Pour la première fois, certains jurys du bac devraient examiner cette année les livrets scolaires de candidats depuis Internet. Le ministère de l’Éducation nationale vient en effet de lancer une expérimentation visant à dématérialiser ces documents comportant les notes et appréciations des lycéens.
Le livret scolaire entame sa marche vers la dématérialisation
Au lycée, le livret scolaire s’avère être un précieux document, puisqu’il est passé en revue par le jury lors du baccalauréat. Contenant les notes et appréciations de chaque élève, il peut notamment donner un coup de pouce pour l’obtention d’une mention – à condition bien entendu que les inscriptions qui y figurent soient favorables au titulaire du livret... Jusqu’ici délivré au format papier, le livret scolaire vient toutefois d’engager sa marche vers la dématérialisation.
Samedi, le ministère de l’Éducation nationale a publié un arrêté autorisant la création d'un traitement automatisé de données à caractère personnel intitulé « Livret scolaire du lycée ». Concernant uniquement les élèves de la série sciences et technologies de la santé et du social (ST2S, anciennement SMS), et s’appliquant dans « environ 60 lycées répartis dans les académies de Besançon, Reims, Rennes et Toulouse », cet arrêté valide la mise en place, à titre expérimental, d’un téléservice reprenant les informations et fonctionnalités du livret scolaire.
Ce « livret scolaire numérique » pourra être consulté via Internet par l’élève, ses parents, les personnels de l’Éducation nationale habilités (professeurs, chefs d’établissements,...), et les membres du jury du bac. Il contiendra, outre les différentes données nominatives du lycéen, les moyennes trimestrielles et annuelles pour chaque matière, les appréciations, la mention de la délivrance du brevet informatique et Internet « lycée », l’avis de l'équipe pédagogique, les éventuelles sanctions disciplinaires inscrites au livret scolaire, etc.
La CNIL regrette de ne pas avoir pu vérifier le dispositif technique
Manifestement, le ministère n’a pas attendu la publication de cet arrêté pour mettre en place cette expérimentation, puisqu’il est prévu que ce téléservice soit proposé « en classe de première pour l'année scolaire 2013 - 2014 et en classe de terminale pour l'année scolaire 2014 - 2015 ». Autrement dit, le dispositif est entré dans sa seconde phase lors de la dernière rentrée.
Saisie pour avis, la CNIL ne s’est cependant pas attardée sur ce point. La gardienne des données personnelles a préféré insister sur le fait qu’elle n’a pu examiner « ni le téléservice permettant aux élèves et parents de consulter le livret (première fonctionnalité) ni le module permettant au jury d'accéder aux livrets non nominatifs (deuxième fonctionnalité) ». Dès lors, l’institution se montre bien embêtée, affirmant comme à son habitude avec des mots très policés qu’elle « ne peut ni se prononcer sur la conformité du traitement vis-à-vis de l'article 34 de la loi « Informatique et libertés » [celui relatif à la sécurisation des données personnelles, ndlr], ni proposer de mesures précises ».
La CNIL a d'ailleurs mis en garde l’Éducation nationale : elle « souhaite qu'un bilan précis d'expérimentation lui soit transmis, précisant notamment les éventuelles difficultés ou modifications du traitement ». Le ministère est tout particulièrement prié de « transmettre une analyse de risques plus détaillée permettant à commission de se prononcer sur le niveau de sécurité du LSL ». Ayant en tête une probable généralisation de ce téléservice à l’ensemble des lycéens, la CNIL souligne qu'elle devra à nouveau être saisie si cette hypothèse se confirmait.
Commentaires (16)
#1
Cela fera toujours de la paperasse en moins pour les établissements. Pour les professeurs, cela évitera peut-être de réécrire à la main des moyennes et des appréciations au cas par cas.
Par contre, quid de la délivrance de la version papier si besoin ?
#2
C’est dingue comme le gouvernement et les ministères se moquent des instances qu’ils ont eux-mêmes créées. D’abord le CNNum, puis la CNIL (à plusieurs reprises). Si ça les emmerde qu’il y ait des instances de conseils (je n’oserai dire de contre-pouvoir vu le peu qu’elles ont), autant les dissoudre, le message sera plus clair.
#3
Certains génies auront de bien beau carnet pédagogique si la sécurité du dispositif n’est pas au niveau.
Sinon ça semble être un bon point, surtout pour les parents. Les lettres des bulletins disparaissaient bien vite de mon temps ! Il y aura peut être un meilleur suivi.
Ca facilitera aussi le débat pour donner le BAC à certains aux rattrapages. Pas besoin de se ramener avec une dossier de 40 000 pages et retrouver les infos du candidat.
Un PC, un projecteur, le numéro de candidat et on récupère toute sa scolarité pour lui donner un coup de pouce le cas échéant.
#4
Un livret scolaire numérique, c’est bien. Un livret scolaire numérique, c’est mieux !
#5
Jusqu’à présent, les élèves (en LP) n’avaient pas accès aux remarques de leurs profs pour le jury, simplement l’avis du conseil de classe, les remarques et moyennes tri(se)mestrielles. Je suis curieux de savoir quand ils vont pouvoir consulter ces avis et surtout de la réaction des parents.
Jusqu’à présent, on était habitué aux rencontres parents, administration, profs, COP, CPE etc. pour les passages difficiles en classes supérieures mais maintenant on va avoir la même chose pour les parents qui vont contester les remarques des profs avant l’exam. Que du bonheur….
De plus, il aurait été plus important, simple et efficace de mettre un système pareil pour le livret de compétences. Aujourd’hui certains items sont validés en primaire, collège mais ne sont pas forcément transmis au lycée. Du coup, on peut refuser un item à un élève qui l’a déjà peut être validé dans un cycle antérieur.
#6
L’idée est bonne en elle-même, mais elle a le défaut d’affirmer la survie du livret scolaire, du système secondaire et du bac actuels.
Leynas.
#7
Génial … on pourra les pirater histoire d’effacer les mentions style
“Travail comme une mule et réussi comme un âne !”
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#8
Ont-ils pensé à prévoir une durée de péremption des données après laquelle celles-ci seraient effacées ?
Au passage je rappelle ma position : centralisation = publication. Tout ce qui est centralisé se retrouve un jour ou l’autre dans la nature et aux mains de personnes malfaisantes ou intéressées (à des fins marketing, policières ou de recrutement par ex). Dans le cas présent ça reste acceptable pourvu qu’on n’offre pas les données de cinquante années d’éducation d’un coup.
Enfin j’aurais quand même préféré une centralisation au niveau régional pour limiter la casse avec migration automatique des données lors du changement de rectorat.
#9
#10
Je connaissais : “ A les prétentions d’un cheval de course et les résultats d’un âne” " />
#11
Donc grêve à prevoir des profs suite à cette idée , dans quelques semaines.
mauvaise langue
#12
#13
Donc grêve à prevoir des profs suite à cette idée , dans quelques semaines.
mauvaise langue
Mauvaise langue, actuellement on se bat pour nous et nos salaires, qui sont en baisses de 3% (mise au même niveau des cotisations salariales retraites que le privé), et dont le point d’indice n’a pas augmenté depuis 2009 et qui était régulièrement augmenté de moitié par rapport à l’inflation avant 2009. Ce qui fait que nous avons un pouvoir d’achat rétamé depuis un quinquennat et bientôt un septennat puisqu’on nous a déjà annoncé la couleur pour 2017.
D’après les syndicats, c’est la première fois dans le monde du travail salarié que 5 années de suite les salaires n’augmentent pas et même baissent.
En plus, une grève y en a déjà eu une avant les vacances de la Toussaint.
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#14
Tiens, c’est un peu hors-sujet mais je profite que des profs soient présent pour dire que je m’étonnais de ne pas vraiment voir de grève cette année. Pas que cela arrive aussi régulièrement que chez les cheminots, mais vu les problèmes en ce moment y aurait de quoi, non ?
Enfin à moins que ce genre de discours ne soit que mensonges et inexactitudes, par exemple : http://blogs.mediapart.fr/blog/tatiana-ventose/280914/vis-ma-vie-de-stagiaire-de-leducation-nationale
Leynas.
#15
Sacré pavé, pas tout lu, mais de ce que j’en ai lu tout est vrai. Après pour ses appréciations de la situation, ça me fait rire vu mon parcours, mais bon rien d’incroyable.
En fait, je crois que pour beaucoup d’entre nous on ne défend pas ces stagiaires, déjà parce que personne n’a compris l’empilement des réformes (comme le montre le témoignage, les fonctionnaires des ESPE en sont au même point) ensuite pour ma part j’ai été lâché dans le grand bain sans aucune formation (contractuel suppléant) donc du coup…
Après, je suis devenu titulaire de l’éduc nat (en lycée professionnel) donc du coup je ne suis pas représentatif pour ce genre de cas. Mais dans mon lycée nous avons déjà eu trois statuts de stagiaires différents la même année.
Il est quasi impossible de tirer une règle générale d’un enseignement qui va des pires Lycées Eclair dangereux et violents à la formation reservée aux bac +3 en optique lunetterie ou technicien aéronautique. Et qui à terme va contenir trois statuts d’élèves différents et donc d’enseignants : Le LP statut scolaire, le CFA statut privé (le plus souvent), le GRETA un peu des deux.
#16