LOPPSI : le décret sur le blocage administratif des sites sera bien publié
Promesse de Manuel Valls
Le 10 mai 2013 à 07h40
4 min
Droit
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Avec la loi du 14 mars 2011, la France a adopté un système inédit de blocage des sites Internet. Il autorise l’administration à stopper l’accès à un site pédopornographique sans passer par l’intermédiaire d’un juge. Retardé, puis annoncé enterré, le décret d’application de l’article 4 de la LOPPSI va finalement bien être publié. C'est en tout cas ce qu'annonce Manuel Valls dans une réponse à une question parlementaire.
L’article 4 de la loi LOPPSI 2 donne au ministère de l’Intérieur un pouvoir important : notifier les intermédiaires techniques afin de les contraindre à bloquer l’accès sans délai à des sites d’images pédopornographiques. Ainsi, une simple décision administrative permet de couper l’accès à un site, sans passer par le juge.
Cet article est enfermé dans un curieux calendrier. Il indique que le dispositif devait entrer en vigueur six mois à compter de la publication du décret d'application ou au plus tard un an après la publication de la loi de mars 2011. Soit mars 2012. À la lecture d’une réponse de Manuel Valls à un député, on comprend qu’aucun de ces termes n’a été respecté.
Cacophonie
Manuel Valls rappelle tout d'abord que l’Intérieur et Bercy ont entamé depuis le deuxième semestre 2011 « une importante concertation avec l'ensemble des acteurs concernés (Fédération française des télécoms, Association française des fournisseurs d'accès, les sociétés Orange, SFR et Free), afin de convenir des modalités techniques et financières les mieux à même de répondre à l'objectif fixé par la loi, à savoir la protection de l'internaute contre les images pédopornographiques. » Cependant, le ministre ne dit rien de l’aboutissement de cette concertation. On sait simplement que certains FAI anticipent déjà ce blocage. Dans un courrier adressé en 2012 à son réseau interne, Orange expliquait ainsi programmer « une liste quotidienne de quelques milliers de noms fournie par les autorités », révélait-on.
Pour être mis en oeuvre, l'article 4 exige donc un décret qui fixe notamment « les modalités d'application d'empêchement d'accès aux adresses électroniques visées par l'article (notamment modalités de compensation des éventuels surcoûts résultant des obligations mises à la charge des opérateurs). » En clair, la trousse à outils, les détails techniques et l’indemnisation des FAI devenus par la magie de la loi des auxiliaires de justice.
Le 24 juillet 2012, Fleur Pellerin annonçait pourtant devant les participants d’une rencontre du Club parlementaire du numérique (CPN), que le décret sur l’article 4 de la LOPPSI ne serait tout simplement pas publié. Dans sa toute récente réponse, Manuel Valls indique qu'il sera bel et bien publié. Simplement, ce texte « suppose de régler très précisément les modalités techniques avec les fournisseurs d'accès à internet (FAI) et de finaliser les arbitrages interministériels ».
Cinq ans de retard pour un sujet réputé urgent
Le blocage des sites pédopornographiques avait été motivé par l’urgence : face à l’enfance en danger, il convient de prendre les mesures adéquates au plus vite. Une étape judiciaire prend du temps et quand l’incendie est là, ici l’exploitation sexuelle des mineurs, on ne réunit pas un tribunal pour déterminer s’il faut ou non l’éteindre. C’est en résumé les justifications politiques qui avaient été portées par les différents ministres venus défendre le blocage administratif des sites.
Pourtant, ce blocage est annoncé depuis… 2008 en France, quand la ministre de l’Intérieur d’alors, Michèle Alliot-Marie, expliquait que « l'accès aux sites à caractère pédopornographique sera bloqué en France. D'autres démocraties l'ont fait. La France ne devait plus attendre. »
Voilà donc cinq ans que la France passe son temps à ne plus pouvoir attendre. Depuis, d’autres secteurs comme les jeux d’argent en ligne et implicitement celui de la propriété intellectuelle ont obtenu leurs blocages d’accès avec un juge…
Dernière chose. Le gouvernement Fillon avait promis de saisir le Conseil national du numérique sur le projet de décret (capture ci-dessus). Il sera intéressant de savoir si le gouvernement Ayrault maintient la promesse à l’égard du CNN 2.0.
LOPPSI : le décret sur le blocage administratif des sites sera bien publié
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Commentaires (21)
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Abonnez-vousLe 10/05/2013 à 13h49
Blocage administratif de sites internet sans passer par un juge, la droite en rêvait, la gauche le fait !
Courage, on arrivera bientôt à des aberrations comme celles de l’Eurodéputé qui veut fouttre des mouchards dans tous les ordinateurs… Sous prétexte de pédopornographie, un député européen veut imposer un mouchard dans chaque ordinateur " />
« Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l’une ni l’autre, et finit par perdre les deux. » — Benjamin Franklin
Le 11/05/2013 à 07h50
Un blocage quel qu’il soit , sans passer par la case “justice” est clairement un abus de pouvoir il serait à mon avis grand temps de remettre cette caste de pseudo-élite autoproclamée à sa place , tout comme il me semble choquant que dans un pays qui se prétend être un exemple en matière de démocratie , de droits de l’homme et de système politique je trouve des hommes présent dans la sphère politique bien avant ma naissance et bien après ma mort " />
Le 11/05/2013 à 12h51
Le 11/05/2013 à 13h16
Sans juge, car un juge, ça sert à rien, c’est bien connu.
C’est en train de devenir pire que sarko.
Le 12/05/2013 à 10h59
Le 13/05/2013 à 08h37
Le 10/05/2013 à 07h53
Promesse de Manuel Valls " />" />" />" />" />
Le 10/05/2013 à 08h00
C’est pas possible. Le gouvernement aurait retourné sa veste?
J’y crois pas une seule seconde, il doit y avoir une explication…
Le 10/05/2013 à 08h03
C’est fou comme sous le prétexte falacieux de la protection contre les sites pédophiles, on sucre nos libertés.
Sans compter que ça ne changera rien au problèmes, les détraqués qui voudront trouver des images pédophiles trouveront toujours des sites pour les satisfaire.
Je maintiens quand même qu’on tombe pas sur un site pédophile para hasard. Ce n’est pas une pop-up qui s’ouvre quand on va sur le bon coin non plus…
Le 10/05/2013 à 08h05
Le 10/05/2013 à 08h15
Et dans le meme temps, les sites incitants au terrorisme (généralement islamiste) ou qui apprennent à fabriquer une bombe ne sont toujours pas interdits ou bloqués … cherchez la logique.
Le 10/05/2013 à 08h20
Mais qui va donc payer les erreurs ? (“engagez-vous” qu’ils disaient) " />
Le 10/05/2013 à 08h20
Moi président, je ferais tout ce que Sarkozy n’a pas pu faire. " />
He ben! ça avance bien.
Le 10/05/2013 à 08h37
Personnellement la fermeture des sites pedoporno ne me dérange pas sur le fond (car c’est une plaie) meme si je doute fortement de l’efficacité car ces types là trouveront toujours un autre endroit où aller et on n’aura plus de moyen de les surveiller.
Ce qui m’inquiète vraiment c’est le risque inévitable de voir un jour des responsables (genre Sarko) utiliser cet outil, cette loi, pour la détourner ou l’étendre à la fermeture de sites parcequ’elle seront anti Sarko, parce qu’elle proposeront des telechargement illégale, etc. Là on arriverait à un niveau de régime totalitaire qui n’est pas dans la tradition francaise ni meme celle d’une vraie démocratie.
Le danger profond de cette loi est là.
Le 10/05/2013 à 09h07
Et en attendant j’ai signalé cette page il y a plus d’1 mois et toujours rien :http://www.serveurdelaposte.xomcom.com/
Serveur hors de France alors les mecs sont tranquilles…
Le 10/05/2013 à 10h10
Le 10/05/2013 à 10h12
C’est Mr Cohn-Bendit ou Mr Mitterrand qui ne vont pas être content " />
Le 10/05/2013 à 11h01
Le 10/05/2013 à 11h25
Le 10/05/2013 à 11h29
Ce gouvernement encore plus menteur et dictatorial que le precedent. Va falloir un jour mettre un vrai coup de pied dans la fourmilliere nous meme.
Le 10/05/2013 à 13h25