Revente illicite de billet de concert : le statut d’hébergeur est inopérant
Et en pratique... ?
Le 03 avril 2013 à 12h19
4 min
Droit
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Un hébergeur n’est pas tenu de rechercher proactivement si des contenus illicites sont sur ses serveurs. Cependant, un article du Code pénal destiné à sanctionner la revente illicite de billets de concert rappelle que ce principe est relatif. C'est ce qui vient d'être affirmé à la plateforme américaine Viagogo par le tribunal de commerce de Paris.
La plateforme de ventes de billets de concert Viagogo a une nouvelle fois été poursuivie par des producteurs de spectacles notamment des BB Brunes, de Christophe Maé, Iron Maiden, Muse, Rammstein ou encore Sigur Ros. Sur Viagogo quiconque peut vendre des billets de concert. Ce marché parallèle et ces spéculations n’ont jamais été aux goûts des producteurs qui s'arment avec d'une disposition piochée dans le Code pénal. Sous pression de la profession, l'article 313-6-2 a été en effet instauré par la loi du 12 mars 2012 sur l’organisation des manifestations sportives et culturelles.
Le texte sanctionne le fait (1) de vendre ou d’exposer à la vente, (2) des billets d'accès à une manifestation sportive, culturelle ou commerciale ou à un spectacle vivant, (3) de manière habituelle, (4) sans l'autorisation du producteur ou de l'organisateur. Si les conditions sont vérifiées, un site peut être puni jusqu’à 15 000 € d'amende voire 30 000 € en cas de récidive.
Viagogo s’estimait non soumis à cet article, car abritée sous le régime des hébergeurs. Cette bourse en ligne « n’intervient ni dans la rédaction des annonces, ni dans la fixation du prix ». La société ne devient jamais propriétaire des billets et ne prodigue pas conseil. Elle est passive. Et justement, le régime de l’hébergement lui interdit d’être soumis « à une obligation générale de surveiller les informations qu’elles [les sociétés d’hébergement] transmettent ou stockent, ni à une obligation générale de rechercher des faits ou des circonstances révélant des activités illicites ». .
L'hébergeur peut être condamné pour des annonces publiées par l'hébergé
Le tribunal de commerce de Paris, dans son ordonnance du 20 mars 2013- une procédure d’urgence - ne va pas retenir l’argumentation. L'article du Code pénal prohibe le fait « d’exposer en vue de la vente ou de la cession ou de fournir les moyens en vue de la vente ou de la cession des titres d’accès ... à un spectacle vivant ». Il n’opère aucune distinction entre les moyens technologiques utilisés. De rédaction très générale, il peut s’appliquer à tous, même aux intermédiaires qui ont le statut d’hébergeur.
C’est donc une brèche importante : si un hébergeur n’a pas à surveiller les contenus stockés, il est malgré tout tenu de le faire en pratique via cet article. Le tribunal ajoutera d'ailleurs qu’« en organisant sur internet une bourse de vente de billets de spectacles, Viagogo expose en vue de la vente (...) [des] titres d’accès à des spectacles vivants, de manière habituelle ». Son activité tombe donc directement dans les filets de l’article L 313-6-2 du Code pénal. Et c’est toujours à Viagogo de se débrouiller pour vérifier si les auteurs des annonces sont autorisés par les organisateurs des spectacles. Le tribunal ne dit pas comment. Il se contente de dire que « Viagogo est la seule à connaître l’identité de son annonceur et donc à avoir la capacité à vérifier, ou à assurer qu’il est bien habilité à vendre les billets du spectacle qu’il propose ou qu’il ne le fait pas à titre habituel. »
1000 euros d'astreinte par annonce et par jour
La juridiction rappellera enfin qu’en application de l’article 873 du code de procédure civile, le président du tribunal peut toujours prescrire en référé les mesures conservatoires qui s’imposent pour faire cesser un trouble manifestement illicite. Selon lui « l’existence de circuits de revente de billets, en l’absence de tout contrôle, peut facilement conduire à un certain nombre d’abus, dénoncés depuis longtemps par les associations de consommateurs ». Il évoque le risque de falsification des billets et surtout la spéculation et des prix qui flambent.
Finalement, le tribunal de commerce de Paris exigera de Viagogo le retrait de toutes les annonces dénoncées par les producteurs, « à moins que cette offre n’émane d’une personne autorisée », sous astreinte de 1000 € par jour de retard et par offre illicite constatée. La plateforme devra également verser 2000 euros pour les frais des demandeurs.
Quelques jours avant cette ordonnance Viagogo avait déjà été condamné au retrait de plusieurs annonces de vente de billet, cette fois devant le tribunal de commerce de Nanterre.
Revente illicite de billet de concert : le statut d’hébergeur est inopérant
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L'hébergeur peut être condamné pour des annonces publiées par l'hébergé
Commentaires (28)
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Abonnez-vousLe 03/04/2013 à 12h27
mouai,faudrait faire la difference entre un site dedié a la revente de billets, comme ici, et un site plus generaliste de vente entre particuliers, forum etc… ou certains se livreraient a de la revente de billets… pas facile, a quel moment le second devient le premier?
Le 03/04/2013 à 12h31
Le 03/04/2013 à 12h35
Le 03/04/2013 à 12h38
Le 03/04/2013 à 12h39
Le 03/04/2013 à 12h48
Le 03/04/2013 à 12h50
Moi j’ajouterais une case à cocher “je certifie avoir vu avec le producteur du spectacle que je possède les droits de revendre ce billet”
Le 03/04/2013 à 12h52
Le 03/04/2013 à 12h56
Donc si je résume
une plateforme permet de mettre en relation vendeur et acheteur.
Le juge décide qu’un article de loi doit s’appliquer tandis que l’autre ne le doit pas…
déjà le “manifestement illicite” il en prend un coup.
Le juge décide de plus que “au doigt mouillé c’est vous le vendeur habituel … même si vous n’êtes pas le vendeur” .
Toujours du “manifestement illicite”
C’est du manifestement manifeste que pour le juge dites moi.
Le 03/04/2013 à 13h03
Qu’ils ferment ce genre de sites spécialisés dans la revente à des prix astronomiques, impossible d’acheter normalement les places de certain concerts qui partent en quelques minutes.
Le 03/04/2013 à 13h06
Le 03/04/2013 à 13h22
Certains sites d’annonces ont déjà trouvé la parade de manière légale puisqu’il suffit de vendre un accessoire quelconque -ex: un mug (au prix du billet)- et d’offrir en cadeau le billet…
Le 03/04/2013 à 13h27
Le 03/04/2013 à 13h31
Le 03/04/2013 à 13h38
Le 03/04/2013 à 13h41
Le 03/04/2013 à 13h49
Le 03/04/2013 à 13h49
Le 03/04/2013 à 13h52
Je veux bien que la revente des billets soit illégale, mais dans ce cas on me propose une solution de remboursement sans conditions. C’est trop facile sinon, ils veulent le beurre et l’argent du beurre !! " />
Le 03/04/2013 à 13h56
Le 03/04/2013 à 13h57
Le 03/04/2013 à 13h57
Le 03/04/2013 à 13h59
Le 03/04/2013 à 14h18
Le 03/04/2013 à 14h20
Le 03/04/2013 à 18h50
Viagogo, rien que le nom du site fait envie d’y faire ses emplettes " />
Le 04/04/2013 à 08h34
Le 04/04/2013 à 09h26