De la brume dans l’assujettissement du cloud à la copie privée
taxanonimbus
Le 23 octobre 2012 à 13h59
5 min
Droit
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Aujourd’hui a eu lieu au CSPLA une réunion d’importance autour du cloud. Le rapport sur de la commission « informatique dans les nuages » a en effet été finalisé en présence de la ministre. L'enjeu est de connaître le sort des stockages déportés (casiers personnels, des casiers de synchronisation, iTunes match) au regard de la rémunération pour copie privée.
Le document final dont on attend publication, devrait consacrer les divisions des ayants droit sur le sujet. Ceux favorables à la ponction estiment en substance qu’une copie locale ou distante revient finalement au même : il y a préjudice lié à cette copie, il doit y avoir indemnisation. D’autres, notamment les producteurs de cinéma, sont nettement plus réservés. Ils considèrent le nuage comme le terrain de prédilection du droit exclusif, celui qui permet d’autoriser et donc de monnayer contractuellement les droits.
Dans tous les cas, le stockage dans les nuages dissocie l’acte réalisé par le copiste et le bénéficiaire de la copie. Au CSPLA, des voix appellent ainsi à une évolution de la jurisprudence qui interdit pour l’heure cette dissociation. Lors des rencontres cinématographiques de Dijon Pascal Rogard, directeur général de la SACD, a lui expliqué qu’on pouvait parfaitement cumuler pour partie indemnisation pour copie privée et rémunération pour copie privée selon les hypothèses.
Champ d'application dans l'espace et redevable
Lors de ces Rencontres, nous avons posé au représentant du ministère de la Culture une série de questions : Si l’assujettissement du cloud se confirme, comment appliquera-t-on la loi dans l’espace ? En clair, quand le français fera des copies dans un cloud installé au-dessus du Mexique, du Honduras, de l’Australie ou sur la Lune, l’indemnisation des ayants droit français sera-t-elle justifiée ? Autre chose, qui sera redevable ? Le service de cloud, un intermédiaire ou bien le consommateur ? Par quel biais ?
Après un léger flottement, Jean-Philippe MOCHON, chef du service des affaires juridiques du ministère de la Culture, nous a répondu : « pour être clair, le rapport du CSPLA se pose la question des copies sur supports physiques par le biais des services de cloud. Et donc finalement est-ce que cela change tant de choses que cela ? Ça ne change rien, tout simplement ! Voilà, vous pourrez dire peut-être que cet avis est volontairement ‘court-termiste’, qu’un jour on se passera de copie. Simplement les travaux ont abouti à la conclusion qu’on avait encore, pour un certain temps, des copies sur support physique et que c’était ça, la question qu’il fallait traiter. » Nous avions insisté pour demander au ministère si les copies dans le nuage allaient alors être prises en compte dans les études d’usages afin de faire varier les redevances sur les supports physiques. Affirmatif : « elles ont vocation en fonction des débats qui restent à venir […] à être prise en compte dans le cadre des études d’usage. »
Cloud et télévision connectée
Il reste donc de la brume dans le nuage. En coulisse, des ayants droit nous confirment que nombreux points ne sont pas arbitrés malgré ce rapport. Par exemple, on ne sait pas si le cloud va frapper les seules entités françaises en fonction des capacités de stockage utilisées.
Le dispositif pourrait en tout cas permettre de frapper la TV connectée. Explication : des ayants droit anticipent le fait qu’on pourra, depuis ces appareils, réaliser des copies et les stocker ailleurs. L’idée serait aussi de frapper les TV connectées pour cette aptitude à copier au-delà des cieux. Mais la prudence est de mise dans le champ d’application.
« Chacun protège aussi autre chose… » nous confie un des bénéficiaires. Le monde de l’audiovisuel craint par exemple qu’une définition trop vaste puisse faire entrer la Replay TV dans l’escarcelle alors qu’ils espèrent valoriser ces fonctionnalités dans le futur. Enfin, sur la partie accès, on anticipe aussi une confusion des nuages autour de l’abonnement, de la box ADSL - NAS domestique – et de la télévision. Bref, autant de points où les arguments juridiques devront être aiguisés finement.
Comme nous le révélions, la cible du cloud a déjà provoqué la colère des acteurs des télécoms. En effet, des ayants droit veulent profiter de ces discussions pour remettre en cause le statut de l’hébergeur. Bercy a aussi déroulé une liste de critiques. Le ministère craint par exemple que cette ponction n’entrave les nouveaux services qui servent à ce jour l’offre légale. Elle pourrait aussi altérer l’attractivité du territoire et la compétitivité française.
De la brume dans l’assujettissement du cloud à la copie privée
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Champ d'application dans l'espace et redevable
Commentaires (22)
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Abonnez-vousLe 25/10/2012 à 08h51
Le 23/10/2012 à 14h13
Salut TVA bien " />
Le 23/10/2012 à 14h14
Si un jour on a des frigo ou des micro-ondes connectés à internet, ils seront assujetti à la taxe copie privée ?
Le 23/10/2012 à 14h20
Le problème est que ça ne va s’appliquer qu’au territoire national. Donc forcément ces services seront moins compétitifs, et donc ils ne rapporteront plus rien, ni à l’économie réelle, ni à l’état, ni aux ayant-droits.
Qu’est-ce qu’ils vont faire après ? Censurer tous les services étrangers qui ne paient pas ? On peut faire pareil avec tous les sites internet du monde et devenir l’Iran ou la Chine à ce rythme là…
Le 23/10/2012 à 14h26
Le 23/10/2012 à 14h43
Le 23/10/2012 à 14h55
Le 23/10/2012 à 15h02
Le 23/10/2012 à 15h09
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Depuis le début, la taxe devrait être sur l’original, pas sur les supports de destination. On peut mettre tellement de données différentes dans la mémoire d’un frigo que ça n’a pas lieu d’être cette taxe. Et encore moins sur les micro ondes ou les stores…
Le 23/10/2012 à 15h34
Je me suis arrêté à “il y a préjudice lié à cette copie”, parce que je pense que le reste de l’article sera gerbant
Pas l’auteur de l’article bien évidemment, mais ce que disent les ayants-droits. Eux ils sont vraiment toctoc " />
Le 23/10/2012 à 15h40
Le 23/10/2012 à 16h03
alors… d’après Mochon, le rapport ne change rien et on parle toujours du physique (destination finale de la copie, si j’ai bien compris) parce que ça va durer un certain temps. Genre, je vous rassure en fin de compte il y a rien de nouveau…
Puis des “des ayants droit anticipent le fait qu’on pourra, depuis ces appareils, réaliser des copies et les stocker ailleurs.”. Dit autrement (toujours sous réserve que j’aie compris le fond du propos), il faut faire d’ores et déjà évoluer le champs d’application de la RCP à ce type de service parce qu’un jour prochain il sera possible de se passer de support…
ça serait gentil qu’ils s’entendent un peu parce que là on est dans le contradictoire…
Solution simple : taxez-moi tout cela, ponctionnez autant que possible tous les domaines possible puis revenez sur des acquis sociaux au prétexte que la France n’est pas compétitive (et que c’est nécessairement le “marché du travail sclérosé par sa rigidité qui en est la cause”). Bravo les mecs… " />
Le 23/10/2012 à 16h31
Avec leur connerie, il faudra prendre du “cloud” à l’étranger (genre OVH France qui conseillera de prendre Hubic sur le site US ou autre).
Le 23/10/2012 à 20h37
Après un léger flottement, Jean-Philippe MOCHON, chef du service des affaires juridiques du ministère de la Culture, nous a répondu (…)
Jolie reponse.
On a vraiment l’impression qu’il cherche une porte de sortie. Ma comprehension de son charabia revient a ca:
“On y pense, mais pour le moment on n’y a pas assez reflechi.
Le 23/10/2012 à 21h10
Encore une raison de plus pour aller vers du cloud crypté.
Ca commence à devenir franchement nécessaire.
Et je ne vois pas tant d’offres que ça se multiplier.
De préférence un cryptage coté client hein ?
Moi j’m’en fous je vais me le concocter tout seul comme un grand avec des outils dispo et des services cloud non cryptés.
Ca sera d’abord pour ma boite … puis pour ma conso perso.
Le 24/10/2012 à 05h33
Le 24/10/2012 à 06h02
Le 24/10/2012 à 06h18
Le 24/10/2012 à 07h23
Le 24/10/2012 à 07h30
Le dispositif pourrait en tout cas permettre de frapper la TV connectée. Explication : des ayants droit anticipent le fait qu’on pourra, depuis ces appareils, réaliser des copies et les stocker ailleurs.
Ce passage me dérange.
Dans ce que je comprend de la phrase, il est sujet de mettre la RCP sur les TV connectées (enfin hypothétiquement) parce qu’elles permettent de réaliser la copie sans pour autant offrir un espace de stockage. ça revient à taxer un appareil de copie et non de stockage. Ce qui est complètement différent de ce qui est fait actuellement.
ou alors j’ai rien compris à la phrase.
Le 24/10/2012 à 09h31
Le 25/10/2012 à 07h00