Corée du Sud : la surveillance provoque un exode de Kakao vers Telegram
La sécurité devient un argument marketing comme un autre
Le 07 octobre 2014 à 16h11
4 min
Société numérique
Société
En Corée du Sud, l’annonce de mesures répressives contre le réseau Kakao Talk pour en extirper des messages agressifs à l’encontre de la présidente du pays, Park Geun-hye, a eu d'intéressantes conséquences. Moins d’un mois plus tard, une partie des utilisateurs de cette application a littéralement fui pour adopter une concurrence proposant des sessions protégées de messagerie : Telegram.
1,5 million d'utilisateurs coréens quittent Kakao pour Telegram
Le mois dernier, la présidente Park Geun-hye s’est plainte d’insultes dirigées à son encontre sur Internet, ainsi que de fausses rumeurs qui pourraient « diviser la société ». Conséquence, une surveillance a été annoncée pour trouver les fauteurs de troubles. Aucun nom de réseau n’a été donné, mais la Corée du Sud est le berceau de l’application de messagerie Kakao Talk, qui possède dans le pays environ 35 millions d’utilisateurs (sur 50 millions d’habitants).
Même si aucun détail n’a été donné sur cette surveillance, les utilisateurs de Kakao en ont pris bonne note. En à peine quelques semaines, 1,5 million de personnes ont laissé tomber leur solution de messagerie traditionnelle pour Telegram, relativement récente dans ce milieu hautement concurrentiel, comme le rachat de WhatsApp par Facebook l’a prouvé.
Cet exode vers Telegram n’est pas un hasard. L’application est apparue directement avec une fonctionnalité qui fait doucement sa réputation : les sessions privées. On peut par exemple définir une discussion qui s’effacera d’elle-même au bout d’un certain temps. Une fois le compte à rebours terminé, la discussion disparaît. Notez que si des images sont échangées dans cette session, elles ne pourront pas être sauvegardées par le smartphone. En outre, toute capture d’écran sera signalée au contact.
Un changement radical de contexte
Ces sessions sont chiffrées de bout en bout et Telegram, installée en Allemagne, ne possède pas les clés qui permettent de lire les échanges. Kakao, qui appartient à la société Daum, ne propose pas ce type de fonctionnalité, et ses serveurs sont tous basés en Corée du Sud. La situation rend en tout cas Telegram relativement heureuse. Markus Ra, de l’équipe du support technique, a ainsi indiqué à The Verge : « Les gens viennent fréquemment vers Telegram à la recherche d’une sécurité supplémentaire, certains d’entre eux depuis des pays ayant des problèmes de censure. Ce qui nous rend particulièrement heureux, c’est que les utilisateurs restent après que les scandales de vie privée ont disparu ».
Du côté de Kakao, on tente de rassurer en indiquant que l'application et son réseau possèdent tout ce qu'il faut pour protéger ses utilisateurs. Mais comme le rapporte Associated Press, l'entreprise Daum possède l'ensemble de ses serveurs en Corée du Sud et est, en tant que tel, soumise aux lois du pays. Si les données lui sont réclamées dans le cadre d'une enquête, elle n'aura d'autre choix que d'accepter. Un cas similaire à celui des sociétés américaines contraintes de participer au programme PRISM de la NSA, comme le cas de Yahoo l'a montré.
Il est particulièrement intéressant de constater à quel point le contexte a changé autour des utilisateurs. Ce type de fonctionnalité passait pratiquement inaperçu il y a plusieurs années, alors qu’elles peuvent devenir de véritables leviers aujourd’hui pour faire basculer les utilisateurs d’un produit vers un autre. C’est un jeu du chat et de la souris qui inquiète jusqu’aux forces de l’ordre, car plus le chiffrement se répand, moins la surveillance peut s’exercer. Récemment, le directeur du FBI, James Comey, a ainsi exprimé ses craintes : « Ce qui m’ennuie avec tout ceci est que des entreprises fassent expressément la promotion de quelque chose qui permettra aux gens de se placer hors de portée de la loi ».
Corée du Sud : la surveillance provoque un exode de Kakao vers Telegram
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1,5 million d'utilisateurs coréens quittent Kakao pour Telegram
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Un changement radical de contexte
Commentaires (19)
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Abonnez-vousLe 07/10/2014 à 18h59
Le 07/10/2014 à 19h01
Doublon
Le 07/10/2014 à 19h42
Ah oui, mal lu
Ca signifie tout de même que cet appli peut surveiller d’autres composants, pas terrible.
Le 07/10/2014 à 19h47
IRC not dead!
[vous ne m’aurez jamais!]
Le 07/10/2014 à 19h49
Le 07/10/2014 à 20h37
Le 07/10/2014 à 20h55
Tox les mecs, tox. Y’a que ça de vrai.
Le 07/10/2014 à 21h01
Le 07/10/2014 à 21h25
Le 07/10/2014 à 23h51
Ils devraient utiliser Firechat. C’est top secure ! " />
(ceci n’est pas un message sponsorisé)
Le 08/10/2014 à 00h58
pour ceux qui ont un petit serveur chez eux, ya zerobin.
Le 08/10/2014 à 01h04
Le 08/10/2014 à 07h22
Le 07/10/2014 à 16h26
Euh je suis pas sûr que Telegram soit nécessairement la meilleure réponse à ce genre de problème. Je l’utilise quotidiennement et j’adore mais tant qu’ils n’auront pas libéré les sources des serveurs et surtout tant que leur algo d’échange fait maison n’aura pas subit un audit sérieux, il me semble prématuré d’établir Telegram comme panacée de la vie privée.
De mémoire, leur protocol avait identifié comme sensible aux attaques man-in-the-middle et ils utilisaient des variantes exotiques d’algos pour le chiffrage.
Edit: voilà l’analyse sortit à l’époquehttp://unhandledexpression.com/2013/12/17/telegram-stand-back-we-know-maths/
Le 07/10/2014 à 17h54
BBM ne serait-il pas une meilleur alternative ?
Le 07/10/2014 à 18h10
Tant que c’est centralisé…
Et chat secure alors ?
Je serais curieux de savoir comment une application peut empêcher la capture d’écran sur le smartphone, à moins que cela fasse l’objet d’une autorisation spécifique
Le 07/10/2014 à 18h14
Le 07/10/2014 à 18h29
Le 07/10/2014 à 18h32
Telegram c’est pas copyrighté par BREST???