NegaOctet : anatomie de la BDD sur « l’impact environnemental des services numériques »
INpact environnemental !
Le 31 décembre 2021 à 14h42
12 min
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NegaOctet a récemment dévoilé sa base de données permettant de juger l’impact écologique des services et machines du numérique. C’est tout du moins la promesse du consortium en charge du projet. Les concepteurs nous expliquent ses fondements, ambitions… mais aussi ses limites.
Le référentiel présenté par NegaOctet est le fruit « de travaux de recherche menés par LCIE Bureau Veritas, APL Data Center, GreenIT.fr et DDemain dans le cadre de l’appel à projet Perfecto 2018 » de l’Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME) indique le site officiel. Ce dernier vise pour rappel à l’« amélioration de la performance environnementale des produits & éco-conception logicielle ».
Le consortium en charge de NegaOctet est plus ancien : les premières études sur l'écoconception remontent à 2011. En 2017, il collabore avec la région Occitanie sur GreenConcept et obtient le soutien de l’ADEME en 2018.
Le but est ici de mesurer – dans l’optique d’ensuite aider à réduire – « de manière significative l’impact environnemental des services numériques sur l’ensemble de leur cycle de vie ». Depuis les prémices du projet, NegaOctet dit avoir vu un changement de posture important du secteur : « au début, c’était un sujet qui était presque confidentiel. Entre-temps, on a eu un nombre d’initiatives important au niveau associatif, mais aussi réglementaire ». L’accord de Paris afin de limiter le réchauffement climatique est un bon exemple.
De leur côté, les sociétés ont de plus en plus recours à des plans de RSE (responsabilité sociétale des entreprises), définie par la Commission européenne comme « l'intégration volontaire par les entreprises de préoccupations sociales et environnementales à leurs activités commerciales et leurs relations avec les parties prenantes ».
Cela leur permet de faire le point sur leurs pratiques mais aussi le plus souvent de montrer « patte verte » et aussi de potentiellement recruter de jeunes talents pour qui l’aspect écologique est important.
- Au-delà de l’aspect financier, comment HPE pousse la réutilisation et le « everything as a service »
Si l’on combine tout cela avec l’explosion du prix des semi-conducteurs, des matières premières et de l'énergie, ainsi que les pénuries diverses et variées ; nous sommes sans aucun doute dans une période largement favorable pour tout ce qui touche à une approche plus « responsable » et économe à différents niveaux ; certains en profitent d’ailleurs allégrement. NegaOctet surfe lui aussi sur cette vague et annonce une base de données.
Le consortium met en avant trois piliers : des règles du jeu communes (c’est-à-dire un cadre méthodologique), des données consolidées et des outils d’évaluation. C’est « sur la base de ce triptyque que le projet a été crée ». La base contient « 1 500 assets » avec 10 indicateurs, soit un total de 15 000 données, avec 25 configurateurs (nous y reviendrons). À part pour tester rapidement son fonctionnement sur des modèles bien précis, l’accès n’est pas gratuit et il vous en coutera entre 10 000 et 100 000 euros par an.
Quatre niveaux, du matériel aux services
Lors d’un échange avec la presse avant le lancement officiel de NegaOctet, Étienne Lees Perazsso (responsable logiciel chez LCIE Bureau Veritas) nous a détaillé les grandes lignes de ce projet.
Pour commencer, la base est composée de quatre niveaux d’informations :
- Niveau 1 : les composants (CPU, RAM, boitier, carte mère…)
- Niveau 2 : les équipements complets (ordinateurs, tablettes, serveurs, objets connectés…)
- Niveau 3 : les systèmes (notamment les machines virtuelles…)
- Niveau 4 : les services numériques dans leur globalité (regarder une vidéo, envoyer un email…)
Le premier niveau est à la fois le plus précis et le plus complet ; il peut servir aux fabricants d’équipements par exemple. À contrario, un « fournisseur de solution web n’aura pas forcément une bonne idée sur les équipements et se basera sur le niveau des systèmes », ne sachant pas forcément quel CPU est utilisé par ses prestataires.
Cette granularité permet de s’adapter au niveau de connaissance et de maitrise des acteurs, quitte évidemment à faire des approximations et/ou utiliser des moyennes si l’on ne connaît pas exactement le matériel utilisé, par exemple pour tout ce qui est « *aaS » (Infrastructure, Platform, Software as a Service).
Homogénéité des données et certifications ISO
Afin d’assurer une cohérence de l’ensemble, « toutes ces données sont homogènes, du niveau 1 au 4 on est sur les mêmes méthodologies, sur des périmètres identiques, sur des données imbriquées ». NegaOctet affirme au passage être certifié ISO 14040 (Management environnemental — Analyse du cycle de vie — Principes et cadre) et 14044 (Management environnemental — Analyse du cycle de vie — Principes et cadre).
Les responsables du projet mettent en avant une « démarche opérationnelle, empirique, basée sur le besoin des entreprises et des utilisateurs, et qui soit également sécurisée et maintenable dans le temps ». La base de données a « fait l’objet d’une vérification de tierce partie externe » afin de s’assurer de sa conformité, sa cohérence et sa transparence. Des promesses qu’il faudra juger sur la durée.
10 indicateurs par défaut, d’autres sont calculables
« L’objectif c’est de fournir des KPI environnementaux qui sont calculés par données et la possibilité d’en calculer d’autres suivant les besoins […] On est par défaut à 10 indicateurs calculés, mais on a également les données […] qui permettent de calculer d‘autres en fonction des besoins », ajoute Étienne Lees Perazsso.
Voici la liste des 10 indicateurs par défaut :
- Changement climatique
- Épuisement des ressources abiotiques minérales
- Épuisement des ressources abiotiques fossibles
- Émissions de particules fines
- Épuisement des ressources en eau
- Acidification
- Radiations ionisantes
- Consommation d’énergie primaire
- Production de déchets
- Bagage écologique : MIPS (quantité de matière déplacée, minérals notamment)
Pour son analyse du cycle de vie, NegaOctet affirme prendre en compte « toutes les étapes » du produit, c’est-à-dire « depuis l’extraction des matières premières et de l’énergie, jusqu’à la fin de vie incluant valorisation, recyclage, incinération… », mais avec des limites sur lesquelles nous reviendrons.
Là encore, la disponibilité des flux « permet de calculer d’autres indicateurs ».
« Mettre les mains dans le cambouis » pour obtenir des données
Étienne Lees Perazsso détaille comment les données ont été récupérées : « on a démonté les équipements, environ une cinquantaine, le but étant de "mettre les mains dans le cambouis" et de voir quels étaient les différents composants […], de faire de la rétro-ingénierie sur un certains nombres de produits ».
Vient ensuite la question de la fabrication des semi-conducteurs (SoC, mémoire, stockage…) « qui constitue une très forte partie des impacts environnementaux liés à la construction des équipements ». NegaOctet affirme prendre en compte l’ensemble des étapes pour les semi-conducteurs : de la fabrication du silicium, à la découpe des wafers, les masques, la gravure photolithographique, l’assemblage…
Afin d’avoir des données à peu près au goût du jour et donc tenir au maximum compte des avancées récentes de la technologie (et elles sont nombreuses chaque année), le consortium précise se « baser sur des données de 2019 ». C’est à la fois récent, mais aussi ancien dans le monde des semi-conducteurs. Des mises à jour sont prévues.
Ensuite, NegaOctet a « développé des configurateurs qui permettent à partir des différents composants (RAM, SSD…) de recréer des équipements. Typiquement un ordinateur portable ou fixe ». C’est ainsi que les données de la base peuvent passer du premier au second niveau.
Les limites du modèle
Interrogé sur la provenance des données, NegaOctet indique qu’il s’agit d’un cumul de différentes sources. Il y a évidemment des données « confidentielles » des fabricants de semi-conducteurs, qui sont complétées par des recherches bibliographiques et des déclarations RSE des principaux fournisseurs afin d’essayer d’avoir une vision complète et « de vérifier la cohérence » des informations. Impossible par contre de dire si c’est fidèle à la réalité.
Des limitations sont dans tous les cas de la partie. Le consortium en détaille certaines. Tout d’abord, il n’est pas possible de distinguer les différents types de réseaux – FTTH ou xDSL sur le fixe, 2G à 5G sur le mobile – car les différentes technologies sont « trop imbriquées » les unes avec les autres pour mettre en place une telle granularité. Pourtant, les empreintes écologiques entre le fixe et le mobile sont loin d’être équivalentes. Il existe certainement d’autres limitations du genre.
NegaOctet reconnait aussi être pour le moment aveugle sur la moitié de la gestion des déchets car « 50 % ne partent pas dans une filière légale »… et ne sont donc évidemment pas documenté ni répertorié par les constructeurs. La base de données n’en tient par conséquent pas compte et « considère la fin de vie dans un cadre légal ». Les responsables le reconnaissent lors de la session de questions/réponses : « C’est une limite de la base de données, il faut en être conscient ».
Revoilà l’empreinte écologique d’un email
Passons maintenant au côté pratique : l’utilisation des données. Étienne Lees Perazsso donne deux exemples . Le premier, basique, consiste à manipuler un « configurateur autoporté »
Dans le cas ci-dessous il s’agit d’un fichier Excel pour calculer l’empreinte de l’envoi d’un email : à partir de paramètres d’entrées (taille pièce jointe, durée de stockage, nombre de destinataires, zone géographique, type de terminaux) il permet de déterminer les impacts environnementaux.
Selon le résultat de NegaOctet, on peut voir que la quasi-totalité de l’utilisation des ressources provient des blocs émetteur et récepteur, soit les terminaux utilisés pour écrire et lire l’email ; cela ne surprendra personne.
Une autre possibilité est de passer par EIME, un logiciel d’Analyse du cycle de vie (ACV) de LCIE Bureau Veritas. Il a pour but de « quantifier l’impact environnemental de vos produits et services tout au long de leur cycle de vie, identifier les pistes d’éco-conception et développer votre politique environnementale », selon son éditeur.
Une version gratuite, la licence peut atteindre 100 000 euros par an
Valérie Gillet (ingénieur commercial chez Bureau Veritas) détaille le modèle économique : la base de données est constituée de deux parties. La première, gratuite, permet de « répondre à un besoin macro pour la réalisation de premiers calculs d’impacts dans le cadre d’une première évaluation ». N’espérez par contre aucune personnalisation des paramètres, il s’agit simplement d’avoir un premier aperçu avec des scénarios prédéfinis et non modifiables.
La seconde offre, payante, permet d’accéder à la totalité de la base de données. Deux formats sont proposés. Le premier utilise « Excel » avec 25 configurateurs ; il a vocation à être intégré au sein des entreprises. Le second est un « inventaire du cycle de vie » qui s’adresse plutôt aux experts et entreprises qui ont déjà réalisé ce genre d’analyses et mis en place des stratégies d’évaluation environnementale.
Sur Twitter, Pierre Beyssac regrette cette formule : « Base gratuite mais pas trop... et en partie dans des formats propriétaires. Tout ça en limite la réutilisabilité. Dommage que ça ne soit pas en démarche #opendata ». Ce à quoi GreenIT (membre du consortium) répond que la base « est disponible au format ouvert ILCD EF 3.0 qui est le format standard des bases de données #ACV » et que « contrairement à la plupart des autres bases ACV réservées aux ACVistes, la base NegaOctet est aussi disponible dans un format de type CSV : Excel, LibreOffice, etc. ».
La licence payante se divise en deux sous-catégories : « non commercial » pour un usage interne uniquement ou « commercial » avec – comme son nom l’indique – une utilisation commerciale autorisée. Dans tous les cas, la licence est « non exclusive » et « non transférable ». Le tarif dépend du type de licence et de la taille de l’entreprise.
Comptez entre 20 000 et 100 000 euros la première année (hors université et freelance), puis un tarif divisé par deux les années suivantes. Un engagement de trois ans est demandé, ainsi que l’adhésion à l’association en charge de ce projet en sus.
Une association pour gérer la base de données
L’association justement va prendre de l’importance : « les besoins au niveau de ce projet on est évolué. Il s’est avéré qu’il était nécessaire d’entrer dans une logique de pérennisation de la base, or ce n’était pas la vocation première du consortium et de ses membres, le but étant ouvrir et d’étendre la gestion de la base de données à tous, ainsi que sa gouvernance », explique Valérie Gillet.
« C’est de ceci qu’est venue la volonté de créer une association. Les membres gèreront la gouvernance, la pérennisation, la mise à jour et la maintenance ». Le transfert du consortium vers l’association devrait se faire sous trois ans. Reste maintenant à juger de la pertinence des données et des configurateurs de NegaOctet à l’aune des premiers retours. Il faudra alors comparer les résultats obtenus avec ceux d’autres outils/BDD d’analyse du genre.
Il faudra aussi surveiller la fréquence des mises à jour et de l’entretien des données.
NegaOctet : anatomie de la BDD sur « l’impact environnemental des services numériques »
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Quatre niveaux, du matériel aux services
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Homogénéité des données et certifications ISO
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10 indicateurs par défaut, d’autres sont calculables
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« Mettre les mains dans le cambouis » pour obtenir des données
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Les limites du modèle
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Revoilà l’empreinte écologique d’un email
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Une version gratuite, la licence peut atteindre 100 000 euros par an
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Une association pour gérer la base de données
Commentaires (23)
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Abonnez-vousLe 31/12/2021 à 15h20
J’arrive pas à trouver comment accéder à la version gratuite de leur BDD.
Leur site semble juste être un wordpress qui renvoie vers un formulaire de contact.
SI quelqu’un trouve le lien pour la version gratuite, merci de la poster dans les commentaires ^^
Le 31/12/2021 à 17h13
Bravo à NegaOctet pour ce travail très intéressant ! C’est seulement avec ce genre d’évaluation quantifiées (ACV) qu’on peut avoir un réel discours sur les impacts du numérique. Grace à ce type de données, chaque fournisseur de service sera capable de mesurer les impacts de ses activités, d’identifier les pistes d’amélioration les plus pertinentes, et de communiquer sur ses impacts pour qu’on puisse les comparer à ceux de concurrents proposant des services équivalents.
Sur le site Negaoctet, ils disent que la version gratuite est incluse dans la base IMPACTS de l’ADEME. Il faut s’inscrire (gratuitement) pour y accéder. Tu peux trouver le référentiel méthodologique expliquant comment utiliser les données pour évaluer un service numérique dans la partie Documentation, disponible en accès libre.
Ca complète très bien le Référentiel Général d’Eco-conception des Services Numériques qui donne des recommendations plus générales.
Le 31/12/2021 à 15h47
Revoilà l’empreinte écologique d’un email
Je préférais qu’on dise que tel ou tel hébergeurs de mails utilise des énergies fossiles pour alimenter ses datacenters ou que le datacenter réduit ou se passe de systèmes de climatisation
Selon le résultat de NegaOctet, on peut voir que la quasi-totalité de l’utilisation des ressources provient des blocs émetteur et récepteur, soit les terminaux utilisés pour écrire et lire l’email ; cela ne surprendra personne.
Les blocs émetteur et récepteur ne sont pas à usage unique et ils ont d’autres usages
Le 31/12/2021 à 16h21
Pour les terminaux mail ça reviendrait a mesurer l’activité du client de messagerie.
Ça tombe bien sur les mobiles l’impact sur la batterie est déjà mesuré.
Ça permettra à ceux qui se focalise là dessus de vérifier rapidement qu’il y des services plus consommateur à commencer par les applis de réseau sociaux ou de messagerie “moderne”.
Coté serveur dans beaucoup de cas c’est des machines dédié à cette tache donc pas si dur à mesurer.
Et au niveau trafic ce que représente le mail doit aussi être mesurable (même si maintenant pas mal doit passer par HTTP(S)).
Tout à fait d’accord, “pas d’énergie fossile” ou “pas d’émission carbone” c’est déjà un progrès mais la notion de pas d’empreinte écologique c’est quand même bien pipeau faut jamais avoir vu un champs d’éolienne ou de panneau solaire pour raconter ce genre d’absurdité.
Le 31/12/2021 à 16h24
Mais ça serait insuffisant car ça ne tiendrait pas compte de l’étape la plus importante, la fabrication du matériel.
Le 31/12/2021 à 16h05
Le problème est que c’est un peu de la br…ette ce type de distinction : à moins d’être non raccordé au réseau et auto-suffisant avec des ENR (donc pas de groupe électrogène en backup par exemple), les achats de garantie d’origine ne changent rien au problème (une GO c’est très peu cher, et ça ne change rien au mix de production). C’est plutôt de l’achat de bonne conscience et/ou du greenwashing.
Le 31/12/2021 à 17h51
Ce n’est pas de la masturbation.
En connaissant le barycentre du réseau electrique que tu comptes utiliser tu peux déterminer l’empreinte exacte. RTE ne fournissant pas cette information il reste le greenwashing oui…
Le 31/12/2021 à 18h25
J’ai toujours aimé les informations “importantes” nécessitant une inscription pour être accessible…..
Le 01/01/2022 à 09h15
L’absurdité c’est d’avoir des quantités infernales de matières en compression-tension sous nos pieds et de ne pas en récupérer la chaleur renouvelable car le tabou du volume fait des ravages… pauvres planaires coincés de la racine carrée.
Le 01/01/2022 à 16h18
Peut-être, mais ça n’est pas du tout sans conséquences, tu fais des trous dans des zones actives, géologiquement parlant, et tu peux “lubrifier” des plans de failles, changer les forces (eau et fracturation) qui vont entraîner des mouvements du sol, plus ou moins fort, comme à Vendenheim, où on a et j’ai ressenti les différents séismes liés une usine géothermique, à l’arrêt depuis.
https://www.rue89strasbourg.com/puits-geothermie-profonde-vendenheim-arret-definitif-195455
Le 01/01/2022 à 19h04
Avec la quantité délirante de calories extraites sur la durée tu peux te permettre d’indemniser directement ou obliger à tout construire (et reconstruire) aux normes maximales parasismiques.
Le problème du principe de précaution c’est qu’il faudrait déjà que le bâti existant s’y plie… la “connerie” ça peut durer 100ans de plus avant qu’on arrive (surprise !) à subir les pénuries à venir.
Le 02/01/2022 à 08h56
J’ai toujours du mal à comprendre ce type de calcul (le coût unitaire d’un mail est notamment incompréhensible pour moi)
J’ai l’impression qu’on somme des choux et des carottes. Quel est le rapport entre la production d’un téléphone et l’envoi de mail ? Un téléphone n’envoie pas qu’un seul mail (ni même un nombre fixe) dans sa vie.
Avec ce type de raisonnement il est plus écologique d’envoyer des tonnes de spam ! Et oui si ton tel a été utilisé toute sa vie pour envoyer des milliards de spam, la consommation initiale pour le construire est diluée dans le coût unitaire de chaque mail :) .
Qu’on nous explique les règles “unitaires” :
Là tu verrais l’impact direct d’une action bien concrète sur lesquels tu as des leviers. (ne pas supprimer ses spams, changer de tel trop souvent, envoyer des pièces jointes dans des listes de diffusions…)
En mélangeant tout il reste un indicateur abstrait qui perd tout sens et qu’on va essayer de comparer avec des trucs sans aucun rapport.
Le 02/01/2022 à 09h52
On associe pas tout l’impact de production du téléphone à l’envoi d’un email, seulement une partie. Le téléphone est un système qui rend de très nombreux services, on doit donc allouer les impacts de sa production, de son usage et de sa fin de vie aux différents services. C’est le même principe quand tu évalues le coût moyen d’un service pour fixer le prix auquel tu veux le vendre à ton client : si une même ressource contribue à plusieurs services, tu vas répartir ses coût entre les différents services. Typiquement si tu as un salarié qui travaille sur plusieurs projets, tu vas prendre son coût horaire et regarder combien d’heures il travaille sur les différents projets. C’est le même principe pour les calculs ACV.
Il existe plusieurs règles d’allocation possibles :
Et on fait aussi cette allocation pour tous les autres équipements qui sont utilisés pour rendre le service, côté réseau télécom et côté serveur. Toutes ces hypothèses doivent être décrites de manière transparente dans la documentation de chaque donnée, et dans l’idéal, tu dois pouvoir les modifier pour voir l’influence.
Les données génériques comme celles de la base Negaoctet sont à considérer comme des ordres de grandeur. On utilise donc des données moyennes assez grossières, issues de statistiques générales. Si tu veux une évaluation plus précise, tu vas aller mesurer une donnée de consommation ou d’usage plus précise pour faire ce calcul (pas une moyenne nationale de consommation de données mais la moyenne des utilisateurs de ton service). Les “configurateurs” qu’ils proposent permettent justement d’utiliser tes propres données pour l’évaluation. Si ça t’intéresse , il y a des explications plus précises dans le référentiel méthodologique : c’est le fichier pdf qui s’appelle Referentiel Services Numériques dans le zip.
Le 02/01/2022 à 18h01
Ce qui ne change rien au problème du greewashing. Tu peux déclarer n’importe quoi ou payer pour qu’un tiers le déclare pour toi.
Il y a des choses pas définies : fabrication notamment. Le jour où le gramme d’étain sera l’objet d’une mesure règlementaire on en reparlera… là comme souvent l’Ademe passe à côté de toute forme de conception. Alors imaginer une éco-conception (concept bien éculé depuis le Bauhaus)…
Le 03/01/2022 à 07h31
Ce n’est pas pareil dans ce cas, tu connais le taux de répartition donc cette évaluation est fiable.
C’est bien le pb cette moyenne ne représente pas grand-chose (comment peut-on la réaliser, il n’y a pas de mouchard sur les téléphones pour savoir combien de mails on reçoit).
Entre papi qui ne reçoit qu’un mail par an sur son mobile et l’actif qui en reçoit 80/j avec synchro toutes les 5 min. On aura tendance à calculer que papi consomme beaucoup avec son mail, et qu’il devrait prendre exemple sur le cadre qui a un coût bien plus sobre par mail. C’est totalement l’opposé de la réalité !
Moi ce que j’aimerais lire c’est :
Je ne suis pas certain que les réponses à ces questions soient si triviales. Et pourtant je peux agir facilement sur ces points.
Le 03/01/2022 à 21h10
Ah bon ? Tu as lu les conditions d’utilisation de ton service mail ? Bien sûr que tous les fournisseurs email ont aujourd’hui des statistiques très détaillées sur l’usage de leurs applications par les utilisateurs. La plupart du temps, ils savent aussi très bien caractériser le profil d’utilisateurs de leurs applis. Tu peux ensuite faire des sondages pour déterminer l’utilisation moyenne du smartphone par les utilisateurs.
Mais globalement, les données génériques NegaOctet sont surtout là pour comparer des ordres de grandeurs, des solutions avec et sans numérique. Exemple : je veux installer un système de vidéosurveillance dans mon entreprise, est-ce que c’est mieux d’un point de vue environnemental de tirer X km de câbles ou de passer par des systèmes 4G ?
Pour des questions plus précises comme celles là, tu peux appliquer la même méthodologie d’ACV, mais tu auras besoin de données plus précises que celles qui sont disponibles dans la base de donnée NegaOctet.
Sans être expert, a priori pour tes deux exemples, il semble que tu auras besoin des mêmes exacts équipements côté client ou serveur, et que l’une ou l’autre des solutions ne vont pas affecter la durée de vie des équipements. Donc la seule chose qui va changer, c’est la consommation électrique des deux côtés, et le transport sur le réseau télécom. Pas besoin d’inclure la production des équipements dans la comparaison dans ce cas. Mais il existe des comparaisons pour lesquelles il est essentiel de prendre en compte le matériel.
Le 03/01/2022 à 08h57
Trivialité qu’on peut résumer à :
PIB = GES/PIB *PIB
donc
PIB = GES
Sans corrections locales (ce dont l’ademe obéit) : le mail le moins cher est a priori le moins polluant.
Le 03/01/2022 à 21h09
Tu as raison, on peut vérifier la méthode cohérence scientifique de la méthode utilisée pour traiter les données d’entrée (comme pour les articles scientifiques, il y a une revue critique par des experts indépendants des commanditaires et des réalisateurs pour valider les études ACV), mais il n’y a aucune vérification par tierce partie des données d’entrées, donc pas d’assurance que le résultat soit juste.
Mais en tant qu’entreprise, il faut raisonner en matière d’opportunités et de risques : qu’est-ce que ça t’apporte de mentir sur les chiffres et qu’est-ce que tu risques ? En général, les entreprises quantifient d’abord en interne, se comparent aux concurrents, et ne communiquent sur leurs résultats que s’ils sont bons. Surtout dans un domaine comme le numérique où ce n’est clairement pas une attente des clients pour le moment. Quel intérêt à déclarer volontairement quelque chose de faux ? Par contre en matière de risques, déclarer des données environnementales fausses s’apparente à de la publicité mensongère, et c’est répréhensible si c’est démontré. Et c’est justement la concurrence qui incite à jouer le jeu dans les règles : à partir du moment où une entreprise commence à communiquer, ses concurrents directs vont faire leurs propres calculs, et si les chiffres sont anormalement bas par rapport aux leurs, ils peuvent creuser, et éventuellement porter plainte.
Pour la quantité d’étain, NegaOctet explique comment ils ont procédé : ils ont démonté et analysé les composants pour déterminer la composition massique des équipements. Pour les émissions liées à la production et au recyclage des différents métaux, ils ont utilisé des données issues de la littérature scientifique et de bases de données environnementales génériques, qui viennent des industries extractrices.
Le 03/01/2022 à 22h15
Par tiers j’entends un projet comme negaoctet. Tu serais surpris du nombre conséquent d’accréditations ou certifications distribuées à n’importe qui par des poids lourds comme Veritas.
La validation des résultats dans le privé c’est toujours : “sauf éléments contraires”.
Alors qu’évidemment on va être bien plus prudents dans le domaine scientifique et ne pas crier victoire d’avoir observé une norme ISO…
Par suite tu as le droit de publier ce qui plus tard peut s’avérer de la publicité mensongère mais il faut bien distinguer les deux en théorie. D’autant que le discrédit ne peut provenir du privé au risque d’exposer l’accusateur à du parasitisme…
Là on veut d’ailleurs essayer de découpler les arguments techniques et commerciaux… c’est pour le moins suspect pour ne pas dire très surfait, pourquoi parler de CO2 alors que c’est le prix dont il est question in fine ?
On voit bien que dire après coup “c’est vert” ne change rien aux méthodes de conception seules réelles sources de savoir ou d’analyse objective de plus value.
Le 03/01/2022 à 22h21
Ce qui diffère des données de premier choix récoltables en France : produits de traitement, quantités d’eau précises, nombre de camions par jour…
L’impact environnemental des mines chinoises doit être exempt de tout défauts… (ironie)
Bon et sinon je remets le couvert ici : faire fondre les vieilles soupières de vide grenier c’est moins con que de financer un énieme organisme tiers complaisant.
Le 04/01/2022 à 07h40
J’ai assisté au webinaire et au final ca ressemblait plus a une simple longue pub…
@eliumnick Te fatigue pas trop, de ce que j’ai compris ce sera des fichiers excels…
Le 04/01/2022 à 09h58
Pas forcément (en tout cas, sur un exemple aussi extrême que polling toutes les 2h vs push, le polling nécessite moins de ressources à moins de recevoir moins d’un mail toutes les 2h).
Le 04/01/2022 à 20h29
Non c’est impossible tout le monde n’est pas sur gmail :) Je relève mes mails par imap il est impossible de savoir si c’est un PC, un mac ou un téléphone… (à la limite avec l’IP on peut savoir avec quoi je me connecte mais on ne pourrait pas différencier un PC connecté depuis le partage 4G, ou le smartphone en direct)
Après sur un webmail il est facile de récupérer le referer, et le user-agent pour être au clair “d’où on vient”