Cela fait plus d'un an que l'on attend qu'AMD se décide à lancer ses Ryzen Threadripper basés sur l'architecture Zen 3. Nous avons finalement droit à cinq modèles « Pro », en édition limitée. Mais n'est-ce pas un peu tard ?

Il y a un an et demi, AMD mettait sur le marché des processeurs Ryzen exploitant pour la première fois son architecture Zen 3 et une finesse de gravure en 7 nm. Depuis, ils ont été déclinés à de nombreuses sauces : EPYC dans les serveurs, APU pour PC de bureau ou portables. Mais certains segments ont été « oubliés ».

Zen 3 : une déclinaison plus lente et partielle

En effet, aucun modèle d'entrée de gamme n'a été mis sur le marché. Pas plus qu'il n'y a eu de déclinaison pour station de travail, Threadripper. Cette dernière était bien prévue pour l'année dernière, mais a discrètement été annulée, sans raison officielle. On imagine qu'avec la pénurie, AMD a souhaité se concentrer sur l'existant.

D'une certaine manière, cela change aujourd'hui avec l'arrivée des Ryzen Threadripper Pro 5000 WX. Un produit attendu, qui pourrait néanmoins décevoir par certains aspects. Surtout à quelques mois de l'arrivée de Zen 4.

Il faut dire qu'on ne les attendait plus. Surtout qu'il y a peu encore, AMD refusait tout simplement d'évoquer ces produits, devenus une sorte de blague récurrente dans le secteur, un peu comme des processeurs de Schrödinger, là sans l'être. Car tout le monde savait pertinemment qu'ils existaient, ce qui était prévu, et que des partenaires avaient mis la main dessus. Certains préparaient même des solutions les exploitant.

Après des mois d'abandon, Threadripper (Pro) revient

Mais au fil des mois, la gamme Threadripper avait plutôt fait l'objet de mauvaises nouvelles, les partenaires retirant discrètement cartes mères, machines et serveurs de leurs catalogues. Plusieurs projets ont ainsi été annulés, on s'attendait à ce qu'il en soit ainsi avec la version « Pro ». Mais finalement, ça n'a pas été le cas.

AMD dévoile ainsi aujourd'hui une gamme complète, plus que la précédente puisqu'elle va de 12 à 64 cœurs, sans mettre de côté le modèle 24 cœurs cette fois. Le TDP de 280 watts reste inchangé, mais les fréquences sont revues à la hausse, de 100 à 300 MHz selon les cas. Côté socket et chipset, on reste sur le duo sWRX8/WRX80, certains évoquant même une compatibilité avec les plateformes EPYC, un point qu'AMD n'a pas confirmé.

L'important est de toutes façons ailleurs. Car cette génération Chagall permet de profiter de Zen 3 à son plein potentiel, avec ses groupes de 8 cœurs se partageant 32 Mo de cache L3, 8 canaux mémoire, sa sécurité renforcée, ses performances et son efficacité énergétique bien meilleures. Ce sont d'ailleurs les principaux éléments mis en avant par le constructeur qui veut croître dans le marché des stations de travail. 

Il en profite pour remettre une couche des avantages de ces CPU face à leurs équivalents chez Intel, pas au niveau en attendant Sapphire Rapids. Pour rappel, ce sont des équivalents des EPYC 7003P, ne fonctionnant que sur un socket. Ils grimpent à 64 cœurs, disposent de 128 lignes PCIe 4.0, des fonctionnalités de sécurité maison... tout en ayant des fréquences supérieures. Ils sont d'ailleurs lorgnés pour cela par certains Cloud Service Provider (CSP) pour leur bonne densité malgré des fréquences importantes. NVIDIA utilise par exemple des Ryzen Threadripper Pro 3000 WX pour son service GeForce Now RTX 3080 et son SuperPod.

Un lancement limité et trop tardif

Pour autant, et comme pour la génération précédente, ces Threadripper Pro ne seront pour le moment proposés qu'à travers la ThinkStation P620 de Lenovo. Celle-ci n'a pas de date de sortie, pas de prix non plus pour le moment. D'ailleurs, AMD se garde bien de communiquer la grille tarifaire de ses nouveaux bébés.

On peut ainsi se demander si le lancement effectué aujourd'hui n'est pas une forme de « paper launch », sans exemplaires de test. Espérons tout de même que quelques confrères américains auront pu se pencher sur ces puces, qui finiront peut-être d'une manière ou d'une autre par arriver chez d'autres intégrateurs.

Mais si c'est le cas, AMD ne devra pas trop tarder. Car d'ici la fin de l'année, la société passera à Zen 4, la DDR5 sur 12 canaux, le PCIe 5.0 et le 5 nm, avec de nouvelles plateformes et de nouveaux sockets. Mais surtout, des performances encore améliorées. Ainsi, choisir aujourd'hui Chagall Pro, c'est un peu déjà miser sur le passé.