Connexion
Abonnez-vous

Condamné pour les propos d’un tiers, une atteinte à la liberté d’expression ?

Coup de tondeuse sur des propos fleuris

Condamné pour les propos d'un tiers, une atteinte à la liberté d'expression ?

Le 01 juillet 2014 à 08h30

Delfi AS, une société estonienne propriétaire d’un site d’information, avait été mise en cause pour des messages très insultants postés par des internautes sous ses articles. Condamnée par les juridictions nationales, elle avait porté le litige devant la Cour européenne des droits de l’Homme, estimant qu’être sanctionnée pour les propos d’un tiers portait atteinte à sa liberté d’expression. Mais en octobre 2013, la CEDH a considéré qu’il n’y avait pas de restriction injustifiée et disproportionnée. Delfi AS a donc attaqué cette décision devant la grande chambre de la CEDH, qui rendra dans quelques jours son verdict.

cedh cour européenne des droits de l'homme
Crédits : Mathieu Nivelles  (licence: CC by SA 2.0)

En janvier 2006, Delfi publie sur son site un article relatant la décision d’une société de ferries qui a décidé de modifier l’itinéraire emprunté par ses bateaux pour rallier certaines îles. Accusée d’avoir provoqué la rupture de la glace plutôt que d’utiliser des moyens moins coûteux et plus rapides, la société de transport maritime avait subi des injures et des menaces dans les commentaires sous l’article. Cette société décidait finalement d’attaquer Delfi.

 

En juin 2008, un tribunal estonien lui donne raison et la condamne à 320 euros. Delfi contre-attaque devant la CEDH, estimant d’une part être couvert par le droit de l’hébergement encadré par la directive de 2000 sur le commerce électronique, sa fonction n’étant que technique, automatique et passive. D’autre part, elle considère que se voir condamner pour les propos d’un tiers est le signe d’une ingérence disproportionnée de l’État estonien dans sa liberté d’expression.

Une ingérence injustifiée dans la liberté d'expression ?

En octobre 2013, la CEDH rejette sa demande. D’un côté, il est inutile d’évoquer la directive de l’UE de 2000 puisqu’il revient aux juridictions nationales d’en interpréter la portée. Ce n’est donc pas sous le prisme de la directive sur le commerce électronique qu’il convient d’examiner cette affaire, mais sous le seul angle de la Convention européenne des droits de l’Homme. La Cour constate de ce côté que les messages litigieux étaient extrêmement injurieux, menaçants et diffamatoires.

 

Or, sur ce terrain, les juges estiment que la société aurait dû, compte tenu du sujet sensible, « redoubler de vigilance pour éviter de se voir reprocher une atteinte à la réputation d’autrui ». En somme, elle aurait dû anticiper le déluge de critiques. De même, si Delfi avait mis en place différents messages et outils pour déconseiller, dénoncer, voire supprimer automatiquement les menaces et les insultes, ceux-ci se sont révélés inutiles compte tenu de la masse de propos litigieux et du temps de traitement.

Une ingérence proportionnée dans la liberté d’expression

Enfin, la compagnie de ferries aurait pu tenter de poursuivre directement les auteurs des messages, mais pour la CEDH, « il aurait été extrêmement difficile [de les] identifier (…) car les lecteurs du site pouvaient s’exprimer sans devoir décliner leur identité, de sorte que de nombreux messages étaient restés anonymes ». Bref, la CEDH conclura à une « ingérence proportionnée dans la liberté d’expression », considérant que la sanction modeste (320 euros) prononcée par les autorités estoniennes était réaliste et raisonnable.

 

Le 9 janvier 2014, Delfi a cependant demandé le renvoi de l’affaire devant la Grande Chambre de la CEDH. Celle-ci décidera dans quelques jours du sort réservé à ses prétentions.

Commentaires (24)

Vous devez être abonné pour pouvoir commenter.

Abonnez-vous
votre avatar







Neeko a écrit :



On comprend aussi bien que si j’avais écrit “Ca me rappelle l’affaire Altern.org, où Marie-Françoise Marais avait condamné Vincent Lacambre à quelques centaines de milliers de francs pour avoir hébergé un site qui hébergeait des photos d’Estelle Halliday à poil, photos dispos dans toute la presse papier à l’époque”.



Mais je me suis dit que ça allait plus vite…





J’étais pas au courant de cette histoire, comme quoi c’est pas forcément mieux les mots-dièses croisillons (c’est pas une dièse, sont c*ns a l’académie Francaise et oui j’ai fait une faute avant <img data-src=" />) <img data-src=" />



<img data-src=" />


votre avatar

  • Tapez sur les intermédiaires et ils finiront par se censurer eux-même par crainte de procédures longues et couteuses





    • Ajoutez une pincée de terrorisme et de pédophilie pour en relever le goût



    • Laissez mijoter a feu doux pendant quelques années



    • Et voilà, vous pouvez servir votre toute nouvelle et savoureuse télévision.



      BON APPETIT ! <img data-src=" />


votre avatar







Niktareum a écrit :



Pour faire parler les ignorants, ca marche pas mal d’ailleurs…





Être ignorant d’une mode à la con, je vais le prendre pour un compliment. Cependant je suis insensible à flatterie.


votre avatar







Akoirioriko a écrit :



Être ignorant d’une mode à la con, je vais le prendre pour un compliment. Cependant je suis insensible à flatterie.







ce n’est pas une mode a la con, c’est le principe des hashtags.



votre avatar







Akoirioriko a écrit :



C’est quoi cette mode à la con de mettre # devant des mots ?







Perso je l’emploie pour me moquer de certains utilisateurs de Twitter qui postent n’importe quel mot clef “pour faire le buzz” (sans pour autant forcément parler de ces gens là dans les dits “mots-dièses” :p)



#Harou2014 #SexTapeMFM #DavidLegrandAimeLesQuiches <img data-src=" />



votre avatar







saf04 a écrit :



ce n’est pas une mode a la con, c’est le principe des hashtags.





Oui mais en fait non.



Sur le site du CuiCui et ceux qui implémentent la fonctionnalité, c’est le principe des Hashtags.



Sur PCI et tout le reste de la planète c’est “j’suis trop branché t’as vu je parle en Hashtags tellement je suis à fond sur Touitèr”.



Parce que bon, tu pourras cliquer sur le “ #Altern ” de l’autre comm’ autant que tu veux, la chose qui va se passer c’est que tu vas sélectionner tout le mot… <img data-src=" />



Et faut admettre qu’à force d’en abuser ça devient pénible, avec ces conneries on retombe dans les délires de l’écriture SMS, on se comprend même plus.



#VincentLacambre #Altern



Comme avec toutes les références, si tu la connais pas, tu vois juste des gens parler comme un échappé d’asile. <img data-src=" />



Imaginez quelqu’un vous dire : “Encore une ! Dièse-Onestafond Dièse-Fail Dièse-Vivelafrance Dièse-Leschoucrouttes” <img data-src=" />


votre avatar







Oungawak a écrit :



Oui mais en fait non.



Sur le site du CuiCui et ceux qui implémentent la fonctionnalité, c’est le principe des Hashtags.







non mais en fait oui…

les twittos qui se masturbent en pensant avoir tout compris ne sont que des rigolos.



le principe du hashtag existe depuis le debut du web.

grosso modo, le truc est:

si tu mets un # devant un mot c’est d’une part important, et d’autre part retrouvable facilement.


votre avatar



les juges estiment que la société aurait dû, compte tenu du sujet sensible, « redoubler de vigilance pour éviter de se voir reprocher une atteinte à la réputation d’autrui ».



Alors, autant condamner des injures ok, autant condamner ce qui « porte atteinte à la réputation d’autrui » c’est très dangereusement large…



D’accord avec la plupart d’entre vous sinon, le statut d’hébergeur doit rester deresponsabilisé par rapport aux contenus hébergés. Comment on peur faire pour rendre un peu de raison au législateur et apparemment à certains juges ?… <img data-src=" />

votre avatar







Pikrass a écrit :



Alors, autant condamner des injures ok, autant condamner ce qui « porte atteinte à la réputation d’autrui » c’est très dangereusement large…







mais mais mais mais… grâce a toi je réalise….c’est complétement idiot <img data-src=" />

La diffamation ce n’est pas fait pour les chiens.

Ce délit existe et est réprimé par le code pénal. Pas besoin d’une loi supplémentaire à la noix



Je suis désolé, mais on doit avoir le droit de dénoncer les pratiques pourries de certaines personnes/entreprises publiquement à partir du moment ou l’on ne ment pas.



A force de ne devoir heurter personne on finira pars tous devoir se taire <img data-src=" /> ou tous sous cachetons pour inhiber les sentiments et les émotions


votre avatar







saf04 a écrit :



non mais en fait oui…

les twittos qui se masturbent en pensant avoir tout compris ne sont que des rigolos.



le principe du hashtag existe depuis le debut du web.

grosso modo, le truc est:

si tu mets un # devant un mot c’est d’une part important, et d’autre part retrouvable facilement.





Nope. Je sais pas comment ça marchait au début du Web, peut-être que sur IRC ou autre à l’époque c’était utile. Mais je sais qu’en 2014, ajouter simplement un # devant un mot dans un simple texte ne le rend absolument pas plus plus visible ou facilement retrouvable dans un moteur de recherche (qui on développé des algorithme beaucoup plus puissants), et ne lui apporte strictement aucune importance supplémentaire dans sa signification. Ça donne juste un effet “Tweeter”… Sauf sur Tweeter où le site le transforme en lien cliquable permettant réellement de trouver plus facilement d’autres contenus.



C’est pas comme le “@” qui lui a une vraie signification pour désigner à qui on s’adresse.


votre avatar



liberté d’expression





Connais pas. Il y a un rébus ? Une devinette ? Quelque chose à deviner dans ces termes ?



<img data-src=" />



<img data-src=" />

votre avatar

Ils doivent en être à plus de 8000€ de frais de justice, a minima. Ce n’est donc vraiment pas pour l’amende de 320€ mais pour le principe qu’ils se battent.

<img data-src=" />

votre avatar

Mark Zuckerberg peut préparer son chéquier, et je vous dis pas google avec youtube. Je connais un humouriste dont la page va être fermée…

votre avatar



Bref, la CEDH conclura à une « ingérence proportionnée dans la liberté d’expression », considérant que la sanction modeste (320 euros) prononcée par les autorités estoniennes était réaliste et raisonnable.



Le pb n’est pas la somme mais le fait d’être responsable des propos d’un tiers !

<img data-src=" /> !





« redoubler de vigilance pour éviter de se voir reprocher une atteinte à la réputation d’autrui ». En somme, elle aurait dû anticiper le déluge de critiques. De même, si Delfi avait mis en place différents messages et outils pour déconseiller, dénoncer, voire supprimer automatiquement les menaces et les insultes, ceux-ci se sont révélés inutiles compte tenu de la masse de propos litigieux et du temps de traitement.



Donc par ce qu’il y a un certain nombre d’excités qui se lâchent sur les commentaires d’un site à un tel point que le nombre important de messages devient difficile à traiter, alors on se tourne vers l’hébergeur histoire d’avoir un coupable ?

Non mais sérieux, c’est quoi cette logique !?!

Donc si un jour, on a un nombre important de cambriolages on accusera qui ? Les promoteurs immobiliers qui auraient dû anticiper le déluge de cambriolages ?!

<img data-src=" />



Et Delfi, il n’aurait pas pu anticiper eux mêmes les reproches qui leur ont été fait en réfléchissant avant de prendre leurs décisions ?

votre avatar

Tiens, MFM a été exilée en Estonie ?



#VincentLacambre #Altern

votre avatar







zempa a écrit :



Donc par ce qu’il y a un certain nombre d’excités qui se lâchent sur les commentaires d’un site à un tel point que le nombre important de messages devient difficile à traiter, alors on se tourne vers l’hébergeur histoire d’avoir un coupable ?

Non mais sérieux, c’est quoi cette logique !?!





Une logique utilisée depuis toujours et qui est assez raisonnable.

Quand on trouve un dealer occasionnel dans une boite de nuit, on arrête le dealer. Quand on observe un deal continu dans un boite de nuit et que le proprio ne fait rien pour l’arrêter, on arrête le proprio.


votre avatar

De toute façon c’est mort pour les régions froides, les grandes puissances ont intérêt que ça fonde. Ca leur fera du pétrole et des nouvelles routes navigables.

votre avatar







Neeko a écrit :



#VincentLacambre #Altern





C’est quoi cette mode à la con de mettre # devant des mots ?


votre avatar







Faith a écrit :



Une logique utilisée depuis toujours et qui est assez raisonnable.

Quand on trouve un dealer occasionnel dans une boite de nuit, on arrête le dealer. Quand on observe un deal continu dans un boite de nuit et que le proprio ne fait rien pour l’arrêter, on arrête le proprio.





Donc, cela veut dire qu’il faudrait condamner l’Office HML pour le deal continu dans certaines cités ?!?

<img data-src=" />


votre avatar







Akoirioriko a écrit :



C’est quoi cette mode à la con de mettre # devant des mots ?





Des “mots-dièse” <img data-src=" />



Doivent se penser sur Twitter pour gazouiller


votre avatar







zempa a écrit :



Donc, cela veut dire qu’il faudrait condamner l’Office HML pour le deal continu dans certaines cités ?!?

<img data-src=" />





Y’a déjà eu le cas d’un gestionnaire d’immeuble condamné.

En quoi est-ce anormal ?


votre avatar







Faith a écrit :



Y’a déjà eu le cas d’un gestionnaire d’immeuble condamné.

En quoi est-ce anormal ?





Je m’incline


votre avatar







Akoirioriko a écrit :



C’est quoi cette mode à la con de mettre # devant des mots ?





Pour faire parler les ignorants, ca marche pas mal d’ailleurs…


votre avatar







athlon64 a écrit :



Des “mots-dièse” <img data-src=" />



Doivent se penser sur Twitter pour gazouiller







On comprend aussi bien que si j’avais écrit “Ca me rappelle l’affaire Altern.org, où Marie-Françoise Marais avait condamné Vincent Lacambre à quelques centaines de milliers de francs pour avoir hébergé un site qui hébergeait des photos d’Estelle Halliday à poil, photos dispos dans toute la presse papier à l’époque”.



Mais je me suis dit que ça allait plus vite…


Condamné pour les propos d’un tiers, une atteinte à la liberté d’expression ?

  • Une ingérence injustifiée dans la liberté d'expression ?

  • Une ingérence proportionnée dans la liberté d’expression

Fermer