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Le chantier européen du droit d’auteur s’ouvre au ministère de la Culture

Avec Pierre Sirinelli

Le chantier européen du droit d'auteur s'ouvre au ministère de la Culture

Le 18 juin 2013 à 10h17

Exclusif PC Inpact. Le France s’apprête à envoyer plusieurs doléances pour la future révision de la directive de 2001/29 sur la société de l’information. C’est à partir de cette directive que les ayants droit ont pu voir voter les lois Dadvsi ou Hadopi. Le mouvement n’est pas près de stopper : au sein du ministère de la Culture, le Conseil supérieur de la propriété littéraire et artistique vient tout juste de lancer une mission sur ce futur chantier plein d’avenir.


En décembre 2012, la Commission européenne a promis une possible révision du cadre européen sur le droit d’auteur. Bruxelles a déjà programmé plusieurs études d’impact en 2013. L’objectif sera de parvenir en 2014 « à une décision sur l’opportunité de soumettre les propositions de réforme législative qui résulteront de ces travaux ». Les sujets sont  nombreux. Ils vont de l’harmonisation du droit d’auteur, aux limites et exceptions à l’ère numérique jusqu’aux mesures pénales, notamment.

Ce chantier annoncé, les esprits crépitent dans les États-Membres, notamment là où se pratique la religion de l’exception culturelle.

Les conclusions de la mission Lescure en tête

En France, le 28 mai dernier, le président du Conseil Supérieur de la Propriété littéraire et artistique a justement confié au juriste Pierre Sirinelli une mission sur ce sujet. « Alors que le débat en la matière a été très vif au cours des dernières années, au plan académique, comme au plan politique, écrit Pierre-François Racine, j’attends de votre mission qu’elle permettre d’éclairer concrètement les enjeux d’un choix très lourd sur une éventuelle révision ». Le président du CSPLA considère pour l’heure que l’opportunité de cette révision « n’est pas établie en l’état, eu égard à l’exigence de stabilité du droit et de sécurité juridique des acteurs. »  En quête d’arguments, il demande donc à l’éminent professeur de droit de « présenter les éléments pertinents de ce que pourra être une position française sur les principaux points identifiés » par la Commission européenne.

Il prend déjà soin de rappeler les travaux de la mission Lescure: « le rapport sur l’Acte II (…) se prononce en particulier pour une protection et une adaptation des droits de la propriété littéraire et artistique ». (Notre panorama de toutes ses propositions). « En fonction des choix que fera le Gouvernement, ajoute le président du CSPLA, la protection et l’adaptation de ces droits sont appelées à constituer le chantier essentiel de l’action du Conseil supérieur dans les années qui viennent. »

Permettre au gouvernement français de se forger une opinion

Pierre Sirinelli va glaner dans les semaines à venir l’avis de tous les membres du CSPLA, conseil composé essentiellement d’ayants droit. « L’apport de tous sera précieux, écrit le juriste dans un récent courrier, pour permettre au gouvernement français de se forger une opinion et d’adopter une position officielle à propos de la possible évolution de la directive ». Plusieurs réunions sont déjà programmées au ministère sur les droits voisins, les droits d’auteur et l'épineuse question des prestataires techniques.

En guise de piste de réflexion, Sirinelli cite notamment la liste des exceptions au droit d’auteur. « Faudrait-il en supprimer certaines ? En créer de nouvelles ? » lance-t-il aux membres du CSPLA. « Faut-il revoir les conditions de mise en œuvre de certaines exceptions ? Devrait-on rendre certaines exceptions obligatoires ? En garantir certaines ? Prévoir une compensation ? »

Sur ce thème, le Rapport Lescure préconise d’élargir le droit de citation pour englober les œuvres transformatives (mashups, remixes…). Il milite pour le dépoussiérage de l’exception pédagogique pour les enseignants et les chercheurs tout en facilitant la mise en œuvre de l’exception handicap ou la valorisation du domaine public. Mais le sujet pourrait aussi concerner la manne de la copie privée, que les ayants droit savent menacer à Bruxelles suite au rapport Vitorino.   

Mais le sujet est bien plus vaste. Les travaux Sirinelli viseront ainsi encore les mesures techniques de protection tout comme le fameux article L336-2 du Code de la propriété intellectuelle.

Muscler ou affaiblir le 336 - 2 ?

La France a mal transposé l’article 8 - 3 de la directive sur le droit d’auteur, comme l’a soulevé Yahoo! dans l’affaire Allostreaming. Il autorise en effet à réclamer « toute mesure » de « toute personne » pour empêcher ou faire cesser la violation d’un droit d’auteur, alors que la directive réserve ces réclamations aux seuls intermédiaires techniques. « Quel sort pour l’article 8.3, transposé en droit français à l’article L. 336 - 2 CPI ? Quels types de mesures pourraient être envisagés sur le fondement de l’article 8.3 ? » enchaîne Sirinelli qui fait d’ailleurs un appel du pied : « la voie tracée par cette disposition pourrait-elle être approfondie ? »

Le juriste questionne encore le CSPLA pour savoir si « l’établissement de codes de bonne conduite doit […] être encouragé ? Encadré ? Dans quels domaines ? » La mission Lescure préconise ici un rapprochement d’abord amical entre professionnels des contenants et ceux des contenus afin de purifier les flux circulant sur le Net. En cas d’échec des négociations, on sait que Lescure menace les intermédiaires d'action sur le terrain du 336 - 2, du moins ceux qui n’auraient pas retiré ou déréférencé tel ou tel contenu mis à l’index par les ayants droit.

Cette grande réforme intervient alors que dans le futur accord de libre-échange entre l'UE et les États-Unis, la Commission Européenne sait que les deux parties s'engagent « à maintenir et promouvoir un haut niveau de protection de la propriété intellectuelle, y compris en ce qui concerne l'application des droits y afférents. »

Commentaires (16)

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L’objectif sera de parvenir en 2014 « à une décision sur l’opportunité de soumettre les propositions de réforme législative qui résulteront de ces travaux ».





“On s’autorise à penser dans les milieux autorisés qu’un accord secret pourrait être trouvé”.



Faire des réunions pour réfléchir aux prochaines réunion, tain ça me me en pétard c’te connerie. <img data-src=" />

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Je pensais que ça faisait longtemps que c’etait le chantier, le droit d’auteur <img data-src=" />

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un futur plein d’avenir… en même un futur sans avenir… <img data-src=" />

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lava a écrit :



“On s’autorise à penser dans les milieux autorisés qu’un accord secret pourrait être trouvé”.



Faire des réunions pour réfléchir aux prochaines réunion, tain ça me me en pétard c’te connerie. <img data-src=" />





Meme chose…Le pire c’est que je suis sur que des gens sont payés pour préparé la réunion qui prépare les sujets de la prochaine réunion <img data-src=" />



L’administration française dans toute sa splendeur <img data-src=" />


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ExoDarkness a écrit :



Meme chose…Le pire c’est que je suis sur que des gens sont payés pour préparé la réunion qui prépare les sujets de la prochaine réunion <img data-src=" />



L’administration française dans toute sa splendeur <img data-src=" />







Euh dans ma boite (privée), on fait des réunions pour préparer d’autres réunions. C’est pas une spécificité de l’administration



Pour ma part, je propose les réformes suivantes :




  • Suppression des exceptions au droits d’auteurs. Vous allez raquer épicétou

  • Extension des droits à 1000 ans après la mort de l’auteur.

  • Ou suppression du domaine public. Si les ayants-droits d’une oeuvre ne peuvent pas être identifiés (un descendant d’Homère dans la salle ?), les droits de l’oeuvre iront aux plus offrant




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À la lecture, j’ai l’impression qu’il ne va interroger que les ayant-droit !

Il pourrait aussi interroger les citoyens, les consommateurs.



Je suis à sa disposition.



Voilà déjà quelques idées :





  • limiter les droits d’auteurs à 20 ans comme les brevets, pas après la mort de l’auteur, hein ! 20 ans après la publication.



  • interdire les DRM de toute sorte



  • ne pas limiter à une licence d’utilisation les “achats” d’œuvre au format numérique.



    Cela implique :

  • le droit de revendre une œuvre numérique sans nouvelle rémunération, bien entendu

  • le droit à prêt d’une œuvre numérique

  • une œuvre numérique doit aussi pouvoir être donnée ou faire partie de l’héritage.



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Alors que c’est simple : il y aura un prétexte pour toujours payer plus :|

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fred42 a écrit :





  • limiter les droits d’auteurs à 20 ans comme les brevets, pas après la mort de l’auteur, hein ! 20 ans après la publication.







    C’est vrai que c’est super bien pensé cette limite de 70 ans après la mort de l’auteur. Dans 99% des cas, l’oeuvre ne rapporte plus rien et quand elle rapporte quelque chose il faut la partager sur jusqu’à 3 générations (en suivant les décès et tout et tout) soit une douzaine de personnes (donc la magot doit encore être partagé en 12)


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fred42 a écrit :





  • limiter les droits d’auteurs à 20 ans comme les brevets, pas après la mort de l’auteur, hein ! 20 ans après la publication.







    +1000. Et encore, 20 me parait trop. Et s’ils sont aussi sacrés que cela, ils ne devraient pas pouvoir se revendre.



    edit :





    v1nce a écrit :



    C’est vrai que c’est super bien pensé cette limite de 70 ans après la mort de l’auteur. Dans 99% des cas, l’oeuvre ne rapporte plus rien et quand elle rapporte quelque chose il faut la partager sur jusqu’à 3 générations (en suivant les décès et tout et tout) soit une douzaine de personnes (donc la magot doit encore être partagé en 12)







    Quand c’est encore la famille du chanteur/de la chanteuse qui possède les droits d’auteur …


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Vieux_Coyote a écrit :



+1000. Et encore, 20 me parait trop. Et s’ils sont aussi sacrés que cela, ils ne devraient pas pouvoir se revendre.





Il n’y a pas de raison que les auteurs soient défavorisés comparés aux inventeurs !

(et réciproquement)

Pourquoi pas de revente ? Ces droits sont à eux et s’il préfèrent les revendre plutôt que les exploiter, pourquoi pas.


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fred42 a écrit :



Il n’y a pas de raison que les auteurs soient défavorisés comparés aux inventeurs !

(et réciproquement)

Pourquoi pas de revente ? Ces droits sont à eux et s’il préfèrent les revendre plutôt que les exploiter, pourquoi pas.







Le droit d’auteur me donne l’air d’être aujourd’hui sacralisé par nos institutions, et presque mis à égalité avec la liberté. Je trouve donc étonnant qu’il puisse être revendu. Je veux dire, si c’est sacré, ça ne se revend pas, pas comme de la marchandise (ou alors ce n’est pas si sacré que cela).

Mais ce que j’ai dit était un peu trop, je l’admets volontiers.



Par contre les inventeurs, ce n’est pas 20 ans mais ça dépend.



edit: petite question au passage : finalement, pourquoi un auteur et un inventeur devraient-ils être comparés ? Ils ne font pas du tout la même chose …


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« à maintenir et promouvoir un haut niveau de protection de la propriété intellectuelle, y compris en ce qui concerne l’application des droits y afférents. »



Ouf ! Nous voilà rassurés ! <img data-src=" />



Rassurés aussi pour le maintien des splendides séries US qui envahissent nos écrans, du flic intègre, de l’avocat exemplaire, et des meurtres bien sûr sans laquelle la vie ne serait pas marrante. La culture US, en somme ! <img data-src=" />



Le reste consiste en des niaiseries franchouillardes pour débiles mentaux juste pour dire « Regardez on fait aussi du français ! », et puis à coups de subventions publiques il faut bien financer les productions nationales télé et ciné, ainsi que les confortables cachets de ceux qui iront s’expatrier pour cause d’impôts insupportables !



Et les droits d’auteur, faut bien que ça tourne, la poule aux œufs d’or est devenue une vieille truie purulente vérolée, sur laquelle on a mis un collier avec écrit dessus : Culture”. <img data-src=" />



Et la vie continue ! Plus belle la vie ! <img data-src=" />

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fred42 a écrit :



À la lecture, j’ai l’impression qu’il ne va interroger que les ayant-droit !

Il pourrait aussi interroger les citoyens, les consommateurs.



Je suis à sa disposition.



Voilà déjà quelques idées :





  • limiter les droits d’auteurs à 20 ans comme les brevets, pas après la mort de l’auteur, hein ! 20 ans après la publication.



  • interdire les DRM de toute sorte



  • ne pas limiter à une licence d’utilisation les “achats” d’œuvre au format numérique.



    Cela implique :

  • le droit de revendre une œuvre numérique sans nouvelle rémunération, bien entendu

  • le droit à prêt d’une œuvre numérique

  • une œuvre numérique doit aussi pouvoir être donnée ou faire partie de l’héritage.





    +1K, toi on voit que tu travaille pas au gouvernement pour avoir des idées aussi brillantes <img data-src=" /> Malheureusement tes propositions ne tiennent pas compte :

  • Du lobying

  • Des pauvres artistes qui ne gagnent que quelques millions

  • Des pauvres ayant droit


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En gros : Comment emmerder et racketter l ‘ internaute dans le monde numérique.

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danyel76 a écrit :



En gros : Comment emmerder et racketter l ‘ internaute dans le monde numérique.





Exactement, le manant est corvéable et taxable à merci, pour que l’élite maintienne son train de vie.



Ah, mais que voulez-vous, cher Monsieur ! Tout le monde n’a pas les mêmes valeurs !


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Ou comment radicaliser les consommateurs/internautes en prenant toujours plus de mesures débiles..



Je télécharge très peu, mais plus je lit leur conneries et et plus j’ai envie de faire tourner la rivière H24 77 <img data-src=" />



C’est certes puéril mais que voulez vous

Le chantier européen du droit d’auteur s’ouvre au ministère de la Culture

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