuel » (censé permettre entre autre la transposition de la récente directive SMA sur les services de médias audiovisuels).
Le rendement de la redevance « assuré jusqu’en 2021 » selon le ministre de la Culture
« On perçoit la tentation, au sein du gouvernement, de dissocier le rythme de la réforme de l'audiovisuel en 2019 de celle de la CAP [pour « contribution à l’audiovisuel public », ndlr], qui pourrait être reportée à 2021 », s’inquiète Jean-Pierre Leleux, chargé de se pencher sur les crédits alloués à la culture dans le cadre du projet de loi de finances.
Pressé par la majorité de présenter un rapport consacré à la réforme de la CAP avant le 1er juin 2019, le ministre de la Culture a effectivement tenté de temporiser, mercredi 31 octobre, face aux députés. Franck Riester a notamment fait valoir que le « rendement » de la redevance TV était « très dynamique » – et qu’il serait de ce fait « assuré jusqu’en 2021, année de la suppression définitive de la taxe d’habitation ».
« Nous avons donc le temps d’anticiper », a insisté le nouveau locataire de la Rue de Valois. Un argumentaire qui n’a guère convaincu les élus du Palais Bourbon, puisque ceux-ci ont finalement voté, contre l’avis du gouvernement, l’amendement prévoyant cette demande de rapport.
Les services du ministère de la Culture ont également indiqué au sénateur Leleux « qu'il n'y avait pas d'urgence à réformer la CAP, son produit étant garanti dans les prochaines années ».
Pour mémoire, la redevance est actuellement due par toute personne qui détient une télévision ou un « dispositif assimilé » (sachant qu'un ordinateur n'est pas considéré comme tel par Bercy). Or, même s’il y a proportionnellement de moins en moins de foyers équipés, l’administration dénombre de plus en plus d’assujettis, comme le relevait la députée Aurore Bergé au travers d’un précédent rapport parlementaire. En cause, « la croissance démographique » et des « évolutions sociologiques notables tendant à l’augmentation du nombre de personnes vivant seules ».
Martin Ajdari, le directeur général des médias et des industries culturelles, a par ailleurs affirmé à Jean-Pierre Leleux que « l'agenda fiscal » était « déjà chargé » – ce qui pourrait pousser l’exécutif à attendre la suppression de la taxe d’habitation, prévue pour 2021, pour rouvrir le chantier de la redevance TV.
Une réforme plus difficile à faire passer en fin de mandat
Le sénateur Leleux, qui préférerait une « taxe applicable à tous les foyers », peu importe qu’ils aient ou non une télévision, estime en filigrane que ces signaux sont de très mauvais augure. Les yeux rivés sur le quinquennat de François Hollande, l’élu juge en effet « peu probable » que le contexte politique soit « plus favorable à une réforme fiscale de ce type » en 2021 – à quelques encablures de la présidentielle.
« Afin de rendre la réforme de la CAP la plus acceptable possible, votre rapporteur pour avis avait proposé, en 2017, que cette réforme intervienne en début de quinquennat, lorsque les échéances électorales sont lointaines et que la volonté d'agir est à son sommet », rappelle le parlementaire.
Jean-Pierre Leleux reste convaincu qu’une réforme de la redevance TV est « nécessaire », du fait de la baisse du taux de possession d'un téléviseur. « La réforme à mener doit partir du principe que chacun a aujourd'hui accès, d'une manière ou d'une autre, aux programmes de l'audiovisuel public que ce soit à travers un récepteur de télévision traditionnel, un poste de radio, un ordinateur, une tablette ou un smartphone », écrit-il.
Contrairement à la députée Aurore Bergé, l’élu LR estime que l’universalisation de la redevance TV pourrait s’accompagner d’une baisse « de 4 ou 5 euros » de son montant. Un geste en direction de « la grande majorité des foyers aujourd'hui assujettis » – qu’on devine destiné à mieux faire passer la pilule auprès de l’opinion public.
Une redevance TV surindexée de 13 euros en 2016
Jean-Pierre Leleux revient enfin dans son rapport sur la traditionnelle indexation de la redevance à l’inflation. Le projet de loi de finances prévoit en effet qu’exceptionnellement, le montant de la contribution à l'audiovisuel public 2019 ne soit plus dépendant de « l'indice des prix à la consommation » (hors tabac). « Il y a tout lieu de penser que la désindexation pourrait être reconduite », esquisse même l’élu.
Le sénateur révèle surtout que l’année dernière, un rapport de la Cour des comptes, jamais rendu public, s’est penché sur la hausse significative de la redevance TV depuis 2009 « sous le double effet de l'indexation assortie de règles d'arrondi favorables et de « coups de pouce » décidés par le gouvernement » :
« La Cour des comptes estime ainsi que « ces deux mécanismes, indexation et arrondis, ont produit un phénomène de surindexation de la CAP ». En particulier, l'inflation réelle entre 2007 et 2016 a été inférieure à l'inflation prévisionnelle du projet de loi de finances à six reprises sur dix ans. La Cour des comptes en conclut qu' « en se fondant sur l'inflation réelle, la CAP en 2016 n'aurait dû être que de 124 euros, et non pas les 137 euros atteints grâce au cumul de la surindexation et des mesures "coup de pouce" » ».
Jean-Pierre Leleux n’hésite d’ailleurs pas à reprendre des chiffres de ce rapport dont il a pu obtenir une copie : le montant de la redevance « a augmenté de 18 % de 2009 à 2016 alors que l'inflation n'a progressé que de 8 % sur cette période ». La Cour des comptes a ainsi calculé qu’entre 1,2 et 1,3 milliard d'euros supplémentaires avaient été dégagés pour l’audiovisuel public entre 2009 et 2016.
Certains sénateurs pourraient d’ailleurs interpeler Franck Riester à ce sujet dès demain, puisque la Haute assemblée examinera à partir de 14h30 le volet « culture » du projet de loi de finances pour 2019.
La réforme de la redevance TV « pourrait attendre 2021»
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Le rendement de la redevance « assuré jusqu’en 2021 » selon le ministre de la Culture
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Une réforme plus difficile à faire passer en fin de mandat
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Une redevance TV surindexée de 13 euros en 2016
Commentaires (44)
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Abonnez-vousLe 04/12/2018 à 08h34
Le montant de la redevance : compare les autres pays européens :https://www.latribune.fr/technos-medias/redevance-tv-les-francais-payent-ils-plu… c’est « dans les clous »
Le montant par rapport à Netflix : ce n’est qu’un service de films/séries, il n’y a pas de journalistes, de directs, etc.
Trois pauvres chaînes ? France 0, France 1 (outre-mer), France 2, France 3 (et toutes les éditions régionales de France 3), France 4, France 5, sans compter France Info, TV5 monde, France 24, Arte, mais aussi des radios : France Inter, France Bleu (et toutes les éditions régionales de France Bleu) , RFI, etc.
Ben oui, avoir plein de rédactions différentes ça coûte cher, et comme c’est un monstre parapublic, c’est mal géré et il n’y a aucune synergie ou économie d’échelle.
Le 04/12/2018 à 08h35
comme l’INA remplis d’intermittents qui coutent une blinde et qui y bossent depuis 20ans, ou leur bibliothèque ouverte toute la semaine pour 5 livres prêtés en moyenne et qui coute quand même 700 000€ par an.
Le 04/12/2018 à 08h44
Je vais être honnête, je ne paye pas la redevance. Pas parce que je fraude, mais parce que ça fait dix ans que j’ai pas la TV.
J’ai toujours eu des offres internets seuls. J’avais pris les dernières TV sans tuner et la mon projecteur sans tuner. J’ai pas encore de l’alu sur les murs pour que la TNT passe pas " />
J’avais déjà proposer de mettre un accès (en utilisant France connect soyons fou) sur les chaînes par internet afin que seul ce qui l’utilise paye la redevance.
Pourquoi ? Parce que la c’est la méthode de forin : je te force dans les mains mon cadeau dégueulasse, maintenant paye la redevance et ferme ta gueule. Non j’en veux pas.
J’avais jamais pensé à ton idée qui est pas mal, même si je regarde pratiquement jamais Arte, ça me dérangera pas de payer juste pour cette chaîne.
Le 04/12/2018 à 10h09
Le 04/12/2018 à 10h26
Le 04/12/2018 à 10h53
Autant l’inclure dans l’impôt à ce moment là. :)
Le 04/12/2018 à 11h07
Comme en Belgique…
Le 04/12/2018 à 11h46
On est d’accord
Le 04/12/2018 à 12h42
Le 04/12/2018 à 13h19
La « qualité des offres » ne saurait pas rentrer dans un graphique, car ce n’est pas quelque chose de mesurable avec des chiffres.
Par rapport au niveau de vie, la France est un des pays qui paye le moins.
À noter qu’aux Pays-Bas et en Belgique (Flandre depuis 2002, Wallonie depuis cette année) il n’y a pas de redevance, c’est payé par les impôts.
Le 04/12/2018 à 13h23
Le 04/12/2018 à 13h27
Tout le problème est là.
On n’a pas un service public, on a carrèment un groupe de services publics qui fonctionne comme le privé.
Il faut écrémer pour ne garder qu’une chaine de tele, une radio.
Coté promgramme, on exclut tout ce qui est jeux, télérealité, cinéma. On garde juste les docus et les infos, on ajoute de l’éducatif avec des mooc.
Le 04/12/2018 à 13h31
Le 04/12/2018 à 13h35
Le 04/12/2018 à 14h02
Le 04/12/2018 à 16h48
Le 03/12/2018 à 15h10
Dans le climat actuel, ce serait l’équivalent de la brioche.
Le 03/12/2018 à 15h12
Non mais ils sont marteaux mais pas au point de s’achever en touchant à la réforme de l’audiovisuel en ce moment ^^
Le 03/12/2018 à 15h27
Pas certain que l’ambiance de ces jours ci soit favorable à une augmentation de fait d’un prélèvement déjà peu populaire …" />
A force de rajouter des gouttes…
Le 03/12/2018 à 15h28
C’est trop con, ils devraient passer un maximum de réformes maintenant. Comme ça, on reconstruit l’arc de triomphe une bonne fois pour toutes après coup.
Le 03/12/2018 à 15h35
Cette fois je ne vois pas d’inconvénient à ce que les colonnes de Buren soient détruites " />
Le 03/12/2018 à 15h42
J’aimerais bien pouvoir acheter mes programmes à l’unité, ou par saison , par exemple: Cash Investigation.
Le risque, c’est que les programmes populaires soient achetés, et que les programmes + culturels mais moins populaire soient moins achetés, et du coup encore + orienté le contenu vers du “con con”…
Vous en pensez quoi ?
Le 03/12/2018 à 15h48
J’ai bien fait de pas acheter de TV cette année, ils auront pas les glaouish de passer cette réforme, tant mieux !
Jamais je paierai leur redevance !
Le 03/12/2018 à 15h49
Le 03/12/2018 à 15h51
Si j’avance toi tu recule, comment veut tu que je …" />
J’ai pas de TV chez moi et ne compte pas en acheter une.
Le 03/12/2018 à 16h03
Le 03/12/2018 à 16h09
Te hug ?
Next INpact
Le 03/12/2018 à 16h15
Le 03/12/2018 à 16h16
Merci les Gilets Jaunes " />
Le 03/12/2018 à 18h21
Les services du ministère de la Culture ont également indiqué au sénateur Leleux « qu’il n’y avait pas d’urgence à réformer la CAP, son produit étant garanti dans les prochaines années ».
Traduction honnête : les sous vont rentrer pour les années prochaines, et là c’est pas le moment. En vous remerciant de rester sur BFM !
Le 03/12/2018 à 18h35
Tu viens de définir la tv privée basée sur l’audimat :)
Le 03/12/2018 à 19h27
Oui, c’est bien ce qu’il me semblait. " />
Je sais pas comment faire avec cette taxe du coup.
Le 03/12/2018 à 19h31
Le 03/12/2018 à 21h59
Hallucinant, le montant de la redevance.. surtout comparé au montant moyen d’une taxe d’habitation !
Surtout pour trois pauvres chaines dans un panel de 30 sur la TNT, que de moins en moins de monde regarde.. et comparé à un abo Netflix de base (64€/an) . Même l’abo deux écrans (132€) est plus intéressant !!!
(par contre je suis ok pour payer pour le parent pauvre, la radio)
Le 04/12/2018 à 00h23
C’est étonnant que ce gouvernement ne s’évertue pas tuer France télévision aussi bien qu’il le fait pour les autres services publics.
Le 04/12/2018 à 00h46
Ya toujours moyen de faire de la propagande avec FT au cas ou les chaines privées change de discours. " />
Le 04/12/2018 à 08h14
Le 04/12/2018 à 08h21
La television et la radio publique est un service publique, au même titre que l’école les hôpitaux ou la police.
les gens qui pensent ne pas avoir a payer la redevance car ils n’ont pas de télé ou car il ne regarde pas son a côte de la plaque à mon avis.
Comme les écoles ou les hôpitaux, il est possible d’utiliser le privé si on n’est pas content du service publique mais utiliser le privé n’est pas une raison pour ne pas payer d’impôts.
Après la façon dont l’argent est utilisé et le montant assujetti est critiquable. Raler sous prétexte qu’on paye un service publique qu’on utilise pas est plus difficilement défendable.
Le 04/12/2018 à 08h31
L’argument de base, c’est que la radio et la télévision publique sont strictement dispensables, à l’opposé des routes ou des hôpitaux, dont tu peux avoir besoin un jour où l’autre.
Le principe d’une redevance, à l’opposé d’un taxe, c’est sa non-universalité. À savoir, que les non-utilisateurs du service qu’elle finance sont non assujettis à son paiement. Avec une redevance, tu as un principe d’optionnalité de fait et de droit.
Donc, on peut ne pas avoir à payer la redevance TV si certaines conditions sont remplies, CQFD.
Après, je suis partisan de l’existence d’un service public de l’audiovisuel. Ce dont à quoi je m’oppose, c’est ce mode de financement par une redevance, avec toutes les dérives que cela implique (entre autres, non contrôle des dépenses par la puissance publique), et ce que l’essentiel du service public est aujourd’hui (du quasi-TF1 sur fonds publics et para-publics).
Le 04/12/2018 à 08h31
Une solution serait de fermer France2 et France4 de ne conserver les chaînes culturelles Arte/F5 et les F3/France Ô qui font le liens des territoires ce qui générerait un économie permettant de ne pas augmenter cette taxe voire de la réduire. Et surtout de cesser de payer une fortune des animateurs et des journalistes qui forment la caste de la noblesse (qui, en fait, sont normalement au service du public mais qui comme certains fonctionnaires et élus ont dans leurs idées inversés les rôles).
Le 04/12/2018 à 16h54
D’accord aussi dans l’idée, mais de quel impôt parlez-vous ?
Le 04/12/2018 à 20h19
La réforme de la redevance TV « pourrait attendre 2021»
" /> Quel dommage, ils auraient pourtant pu glisser cette réforme pendant que la population préfère prendre un grand bol d’air pur.
Allez Manu, un peu de courage bon sang. " />
Le 04/12/2018 à 22h24
Je ne vois pas ce que tu veux dire par « n’audite pas », il y a plusieurs rapports de la Cour des Comptes, plutôt méchants d’ailleurs, sur la gestion financière de France TV.
Le 05/12/2018 à 13h12
Ma mémoire me joue sans doute des tours alors. Il me semble que j’avais lu ça dans le Canard, mais je serai bien en peine de retrouver le papier (ça date…).