Malmenée par beIN Sport et bientôt par Netflix, Canal+ cherche à se renouveler et à gagner de nouveaux abonnés. La chaîne cryptée teste ainsi depuis peu sur quelques dizaines de milliers de comptes un accès à ses chaînes directement par Internet. Un moyen d'éviter les intermédiaires et de toucher de nombreux clients, notamment ceux ayant un débit limité.

Eviter les commissions données aux opérateurs

Il y a un peu plus de cinq ans, Canal+ déployait +Le Cube. Ce décodeur HD était avant tout destiné aux clients satellites afin d'offrir de nouveaux services, dont les avant-premières. Depuis, le décodeur a évolué, et une version TNT a été développée. Mais selon nos confrères de BFM Business, la chaîne compte l'exploiter d'une nouvelle façon. Son objectif est désormais de se passer des intermédiaires que sont les opérateurs (câble, ADSL, fibre) ou même des autres moyens de diffusions (TNT, satellite, etc.), ceci en permettant à ses abonnés d'accéder à ses chaînes tout simplement via internet.

L'un des avantages du système et que cela permet de toucher les clients ADSL qui auraient un débit trop faible pour profiter de la télévision via leur opérateur, mais qui disposent d'un débit suffisant pour afficher une vidéo sur leur ordinateur, ce qui représente encore plusieurs millions de foyers. L'autre atout est que Canal n'aura plus besoin de rémunérer les opérateurs ADSL (entre autres), sachant que la chaîne a tout de même reversé 130 millions d'euros en 2012 aux FAI français.

Le Cube branché sur le modem, tout simplement

D'après nos confrères, 10 000 clients ont déjà testé cette offre, et 30 000 supplémentaires les ont rejoints en ce mois de mars. Le concept est simple : les clients branchent le décodeur +Le Cube au boîtier faisant office de modem pour leur accès à internet via le réseau local, et le tour est joué. Les tarifs sont les mêmes et cela concerne tout aussi bien les offres de Canal+ que celles de CanalSat. Cette similarité des prix prouve toutefois que la chaîne n'a pas non plus pour ambition d'abandonner tous ses intermédiaires et leurs différentes commissions.

Restent deux questions fondamentales : la qualité d'image et le risque de congestion des réseaux. Concernant le premier point, si la perfection n'est pas forcément au rendez-vous, « nos tests pilotes montrent que la qualité peut être meilleure qu'en TNT » a assuré une source de Canal+ à BFM. Une déclaration qu'il conviendra de confirmer. Quant à la problématique de la congestion, elle dépendra du nombre de clients concernés. À l'instar de YouTube en France ou de Netflix outre-Atlantique, un service trop utilisé, surtout en soirée (soit les heures de pointe), connait assez souvent des problèmes de disponibilité. Pour résoudre ce point, négocier avec les opérateurs est une possibilité. Aux États-Unis, Netflix a par exemple mis la main à la poche pour que les abonnés de Comcast puissent profiter du service de vidéo à la demande illimitée sans difficulté. Canal+ devra peut-être en faire de même pour ses services.

Pour rappel, Canal+, comme d'autres chaînes de télévision, montre un intérêt croissant à internet depuis quelques mois. La société a notamment racheté le Studio Bagel et a lancé de nombreuses chaînes sur YouTube. Une branche nommée Canal+ OTT, spécialisée sur les contenus pour internet, a d'ailleurs été créée il y a quelques mois. Cette division est dirigée par Manuel Alduy (ex-pôle cinéma), qui a pour objectif de proposer du contenu « web, mobile et individuel, en France et à l’étranger. (...) En particulier, il aura la charge de déployer des offres payantes via l’internet ouvert (over-the-top) et de développer le réseau multi-chaînes du groupe sur le web » précisait en janvier dernier Canal+.

Dès lors, on se demande pourquoi ne pas avoir totalement abandonné l'idée d'un décodeur et ne pas avoir mise sur la seule diffusion via un ordinateur ou un écran mobile, profitant de leur capacité à être reliés à une TV avec ou sans fil. Mais peut être n'est-ce là que la prochaine étape.