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Géants du Net : un état des lieux « des causes et des conséquences » de leur prépondérance

En Europe ? On a des idées et on régule

Géants du Net : un état des lieux « des causes et des conséquences » de leur prépondérance

Le 14 juin 2021 à 08h00

La France et l’Europe n‘ont pas de géant du numérique à opposer aux plateformes américaines et chinoises. Le Vieux continent a des idées et met en place des outils de régulation pour essayer de nager dans ces eaux troubles, mais peine à se distinguer. Un rapport parlementaire fait le point de la situation.

Deux députés – Alain David et Marion Lenne – ont récemment publié un rapport d'information de 189 pages qui signe la « conclusion des travaux d'une mission d'information sur les géants du numérique ». En introduction, ils font deux constats… qui ne surprendront personne : « l’omniprésence du numérique dans le monde contemporain et de la présence incontournable dans ce paysage de quelques entreprises, dont aucune n’est européenne ».

GAFAM à gauche, BATHX à droite, l’Europe au centre

Les députés commencent par rappeler quelques bases et définitions. Les géants américains souvent désignés par les acronymes « GAFA » ou « GAFAM » (pour Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft), tandis qu’on parle des « BATX » ou « BATHX » dans le cas des chinois (Baidu, Alibaba, Tencent, Huawei et Xiaomi).

Ce ne sont pas les seules entreprises dont il est question aujourd’hui. Il y a aussi les NATU (Netflix, AirBnb, Tesla et Uber), des sociétés américaines apparues (ou ayant pris leur envol) pour la plupart après les GAFAM. Afin de simplifier les choses et de ratisser large, nous parlerons généralement de plateformes ou de géants du Net.

Le rapport analyse de manière détaillée la naissance de ces entreprises américaines et chinoises, le retard accumulé par l’Europe (qui n’a rien de nouveau) et la position de la France dans ce manège mondial. Commençons ce dossier par un tour d’horizon de la situation et les 26 propositions faites dans le rapport.

Prodigieux outils… et sources potentielles de surveillance

Pour les députés, ces géants du Net sont le symbole d’une ambivalence : « prodigieux outils aptes à abolir les distances et à rapprocher les êtres humains, innovations et vecteurs de progrès dans de très nombreux secteurs, ce sont aussi des sources potentielles de surveillance, de polarisation du débat public voire d’attaques d’un nouveau genre ». L’actualité et l’histoire récentes regorgent d’exemples confirmant cette présentation.

Le problème étant que « le "gigantisme" de ces entreprises suscite un défi de taille » pour l’Union européenne : dans cette guerre des titans, l’Europe est absente. Plusieurs enjeux sont mis en avant : 

  • économiques avec l’« influence sur la concurrence et les marchés, rôle prescripteur en matière de recherche et développement et d’innovation, etc. » ; 
  • éthiques et juridiques pour les utilisateurs et citoyens avec la « protection des données personnelles, exercice de la liberté d’expression, influence sur les choix de consommation, etc. » ; 
  • (géo)politiques du point de vue d’États « qui y voient des instruments de puissance plus ou moins directs ou qui à l’inverse se retrouvent pris dans des rapports de force de plus en plus déséquilibrés, pouvant remettre en question leurs prérogatives souveraines et leur rôle de garant de l’intérêt général ».

Ne pas être naïf

Fort de leurs nombreuses auditions et recherches, les rapporteurs plaident pour une approche « équilibrée et ambitieuse » face aux grandes plateformes étrangères : « sans chercher à tout prix à créer un Google européen, l’Europe doit se donner les moyens de ne pas être naïve face aux géants du numérique et surtout de pouvoir proposer des alternatives ». Problème, ces « alternatives » mettent du temps à arriver.

Dans le domaine de l'hébergement et du cloud, Il y a certes le projet Gaia-X, une place de marché regroupant des services affichant un respect de certaines valeurs et de la vie privée. Mais les contours et les actions précises sont encore assez flous un an après l’annonce de son lancement, les acteurs étrangers s'y étant déjà fait une place.

L’enfer étant pavé de bonnes intentions, il faudra donc faire attention à ne pas tomber sous leur coupe. La drôle de partie qui est en train de se jouer sur le « cloud de confiance » en est un bon exemple : des acteurs français servent de caution pour implémenter des solutions d'acteurs comme Google et Microsoft avec un label « souverain ». Une manière de faire qui, reléguant les acteurs français à la basse besogne, n’est pas du goût de tout le monde.

Essayer de parler d’une seule voix, au nom de l’Europe 

Le rapport rappelle que la France prendra la présidence du Conseil de l’Union européenne au premier semestre 2022. Ce sera ensuite au tour de la Suède (deuxième trimestre 2022) et de la République tchèque premier semestre 2023). Les trois pays devraient faire front commun sur plusieurs sujets, « dans le cadre d'un programme concerté ».

Les députés expliquent que « l’Union européenne apparaît comme un échelon incontournable en matière de numérique ». Il faudra donc profiter de cette présidence pour valoriser les atouts scientifiques et institutionnels du Vieux continent auprès du reste du monde, principalement vers les Américains et les Chinois. 

Si le vieux continent ne peut se vanter d’avoir pour le moment un « géant du Net », de nombreuses sociétés « s’illustrent aujourd’hui par leur attractivité, leurs capacités à innover ou encore à se développer à l’international ». Un tour sur le Top 100 des sociétés « numériques » de Forbes donne une idée : on retrouve Apple, Microsoft, Samsung et Alphabet (Google) sur les quatre premières marches. La seule société française – Orange – est 27e.

Comme l’avaient déjà indiqué Emmanuel Marcon et des intervenants lors de l’annonce sur le plan quantique, la France et l’Europe peuvent « aussi faire valoir un important vivier de chercheurs et d’ingénieurs spécialisés ». Encore faut-il réussir à les garder : « on le voit dans les laboratoires de recherche, les collègues qui font du calcul [ou] de l’informatique quantique théorique sont très très courtisés par les sociétés », souvent étrangères.

Des recommandations en pagaille

Les députés formulent au final 26 recommandations, visant à « renforcer notre capacité collective à proposer une troisième voie ». Selon le rapport, l’Union européenne doit s’appuyer sur ses atouts (la régulation, le RGPD…) pour, « sans orgueil ni naïveté, se faire le stratège d’une voie alternative en matière de numérique ».

On retrouve ainsi une proposition qui n’est pas sans rappeler les récentes déclarations sur le « cloud de confiance » : « confier à l’ANSSI l’élaboration d’une ou plusieurs chartes à l’attention des administrations, des collectivités et des entreprises concernant la contractualisation en matière de solutions de stockage et d’hébergement des données ».

En effet, pour obtenir le label « cloud de confiance », un service doit être qualifié SecNumCloud par l’ANSSI. Les rapporteurs veulent que cela se passe également « au niveau européen pour une certification cloud reprenant a minima le même niveau d’exigence que la certification SecNumCloud de l’ANSSI », ce que prépare l'ENISA.

Ils demandent également de baliser le chemin pour les éventuels talents de demain en renforçant « l’attractivité des filières informatique et numérique, y compris en faisant intervenir dans les collèges et lycées des chercheurs et des entrepreneurs ». Susciter des vocations en espérant que la graine fasse germer les prochains Elon Musk, Bill Gates, Jeff Bezos, Steve Jobs, Larry Page, Sergey Brin… mais depuis la France.

Ils souhaitent également développer des « projets d’incubation de start-up françaises par les acteurs publics afin de favoriser des coopérations pouvant être mises au service de l’intérêt général (santé, éducation, urbanisme, etc.) », certainement dans le but d’éviter que des start-ups prometteuses soient rachetées à coût de milliards par des géants étrangers qui ont bien souvent des moyens financiers sans commune mesure à leur disposition. 

Le rapport propose aussi de « revoir la certification HDS (hébergement des données de santé) afin de la mettre en conformité avec les décisions et analyses de la CNIL et du Conseil d’État ». Cela pourrait être l’occasion d’intégrer de nouveaux critères « tels que l’application exclusive du droit européen et le non-transfert des données en dehors de l’Union européenne ». L'un des buts du cloud de confiance… qui ouvre la voie aux solutions logicielles américaines.

Voici pêle-mêle une sélection de propositions qui, selon nous, sont les plus marquantes :

  • Pleinement mobiliser la recherche dans notre approche de la souveraineté numérique et axer les investissements sur plusieurs sections de niche à la portée stratégique (quantique, robotique, 6G).
  • Développer les projets d’incubation de start-up françaises par les acteurs publics afin de favoriser des coopérations pouvant être mises au service de l’intérêt général (santé, éducation, urbanisme, etc.)
  • Prévoir dans la loi de finances pour 2022 une hausse des ETP et ressources accordées à la CNIL, afin de permettre au régulateur de faire face à des besoins croissants, notamment concernant le traitement des plaintes, le contrôle et les sanctions et en matière de cybersécurité
  • Veiller à doter le pôle d’expertise de la régulation numérique en moyens suffisants pour faire face à la hauteur des enjeux auxquels il est appelé à faire face eu égard à notre indépendance vis-à-vis des grandes entreprises étrangères et à notre souveraineté numérique
  • Plaider, dans le cadre des négociations sur le projet de règlement Digital Markets Act, pour créer une obligation d’interopérabilité pour les grandes plateformes, dites « contrôleurs d’accès »
  • Plusieurs recommandations évoquent un rapprochement avec l’Afrique, notamment sur la souveraineté numérique et le Programme mondial pour l’intelligence artificielle (PMIA).
  • Pleinement intégrer la lutte contre la pollution numérique à notre diplomatie environnementale et à notre action d’aide publique au développement.
  • Renforcer l’assistance fournie aux entreprises françaises du numérique souhaitant se développer dans les pays en développement, en mobilisant également les services économiques des ambassades

Dans la suite de ce dossier, nous reviendrons plus en détails sur les différents points évoqués par le rapport.

Commentaires (34)

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Susciter des vocations en espérant que la graine fasse germer les prochains Elon Musk, Bill Gates, Jeff Bezos, Steve Jobs, Larry Page, Sergey Brin…



Si je ne me trompe pas, la plupart de ces personnes ont commencés en mettant les mains dans le cambouis, ce qui n’est clairement pas valorisé en France, c’est tout le contraire, pour qu’une entreprise grimpe ici, il faut généralement que le BOSS soit sortie d’une grande école politique ou assimilé ou ai passé beaucoup de temps dans les sphères publiques loin de ce cambouis.



Donc ce n’est pas prêt d’arrivé :craint:

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On a quand même quelques contre-exemples ;)

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ça reste quand même la définition de l’exception qui confirme la règle.
Je trouve que cela se voit aussi dans les pitchs des startups.

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Oui enfin, ils ont mis les mains de le cambouis dans des universités de renom. En France, il y a tout un tas de jeunes qui mettent les mains dedans à l’X, Centrale, Les Mines, etc.
Par contre, quand il s’agit de créer une entreprise, oui, ils fuient la France et son matraquage fiscal car ils ont bien compris que personne de sensé ne voulait y investir.

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A force de répéter en boucle le couplet moisi du matraquage fiscal responsable de tout, on va finir par y croire et oublier le reste…
Maintenant on peut aussi demander à ceux qui bossent dans la tech leur avis (moi par exemple, même si je ne suis pas du tout représentatif de toute la tech…) pour s’apercevoir qu’aujourd’hui les mains dans le cambouis ne sont pas du tout valorisées en France, que les idées “disruptives” ne sont acceptées que si elles viennent d’acteurs établis, etc.
Tu parles d’investir, je pense qu’aux US si les investisseurs avaient eu autant confiance en la tech qu’en France il n’y aurait pas beaucoup de GAFAM aujourd’hui.
Le “Vieux continent” n’a jamais aussi bien mérité son nom.

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Amazon, Microsoft, Apple, les GAFAM justement. Avant d’avoir des investissements elles avaient des employés.
Aujourd’hui, la 34 des jeunes qui veulent monter une entreprise vont le faire dans un pays anglo saxon car justement ils peuvent prospérer avant de se faire taxer à mort dès leur premier employé.
Les idées disruptive ne sont acceptées nulle part. Tout entrepreneur bataille pour être financé. Même aux US. Par contre, les gens préfère se lancer là bas beaucoup plus qu’ici. Je connais très peu de personnes qui ont quitté les US pour venir en France lancer leur société, même en dehors de la tech.

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letter a dit:


… oui, ils fuient la France et son matraquage fiscal car ils ont bien compris que personne de sensé ne voulait y investir.


Oh oui pays, donne moi tes écoles, tes universités, tes services de santé, etc…
Mais surtout ne touche pas à mon fric !!! :mad: :mdr:



Certes je caricature un peu mais si peu… :roll:

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Eh bah, il en aura fallu du temps pour que les députés commencent à se pencher sérieusement sur le sujet.
Mais en faisant le tour d’horizon des projets actuels : cloud « de confiance », entreprises étrangères sur Gaia-X, Health Data Hub chez Microsoft, filtrage généralisé, etc. , force est de constater que c’est l’inverse qui se produit. On offre à ces géants une place centrale dans nos systèmes, avec une petite étiquette « Made in EU » pour la forme. Et on en rajoute une couche pour s’assurer que personne ne puisse rivaliser, genre le filtrage obligatoire ou le retrait des contenus en 2 min, qu’aucune société (hors « géants » américains ou chinois) n’a les capacités de mettre en place.
Bref, je pense que ce rapport d’informations est déjà mort et enterré, au mieux il servira de prétexte aux politiques de tout bord pour dire : « mais si on s’intéresse à ces sujets, regardez on écrit des rapports ! »

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Ce sera probablement “l’avenir” de ce rapport, hélas.



Sur le plan numérique, le constat d’échec de l’Europe pour construire des contre solutions solides faces à celles des US est flagrant. “Mettons nous ensemble, on sera plus fort !” Résultat: que dalle. On est quasi entièrement bouffés par les US.



Pas besoin d’une réunionnite de plus pour faire ce constat que n’importe quel utilisateur de tech peut faire.

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letter a dit:


oui, ils fuient la France et son matraquage fiscal car ils ont bien compris que personne de sensé ne voulait y investir.


Le matraquage fiscal où les géants du net et les plus riches payent moins ou autant d’impôts qu’un technicien supérieur??



Il semble que cela pareille aux USA avec le DELAWARE, les feuilles d’imposition de Musk, Besos et Trump. Comme quoi…



Imposer juste 15%, les géants du net est une insulte au PME et au TPE qui sont bien plus imposé.

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C’est sur que quand tu fondes ta boite, t’es direct un géant du net qui peut optimiser ta fiscalité ^^
Quoique, ça se développe avec le remote work depuis les pays de l’est. Certains vont avoir des surprises d’ailleurs.

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Encore faut-il réussir à les garder : « on le voit dans les laboratoires de recherche, les collègues qui font du calcul [ou] de l’informatique quantique théorique sont très très courtisés par les sociétés », souvent étrangères.


C’est pas l’URSS qui avait une technique simple pour garder ses scientifiques malgré un dérisoire salaire ? Genre “si toi partir à l’étranger, moi envoyer famille toi au Goulag:D

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Baldurien a dit:


C’est pas l’URSS qui avait une technique simple pour garder ses scientifiques malgré un dérisoire salaire ? Genre “si toi partir à l’étranger, moi envoyer famille toi au Goulag:D


Probablement mais en France ça ne marchera pas. Pourquoi ? Parce que les scientifiques (maths, physique, chimie, bio, info…) doivent faire des post-docs à l’étranger ( min. 4-5 ans (je parle en physique des plasmas)) pour espérer pouvoir être éligible à un poste CNRS pour évidemment un salaire de misère et des conditions de travail qui se dégrade d’années en années, en l’absence de volonté de PDG et de la classe politique.



A coté, tu as les US avec de meilleurs salaires (un post-doc démarre ~5000$/mois), de meilleurs conditions de travail, une meilleur valorisation personnelle, et en générale grâce à l’université tu as une bonne couverture médicale et tu bénéficies d’avantages. Forcément, si tu fais le taff, tu peux transformer en 2 ans ton post-doc en quelque chose de plus confortable.



Néanmoins, les US ont un défaut (mais ça dépend des contrats avec les universités) c’est que tu dois chercher toi-même ton argent pour faire ta recherche et payer tes factures.

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“Néanmoins, les US ont un défaut (mais ça dépend des contrats avec les universités) c’est que tu dois chercher toi-même ton argent pour faire ta recherche et payer tes factures.”
Euh, en France, de ce que je vois, les équipes passent leur temps à courir après des financements, cherchent sans arrêt du pognon, vu que la subvention de l’état, couvre même pas les frais de fonctionnement d’un institut de recherche. Du coup, sur les financements que les équipes se trouvent, une part est taxée pour compléter le budget de fonctionnement des instituts…

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letter a dit:


Oui enfin, ils ont mis les mains de le cambouis dans des universités de renom. En France, il y a tout un tas de jeunes qui mettent les mains dedans à l’X, Centrale, Les Mines, etc. Par contre, quand il s’agit de créer une entreprise, oui, ils fuient la France et son matraquage fiscal car ils ont bien compris que personne de sensé ne voulait y investir.


Hep ! Les universités aussi ça compte ! Y a pas que X, ENS, Central !



Il y a un autre phénomène qui engendre la fuite : Le salaire & les grandes écoles. Les RH ne jurent que par les grandes écoles et non les universités (étrangement à l’étranger, mis à part l’X (et encore), il faut expliquer ce truc franco-français:francais: ) et les ingénieurs.
Mais même en dehors de ça, quand tu vois ce que l’on te propose en France (à bac +8) et ce que tu peux avoir dans des pays étrangers (même UE, pas besoin d’aller au US), je t’assure que tu comprends vite qu’il faut faire son passeport et prendre l’avion. Meilleur salaire et meilleur condition vie. Par contre, ça veut dire aussi dire au revoir à sa famille, et de voir vivre dans un autre modèle de société et parler une autre langue. Chacun y verra son ratio pros/cons en fonctions de ses affinités.

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gavroche69 a dit:


Oh oui pays, donne moi tes écoles, tes universités, tes services de santé, etc… Mais surtout ne touche pas à mon fric !!! :mad: :mdr:



Certes je caricature un peu mais si peu… :roll:


“It’s for the roads”. Le bon discours gauchiste habituel à chaque fois qu’on parle des assurances française obligatoires et à la gestion calamiteuse.



Bizarrement on a le plus gros taux de prélèvement obligatoire et de dépense publique, mais on est loin d’avoir les meilleurs écoles, universités, services de santé. La fameuse sécu que tout le monde nous envie mais que personne au monde n’a encore copiée.

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Ah ah, forcément si tu n’es pas à genoux devant les sacro-saints US c’est donc que t’es gauchiste !!



N’étant pas du tout chauvin et pas spécialement fier d’être Français, je me fous que l’on critique la France qui est effectivement loin d’être parfaite au niveau de la gestion de bien des services publics.



Mais systématiquement la comparer aux US qui seraient quasiment un paradis alors qu’ils sont également très loin d’être parfaits et même probablement pire qu’ici dans pas mal de domaines sociaux, ça m’agace un peu.



Il me semble qu’il a été démontré que si tu n’as pas une bonne assurance de santé aux US ben tu risques juste d’en crever, c’est déjà arrivé.



Maintenant, si ça vous fait tant rêver, n’hésitez pas à y aller !! :windu:



Par contre, même si je ne me considère pas comme un “gauchiste”, je confirme que je hais la droite !! :D

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Ce qui me dérange c’est pas tant le pourcentage de taxes/matraquage mais plus la complexité a faire quoi que ce soit, la comptabilité demande énormément de temps et compétence.
La gestion des salariés et des contrats de travail sont extrêmement chronophage, l’embauche pas si évidente que ça.
Je pense qu’il faudrait surtout aider les jeunes pousses innovante sur le temps de gestion administratif et les rassurer de ce côté (simplifier les déclarations sociales , TVA , contrat embauche)

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BlackLightning a dit:


Néanmoins, les US ont un défaut (mais ça dépend des contrats avec les universités) c’est que tu dois chercher toi-même ton argent pour faire ta recherche et payer tes factures.


C’est aussi le cas de plus en plus en France avec la mise en place de l’ANR et des appels à projets.
J’avais d’ailleurs entendu un chercheur à la radio qui expliquait que l’argent servant à payer les chercheurs à monter les projets qui n’étaient pas retenus pourraient justement payer en partie ces projets.

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“fasse germer les prochains Elon Musk, Bill Gates, Jeff Bezos, Steve Jobs, Larry Page, Sergey Brin… mais depuis la France.”
Quoi nous aussi il nous faut des sociopaths !? Des mecs plus puissant que des états ! A une époque on avait des rois / tyrans / …. là, on “voudrait” d’autres milliardaires !?



“startup”, “idées disruptives”,… le “progrès”
Déjà, si en Europe / France nous avions un traitement de texte / mail / stockage en ligne / moteur de recherche / … en mode souverain / open source (?) /… ça couterait moins chère… ça éviterait que le big data soit US… ça éviterait (un peu plus) l’espionnage…
Pas besoin d’idée disruptives.



Les entreprises ont besoin de réseau / mail / stockage /… pourquoi ne pas le garantir avec une entreprise public (sous contrôle … pour éviter les dérives budgétaires)

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Déjà, si en Europe / France nous avions un traitement de texte / mail / stockage en ligne / moteur de recherche / … en mode souverain / open source (?) /… ça couterait moins chère… ça éviterait que le big data soit US… ça éviterait (un peu plus) l’espionnage…


Le pire est qu’on a mail, outils collaboratifs et stockage en ligne en Europe.




  • La suite Infomaniak (Suisse, mais ça reste en Europe géographique)

  • A défaut, OnlyOffice est également FOSS et d’origine Européenne (Lettonie)

  • Nextcloud : FOSS d’origine allemande

  • Stockage, hosting : OVH, Scaleway, OutScale…



On a tout à portée de main, suffit de les utiliser au lieu de leur cracher dessus.

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The Document Fondation qui publie LibreOffice et LibreOffice Online est de droit germanique: https://fr.m.wikipedia.org/wiki/The_Document_Foundation
Un de leur gros contributeur, Collabora est UK:
https://en.m.wikipedia.org/wiki/Collabora
Certain noms de leur développeurs semblent nordiques ou slaves:
https://www.collaboraoffice.com/about-us/

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J’avais fait la liste de tête, mais merci pour ce complément.



Comme quoi, on a plus d’acteurs européens dans la tech que l’humeur défaitiste ne veut le faire croire.

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letter a dit:


Bizarrement on a le plus gros taux de prélèvement obligatoire et de dépense publique, mais on est loin d’avoir les meilleurs écoles, universités, services de santé. La fameuse sécu que tout le monde nous envie mais que personne au monde n’a encore copiée.


Il faudrait aussi rappeler que certaines dépenses publiques vont directement dans le tissu industriel et commercial français. Et plus on va privatiser, et plus cela va être vrai.

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Thorgalix_21 a dit:


C’est aussi le cas de plus en plus en France avec la mise en place de l’ANR et des appels à projets. J’avais d’ailleurs entendu un chercheur à la radio qui expliquait que l’argent servant à payer les chercheurs à monter les projets qui n’étaient pas retenus pourraient justement payer en partie ces projets.


En effet, c’est l’un des moyens pour financer de gros projets. Citons le cas du projet FRIPON (https://www.fripon.org/) qui est une belle réussite française et que la NASA nous envie. (Enfin plus pour très longtemps).



Mais par contre, il faut aussi rappeler une chose : La probabilité de décrocher un financement ANR en France est ~ 5% contre 30% pour l’équivalent US. Et derrière la com’ des appels à projets, il faut pas oublier qu’en France un chercheur passe trop de son temps à faire des appels à projets et autres paperasses.
A l’inverse, j’ai une collègue américaine à la NASA qui me disait : “Le mois de Septembre (de mémoire) est le mois des proposals. On passe un mois à écrire nos proposals et à les soumettre aux différents organismes de financements et les onze mois restants à faire la recherche”.

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darkjack a dit:


“Euh, en France, de ce que je vois, les équipes passent leur temps à courir après des financements, cherchent sans arrêt du pognon, vu que la subvention de l’état, couvre même pas les frais de fonctionnement d’un institut de recherche. Du coup, sur les financements que les équipes se trouvent, une part est taxée pour compléter le budget de fonctionnement des instituts…”


Exact. J’ai mal formulé ma pensée. Ce que je voulais dire c’est qu’en France, une fois le sésame du poste permanent décroché, ton salaire est assuré par l’Etat. Qu’importe si tu es soit un bon ou un mauvais chercheur, un fainéant, un charlatant ou que tu fais des heures sup’, ton salaire est le même. En revanche les fonds de recherche, c’est pas le cas (cf précédent message avec l’exemple de l’ANR).
Au contraire des US, où tu peux être embauché dans une université mais devoir cherché toi même ton argent pour financer tes travaux et ton salaire au risque que l’université te mette dehors. Évidemment, l’université te ponctionne un peu au passage.

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Merci pour les précisions :)

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Peut être que la (trop) régulation tue l’innovation.

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On aime bien taper sur notre pays (parfois injustement) mais on oublie vite qu’il existe des raisons pour lesquelles, même avec toute la bonne volonté du monde on ne pourra pas être à arme égale.



Une start-up qui se lance dans un pays a un public potentiel de :




  • 1398 millions de consommateurs en Chine

  • 332 millions de consommateurs aux USA

  • 144,4 millions de consommateurs en Russie

  • 70 millions chez nous



or le modèle du web est un modèle en freemium qui a besoin d’une grande masse de clients pour espérer être rentable. Dans ces conditions la France part forcément avec un désavantage monstre.
Les politiciens, bien coupés du monde se disent donc qu’il faut monter au niveau de l’Europe pour espérer concurrencer les autres modèles.
Sur le papier c’est vrai, 742,6 millions d’habitants en Europe, 446 millions si on se contente de l’UE malheureusement ce n’est pas un marché homogène et une entreprise peut difficilement se lancer à ce niveau avec peu de moyen. Il faut être compatible avec la fiscalité, lois de chaque pays et surtout il faut être capable de parler la langue de chaque pays et de s’adapter aux habitudes locales.



C’est donc un frein énorme que j’imagine pas réussir à dépasser sans des lois protectionnistes et un changement de mindset de la consommation qui privilégierait les acteurs locaux qui seront parfois plus chers et/ou moins efficaces que les GAFAM / BATHX.

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Les états des USA ont aussi des fiscalité et des lois différentes. Je crois même que cela peut différer en fonction du comté.

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Commencer local n’est pas forcément une aberration sur le plan business, et le marché unique de l’UE est au contraire un gros avantage pour s’y développer. Y’a plein de startups qui commencent de manière même très locale en s’adressant aux entreprises de leur région pour ensuite se développer en France, puis à l’étranger.



Par contre, ça prend du temps.

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C’est justement mon propos ;) généralement tu commences local. Maintenant quand tu commences local dans un pays d’un milliard d’habitants, tu as déjà adressé 17 de la population mondiale. Et tu auras facilement des ressources,bénéfices pour accélérer ta globalisation ensuite.
Faire ça en Europe est plus long car nos marchés locaux n’ont pas la même taille.

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sleipne a dit:


C’est justement mon propos ;) généralement tu commences local. Maintenant quand tu commences local dans un pays d’un milliard d’habitants, tu as déjà adressé 17 de la population mondiale. Et tu auras facilement des ressources,bénéfices pour accélérer ta globalisation ensuite. Faire ça en Europe est plus long car nos marchés locaux n’ont pas la même taille.


Mouais. En Chine, si tu commences local, je doute que tu touches de suite un marché d’un milliard, le local reste local. Ou il va falloir commencer avec un énorme capital pour poser dès le début ton infra, quel que soit ton secteur d’activité. Par ailleurs, il n’y a pas que la taille du marché qui compte dans son potentiel. La richesse aussi compte dans le potentiel des ventes.



En Europe, tu n’est pas obligé non plus de faire du “B2C” et ainsi tu t’affranchis déjà de quelques contraintes, en particulier celles des langues.

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Pour revenir au sujet de l’article, l’Opensource, je note dans plusieurs commentaires que le projets FOSS évoqués (libreoffice, etc.) sont beaucoup portés par les pays germaniques et nordiques. Linus TORLVAD lui-même est finlandais (enfin, était…).
En France, en dehors de VLC (qui ne génére pas d’argent malgré sa diffusion monstre…), on a bien - de mémoire - Tuleap, XWiki, Rudder, mais on ne peut pas dire que ça soit diffusé un max. Dans les projets plus petits je vois aussi Movim, Modoboa, Peertube et j’en oublie beaucoup.
Mais en dehors de Rudder que j’ai croisé récemment dans mon boulot, je me demande si ces projets ont une vrai visibilité en France.

Géants du Net : un état des lieux « des causes et des conséquences » de leur prépondérance

  • GAFAM à gauche, BATHX à droite, l’Europe au centre

  • Prodigieux outils… et sources potentielles de surveillance

  • Ne pas être naïf

  • Essayer de parler d’une seule voix, au nom de l’Europe 

  • Des recommandations en pagaille

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