La justice américaine alloue 25 000 $ aux victimes d’une requête DMCA frauduleuse
J'ai la requête qui colle
Le 06 mars 2015 à 16h20
4 min
Droit
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La justice américaine vient de condamner un Britannique qui avait brandi le Digital Millenium Copyright Act pour obtenir de WordPress le retrait d’un billet de blog un peu trop gênant. Dans un jugement rendu cependant par défaut – le mis en cause n’ayant pas répondu aux accusations – le magistrat en charge du dossier a alloué plus de 25 000 dollars à l’auteur du billet litigieux ainsi qu'à son hébergeur.
Le Digital Millennium Copyright Act utilisé pour obtenir la censure d'un billet de blog
Tout a commencé en août 2013 par la publication d’un banal billet de blog. Le Britannique Oliver Hotham, étudiant en histoire et parallèlement journaliste freelance, diffuse les réponses qui lui ont été apportées au travers d’un email par une organisation opposée au mariage gay, Straight Pride UK. Sauf que quelques jours plus tard, un représentant de l’association contacte WordPress, qui héberge son blog, afin que le billet litigieux soit supprimé. Motif invoqué ? Oliver Hotham n’était « pas autorisé à reproduire ce contenu ».
Pour réclamer cet effacement, Straight Pride UK brandit la législation américaine applicable aux hébergeurs (dite « DMCA ») pour les cas d’atteintes au copyright. De la même manière qu’un ayant droit demanderait à YouTube de retirer un film manifestement illicite, l’organisation invite WordPress à se plier à sa requête, faute de quoi sa responsabilité pourrait être engagée devant les tribunaux. C’est ce qu’on appelle le principe du « notice and take down » (une notification, un retrait) : l’hébergeur devient responsable s’il n’agit pas après qu’un ayant droit l’a averti de l’illicéité d’un contenu hébergé sur ses serveurs.
La requête frauduleuse se retrouve devant les tribunaux
Suite au retrait de son billet, Oliver Hotham ne s’est pas laissé faire. Il a déposé une contre-notification auprès de WordPress, afin de contester cet effacement. L’hébergeur s’est même allié à l’étudiant, puisqu’ils ont déposé une assignation commune devant la justice californienne en novembre 2013. Les deux parties faisaient alors valoir que la demande du représentant de Straight Pride UK était « frauduleuse » et le contenu visé « parfaitement licite ». Selon eux, l'intéressé n'avait « pas fait cela pour protéger légitimement sa propriété intellectuelle, mais pour essayer de censurer la liberté d’expression d’Hotham ».
L'individu mis en cause, basé au Royaume-Uni, n’a cependant pas répondu à cette procédure judiciaire intentée sur le sol américain depuis de nombreux mois. Lundi, le juge Phyllis Hamilton a ainsi fini par rendre un jugement « par défaut » à l’encontre de ce représentant de Straight Pride UK, estimant que les accusations d’Oliver Hotham et d’Automattic (propriétaire de WordPress) étaient « complètes » et « fondées ».
Au travers de sa décision (PDF), révélée par TorrentFreak, le magistrat a alloué 960 dollars d’indemnités à Oliver Hotham, au titre du « temps et du travail » qu'il a consacré à cette affaire. Automattic a de son côté obtenu 1 860 dollars, plus 22 264 dollars de frais de justice.
Un signal face aux nombreux cas de requêtes illégitimes ?
S’il est loin d’être acquis que les parties arrivent à obtenir le paiement de ces sommes, ce jugement pourrait envoyer un signal aux auteurs de requêtes illégitimes voire carrément frauduleuses. On pourra à cet égard citer l’exemple de ces demandes transmises à Google par des majors d’Hollywood qui prétendaient détenir des droits sur le documentaire « The Pirate Bay – AFK », pourtant sous licence Creative Commons. Le moteur de recherche avait procédé à un déréférencement avant de revenir sur sa décision, suite à une contre-notification de son réalisateur.
Rappelons enfin qu’en France, l’article 6 de la loi pour la confiance dans l’économie numérique prévoit que le fait de signaler « un contenu ou une activité comme étant illicite dans le but d'en obtenir le retrait ou d'en faire cesser la diffusion, alors qu'elle sait cette information inexacte, est puni d'une peine d'un an d'emprisonnement et de 15 000 euros d'amende ».
La justice américaine alloue 25 000 $ aux victimes d’une requête DMCA frauduleuse
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Le Digital Millennium Copyright Act utilisé pour obtenir la censure d'un billet de blog
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La requête frauduleuse se retrouve devant les tribunaux
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Un signal face aux nombreux cas de requêtes illégitimes ?
Commentaires (30)
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Abonnez-vousLe 06/03/2015 à 18h54
Ce n’est pas un problème non. Mettre le patron d’une boite/asso en taule, c’est largement possible.
D’ailleurs la news le rappelle, en France les même faits c’est 1 an et 15000€ d’amende
Le 06/03/2015 à 19h02
Le 06/03/2015 à 19h10
Pourquoi j’ai posé cette question moi ?… " />
Le 06/03/2015 à 19h33
Le premier paragraphe du texte est de salubrité publique !
Le 06/03/2015 à 19h57
Le 06/03/2015 à 20h12
Le 06/03/2015 à 20h54
C’est pas la justice qui doit dédommager, mais ceux qui ont utilisé le DMCA.
Faut responsabiliser ceux qui abusent de ce système.
Le 07/03/2015 à 04h05
Le 08/03/2015 à 22h19
En parlant d’eBooks, vous avez lu l’article de ZDNet “eBooks en France: Maximus delirium” ?
Le 09/03/2015 à 08h33
Le 09/03/2015 à 10h30
Le 09/03/2015 à 12h05
Le 09/03/2015 à 12h15
Le 09/03/2015 à 12h22
Le 09/03/2015 à 13h38
Le 09/03/2015 à 13h57
Tu diras ça à Warren Buffet " />
Le 06/03/2015 à 16h25
Bien maintenant il faut le faire a chaque “erreur”.
Le 06/03/2015 à 16h25
la répartition des 25000€ fait peur … 22 264 € de frais de justice et quelques 3000€ de dommages & intérêts … et on se surprend que les personnes ne veulent pas prendre le temps de se battre contre ces pratiques …
Le 06/03/2015 à 16h26
5 minutes pour demander l’effacement d’un contenu via la DMCA. 1 an et demi pour obtenir réparation auprès de la justice…
Le 06/03/2015 à 16h34
La “Copyright Madness” développe surtout le business du légal " />
Ceci dit, je trouve la peine de Straight Bidule super légère. De la censure privée, ça mérite la prison.
Le 06/03/2015 à 16h38
Ce que je n’arrive pas à comprendre c’est que d’après l’article c’est la personne ayant demandé le retrait qui est condamnée. Sachant qu’il a agit au nom de son association est-ce que ce n’est plutôt celle-ci qui aurait du l’être ? (quitte à se retourner ensuite vers le gars en question, mais du côté de la justice britannique cette fois).
Le 06/03/2015 à 17h11
est puni d’une peine d’un an d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende
15K€ ça semble light…
Le 06/03/2015 à 17h12
Je me pose une question, ça se passe comment pour le paiement ?
Car le british, je pense qu’il va se démerder pour ne pas payer non ?
Après je comprend qu’il se déplace pas. Je ne vais pas aller me payer un billet d’avion par ce qu’un ricain m’assigne en justice.
D’ailleurs en france, les procès ont lieu au tribunal le plus proche de l’accusé. (et non de celui qui accuse)
Le 06/03/2015 à 17h37
J’ai eu des cas de demande de retrait abusive de certaines de mes œuvres de fiction sur Wordpress, directement de la part de parfaits inconnus qui prétendaient que je portais atteinte à leurs activités associatives…
Je les ai toujours calmé en leur envoyant l’adresse du TGI dont je dépends en leur disant que j’attendais la mise en demeure du Procureur de la République dont ils dépendaient pour donner suite. Curieusement, aucune de ces demandes n’a dépassé ce stade…
Le 06/03/2015 à 17h53
Le 06/03/2015 à 17h55
Le 06/03/2015 à 18h14
Le 06/03/2015 à 18h26
Le 06/03/2015 à 18h42
Le 06/03/2015 à 18h45
Mais ça venait d’où ? Comment ils en arrivaient à cette conclusion les mecs ?