Internet pris en compte pour l’indemnisation de la victime de diffamation
À l’Ouest (France)
Le 29 août 2012 à 10h25
4 min
Droit
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Le 7 juin dernier, le tribunal de grande instance de Paris a reconnu qu’un journaliste et le directeur de publication du journal Ouest-France avaient commis un délit de diffamation, en publiant un article dont certaines informations étaient erronées. Dans leur décision, les juges ont retenu que sa diffusion sur Internet devait être prise en compte pour l’indemnisation de la victime.
Dans son édition du samedi 22 et dimanche 23 janvier 2011, le journal Ouest-France proposait un article dont le sous-titre annonçait que « La présidente et le vice-président de l’Association des victimes de la route ont été mis en examen pour exercice illégal de la profession d’avocat et escroquerie ». Dans son papier, le journaliste explique alors que « parmi les intervenants bénévoles figurait C. M. (...) qui se présentait comme un conseiller juridique alors qu’il ne l’est pas ». L’information est également diffusée sur le site du journal, et reprise par d’autres sites Internet.
Problème : la personne en question (C.M.) prétend n’avoir été qu’un simple consultant au sein de cette association. Il décide d’engager des poursuites, au motif que l’auteur de l’article le présente, à tort, comme un escroc et comme vice-président de l'organisation, portant ainsi atteinte à son honneur.
« La circonstance aggravante n’a pas été prise en considération dans le quantum »
Dans leur décision, rapportée par Legalis, les juges en charge de l’affaire retiennent que « l’article indique à plusieurs reprises et de manière erronée que C. M. était vice-président de l’association, ce qui est manifestement faux ». De plus, il s’avère qu’il « n’est justifié d’aucun élément permettant d’affirmer, sans nuance comme le fait l’article, que C. M. "se présentait comme un conseiller juridique", alors que celui-ci produit justement plusieurs attestations en sens contraire ». Soulevant également que l’auteur de l’article ne s’était « pas justifié d’une enquête sérieuse », les juges ont reconnu le journaliste et le directeur de la publication du journal coupables d’un délit de diffamation publique envers un particulier.
En ce qui concerne l’attribution de dommages et intérêts à la victime, les magistrats indiquent expressément avoir pris en considération le rôle joué par la publication sur Internet : « Compte tenu de l’ensemble des éléments de la cause, en particulier du fait que l’article a été diffusé sur internet, il convient [d’accorder à la victime] la somme de 2000 € à titre de dommages-intérêts en réparation du préjudice moral subi », précise la décision. Les juges ont également ordonné la suppression de l’article du site Internet d’Ouest-France, et chacun des coupables devra s’acquitter d’une amende de 800 euros, indépendante du dédommagement de la victime.
« C’est une première », nous a expliqué Maître Anthony Bem, l’avocat du plaignant. Ou « en tout cas, si ce n’est pas une première, c’est très rare ». D’après lui, Internet était déjà pris en considération par la justice dans ce type d’affaire, mais sans être reconnu comme tel. « On savait que les juges le prenaient en considération, là ils l’écrivent ». Aux vues du montant des dommages et intérêts obtenus par la victime, Maître Bem observe néanmoins que « la circonstance aggravante n’a pas été prise en considération dans le quantum », et regarde désormais vers l’avenir : « ce sera pour demain ».
Internet pris en compte pour l’indemnisation de la victime de diffamation
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« La circonstance aggravante n’a pas été prise en considération dans le quantum »
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Abonnez-vousLe 29/08/2012 à 11h23
Le 29/08/2012 à 11h25
Le 29/08/2012 à 11h36
Le 29/08/2012 à 11h38
Le 29/08/2012 à 11h47
en particulier du fait que l’article a été diffusé sur internet
Il y a que moi qui tique quant je lis ça ?
Non l’article a été publié dans une journal et sur leur site puis repris par ses confères.
Le 29/08/2012 à 11h48
Le 29/08/2012 à 11h54
Le 29/08/2012 à 12h00
Le 29/08/2012 à 12h04
Le 29/08/2012 à 12h15
Le 29/08/2012 à 12h15
Le 29/08/2012 à 12h24
Le 29/08/2012 à 12h49
je trouve que c’est pas cher la diffamation sur le coup…
je les connais les correspondants locaux OF… ça demande les comptes rendus des événements, ça se déplace pas… et même lorsque t’envoie ledit compte rendu en email ils sont incapable de faire un copier/coller et te réclament la même chose en .DOC…. " />
La justice aurait dû taper fort pour faire aussi comprendre à l’ensemble des rédaction que leur boulot est justement de produire des articles de qualité en VÉRIFIANT LEURS SOURCES, ce dont plus pas mal de médias ne se fendent plus … et encore là on parle de média papier et par extension leur version électronique (à moins que l’article ne soit pas “assez bon” pour “mériter” le papier et soit “relégué” à l’électronique qui lui ne coute quasiment rien)… c’est pas mieux niveau média audios et audiovisuels…
J’en sais quelque chose j’ai des reportages audio et video où tu as beau leurs donner les infos, leurs écrire sur papier pour éviter les coquilles et voir quand même les mégas bourde passer au national….
Le 30/08/2012 à 10h03
Le 29/08/2012 à 10h29
bah mince alors, si même la presse sérieuse s’y met… " />
Le 29/08/2012 à 10h46
Le 29/08/2012 à 10h48
Le 29/08/2012 à 10h53
J’ai surtout l’impression qu’ils sont estimés au pifomètre ces dommages et intérêts. " />
Le 29/08/2012 à 11h03
Le 29/08/2012 à 11h03
J’ai une question : en quoi consistent les “circonstances aggravantes” dans ce cas ?