Loi anti-Fake News : les recommandations du CSA aux plateformes
FactChecking > Mme Michu
Le 17 mai 2019 à 14h46
6 min
Droit
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À l'approche du début des élections européennes, le Conseil supérieur de l’audiovisuel a publié la recommandation prévue par la loi contre la manipulation de l’information. Facebook, Twitter et les autres se voient notamment priés de mettre en avant les sites de presse et les médias audiovisuels labellisés.
Publiée au Journal officiel le 23 décembre 2018, la loi contre les « Fake News » demande aux opérateurs de plateformes une série de mesures de transparence, en particulier sur l’origine et le coût des publicités promouvant des contenus « se rattachant à un débat d'intérêt général ».
Comme détaillé fin avril, le CSA a gagné à cette occasion de nouveaux crans de compétence, loin de la télévision et de la radio, son univers naturel. L'autorité administrative est chargée en effet du pouvoir d’adresser aux intermédiaires comme Facebook ou Twitter « des recommandations » pour lutter contre les « infox ».
Chacune de ces recommandations vise « à améliorer la lutte contre la diffusion de fausses informations susceptibles de troubler l'ordre public ou de porter atteinte à la sincérité du scrutin ». Et le CSA est en plus chargé d’en contrôler la mise en œuvre.
Un bouton d'alerte uniforme, simple et accessible
Dans ce texte publié lui aussi au Journal officiel, le conseil recommande ainsi chaudement aux acteurs du numérique concernés « de mettre en œuvre les mesures qui suivent et de déployer les moyens humains et techniques nécessaires en vue d'atteindre les objectifs fixés par la loi ».
En première place, l’autorité se fait l’interprète de la loi. Celle-ci exige que les opérateurs mettent en place un bouton d’alerte, soit dans le texte « un dispositif facilement accessible et visible permettant à leurs utilisateurs de signaler de fausses informations susceptibles de troubler l'ordre public ou d'altérer la sincérité du scrutin ».
Fort de ses compétences aiguisées, le CSA plaide pour que cette fonction d’alerte soit intitulée clairement, par exemple en affichant… « Signaler un contenu ».
Cet outil devrait en tout cas être placardé non loin des contenus ou des comptes à signaler. Et celui-ci de demander aux opérateurs d’utiliser cette fonction de manière uniforme sur l’ensemble des déclinaisons de leurs sites ou application. Aux professionnels du Net toujours, il demande encore un « parcours de signalement simple et logique » et une information des utilisateurs sur « l'état d'avancement » de chaque alerte.
Les sites de presse mis en avant
La transparence des algorithmes est également à l’honneur. Le CSA « encourage » les opérateurs à informer chaque utilisateur « sur les critères ayant conduit à l'ordonnancement du contenu qui lui est proposé et le classement de ces critères selon leur poids dans l'algorithme ».
Surtout, le conseil souhaite que Twitter, Facebook, YouTube et tous les autres concernés identifient désormais « les sources de contenus issus d'entreprises et d'agences de presse et de services de communication audiovisuelle » (chaine en ligne…).
Comment ? Par l’usage d’un indicateur clairement visible. Pour faire le tri, les opérateurs de plateforme « sont encouragés à tenir compte des démarches de labellisation, notamment celles réalisées par les entreprises et agences de presse et les services de communication audiovisuelle »
En somme, pour distinguer le compte de Monsieur Tout-le-Monde de celui d’un site de presse ou d’une chaîne de TV, les opérateurs pourront scruter les éventuels labels détenus par ces médias. Ceci fait, le CSA demande aux intermédiaires techniques « de déployer des moyens technologiques visant à mettre en avant les informations provenant de ces sources et en particulier les contenus dits de « fact-checking » dans les résultats des moteurs de recherche, les fils d'actualité et les autres canaux de diffusion opérant par classement automatisé ».
En somme, un surréférencement ou une mise en avant par n’importe quel moyen afin, d’une certaine manière, d’éditorialiser ces contenus aux yeux de tous, loin des contenus lambdas…
Lutte contre les comptes propageant des fausses informations
Pour lutter contre les fausses informations, ils devront prévoir des solutions destinées à détecter les comptes propageant massivement des fausses informations, associés à un panel de sanctions (avertissement, suppression, mise en quarantaine, restrictions des droits de l'utilisateur ou de la portée des contenus qu'il diffuse, etc.) « dans le respect de la liberté d'expression et de communication ».
Notons qu'il n'utilise pas l'adverbe manifestement, qu'avait introduit le Conseil constitutionnel. Celui-ci avait par exemple exigé que seules les « fake news » manifestement illicites soient retirées sur ordre du juge – et encore à condition qu’elles soient manifestement susceptibles d’altérer le scrutin...
Ce n’est pas tout : « le Conseil recommande aux opérateurs de plateforme en ligne de veiller à distinguer clairement les contenus sponsorisés des autres contenus et encourager le développement d'outils permettant à l'utilisateur d'identifier les critères qui ont conduit la plateforme à lui proposer de tels contenus ».
Il propose aussi que les plateformes appellent à « la vigilance des utilisateurs sur les contenus qui ont fait l'objet de signalements » et que « dans la mesure du possible », soit indiquées « l'existence de contreparties financières, l'ampleur de la diffusion (nombre de vues, type de population ciblée, etc.) » et si ces publicités « ont été générées de manière automatisée ou non ».
Par ailleurs, le Conseil recommande « aux plateformes de mettre en œuvre des mesures afin d'informer les utilisateurs sur l'identité de la personne physique ou la raison sociale, le siège social et l'objet social des personnes morales leur versant des rémunérations en contrepartie de la promotion de contenus d'information se rattachant à un débat d'intérêt général » prévient-il avant de définir ce que sont ces contenus.
La définition des contenus se rattachant à un débat d'intérêt général
Inspiré par le Conseil d'État et la Cour européenne des droits de l'homme, il souligne que ce sont des sujets « qui touchent le public dans une mesure telle qu'il peut légitimement s'y intéresser, qui éveillent son attention ou le préoccupent sensiblement, notamment parce qu'elles concernent le bien-être des citoyens ou la vie de la collectivité ». Les opérateurs sont ainsi chargés de faire le tri, là encore entre les informations simples des informations devant faire l’objet de telles informations.
Les acteurs en ligne devront en tout cas remplir une déclaration annuelle au plus tard le 31 mars de l'année suivant l'année d'exercice sur laquelle elle porte. Ils devront y détailler les mesures mises en œuvre dans la filiation de ces recommandations.
De son côté, le CSA publiera un bilan périodique de leur application et de leur effectivité. Pour nouer les échanges avec l’autorité, chaque acteur doit en outre désigner au plus vite un représentant légal, qui endossera la fonction de référent en France.
Loi anti-Fake News : les recommandations du CSA aux plateformes
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Un bouton d'alerte uniforme, simple et accessible
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Les sites de presse mis en avant
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Lutte contre les comptes propageant des fausses informations
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La définition des contenus se rattachant à un débat d'intérêt général
Commentaires (28)
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Abonnez-vousLe 18/05/2019 à 10h14
J’ai bien peur que si, le CSA est légitime puisque c’est la loi qui lui accorde ces nouveaux pouvoirs.
Bon concernant la crédibilité, il n’en a aucune, mais il s’en fout, il n’en a pas besoin " />
Le 18/05/2019 à 11h50
Pourquoi n’est-il pas crédible ? Parce qu’il ne censure et ne condamne pas dans la seconde une éventuelle émission dérangeante à la TV ?
Si le CSA avait ce pouvoir, vous seriez les premiers à hurler à la censure Étatique et destruction de la liberté d’expression.
Le pouvoir de sanction du CSA est similaire à celui de la HADOPI : gradué.
Quant à sa légitimité, elle lui est accordée par la loi que les élus ont voté.
Le 18/05/2019 à 11h53
“mettre en avant les contenus de fact-checking”
Ahahah, comme si c’était une source de crédibilité supplémentaire. Je pense aux décodeurs du Monde. Même s’il y a du bon, il faut redoubler de vigilance car ils n’oublient pas leur ligne éditoriale.
Le 18/05/2019 à 14h35
Le 18/05/2019 à 15h33
Exemples ?
Le 18/05/2019 à 16h57
“Les sites de presse mis en avant”. OK, mais ils ne sont pas exempts de toute erreur. Je me souviens avoir partagé un article de France Info….. Au final c’était une fake news. France Info avait retranscrit une info sans la vérifier suffisamment. Comme quoi ça ne suffit pas, tout le monde peut faire une erreur.
Le 19/05/2019 à 01h47
Le 19/05/2019 à 08h05
le cas ‘Castaner” et l’hôpital “envahi” par des “GJ.” !
Le 19/05/2019 à 09h27
Trois articles pour recouper le fil de l’info :
Suivi à chaud du 1er mai : Le Monde
Suivi spécifique de l’incident de l’hopital : Le Monde
Le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, a lui parlé d’une « attaque ». Mais, selon plusieurs témoignages, les manifestants auraient en fait tenté de se mettre à l’abri des gaz lacrymogènes.
Rien que l’intro parle de témoignages contradictoires.
L’analyse à froid (le lendemain quand même) : Le Monde
Donc en quoi sur cet exemple les décodeurs du Monde “n’en oublient pas leur ligne éditoriale” ?
On est juste sur un exemple typique d’actualité traitée à chaud pouvant servir à relayer n’importe quelle connerie venant de n’importe qui. L’analyse à froid reste l’information la plus intéressante à la fin, raison pour laquelle il ne faut jamais s’emballer et attendre un peu.
Le 19/05/2019 à 10h51
Le 19/05/2019 à 11h18
Relis la citation.
Le 19/05/2019 à 12h10
Le 19/05/2019 à 18h10
Il faut vivre avec son temps, l’information continue fait partie des canaux de diffusion modernes.
Et il faut prendre en considération qu’une information acquise à chaud est potentiellement mal interprétée, erronée, fausse, incomplète, etc, et se voit ensuite complétée et mieux contextualisée à froid.
C’est aussi au public d’apprendre à lire l’info et à aiguiser son esprit critique, l’action ne peut pas être unilatérale.
Et se planter et relayer une connerie ça arrive à tout le monde, même ici. La dernière brève sur Qwant en est la preuve.
Le 19/05/2019 à 19h09
Le 19/05/2019 à 19h10
Le 20/05/2019 à 07h08
C’est tout le problème.
D’abord pour les articles cités, Le Monde ne précise pas qu’est ce qu’il a modifié, c’est déjà en soit un problème.
Deuxièmement, on demande aux journalistes d’avoir un regard critique sur l’information qu’ils relaient.
Je ne sais pas ce qu’il y avait dans les articles avant la modification mais ce n’est pas la première fois que le ministre de l’intérieur galvaude les faits. S’ils ont effectivement relayé une fausse information, le faire une fois c’est une erreur, 2 fois c’est une faute.
La langue française dispose du conditionnel, celui ci doit être obligatoire pour une information non vérifiée ou issue d’une source peu fiable.
Tant que les médias (le 4e pouvoir) privilégieront le scoop erroné à l’information sourcée ils perdront en crédibilité.
On peut tromper 1 fois 1000 personnes…
Le 17/05/2019 à 15h25
A ce rythme y’aura plus d’avertissements autour d’un tweet que le texte lui même…
Le 17/05/2019 à 16h54
Sauf que cette loi ne concerne que les acteurs présents sur le territoire français et pour des infractions commises pour leur compte par leurs organes/représentants.
En clair, Facebook France n’est pas concerné car ce n’est pas un opérateur de plateforme en ligne, c’est une société de conseils et relations publiques. C’est Facebook US qui est un opérateur de plateforme en ligne.
Idem pour de nombreuses sociétés de la tech dont la présence sur notre territoire ne consiste qu’en des commerciaux.
Ces obligations ne vont au final que pénaliser les sociétés qui ont leur activité principale en France.
Bref, une bêtise de plus de notre président qui enfonce encore plus le pays.
Champiooooon!!!
Le 17/05/2019 à 18h39
D’où tires-tu que c’est limité aux acteurs présents en France ?
Merci d’être précis, je n’ai rien vu de tel.
Le 17/05/2019 à 19h00
Jean Costentin doit sacrément faire la tronche !
Le 17/05/2019 à 19h29
Le 17/05/2019 à 20h54
Si les connexions partent du territoire français, même pour aller sur des serveurs étrangers, les opérateurs de plateforme seront concernés.
De plus, ce n’est pas le code pénal qui est modifié et donc concerné par cette loi. De plus, dans les articles suivants du code pénal, il y a des cas prévus pour des infractions commises à l’étranger.
Et de manière constante, il est considéré que à partir du moment où les utilisateurs de plateforme sont en France, la loi française est applicable.
Le 18/05/2019 à 08h14
De toute façon le CSA n’a aucune crédibilité ni légitimité.
Le 18/05/2019 à 08h33
C’est le gouvernement qui va prendre cher à force de distiller des fake news toutes les 5 minutes.
Le 18/05/2019 à 09h48
La définition du CSA d’un sujet d’intérêt général est surtout celle du Conseil d’Etat qui est resté sur le fait qu’il est déterminant que cela peut intéresser potentiellement un grand nombre de personnes.
La CEDH en 2015 et la Cour de cassation en 2017, ont changé leurs fusils d’épaule, ce qui importe c’est la finalité de la publication et plus particulièrement si elle cherche à informer y compris un public restreint comme celui d’une association communale par exemple.
Ca risque d’aboutir à pas mal de trous dans la raquette selon que la plateforme utilise la définition de l’AAI (et donc du Conseil d’Etat) ou celle des Juridictions judiciaires (Cass., CEDH), dernière définition qui est nettement plus large.
Le 20/05/2019 à 07h54
(…)Surtout, le conseil souhaite que Twitter, Facebook, YouTube et tous les autres concernés identifient désormais « les sources de contenus issus d’entreprises et d’agences de presse et de services de communication audiovisuelle » (chaine en ligne…).
Et si ces contenus n’étaient tout simplement plus référencés parce que trop chers à rémunérer ?
Le 20/05/2019 à 08h12
Y a que moi que ça choque à chaque fois ce truc “d’anti fake-news” ?
Alors déjà on parle Français, ça nous arracherait pas la tronche de dire “fausse information”
Ensuite, si les gens ont envie de lire et de croire quelque chose de faux, où est le problème ? On a encore le droit d’être idiot quand même non ? Si quelqu’un est assez naïf pour croire des énormités, c’est son souci ! A mon sens c’est de la liberté, celle de croire ce que l’on veut, que ce soit vrai ou faux, bête ou intelligent.
Ça me tue ces gens qui pensent tout mieux savoir que les autres, et veulent imposer leur ‘vérité’. C’est aussi la porte ouverte à pas mal de dérives au passage, d’ailleurs on est en plein dedans en ce moment.
C’est tellement facile de dire aux gens comment penser et sur quoi s’indigner .. Le libre-arbitre ? Quelle horreur !
Le 20/05/2019 à 08h26