Le CSA, « ce n’est pas la NSA, tout de même ! »
À une lettre près
Le 04 novembre 2013 à 10h30
5 min
Droit
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En fin de semaine dernière, l’Assemblée nationale a adopté le projet de loi sur l’Indépendance de l’audiovisuel. Au fil de la discussion, la régulation des contenus culturels en ligne a été approchée, sans que le transfert de la réponse graduée au CSA n’ait été remis sur le tapis.
La députée EELV Isabelle Attard
En commissions mixtes paritaires, les députés ont finalement adopté sans changement l’ensemble du projet de loi sur l’indépendance de l’audiovisuel. Si le texte consacre plus d’indépendance dans les nominations au sein de cette autorité publique, il permet aussi au CSA de muscler son influence sur les réseaux.
Déclaration préalable, juge-arbitre des différends
Selon Thierry Repentin, ministre délégué aux affaires européennes, cette régulation « modernisée [est] adaptée à l’ère du numérique ». Le remplaçant en séance d’Aurélie Filippetti cible notamment l’obligation de déclaration préalable qui pèsera à l’avenir sur l’ensemble des services de médias audiovisuel à la demande (ou SMAD, soit VOD, TV de rattrapage en ligne, etc.). Ce n’est pas tout. Le Conseil supérieur de l’audiovisuel pourra aussi « régler les différends portant sur la distribution de ces services » en ligne.
Cette capacité à connaître l’intégralité des SMAD ne permettra pas seulement au CSA d’avoir un puissant outil statistique. C’est aussi une condition préalable à la mise en musique d’autres préconisations du rapport Lescure. Celui-ci compte en effet inciter les plateformes à caresser l’exception culturelle dans le sens du poil (surréférencement des œuvres européennes ou françaises, participation financière, etc.). En devenant juge des litiges entre les acteurs des contenus en ligne (édition, distribution), il pourra aussi influencer de tout son poids pour pousser ces mêmes plateformes dans ce sens.
Face à ces nouveaux pouvoirs, la députée EELV Isabelle Attard fait part de ses doutes et ses craintes. « Les nouvelles obligations faites aux services de médias audiovisuels à la demande, notamment le dépôt d’une déclaration préalable au CSA, nous interpellent. Par définition, le réseau internet est mondial. »
Pas assez de débats
Cette obligation de déclaration préalable n’a plus eu beaucoup d’opposition entre les parlementaires, contrairement à ce que nous avions vu en amont de la procédure législative. En Commission mixte paritaire, seul finalement le sénateur Jean-Pierre Leleux s’est dit « défavorable à cette disposition » au motif que « la question des services de télévision et de médias audiovisuels à la demande [n’a] pas été suffisamment débattue au sein de nos assemblées ».
David Assouline, rapporteur du texte au Sénat, avait tenté durant les débats de soulager ces inquiétudes : « Il ne s’agit pas d’un contrôle a priori, mais de la fixation de règles minimales. Les réflexions menées dans le présent projet de loi ne visent absolument pas à instituer une forme de « gendarme de l’Internet », risquant de se transformer en néo Big Brother. »
Pas de contrôle a priori ? Il pèse à ce jour une série d’obligations sur les épaules des SMAD : protection des mineurs avec notamment un dispositif de signalétique, obligation d’isoler les programmes « déconseillés ou interdits aux mineurs de 18 ans » dans un espace verrouillé, soutien à la création pour les plus gros acteurs du secteur, etc.
Les critiques des acteurs du web
L’Asic, qui rassemble Google, Facebook et d’autres géants, avait du coup émis de fortes réserves à l’encontre de cette future obligation déclarative. « Demain, ce sont les blogueurs, les sites de e-commerce, les journaux en ligne, les jeunes créateurs, tous ces acteurs qui ont décidé d’avoir recours à la vidéo pour faire usage de leur liberté d’expression, qui vont se retrouver soumis à une censure préalable ». Justement. A ce jour, la directive e-commerce interdit de conditionner les activités des prestataires en ligne à un mécanisme d’autorisation préalable ou ayant « un effet équivalent ». Pour les acteurs du web, nous sommes effectivement dans le cadre de « l’effet équivalent » au regard du nombre d’obligations pesant sur les SMAD.
Au Sénat, cependant, David Assouline a repoussé par anticipation ces critiques estimant que « la déclaration constitue une simple mesure d’information de l’autorité auprès de laquelle cette formalité doit être accomplie, sans qu’elle puisse, de ce seul fait, s’opposer à l’exercice de l’activité en question. Il ne s’agit donc pas d’une exigence contraignante ou restrictive de liberté, comme l’a rappelé le Conseil constitutionnel dans sa décision du 16 juillet 1971, à propos de la liberté d’association. »
Une mesure qui « porte en elle de nombreux dangers »
Lors des discussions en commission mixte paritaire, Isabelle Attard a pour sa part souligné que la régulation des contenus d’Internet par le CSA, une des préconisations du rapport Lescure, « porte en elle de nombreux dangers ». Elle souligne ainsi que « les écologistes seront très attentifs à ce qu’une législation modifiant les missions du CSA ne vienne pas restreindre indûment les libertés individuelles des citoyens qui utilisent internet ». Si le socialiste Marcel Rogemont temporisera (« Ce n’est pas la NSA, tout de même ! »), la députée fera ce petit rappel : « n’oublions pas que ce moyen de communication est le premier à rendre effectif le principe de liberté d’expression, deux cents ans après sa définition dans la loi par les révolutionnaires de 1789. »
Le CSA, « ce n’est pas la NSA, tout de même ! »
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Déclaration préalable, juge-arbitre des différends
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Pas assez de débats
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Les critiques des acteurs du web
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Une mesure qui « porte en elle de nombreux dangers »
Commentaires (31)
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Abonnez-vousLe 04/11/2013 à 17h03
Le 04/11/2013 à 20h09
Le 04/11/2013 à 20h40
je confirme le titre. à la NSA il y a des gens qui ne sont pas techniciens de ménage mais qui sont quand même compétents dans leur boulot " />
Le 05/11/2013 à 01h42
En France, on a besoin de normes écrites et de centralisation. Question d’habitude historique de l’Etat… Ca rassure tout le monde. Que ce soit la largeur des trottoirs en ville ou les images autorisées sur TF1, on codifie, on légifère.
Ensuite, dans les faits, il n’y a pas de violence dans une fiction à 21h00, mais au journal de 20h00 ça ne choque pas. Alors on applique la norme… ou pas, ce qui compte c’est de l’écrire dans le marbre et de nommer des directeurs de conscience sociale.
Le 05/11/2013 à 12h05
Le 05/11/2013 à 22h59
Le 06/11/2013 à 01h58
Le 04/11/2013 à 10h31
Mouai mouai mouai ….
La finalité est toute similaire quand même… non ?
Le 04/11/2013 à 10h35
Ah non: la NSA écoute, le CSA fait taire.
Le 04/11/2013 à 10h35
la députée fera ce petit rappel : « n’oublions pas que ce moyen de communication est le premier à rendre effectif le principe de liberté d’expression, deux cents ans après sa définition dans la loi par les révolutionnaires de 1789. »
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Le 04/11/2013 à 10h45
Le jour où le NET CSA d’être le NET…" />" />
Le 04/11/2013 à 10h46
Le 04/11/2013 à 11h41
Le 04/11/2013 à 11h43
Après, faudra voir avec quel budget…
S’il récupèrent Hahahadopi sans le budget qui va avec, vont pas pouvoir faire grand-chose au final. Surtout hors des frontières de notre pays…
Epic Fail en vue ? A suivre…
Le 04/11/2013 à 11h46
Au Sénat, cependant, David Assouline a repoussé par anticipation ces critiques estimant que « la déclaration constitue une simple mesure d’information de l’autorité auprès de laquelle cette formalité doit être accomplie, sans qu’elle puisse, de ce seul fait, s’opposer à l’exercice de l’activité en question. Il ne s’agit donc pas d’une exigence contraignante ou restrictive de liberté, comme l’a rappelé le Conseil constitutionnel dans sa décision du 16 juillet 1971, à propos de la liberté d’association. »
et donc ? s’ils ne font pas la déclaration préalable, il se passe quoi ?
Le 04/11/2013 à 12h03
Le 04/11/2013 à 12h16
Il ne s’agit pas de censure mais de régulation!" />
Ce n’est que le premier pas vers la censure." />
Le 04/11/2013 à 12h21
Il ne s’agit donc pas d’une exigence contraignante
Vraiment ? Cette loi vient modifier les articles 33-1 et 34 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986. On peut y lire la chose suivante :
Le conseil peut, par décision motivée prise dans un délai fixé par voie réglementaire, s’opposer soit à l’exploitation d’une offre de services, soit à une modification de la composition de cette offre, s’il estime qu’elle ne satisfait pas aux conditions et obligations de la présente loi
Il y a donc bien censure a priori, malgré les paroles rassurantes de David Assouline.
Par ailleurs, comme c’est maintenant une habitude, la procédure accélérée a été utilisée pour cette loi, les parlementaires étant priés de bien vouloir accorder leur vote sans trop prendre le temps d’étudier le texte en détail.
Le 04/11/2013 à 12h25
Le 04/11/2013 à 12h37
Mais sinon ils comptent faire un intranet français? Parce que le CSA avec ses obligations il est bien gentil mais ça ne s’applique que pour des services français non? A part faire encore une fois en sorte qu’on s’étonne que les entreprises du web ne se localisent pas en France, je ne vois pas trop à quoi ça sert.
La priorité devrait être à la relance de l’économie française… et là… ça me désole… La vie en France va se dégrader jusqu’à ce que ça pète… " />
De toute façon nos dirigeants vivent dans un monde parallèle et jusqu’à la fin ils ne verront pas la réalité en face. Quelques heures avant de se faire couper la tête notre bon roi déclarait “ils n’oseront jamais”. On est exactement dans le même état d’esprit : on continue à régner pour le profit de quelques-uns au dépend du peuple. Alors on n’en est pas encore à crever de faim mais ça se délite petit à petit et quand les gens n’auront plus rien à perdre…
Le 04/11/2013 à 12h47
Je supporte de moins en moins le diktat de cette bande de parasites qui, le plus sérieusement du monde, osent encore prétendre qu’ils sont les dignes représentants du peuple. " />
Le 04/11/2013 à 12h54
Le 04/11/2013 à 13h16
Le 04/11/2013 à 13h34
Le 04/11/2013 à 14h04
Le 04/11/2013 à 14h05
Le 04/11/2013 à 14h25
Le 04/11/2013 à 14h28
Isabelle Attard fait part de ses doutes et ses craintes…Par définition, le réseau internet est mondial.
" /> Quelqu’un qui sait de quoi elle parle (à propos d’internet, ce qui gâche rien).
Le 04/11/2013 à 15h01
Le 04/11/2013 à 16h31
Le 04/11/2013 à 16h37