Antitrust : l’OIP compte attaquer Google devant la Commission européenne
Comme 24, le feuilleton fait son retour
Le 14 mai 2014 à 14h55
5 min
Droit
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Demain après-midi à Paris sera présenté l'Open Internet Project (OIP), un groupe de sites et de médias français et allemands demandant le démantèlement de Google du fait de sa position dominante dans le domaine de la recherche en ligne. Mais selon Satellinet, l'annonce principale de demain sera une attaque envers Google devant la Commission européenne, ceci à quelques jours des élections européennes.
Accusé d'abus de position dominante par un certain nombre d'éditeurs et de startups, Google fait face à la Commission européenne depuis plusieurs années. Aux dernières nouvelles, cette commission a vu d'un bon œil les propositions de Google, qui impliquent notamment une visibilité accrue des services concurrents sur son moteur de recherche. La commission n'a pas encore définitivement accepté ces concessions, mais cela reste une forte possibilité. Ces propositions sont toutefois insuffisantes pour les opposants de Google, qui estiment que cela ne résoudra rien.
Pour faire face à cette situation, le géant allemand Axel Springer (AuFeminin.com), accompagné de nombreux médias, sites et associations français, se sont réunis sous le nom d'Open Internet Project. Selon nos informations, on retrouve ainsi la BEUC (associations de défense des consommateurs en Europe), le groupe CCM Benchmark (Comment ça Marche, Journal du Net, etc.), Lagardère Active (Doctissimo, LeGuide, Premiere.fr, JDD, etc.), et le Geste, qui compte dans ses rangs Deezer, 20 Minutes, Yahoo, Microsoft, Skyrock, Radio France, M6 Web, Le Figaro, L'Equipe, l'Opinion, E TF1, RTL, ZDNet, Bwin, Orange, Bouygues Telecom et même Google lui-même. Et selon Satellinet, d'autres groupes ont rejoint l'OIP, dont le CEPIC (syndicat européen des agences et sources photographiques), l'ESML (syndicat des éditeurs de services de musique en ligne), l'ICOMP (Microsoft, Wunderman, Mappy, SPQR, etc.), le SETO (syndicat des entreprises du tour operating), ainsi que Augsburger, un groupe parlementaire de Francfort.
« L’existence même d’entreprises numériques innovantes (...) est menacée »
Tous ces groupes et sociétés souhaitent donc démanteler Google. Et pour cela, ils comptent annoncer dès demain la saisie des autorités de la concurrence européenne, pour, comme toujours, abus de position dominante de la part de Google. L'argument est le même : du fait de ses plus de 90 % de parts de marché en Europe, Google profite de cette situation pour mettre en avant ses propres services et ainsi prendre un avantage sur ses concurrents. Or quand on sait que l'Américain multiplie les services ces dernières années, allant de la recherche de vols à la musique en ligne, en passant par l'hébergement de vidéos, la cartographie, les livres, la finance, la traduction, etc. Une liste loin d'être exhaustive qui implique logiquement de très nombreux concurrents et tout autant de griefs.
Aux États-Unis, la FTC n'a pas réussi à prouver que Google abusait de sa position dominante
À l'approche des élections européennes, les membres de l'Open Internet Project souhaitent donc profiter de cette période délicate et surtout médiatisée pour s'attaquer à Google face à l'échec de la Commission européenne. « C’est un sujet d’importance mondiale. Google, moteur de recherche en situation de monopole, géant de l’Internet, manipule les résultats de recherche afin de promouvoir ses propres services et dégrader ceux de ses concurrents. Cette situation est inacceptable. L’existence même d’entreprises numériques innovantes, créatrices d’emplois dans tous les pays de l’Union Européenne, est menacée si ces abus de position dominante d’un moteur de recherche en situation de monopole ne sont pas interdits » explique d'ailleurs l'OIP dans sa lettre d'invitation à l'évènement de demain.
« Nous avons peur de Google. Je dois le dire clairement et honnêtement. »
On notera que le mois dernier, Mathias Döpfner, le patron du groupe Axel Springer, a publié une lettre ouverte destinée à Eric Schmidt, l'un des cadres et ex-PDG de Google. Cette lettre expliquait que son groupe était totalement dépendant du moteur de recherche et que tous les éditeurs appartiennent à Google en quelque sorte. Pour le patron, il n'y a pas ici de coopération possible contrairement aux dires de l'Américain. Certes, ce dernier rapporte de nombreux visiteurs aux autres sites et services, néanmoins, le fait qu'aucune alternative n'arrive à éclore est un problème majeur en Europe.
Mathias Döpfner indique dans sa lettre que la situation actuelle est telle que le rapport de force entre Google et les autres sites est disproportionné. Il n'y a pas de rapport d'égal à égal, mais uniquement de dépendance pure. « Si Google change un algorithme, il peut écraser une de nos filiales en quelques jours et réduire son trafic de 70 %. Il s'agit d'un cas réel. Et si cette filiale est un concurrent de Google, c'est bien sûr une coïncidence. »
Pour le patron, s'attaquer au moteur de recherche américain est en fait vital aujourd'hui, d'où l'Open Internet Project et son ambition de le démanteler. « Nous avons peur de Google. Je dois le dire clairement et honnêtement, car pas un de mes collègues n'ose le faire publiquement » a-t-il ainsi affirmé dans sa lettre ouverte. « La discussion sur la puissance de Google n'est donc pas une théorie du complot d'irréductibles. (...) Et c'est pourquoi nous devons maintenant avoir cette discussion dans l'intérêt de la santé de l'écosystème à long terme de l'économie numérique. Cela concerne la concurrence, pas seulement économique, mais aussi politique. Cela affecte nos valeurs, notre humanité, notre société et le monde - de notre point de vue - en particulier l'avenir de l'Europe. »
Contactée par Next INpact, l'OIP n'a pas souhaité confirmer l'information de notre confrère. Nous aurons tous les détails demain dans l'après-midi.
Antitrust : l’OIP compte attaquer Google devant la Commission européenne
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« L’existence même d’entreprises numériques innovantes (...) est menacée »
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« Nous avons peur de Google. Je dois le dire clairement et honnêtement. »
Commentaires (15)
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Abonnez-vousLe 14/05/2014 à 15h15
Et si cette filiale est un concurrent de Google, c’est bien sûr une coïncidence. Et si cette filiale est un concurrent de Google, c’est bien sûr une coïncidence.
Farpaitement " />
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Sinon, c’est pas trop tôt qu’ils se réveillent.
Mais forcément, il a fallu qu’ils attendent d’être complètement dépendants pour s’apercevoir qu’il faudrait peut-être défendre leurs libertés.
On dirait des français, ça " />
Le 14/05/2014 à 15h25
Les attaquants sont les principaux responsables de la situation.
Il y a quelques années à peine, Google était une petite start-up alors que la plupart de ces acteurs (des concurrents de Google) existaient déjà.
Depuis, ces acteurs ont traîné au maximum pour s’adapter au évolutions du numérique et d’Internet. Il fallait bien préserver la rente.
Aujourd’hui, du coup, ils sont en retard et ont légitimement “peur de Google”, ils vont se plaindre à la commission pour réclamer le retour de leurs rentes passées.
Limiter Google est indéniablement nécessaire, dommage que ça soit du au fait qu’ils aient innové plus que les autres.
Le 14/05/2014 à 15h34
marrant de voir microsoft dans la liste.
mais bon quand on a laissé une boîte SEULE sur le marché des moteurs de recherche pendant des années, difficile de venir gueuler au bout de 10 ans qu’elle est en situation de monopole.
surtout quand on s’appelle MS ou Yahoo et qu’à la place de Google on aurait fait exactement la même chose.
c’est le jeu, mes pauvres lucettes.
après leur histoire est justifiée, c’est sûr.
mais quand on voit la liste des membres, y’en a pour tous les goûts.
un véritable patchwork de la première page de résultats Google qui veulent pas redescendre. ^^
Le 14/05/2014 à 15h44
Résumé : on n’a pas voulu bouger pendant vingt ans alors que le monde changeait radicalement autour de nous, et aujourd’hui, c’est trop tard, alors on fait un procès.
Le 14/05/2014 à 16h01
abus de position dominante
…Yahoo, Microsoft, Skyrock…
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Vous inquiétez pas pour moi, c’est un rire nerveux. " />
Le 14/05/2014 à 16h05
l’ICOMP (Microsoft, Wunderman
encore eux…
et même Google lui-même
Tous ces groupes et sociétés souhaitent donc démanteler Google.
ok, pas de problème…
Le 14/05/2014 à 16h48
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Le 14/05/2014 à 17h49
Le démantèlement de Google, rien que ça…
Ils y croient vraiment ?
Le 14/05/2014 à 19h29
Le 14/05/2014 à 20h35
Le 15/05/2014 à 06h00
Même en démantelant google, ils ne résoudront pas le problème. La société qui sera en charge de la gestion du moteur sera toujours toute puissante.
C’est un problème qui est posé à cause du modèle technologique utilisé (serveur centralisé).
Le modèle web centralisé n’engendrera que des conflit. les naspter and co l’ont compris à leur époque.
La solution serait de construire un moteur de recherche open-source basé sur modèle P2P. Le code source serait à la portée de tous et les données n’appartiendraient à personne.
En cela, Microsoft a été stupide de lancer Bing, un moteur de recherche basée sur le même modèle que google. Lorsqu’on veut mettre à terre un géant, il faut une rupture technologique et cela s’est vérifié de tout temps. On le voit actuellement avec Microsoft/windows qui souffre énormément à cause d’android/ios
Le 15/05/2014 à 06h11
Si l’oip décidait de se lancer dans une telle aventure entendre par là créer un moteur de recherche open source p2p. Toute la planète les suivrait.
Le 15/05/2014 à 10h07
Le 15/05/2014 à 10h40
Le 15/05/2014 à 10h54