Europe : la France défendra-t-elle la neutralité du Net ce 6 juin ?
Bridélice
Le 04 juin 2014 à 13h50
5 min
Droit
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Début avril, les eurodéputés votaient le Paquet Télécom. Ce vote emportait également celui de la neutralité du Net qui, après plusieurs amendements, a trouvé une définition européenne. Cependant, le dispositif doit encore être ausculté par le Conseil de l’Union européenne. L'analyse se fera ce 6 juin, prochaine étape de ce long parcours législatif.
Selon les amendements votés par le Parlement européen, la neutralité est définie ainsi : il s’agit d’un principe selon lequel le trafic est traité de façon égale, donc sans discrimination d’aucune sorte, « indépendamment de l'expéditeur, du destinataire, du type, du contenu, de l'appareil, du service ou de l'application ». Le texte appuie également cette définition en soulignant que les utilisateurs peuvent accéder aux contenus, les diffuser, les exécuter, etc. tout en utilisant les terminaux de leur choix, quels que soient le lieu, l’origine ou la destination des services.
Dans le même temps, il ouvre la porte aux services spécialisés, mais à la seule condition que « la capacité du réseau [soit] suffisante pour les fournir en plus des services d'accès à l'internet et s'ils ne portent pas atteinte à la disponibilité ou à la qualité des services d'accès à l'internet ». Dans tous les cas, il est fait interdiction à ces opérateurs de discriminer les services ou les applications équivalents au plan fonctionnel.
Le texte n’est cependant pas encore tout à fait validé dans son long parcours législatif rythmé par la codécision. Il doit en effet passer le cap du Conseil de l’Union européenne, qui réunit les ministres compétents par domaine d'activité, lesquels porteront la voix des États membres.
Quelle sera la position française ?
Justement. La France a déjà plaidé en faveur des services spécialisés. Lors des discussions en commission parlementaire, Paris n’avait ainsi pas caché son souhait de défendre ces services.
Cet appui s’était manifesté lors de la commission de l'industrie, de la recherche et de l'énergie (ITRE) du Parlement européen. Cette commission avait adopté le rapport de Pilar del Castillo qui tentait justement permettre aux opérateurs d'avantager sur leurs réseaux des services « optimisés » pour des contenus. « Avec ce texte, expliquait Françoise Castex, encore eurodéputée, les opérateurs en ligne pourront lier l'accès des utilisateurs à la Toile au subventionnement de "services spécialisés (...). C'est la porte ouverte à des offres différenciées d’accès à Internet, à un Internet bridé par des fournisseurs d'accès devenus eux-mêmes fournisseurs de contenus. C'est la menace d'une transformation de la ressource publique mondiale que constitue Internet en un réseau de distribution privé pour le seul bénéfice de quelques acteurs. »
Or, Next INpact a révélé la position française. Paris avait en effet fait connaître son avis sur cette proposition intermédiaire, se félicitant de la promotion d’ « un service d’accès à l’internet de qualité tout en permettant le développement d’offres commerciales innovantes ». L'exécutif estimait par ailleurs que « contraindre les fournisseurs de services spécialisés à proposer des fonctionnalités nécessitant une qualité supérieure de bout en bout semble trop attentatoire à la liberté de commerce et au développement de services plus performants (ex : la TVIP risquerait de ne plus pouvoir être considérée comme un service spécialisé). » Une issue torpillée par Benjamin Bayart (voir notre actualité), qui dénonçait de futurs accords commerciaux entre opérateurs et fournisseurs de contenus.
L’indécision, un mauvais présage ?
Ce 6 juin prochain, le Conseil devait rendre un « rapport d'orientation » décrivant la position des États. Finalement, il va simplement ébaucher un « état d'avancement des travaux » selon l’ordre du jour.
La Quadrature du Net qui pointe cette évolution, a un mauvais présage : « Cela laisse à penser que les gouvernements n'ont pas encore pris de position claire sur la neutralité du Net, ou qu'une partie d'entre eux ne souhaite pas faire progresser le dossier. Il est donc à craindre que ce report vise à éviter l'adoption d'une définition forte de la neutralité du Net et d'une prise de position par rapport à l'expression démocratique des parlementaires ». En somme, le gouvernement français maintiendra-t-il son cap, favorable aux opérateurs ? Ou écoutera-t-il la voix d’Axelle Lemaire, nouvelle Secrétaire d'État au Numérique, qui a plusieurs fois témoigné en faveur de la neutralité ?
Selon la Quadrature du Net, toujours, « les citoyens français sont en droit de savoir quelle sera la position de la France dans ces négociations cruciales pour l'avenir d'Internet. Le gouvernement de Manuel Valls doit donc faire état publiquement de sa position sur ce dossier sensible et ainsi permettre la tenue d'un débat public. La position de la France dans ce dossier a-t-elle changé entre le 3 avril et aujourd'hui, ou va-t-on assister à une passe d'armes entre deux ministres, deux personnalités qui divergent sur le fond même du sujet qu'ils ont à traiter ? »
Depuis le vote du Parlement européen, les lignes ont bougé avec l’arrivée de députés eurosceptiques. Miriam Artino, en charge de l'analyse juridique et politique au sein de l’initiative, considère pour le coup qu’« il est crucial que la position du Conseil des ministres de l'Union européenne, et notamment celle de la France au sein de ce Conseil, soit une position de défense de la démocratie européenne et des intérêts des citoyens. Le gouvernement français va-t-il prêter la main à des manœuvres pour enterrer la position des parlementaires européens, y compris de sa propre couleur politique ? »
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L’indécision, un mauvais présage ?
Commentaires (20)
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Abonnez-vousLe 04/06/2014 à 13h58
L’Internet est mort, vive l’Internet 2.0.
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Le 04/06/2014 à 14h03
L’avenir du net est une grande galerie commerciale comme pour la télé ou les radios en leurs temps ….
Un monde ou pour installer une application il faudra passer par le store d’une entreprise, qui en plus aura fait converger tous nos objets vers le même OS pour plus de captivité facilité.
Un monde ou ce même OS aura tous nos données hébergées dans le “Cloud” parce que c’est plus de flicage facile pour nous
Et puis t’auras quelques resistants sous Firefox OS et Ubuntu|Mageia|….
Le 04/06/2014 à 14h05
[mode M. Michou]
du moment que je peux voir facebook et les chats rigolos sur Facebook, ils peuvent bien couper l’accés aux autres sites qui doivent être un refuge de pédo-nazi-djihadiste-sioniste[/mode M. Michou]
Le 04/06/2014 à 14h09
Le 04/06/2014 à 14h12
Le 04/06/2014 à 14h24
Le 04/06/2014 à 14h26
Le 04/06/2014 à 14h27
J’ai vu cette Vidéo hier sur Numérama, à propos de la neutralité du net.
Le 04/06/2014 à 14h30
Le 04/06/2014 à 14h44
Le 04/06/2014 à 15h02
Le 04/06/2014 à 15h19
Le 04/06/2014 à 15h22
Quelle sera la position française ?
Ca dépend. Quelle est la position des géants du net ?
Le 04/06/2014 à 15h25
Le 04/06/2014 à 15h44
Quelle sera la position française ?
A quatre pattes, les fesses en l’air ?
Le 04/06/2014 à 15h48
L’Europe des chefs d’états aura certainement raison de la neutralité du net.
L’Angleterre a déjà promis son veto sur le sujet sous prétexte que la neutralité nuirait à la lutte contre la pédopornographie, la france , elle, soutiendra ses opérateurs télécom en brandissant l’étandard de la culture.
Et comme d’habitude, à la fin, nos chers chefs d’état diront sans transpirer que c’est la faute de l’europe alors que ce sont bien eux qui ont décidé de bloquer le parlement.
Le 04/06/2014 à 15h59
Le 04/06/2014 à 17h43
Le 04/06/2014 à 18h14
Le 05/06/2014 à 02h27