Les industries culturelles claironnent leur apport dans l’économie européenne
Donc subventions = aides d’État ?
Le 01 décembre 2014 à 09h31
5 min
Droit
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Demain, 2 décembre, le Groupement européen des sociétés d'auteurs et de compositeurs (GESAC) révèlera le contenu d’une étude jaugeant le poids des industries culturelles sur les autres industries européennes. L'an dernier, des travaux similaires avaient déjà été menés en France, à la demande de la SACEM. Ils avaient fait l’objet de lourdes critiques.
Selon les conclusions de ce rapport réalisé pour le GESAC par E&Y (ex Ernst & Young), l’industrie culturelle européenne génèrerait 536 milliards d'euros de revenus, ce qui représente 4,2 % du PIB dans la zone concernée. Ce secteur, pris dans un sens très large, emploierait même 7,1 millions de personnes, soit plus que l’industrie automobile. Il serait ainsi à la troisième place en Europe, si on exclut les services publics. Tels sont les premiers chiffres dévoilés par les Échos.
L’an passé, un rapport similaire d’E&Y, mandaté par la SACEM, membre du GESAC, jaugeait que les neuf filières culturelles françaises (musique, spectacle vivant, cinéma, télévision, radio, jeu vidéo, livre, presse et arts graphiques) avaient générée à elles seules 75 milliards de chiffre d’affaires français, pour engendrer dans notre pays 1,2 million d’emplois (voir cet article des Échos, encore).
Il faudra patienter jusqu'à la publication de cette nouvelle étude E&Y financée par le GESAC, mais si on approche ces deux chiffres, le secteur en France, pourtant suraidé, pèserait 14 % de cette industrie en Europe. En attendant, l’étude de l’an passé avait fait l’objet de lourdes critiques de la part d’un professeur de Sciences Politiques de Paris.
De nombreux amalgames
Dans un document de travail pour le « Groupe d'Économie Mondiale » au sein de cette école, Patrick Messerlin avait critiqué les méthodes de calcul, et spécialement ses nombreux amalgames. « Le rapport E&Y additionne les innombrables emplois temporaires aux CDI, sans distinctions (ex. pour les chaînes télé : 112 926 emplois temporaires sont ajoutés aux 22 041 CDI afin d’obtenir le nombre total d’ «emplois créés» dans ce secteur). Par ailleurs la méthodologie suivie ne permet pas de garantir l’absence d’un double comptage des postes créés (notamment entre les emplois du cinéma, des chaines télé, du spectacle vivant et ceux des arts visuels). »
Il jugeait pour le moins étonnant que les emplois permanents soient additionnés aux emplois non permanents. « Un emploi d’une heure par semaine et un emploi de 35 heures font donc deux emplois. Pas surprenant qu’avec une telle arithmétique les emplois totaux dans le seul cinéma se montent à 105.890, dont ... 77.200 emplois non permanents ».
Industrie culturelle, industrie mécanique
L’enseignant cassait par la même occasion l’évaluation de la valeur économique prétendument générée par cette industrie culturelle. « Pour évaluer la valeur économique, l’étude inclut les produits et services consommés par les industries culturelles pour produire films, morceaux de musique, etc. Elle considère ainsi que le billet d’avion ou la nuit d’hôtel pour réaliser un film est ‘produite’ par l’industrie culturelle ». Selon Messerlin, encore, nettoyée de ces biais, la vraie valeur ajoutée en France par ce secteur serait au mieux de 30 Mrds et même 10 Mrds « pour les estimations les plus précises. »
Selon lui, l’intitulé « industries culturelles et créatives » représente un champ de secteurs extrêmement large. Or, comparer un tel ensemble à d’autres secteurs particuliers (comme celui de l’automobile) ne fait selon lui aucun sens. « Dans ce cas, pourquoi ne pas les comparer à l’ensemble des industries mécaniques (automobile, aéronautique, chantiers navals, etc.) ? »
Quel est le poids des subventions ?
Selon ce professeur émérite, encore si « les industries du cinéma et de la télévision ne comptent que pour 15 pour cent de la valeur ajoutée des « industries culturelles » mais elles empochent 60 pour cent de leurs subventions, un point encore souligné par le tout récent rapport de la Cour des comptes. En clair, la taille est ce qui attire l’attention des décideurs politiques. La notion d’industries culturelles procède d’un lobbying élémentaire : recruter le plus d’industries supplétives pour faire masse afin de maintenir en place le système existant au profit des quelques privilégiés. En somme, pas très différent de ce qui se passe lorsque les gros agriculteurs font donner les petits pour conserver leurs subventions »
L'industrie culturelle, une industrie exceptionnelle ?
Sur ce créneau, si le secteur culturel se présente comme une industrie comme une autre, ne devrait-il pas en subir toutes les conséquences au regard de ces aides d’État ? L'intervention publique via des aides publiques est certes possible, mais seulement si elle intervient dans les conditions normales du marché. En matière de réseaux de télécommunications, par exemple, ce coup de pouce n'est pas considéré comme une aide d'État, car Bruxelles est particulièrement sensible au principe de l'investisseur avisé en économie de marché. Il tient alors compte de la participation importante d'investisseurs privés ou l'existence d'un plan d'affaires afin de flairer un retour sur investissement approprié… Est-ce le cas pour les industries culturelles européennes ?
Les industries culturelles claironnent leur apport dans l’économie européenne
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De nombreux amalgames
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Industrie culturelle, industrie mécanique
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Quel est le poids des subventions ?
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L'industrie culturelle, une industrie exceptionnelle ?
Commentaires (17)
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Abonnez-vousLe 01/12/2014 à 09h56
" />merci pour cet article trés instructif.
Le 01/12/2014 à 09h57
apport prélèvement
Le 01/12/2014 à 10h00
Menteurs un jour , menteurs toujours. Rien de neuf.
Le 01/12/2014 à 10h00
Faut regarder à la fin du document, il y a une astérisque suivie de “Les personnages et les situations de ce récit étant purement fictifs, toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite.”
Le 01/12/2014 à 10h02
Marc, dans arts graphiques ils incluent la publicité ou plus généralement la com’ ? Parce que Pascal Nègre lors du e-g8 n’avait eu aucun scrupule à le faire pour bien gonfler l’importance économique mais John Perry Barlow l’avait bien cassé " />
Le 01/12/2014 à 10h13
Je crois qu’ils aspirent tout, oui.
Et JPB avait fait un joli puzzle ce jour là, en effet ;)
Le 01/12/2014 à 10h15
Et dire qu’on paie pour ces gens là, qu’on le veuille ou non d’ailleurs.
Le 01/12/2014 à 10h19
je ne comprends pas la phrase sur les agriculteurs. Je ne vois pas trop non plus le rapport et la comparaison me semble maladroite.
Sinon reste de l’article intéressant.
Le 01/12/2014 à 10h19
Très intéressante cette lettre de M Messer lin.
Le 01/12/2014 à 10h28
Je le comprends dans ce sens :
Tout le monde cotise à part égale mais les plus plus gros récupèrent la majorité des sommes collectées.
Tous les pays cotisent pour la PAC mais c’est la France qui en récupère la plus grosse partie.
Le 01/12/2014 à 10h39
l’idée : je pousse en avant la situation des plus faibles pour réclamer des €, qui vont aussi et surtout profiter aux plus gros.
Le 01/12/2014 à 13h49
Et sans Universal qui produit leur album annuel, les Restos du Coeur n’existeraient plus aussi ? " />
Le 01/12/2014 à 14h39
J’aime beaucoup leur reflexion.
Ils incluent le “jeux vidéo” quand c’est arrangeant.
Comme tout le monde le sait, les JV représentent un très très gros CA, plus important que le cinéma.
Et pourtant, ils crachent dessus à la moindre occasion.
Il me semble me souvenir qu’ils considèrent que le JV est une sous-culture.
Le 01/12/2014 à 18h35
… une étude jaugeant le poids des industries culturelles sur les autres industries européennes.
Deja la, j’ai envie de mettre des baffes. Deja parce que l’expression “industrie culturelle” me herisse le poil, mais surtout parce que “l’industrie culturelle” ne fonctionne selon aucun des modeles de l’industrie reelle. Le “produit” est immateriel, les “regles d’exception” constituent la norme dans ce domaine, et le mode de financement n’a strictement rien a voir. La seule raison pour laquelle elles partagent la meme denomination de “industrie” est un abus de language, similaire a celui de “propriete intellectuelle”.
Pour le reste, les commentaires de Patrick Messerlin sont excellents. Les modes de calcul, incluant le maximum de monde, parfois plusieurs fois, et ne mentionnant pas le cout (en subventions) du secteur… bref maximisant tout ce qui peut l’etre et parfois plus… sont juste aberrants.
Je me demande ce que donnerait une telle etude sur, disons, l’industrie automobile: elle fabrique des voitures, qui servent a transporter personnes et marchandises, dans des cadres prives et professionels. Incluons donc dans “l’apport a l’economie” toutes les professions ou les professionels utilisent des voitures, ainsi que celles ou les clients utilisent des voitures…
A noter que ces gens semblent apprecier les comparaisons automobiles, mais je ne les avais jamais vu pousser le bouchon aussi loin.
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Le 03/12/2014 à 09h18
les industries du cinéma et de la télévision
ne comptent que pour 15 pour cent de la valeur ajoutée des « industries
culturelles » mais elles empochent 60 pour cent de leurs subventions
Cela ne me dérangerait pas plus que ça si ces subventions servaient réellement à quelque chose.
Par exemple si les films/musiques créés via ces subventions étaient moins cher que leurs concurrents. Ou que ce paquet d’argent serve à financer des festivals (musicaux, dramatique etc…).
Le 01/12/2014 à 09h42
Même moi j’oserais pas ces méthodes de calcul.
Le 01/12/2014 à 09h47
un article comme ça le lundi matin, c’est limite criminel " />