France Stratégie, un organisme « de réflexion » placé auprès du Premier ministre rendra aujourd’hui son rapport détaillant ses pistes contre les stratégies d’optimisation fiscale des géants du Net. Parmi elles, notamment, la taxation du stockage des données.
France Stratégie dévoilera aujourd’hui ses solutions pour mieux assujettir en France les revenus des GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple). Ceux-ci échappent en effet aux rigueurs de Bercy en jouant avec de nombreux outils fiscaux (notamment via le Luxembourg, l’Irlande ou les Pays-Bas), leur permettant de ne contribuer que résiduellement au budget.
Des pistes pour relocaliser en France la fiscalité des géants du Net
Selon le Journal du Dimanche, qui a déjà pu consulter les propositions de cet organisme, une dizaine d’économistes des écoles d'économie de Paris, de Toulouse et de l'institut Mines-Télécom proposent plusieurs pistes. Il y a d’abord une taxe spécifique sur les revenus, dont on ne connait pas encore les détails. Selon nos confrères qui citent le rapport, une autre serait « fondée sur l'activité de la plateforme, mesurée par le nombre d'utilisateurs sur le territoire national, ou sur le flux de données échangées. »
Une troisième reposerait sur deux taxes cumulatives. L’une à taux faible sur les revenus publicitaires, l’autre à taux élevé sur le stockage de données. Cette dernière supposerait des outils volumétriques puisque les serveurs des géants du Net sont disséminés un peu partout, essentiellement aux États-Unis.
Taxe sur les clics, les liens, la bande passante, les régies, etc.
En matière fiscale, la seule avancée notable a pris date au 1er janvier 2015 : conformément à une directive de 2008, les services en ligne sont désormais soumis au taux de TVA du pays de résidence du client, et non plus là où siège le vendeur. Cette nouvelle règle assure une parfaite neutralité entre les acteurs vis-à-vis d’un consommateur français, par exemple.
Seulement, la problématique reste entière pour les autres impôts compte tenu de l’incapacité de la France et des autres États membres à renégocier rapidement la multitude de conventions fiscales internationales, tout en évitant de frapper les acteurs français, si possible. Du coup, le sujet est un terreau à propositions parfois très originales.
Rappelons-nous en 2012 cette idée de taxe sur les liens, devenue taxe sur les clics. La même année, le sénateur Philippe Marini suggérait, proposition de loi à l'appui, d’atteindre le porte-monnaie des géants du net en frappant leurs régies publicitaires. Celle-ci fut cependant rejetée par les députés et Fleur Pellerin, alors ministre déléguée à l’Économie numérique.
En 2013, le rapport Colin et Collin conseillait d’assujettir cette fois l’exploitation des données personnelles, ou plus précisément les « pratiques de collecte, de gestion et d'exploitation commerciale de données personnelles issues d'utilisateurs localisés en France ». Ses concepteurs tablaient même sur un système de deep packet inspection afin de quantifier et qualifier les flux.
L’œil de Bruxelles
Cette année, Fleur Pellerin, devenue ministre de la Culture, a réchauffé une autre proposition, soutenue par les ayants droit, consistant à assujettir la bande passante (ou taxe sur les débits). Seulement, l’idée rencontre de vives oppositions puisqu’elle revient à concentrer les appétits de Bercy sur les plus gros consommateurs de données (YouTube, Netflix, etc.), alors que la donnée n'est qu'un faible signe extérieur de richesses.
« Il n’y a pas de rapport homothétique entre l’utilisation de la bande passante et les revenus qui y sont retirés, s’offusque en ce sens Loïc Rivière (son interview). Selon le délégué général de l’Association française des éditeurs de logiciels et solutions Internet (AFDEL), en effet, « ce n’est pas parce qu’on utilise plus de bande passante qu’on en tire plus de revenus. Au contraire, même, la vidéo est un contenu qui fut assez difficile à monétiser ».
Cette imagination fiscale rencontre parfois de sérieuses embûches politiques sur son chemin. Ainsi, le cabinet de Pierre Moscovici, commissaire européen aux Affaires économiques, a fait savoir la semaine dernière qu’une taxe sur la bande passante n’était « pas à l’ordre du jour de la Commission », soulignant dans le même temps la nécessité d’assurer à l’économie numérique un « cadre juridique stable. »
Commentaires (26)
#1
Ça me plaît bien tout ceci, l’état reste très bon pour lever l’impôt alors que la population trouve qu’il est incompétent depuis des décennies. Au final c’ est tout à fait faux. :)
#2
Mais ils ne peuvent pas réussir a faire payer les entreprises sur le CA réalisé sur le sol … Au lieu de créer des usines a gaz.
Google gagne tant grâce a la France et l’Europe. Et bien il paye tant. Et l’on ce fout des pertes généré dans des pays imaginaires.
#3
C’est clair qu’entre les 4 Go de vidéos de chatons en 4K sur Youtube et les 12 Mo consommés sur une boutique en ligne pour commander 8000€ de matériel photo par exemple, la “valeur” de l’octet n’est pas vraiment la même…
#4
Excellent le sous-titre !
#5
Pour taxer, nous ne sommes jamais les derniers en revanche pour trouver des solutions viable et équitable économiquement parlant, il n’y a plus personne ou alors on tourne en ridicule les rapports de ceux cherchant à s’extraire du bourbier (rapport Redda).
#6
Super idée, on va retrouver un internet sobre, sans photo, sans videos, sans couleurs, que du texte :-)
#7
#8
En effet, d’autant plus que ce type de nouveaux impôts s’ajouterais aux petites entreprises qui payent déjà leurs impôt sur place.
#9
Pas forcement sur le CA tu peu faire la même stratégie sur le bénéfice. Si elle réinjecte dans le pays -> pas d’impôt.
Après tu peu aussi imposer sur le CA a un taux plus faible que pour les bénéfices c’est sur. Mais c’est normal que le bénéfice engendré par la population d’un pays aille en parti dans la fiscalité de celui-ci…
#10
Les taxes servent à financer l’État, mais son activité me semble fortement consacrée à la recherche de nouvelles taxes…
#11
Beaucoup trop d’argent perdu en gestion. Mais bon, les routes, les écoles, les hopitaux, l’armé,la police, les pompiers … …
C’est important quand même. Même si quand je prend le cas d’écomouv (pour les portique ecotaxe) qui allait prendre 25% de commission au passage des factures je trouve cela totalement injustifié)
#12
#13
c’est vrai qu’à chaque fois : “PAN” –> dans l’mille !
BRAVO à toute l’équipe de NI !!! " />
#14
je NE comprends pas..non plus ?
pourtant c’est simple :
l’assiette de l’Impôt reste la même (CA, ou l’équivalent) !
#15
Je pense que par “simple” il voulait dire logique. Par là, il indiquait qu’au lieu d’attaquer les problèmes à leur sources, le gouvernement cherche à trouver un moyen détourner, du genre genre plan à la “Vil Coyote” pour attraper ce satané piaf GAFA.
#16
En même temps, le poids de toutes ces choses, ça ne représente pas grand chose.
Les routes, les hopitaux, les pompiers, les écoles, l’armée, … on les avait déjà il y a 40 ans, alors que l’État dépensait 3x moins d’argent en monnaie constante…
#17
Ils taxent Facebook et cie. pour financer leurs équivalents “made in france” ? " />
#18
Ha c’est la merde, la technique numéro 1 pour ne pas payer d’impôts c’est de détourner la propriété
intellectuelle, la plupart des bénéfices partent en royaltie sur de la propriété intellectuelle
Malheureusement la france pour faire plaisir a son très cher show bizz refusera de revisiter la fiscalité
de la propriété intellectuelle.
#19
#20
#21
ah, ok ! " />
#22
“En Hollande l’impôt est nul sur les redevances de la propriété intellectuelle”
Un bon nombre d’artiste se sont installé en hollande pour cette raison d’ailleurs, la france pourrait faire
pression pour faire changer cette fiscalité, mais je serais bien étonné que pascal nègre soutienne cette initiative
Du coup on va continuer a laisser la propriété intellectuelle servir de syphon a bénéfice pour ne pas payer d’impots, google ne se prend même pas la tête avec des brevets ou autres, ils se contente de faire payer l’utilisation de la marque
#23
Il faut reprendre les réponses de l’excellente interview Loïc Rivière de l’AFDEL sur la question de la taxation des GAFA. Vraiment tout est dit.
On s’acharne a trouver des questions bancales sans jamais remettre en cause le système qui rend impossible la récoltes des impôts et des taxes.
#24
Je n’ai jamais écrit qu’en Hollande l’impôt sur le revenu est nul sur les redevances de la propriété intellectuelle parce que je n’en sais rien. Par contre, en France les droits d’auteurs sont fiscalement assimilés à des salaires (et oui !). Ça fait des années que je fais des déclarations d’impôts avec des versements d’AGESSA.
De toute façon, le problème global de la fiscalité internationale repose sur une harmonisation des conventions fiscales entre états. Et ça semble très difficile à mettre en place. En fait certains vont ailleurs parce que les conventions fiscales sont favorables et pas uniquement le système fiscal.
#25
C’est clair. Tant qu’on laissera de petit pays n’ayant pas besoin de beaucoup de rentré fiscal spoiler les gros pays ca ne fonctionnera pas.
#26
“Taxe sur les clics, les liens, la bande passante, les régies, etc.”.
Et pour la connerie, l’incompétence des élites, ils ont prévu quoi comme taxe ?
J’ignorais que le fait d’avoir suivi de “hautes études” pour être capable de diriger un pays menait à ne pondre que des taxes.
Cela, pas besoin de sortir de l’ENA ou de Polytechnique pour le faire !