4,27 millions € de dépenses logicielles en 2012 pour l’Éducation nationale
Nous Peillon, vous payez,...
Le 07 août 2013 à 08h30
6 min
Droit
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Alors que l’utilisation du libre au sein des écoles, collèges et lycées a agité les débats parlementaires au cours des derniers mois, le ministère de l’Éducation nationale vient de lever un voile - partiel - sur ses dépenses en logiciels propriétaires et libres, comme l’avait demandé la députée Isabelle Attard.
Progressivement, depuis plusieurs semaines, les différents membres du gouvernement dévoilent de manière plus ou moins détaillée quelles sont les dépenses logicielles de leurs ministères respectifs (voir notre récapitulatif en fin d’article). Cet exercice n’est cependant pas véritablement volontaire, puisqu’il correspond en fait à une demande formulée par la députée écologiste Isabelle Attard au mois de mai. Au travers d’une série de 37 questions écrites, l’élue avait effectivement invité chaque ministre à préciser de quelle manière il avait mis en œuvre la circulaire du Premier ministre relatif à l’usage du libre dans l’administration.
Aujourd’hui, une nouvelle réponse vient d’être publiée au Journal Officiel, et non pas des moindres, puisqu’il s’agit de celle du ministère de l’Éducation nationale. L’on apprend ainsi que suite à la circulaire signée par Jean-Marc Ayrault l’année dernière, la Rue de Grenelle a fixé des orientations de travail en trois temps : « redéfinir la politique du ministère face au logiciel libre, dresser un état des lieux des composants, licences, coûts et élaborer une cible et une trajectoire pour y parvenir ». Ce projet est inscrit dans une feuille de route qui s’étend sur la période 2013 - 2015.
L’Éducation nationale met en avant ses efforts en faveur du libre
Sans s’étendre davantage sur la suite des choses, le ministère de l’Éducation nationale regarde surtout dans le rétroviseur, mettant en avant ses efforts passés en la matière. « Avant même la publication de la circulaire précitée du Premier Ministre, des actions de migrations de logiciel propriétaire vers les outils du libre avaient été engagées dans les équipes en charge de l'ingénierie logicielle des produits nationaux (déployés dans tout le ministère, administration centrale, services déconcentrés, établissements publics et écoles) ». Vincent Peillon assure dans sa réponse que ces actions se poursuivent dans le cadre de la nouvelle feuille de route.
S’en suivent ensuite de nombreux exemples censés illustrer ces efforts :
- « Courant 2011, le ministère a lancé des expérimentations avec un outil du monde libre, la suite Squash (promue par la société Hénix), expérimentations qui se sont montrées concluantes. En janvier 2012, le comité de pilotage « qualification » a statué sur l'abandon progressif de l'outil HP au profit de la suite libre Squash. Deux marchés, formation et accompagnement des équipes, ont été lancés et notifiés début 2013 afin de mettre en oeuvre cette migration. »
- « La suite bureautique OpenOffice et maintenant la suite bureautique LibreOffice sont largement utilisées par le corps enseignant comme un outil de travail partagé avec les élèves. »
- « Dans le cadre de la promotion des outils du libre en académie, 23 000 serveurs EOLE ont d'ores et déjà été déployés au sein des établissements scolaires. EOLE est un projet collaboratif fondé sur la philosophie du logiciel libre « UBUNTU » permettant d'installer des serveurs dédiés (pare-feu, serveur de fichier administratif ou pédagogique, VPN, client-léger, etc). »
- « Les analystes ont été équipés fin 2008 de l'outil propriétaire d'IBM (RSA) ; le ministère a acquis 85 licences dans le cadre d'un contrat de 3 ans. Fin 2012, le ministère a fait le choix de migrer vers les solutions du libre et n'a pas renouvelé le marché de maintenance avec IBM. »
- « Depuis une dizaine d'année, le ministère de l'éducation nationale a choisi de déployer ses grands projets nationaux basés sur les briques logicielles du libre : plus de 4 000 serveurs basés sur le système d'exploitation « Red hat » (distribution de Linux) sont déjà déployés dans les rectorats et des composants techniques Open source sont utilisés pour les infrastructures du ministère de l'éducation nationale et des rectorats. »
- « La solution d'inventaire de parc « OCS Inventory » (Open computers ans Software Inventory Next Generation est un outil d'inventaire de parc informatique) et la solution de gestion de parc « GLPI » (logiciel libre de gestion de parc informatique) sont déployées dans la moitié des académies. La plate-forme de formation en ligne « Pairform@nce » est une plateforme qui est basée sur la solution libre Moodle et développée par la DGESCO. »
Fleur Pellerin et Vincent Peillon, en juin 2013. Crédits : Education nationale, via Dailymotion.
4,27 millions d’euros en 2012, dont 220 000 euros pour le libre
Enfin, la Rue de Grenelle donne quelques chiffres. Le ministère de l’Éducation nationale affirme effectivement avoir dépensé 4,27 millions d’euros en matière d’achat de logiciels en 2012, dont 220 000 euros en prestations de support aux logiciels libres. Il est toutefois précisé que ces montants constituent une partie des achats pris en charge par l'administration centrale du ministère de l’Éducation nationale dans le cadre de la mutualisation des achats.
Pour l’année 2013, 2,2 millions d'euros de dépenses ont été prévues, dont 350 000 euros pour les prestations de support aux logiciels libres. « À cela s'ajouteront les dépenses de prestations de support aux logiciels libres relatives au prochain marché subséquent (en cours d'élaboration) de l'accord-cadre interministériel du service des achats de l'État » ajoute Vincent Peillon. Le mouvement général semble donc à la baisse des dépenses, sauf s'agissant du libre. Il est quoi qu'il en soit dommage que le ministère de l’Éducation nationale n’ait pas détaillé ces montants sur la période 2008 - 2012, comme le réclamait Isabelle Attard.
Tableaux PC INpact - En euros.
En plus de ce récapitulatif par ministères (ci-dessus), voici une évaluation totale, tous ministères confondus, fournie par le ministère de la Réforme de l'Etat :
Egalement en euros.
4,27 millions € de dépenses logicielles en 2012 pour l’Éducation nationale
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L’Éducation nationale met en avant ses efforts en faveur du libre
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4,27 millions d’euros en 2012, dont 220 000 euros pour le libre
Commentaires (39)
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Abonnez-vousLe 07/08/2013 à 09h01
J’ai beau être fan du libre, une salle informatique sans microsoft office, j’ai beau essayer de m’y faire, ça passe pas. " />
Le 07/08/2013 à 09h07
Et des livres pour les elèves ?
C’est bien d’acheter des softs et ordis, mais ils n’iront pas dans les zones pauvres comme d’hab " />" />
Le 07/08/2013 à 09h14
Ils sont mignons avec leurs déclarations :
« Dans le cadre de la promotion des outils du libre en académie, 23 000 serveurs EOLE ont d’ores et déjà été déployés au sein des établissements scolaires. EOLE est un projet collaboratif fondé sur la philosophie du logiciel libre « UBUNTU » permettant d’installer des serveurs dédiés (pare-feu, serveur de fichier administratif ou pédagogique, VPN, client-léger, etc). »
Eole est un produit développé par quelques quidam, qui ne fonctionne pas toujours comme il faut et qui n’a absolument aucun SAV, car le ministère de l’éducation nationale refuse de mettre les moyens.*
La solution, certes basée sur Ubuntu, est modifiée et simplifiée à l’extrême afin de permettre l’utilisation des outils par les profs (chaque établissement a un référent informatique, payé quelques heures, qui doit tout gérer). Seul souci, essayer de faire une modification comme on le ferait avec un “Vrai” ubuntu/linux est une gagure : c’est à coup sûr planter le système.
De plus, Eole n’est compatible avec Seven que depuis quelques mois réellement (et pas compatible Windows 8).
Y a pleins de problèmes à chaque changement de version majeure et les établissements essuient souvent les plâtres. De plus, certaines académies imposent l’utilisation d’EOLE et impose les mises à jour grâce à un serveur centralisé, ce qui fait que les techniciens des collectivités n’ont absolument pas la main là dessus. Donc le jour où une MAJ foireuse tombe…
Passer les postes de travail sur du libre me paraît compliqué, sachant que d’une part, les achats dépendent des collectivités (mairie pour les écoles, conseil général pour les collèges et région pour les lycées) et que d’autre part, nombre de logiciels ne sont pas compatibles avec Linux à moins de passer par Wine et franchement… Etant donné que la plupart de la maintenance est faîte par des profs et que 75% n’y connaissent rien, comment dire… " />
Quand à l’utilisation de LibreOffice ou OpenOffice par les profs, là encore, feraient bien de descendre de leurs nuages. Beaucoup sont encore restés sur MSO et resteront dessus : d’une part à cause des tarots pratiqués il y a quelques années par MS à l’encontre des personnels de l’EN, d’autre part parce qu’aucune formation n’est proposée et qu’un utilisateur reste un utilisateur : on lui change pas de suite bureautique comme ça sans faire du social longuement avant " />
Le 07/08/2013 à 09h24
« EOLE est un projet collaboratif fondé sur la philosophie du logiciel libre « UBUNTU » permettant d’installer des serveurs dédiés (pare-feu, serveur de fichier administratif ou pédagogique, VPN, client-léger, etc). »
Pare-feu… j’espère que ce n’est pas celui inclus dans open-office " />
Le 07/08/2013 à 09h25
4M€ pour l’EN en logiciels, ca me paraît trèèèès louche. Le comptedoit oublier pas mal d’éléments.
Mais bon, puisqu’on enfume aussi les chiffres en prétendant qu’on n’a pas besoin de support pour tout ce petit monde en libre, c’est de bonne guerre.
Et puis quitte à écrire de la merde, autant mélanger joyeusement le libre, le gratuit, etc. Pas mal de benchs montrent que Win Server coute moins cher sur le long terme qu’un RHEL, que faute d’un centre de compétence adapté, le PostGre ça suxxe.
Bref, je suis pas convaincu par une “librisation” sauvage dans les ministères. Ce serait pourtant pas si con d’avoir un gros centre de compétence sur certaines technologies Open Source au niveau de l’état (ok il semblerait que la DSI de la DGFiP joue de plus en plus ce rôle mais c’est loiiiiin du compte). Mais avec le mille feuille habituel, on va juste avoir plein de choix différents qui vont coûter des bras à maintenir…
Caramba, encore raté!
Le 07/08/2013 à 09h27
Le 07/08/2013 à 09h49
Le 07/08/2013 à 09h51
Le 07/08/2013 à 09h52
Les Ubuntu sous Unity à la FAC sont une horreur. Du libre la ou il peut être mis, d’accord, mais du bon libre je vous prie.
On aura plus ou moins toujours besoin du propriétaire dans tous les cas, vouloir mettre du libre absolument partout est un peu utopique (aujourd’hui en tout cas), mais seulement 4,27 millions € de dépenses ? Ça me parait bien faible comme estimation.
OpenOffice est une torture à apprendre, pour avoir fait une formation sur l’équivalent Microsoft je dois avouer que pour une fois le propriétaire se débrouille bien mieux que le libre.
Le 07/08/2013 à 09h53
Le 07/08/2013 à 10h44
Le 07/08/2013 à 10h48
Le 07/08/2013 à 10h54
Le 07/08/2013 à 11h10
Le 07/08/2013 à 11h32
Le 07/08/2013 à 11h38
Le 07/08/2013 à 08h41
Les tests effectués de-ci de-là semblent concluant pour le libre, reste à changer beaucoup de matos pour s’échapper du proprio et ,ça, ça fait mal au portefeuille.
Au moins ça bouge, même si on pourrait regretté la lenteur d’exécution et (j’en suis certain) de la mauvaise foi de certains ministères.
Le 07/08/2013 à 08h44
Changer de matos ? Oo
Linux tourne bien sur les becanes actuelles
Le 07/08/2013 à 08h57
Quand je pense qu’on donne 11 millions à Hadopi." />
Le 08/08/2013 à 14h31
@ llain : tout à fait d’accord avec toi !
Eole est un package d’outils dépassés : samba 3, firewall plus développé, nufw, de la sécurité comme en en faisait dans les années 90, des clients lourds et bugués à installer sur les postes pour essayer de reproduire des choses qui marchent déjà très bien depuis plus de 15ans avec les serveurs Windows.
Il y a des très bonnes choses dans le libre mais il ne faut pas vouloir faire du libre à tout prix, car dans certains domaines le libre a 20 ans de retard, notamment au niveau des annuaires, serveurs de fichiers, sécurisation des stations, etc.
Open office ou libre office ? à quand les fichiers totalement compatibles d’une sous version à une autre ? on oublie de parler du foutoir qu’il y a eu a la gendarmerie quand ils ont adopté ce truc… des tas de fichiers corrompus, des mises en pages détruites, textes et tableaux foutus , etc … ils ont surement du ressortir les archives papier pour des tas d’affaires.
Pour open office, il est quasi impossible de virtualiser de tels produits très lourds en utilisation mémoire et cpu (10 fois plus qu’ms-office en gros) car écrits en java.
Tous outils bureautiques sont en train de passer en “cloud”, il est clair que la aussi ils ont loupé le train, qui est un tgv.
Le 08/08/2013 à 19h19
Le 08/08/2013 à 20h50
Le 09/08/2013 à 07h56
Le 07/08/2013 à 11h50
Le 07/08/2013 à 12h00
Plutôt que de négocier le prix des licences, on pourrait
1/ Payer le prix des licences à cro$oft comme on le fait +/-
2/ Faire en sorte qu’ils payent un peu plus d’impôts qu’actuellement (voir beaucoup plus)
3/ Acheter le matos des collèges/lycées avec la marge si il y en a
J’imagine que récupérer 5M€ en impôt ne devrait pas être si compliqué que ça VS équiper tous les lycées/collèges avec du libre (formation inclus).
Le 07/08/2013 à 12h10
Le 07/08/2013 à 12h20
Le 07/08/2013 à 12h28
Le pire c’est que lors d’une étude récente, les établissements avec de l’informatique sont moins efficaces au niveau éducatif que les établissements sans informatique.
Apparemment les économies réalisées et transformées en postes de professeurs supplémentaires pour avoir des classes moins chargées.
Et donc plus de contact humains, donc plus d’attention des professeurs aux faiblesses des élèves pour les aider à corriger leurs erreurs, serait plus logique !
Le 07/08/2013 à 12h41
Le 07/08/2013 à 12h42
Le 07/08/2013 à 12h48
Le 07/08/2013 à 13h33
d’après mon prof la région limousine a utilisé 2 millions € pour développer un logiciel pour les absences devoirs etc ! 2 millions pour un logiciel je cite “de merde”
Le 07/08/2013 à 15h16
Le 07/08/2013 à 16h14
Le 07/08/2013 à 17h55
Le 07/08/2013 à 18h01
Le 08/08/2013 à 09h40
Le 08/08/2013 à 13h15
Le 08/08/2013 à 13h16
Pour LibreOffice cela fait depuis la version 3.5 ou je sais plus quoi qu’ils ont ajouté la possibilité de lancer le runtime indépendamment des applications : tu lance le runtime au démarrage de la session windows, transparent pour l’utilisateur qui ne va pas ouvrir ça en premier, et quand il se décide à ouvrir LO, ca s’ouvre en 10sec montre en main.