ARCEP : l’usage d’Internet augmente, les prix et les investissements baissent
Quand l'appétit va, tout va (ou pas)
Le 03 avril 2015 à 06h20
6 min
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Au quatrième trimestre, la consommation d’Internet en France a bien augmenté, en fixe et en mobile. Le pays compte désormais 26 millions de lignes fixes en haut et très haut débit, ainsi que plus de 40 millions de lignes mobiles connectées en 3G et 4G. Les prix baissent légèrement, tout comme les investissements des opérateurs.
Le régulateur des télécoms, l’ARCEP, vient de publier les chiffres des marchés fixes et mobiles pour le quatrième trimestre 2014. Et si les nouvelles sont plutôt encourageantes pour les consommateurs, elles le sont un peu moins pour les opérateurs. Ainsi, le nombre de lignes fixes augmente de 4,1 % sur un an, pour atteindre 26 millions à la fin 2014, en haut et très haut débit. 3,1 millions sont en très haut débit, dont un tiers connectées en 2014. Pour rappel, le très haut débit comprend la fibre optique, le câble et les lignes VDSL2 (sur réseau téléphonique) qui atteignent 30 Mb/s en téléchargement.
L’effet collatéral est la chute du nombre de connexions haut débit sur l’année 2014, qui atteignent tout de même 22,9 millions de lignes. 330 000 abonnés se sont ainsi séparés d’une connexion haut débit sur le dernier trimestre. Le nombre total de lignes haut débit reste pourtant stable par rapport à 2013. « La part des accès haut débit baisse de 4 points en un an au profit des accès à très haut débit, qui représentent 12% des accès au quatrième trimestre 2014 » résume l’ARCEP. Si la baisse n’est pas encore significative, le mouvement des abonnés semble bien amorcé. Comme nous l’évoquions dans une précédente analyse de ces chiffres, cela cache tout de même de fortes disparités : la fibre optique reste encore réservée aux villes quand la majorité des lignes « très haut débit » n’atteignent pas 100 Mb/s.
80 millions de cartes SIM, dont 10 % non-destinées à des humains
Les nouvelles sont aussi globalement bonnes sur mobile. Au 31 décembre 2014, la France compte 79,9 millions de cartes SIM, soit une progression de 4,1 %, similaire à celle de l’Internet fixe. La moitié de ces lignes utilisent le réseau 3G (42,8 millions de cartes SIM), soit une progression de 17 % en un an. Mais seulement 11 millions sont utilisées en 4G, soit moins d’une ligne sur sept (14 %). Comme le note La Tribune, ce sont 1,7 million de lignes en moins que le nombre cumulé de clients 4G annoncés par les opérateurs. L'ARCEP précise qu'elle compte les lignes utilisées en 4G sur le trimestre, quand les opérateurs parlent des offres commercialisées.
Cette progression est entre autres portée par celle des cartes SIM « M2M », pour la communication entre machines. Elles représentent plus de 10 % du marché au quatrième trimestre, en progression de 1,4 million depuis fin 2013. C’est un des secteurs sur lesquels les opérateurs capitalisent pour l’avenir. Orange compte par exemple multiplier par six les revenus qu’il en tire d’ici 2018, quand Bouygues Telecom lance un réseau à très bas débit et très bas coût.
Une consommation mobile en hausse
La consommation de données est elle aussi en forte hausse, doublée par rapport à 2013. Les mobinautes français ont ainsi consommé 96 pétaoctets sur ce trimestre, contre 48 pétaoctets sur le dernier trimestre 2013. Une ligne mobile consomme en moyenne 460 Mo sur l’année, comprenant la moitié des lignes qui n’ont pas accès à la 3G et les clés pour PC.
La hausse de la consommation de données ne signe pourtant pas le déclin des outils plus classiques. Le volume de SMS et MMS envoyés grimpe de 2,4 % sur en un an, pour 51,5 milliards de messages envoyés au quatrième trimestre 2014. Côté téléphonie, le volume monte encore de 5,1 % d’une année sur l’autre. Comme le résume l’ARCEP, « la consommation moyenne est de 3h06 par mois (+ 4 minutes en un an) et 249 SMS par mois (- 2 SMS en un an) ». La téléphonie fixe dégringole tout de même de 10 % sur l’année, même si elle le fait moins rapidement qu’en 2012 et 2013.
Des revenus en légère baisse pour les opérateurs
Au tour de la mauvaise nouvelle : le quatrième trimestre n’a pas été aussi bon financièrement pour les opérateurs. Par rapport à la même période en 2013, ils ont vu leurs revenus baisser de 1,2 %, atteignant 9,4 milliards d’euros. L’ARCEP estime le marché stable sur l’année 2014, malgré la baisse par rapport à 2013. Le prix des forfaits mobiles se stabilise également depuis le début 2014, à 16,2 € en moyenne, « alors qu'elle ne cessait de diminuer depuis la fin de l'année 2010 (où elle atteignait près de 27 € HT » rappelle le régulateur.
Depuis le troisième trimestre 2013, les services fixes rapportent plus que les services mobiles. Les services fixes ont ainsi rapporté 3,69 milliards d’euros (- 0,7% sur un an) au quatrième trimestre, quand les services mobiles ont généré 3,49 milliards d’euros pour les opérateurs (- 1,7% sur l’année).
Les investissements dans les réseaux, eux, ont baissé de 4 %. Sur l’année, 6,9 milliards d’euros ont été dépensés, contre plus de 7 milliards d’euros les trois années précédentes, « un niveau élevé » pour l’ARCEP. Cette dernière estime que c’est sûrement la conséquence de la concentration dans le secteur, à savoir le rachat de SFR par Numericable, sur lequel l’Autorité de la concurrence enquête en ce moment.
Les chiffres de l'emploi attendus
Ce constat de l’ARCEP rejoint donc celui émis par Stéphane Richard, le PDG d’Orange, lors d’un entretien à RTL en février. Les opérateurs ne cachent pas leur crainte que les investissements se réduisent suite au rachat de SFR, qui est l’un des principaux moteurs du déploiement de la fibre optique avec Orange. Cette crainte est également formulée sous forme de menace, les investissements risquant encore de baisser si la régulation ne devient pas plus favorable aux opérateurs, estiment-ils.
Mais l’indicateur le plus sensible n’est pas encore sorti : celui du nombre d’emplois. Fin 2013, les opérateurs employaient directement 125 000 personnes, soit 4 000 de moins qu’en 2012. Le rachat de SFR par Numericable, ainsi que les licenciements chez Bouygues Telecom, ne devrait pas aider ces chiffres à remonter la pente cette année. Ils devront être publiés fin mai, selon l’ARCEP.
ARCEP : l’usage d’Internet augmente, les prix et les investissements baissent
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80 millions de cartes SIM, dont 10 % non-destinées à des humains
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Une consommation mobile en hausse
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Des revenus en légère baisse pour les opérateurs
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Les chiffres de l'emploi attendus
Commentaires (39)
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Abonnez-vousLe 03/04/2015 à 08h13
Quand je vois l’avancée de la fibre dans ma ville (65000 habitants) j’ai envie de pleurer…. Lancé en 2013, ils pensent finir en 2018… 5ans, sachant qu’en prévision la ville suite à un accord avec Orange a passé les fourreaux partout où il y a eu des travaux public. Visiblement pas suffisant, pour mon quartier après avoir pleuré des infos auprès de la municipalité, on ma répondu que c’était compliqué, qu’il fallait passer en aérien, donc qu’il allait plus d’accord et que ça serait 2017 au mieux " />
Le 03/04/2015 à 08h49
Dommage que Free n’ait pas de licences 4G en basses fréquences, la couverture 4G ferait un bond et forcerait les autres opérateurs à se bouger un peu. A part Free et un peu Orange , plus rien ne bouge! (même chose en 3G au passage). On dirait que les deux autres attendent juste l’accord de ran sharing pour augmenter artificiellement leur couvertures. C’est assez dommage!
Le 03/04/2015 à 09h59
Le 03/04/2015 à 10h18
les investissements risquant encore de baisser si la régulation ne devient pas plus favorable aux opérateurs
Une des conséquences prévisibles et prévues de l’attrape-nigaud nommé “neutralité du net”.
Le 03/04/2015 à 10h39
En quoi la neutralité du net est-elle un attrape nigaud?
Le 03/04/2015 à 10h56
Le 03/04/2015 à 11h04
Le 03/04/2015 à 13h08
Je ne suis pas d’accord avec lui sur ce sujet.
Il y a 2 points dans ses propos:
1. il/orange ne veut pas être cantonner au fait de n’être qu’un simple fournisseur de tuyau. Il ne faut pas oublier qu’Orange possède une part de dailymotion. Le fait de faire payer les utilisateurs de Youtube pourrait faire monter les parts de marché de dailymotion entre autre.
De plus en France on a la chance de ne pas être limité en terme de quantité de données sur le fixe. Forcement ça pousse à consommer. Si la quantité de données transportées est tellement énorme que ça pose problème peut être qu’un moyen de financement serait de limiter à une quantité supportable que la large majorité des gens n’atteignent pas et faire payer pour ceux qui en veulent plus. Simple idée.
2. à propos des américains ce n’est pas parceque certains ne joue pas le jeu que tout les autres doivent faire pareil. Si on retire les contraintes de la loi pour les policiers ils pourraient jouer dans la même cour que ceux qui l’enfreignent au dépend de la population.
Le 03/04/2015 à 13h40
Le 03/04/2015 à 16h48
Le 03/04/2015 à 18h48
@tmtisfree: tu as retenu l’outrance là où certains t’avaient pourtant expliqué les choses.
A noiveau, vouloir faire payer en fonction de la consommation est encore moins juste que de faire des firfaites à prix fixe sans limite de consommation, car les coûts d’infra ne sont pas proportionnels à la quantité de data consommée.
Le 04/04/2015 à 14h26
Le 04/04/2015 à 16h38
Le 04/04/2015 à 17h00
Le 05/04/2015 à 07h04
Le 05/04/2015 à 08h18
La capacité n’a pas un coût fixe, mai très variable d’une zone à une autre.
Mettre une antenne en rase campagne a un coût supérieur à une antenne en pleine ville étant donné que l’antenne va typiquement être éloignée du backbone de l’opérateur, qu’il va falloir louer une ligne pour lui, plus longue pour la relier le point haut au reste de l’infra, le tout pour écouler un trafic bien moindre parce qu’il n’y aura qu’un ou deux péquins qui se connectent de temps en temps dessus.
Dans le même raisonnement, le bourrin qui va downloader des dizaines de Go de DATA à 3h du matin ne gènera personne, puisque de toute façon la capacité à ce moment là est dispo (les coûts d’infra sont fixes, on a de toute façon dû déployer pour assurer la couverture du territoire) et la capacité inutilisée ne sert à rien.
A contrario, le mec qui consomme 10x moins de DATA mais le fait systématiquement dans des zones et à des heures où il y a des pics d’utilisation coûtera plus cher à l’opérateur parce qu’il va entraîner le besoin d’ajouter des antennes supplémentaires, un besoin de quantité de fréquences plus élevé pour l’opérateur, etc…
Donc non, le coût d’un octet n’est pas constant en fonction de la zone, de l’heure, et de moults autres paramètres qui entrent en ligne de compte. Et donc relier le coût à une quantité alors même que le coût est variable en fonction d’autres paramètres est une idiotie.
Le 06/04/2015 à 08h12
Le débit est de toutes façons bridé par l’opérateur (même si le marketing parle d’illimite) : par ex. 20 Mb/s en ADSL
Donc la consommation de chaque abonné ne peut pas dépasser un plafond de consommation de bande passante. A chaque seconde, chaque usager du réseau est bridé dans son utilisation du réseau.
En d’autres termes, c’est négligeable pour un opérateur, que, à un instant donné, un abonné soit un gros consommateur ou qu’il consomme peu (d’autant que la consommation des uns à un instant est facilement compensée par l’absence de conso des autres au même moment).
Mais c’est vrai, pour le consommateur, il serait appréciable d’avoir une tarification qui lui permette de réguler lui-même, individuellement, sa propre conso de bande passante (un peu sur le modèle des tarifs modulo de Prix tel, par ex.).
Le 06/04/2015 à 11h37
Le 06/04/2015 à 11h49
Le 06/04/2015 à 13h00
Le 06/04/2015 à 13h09
Mais suivons ton raisonnement et décrétons qu’un autre indicateur (farfelu) est central pour évaluer les coûts de fonctionnement.
Le 06/04/2015 à 13h35
Ton blabla hors sujet (critères non pertinents) n’a toujours pas montré selon quelles modalités les opérateurs déterminaient le coût de revient de leur infrastructure, et encore moins démontré comment leur modèle de commercialisation au forfait pouvait être basé sur autre chose qu’un coût moyen dérivé de leur capacité moyenne à soutenir un débit moyen pour un client moyen.
Le lien de causalité doit être trop évident pour le voir.
Le 06/04/2015 à 14h48
Le 06/04/2015 à 15h37
Le 06/04/2015 à 15h58
" /> si tu savais.
Allez, cadeau. En bonus, les pages 23 et 25 (si tant est que tu sauras comprendre ce qui est expliqué, ce dont je doute de plus en plus).
" />
Le 06/04/2015 à 16h30
Ton lien décrit un modèle de coût pour un opérateur mobile et des tests de sensibilité, soit rien de différent du modèle des coûts en téléphonie fixe (COSITU) et encore moins différent de ce que j’avance, à part que les calculs sont rapportés aux critères pertinents pour le secteur. Les coûts de l’opérateur mobile sont d’ailleurs discutés sur les pages précédentes du rapport, si tu l’avais lu.
A propos des FAI, ce qui est le sujet, j’ai aussi de la documentation pour toi. Note les calculs pour établir un prix à partir des coûts et les rapports coût/capacité, exactement comme décrit dans mes commentaires plus haut.
Il vaut donc mieux que tu t’enfuies la queue entre les jambes plutôt que de reconsidérer tes erreurs.
Le 06/04/2015 à 17h49
Le 07/04/2015 à 10h37
Le 07/04/2015 à 11h19
Le 07/04/2015 à 12h09
Le 08/04/2015 à 23h20
Le 09/04/2015 à 10h30
Le 09/04/2015 à 14h39
Le 09/04/2015 à 15h44
Le 09/04/2015 à 20h22
Tu mélanges coûts, chiffre d’affaire et business model dans un gloubi glouba indigeste.
Ce qui varie dans un secteur où les coûts sont fixes et les revenus proportionnels au nombre d’abonnés, c’est la rentabilité. Et la rentabilité est donc fonction du nombre d’utilisateurs, pas (ou très peu) de leur usage. Et donc tout ce qui en découle (capacité de faire baisser les prix, capacités d’investissement, etc…).
Le 03/04/2015 à 06h36
Sms logique, on n’est pas habitué à utiliser l’émail sur nos portable pour le remplacer.
Le 03/04/2015 à 06h37
Ca parait normal, les guerres des prix a lieu pour récupérer un max de client. Les opérateurs rognent les marges et donc les possibles investissements. Or Internet explose, on envoie de plus en plus de données, utilise de plus en plus de service et tout devient connecté… Forcément tout ça nécessite un coût pour supporter ces évolutions ! On se retrouve donc avec un pays sans fibre, des débits pourris etc…
Le 03/04/2015 à 07h31
Merci Free!, on a tout compris!
Le 03/04/2015 à 08h12