La France ouvre sa « Base d’Adresses Nationale » collaborative
Pour partir sur une bonne base
Le 17 avril 2015 à 06h40
5 min
Droit
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L’État, le groupe La Poste et l’association Open Street Map ont inauguré avant-hier le site « adresse.data.gouv.fr », dont l’objectif est de mettre gratuitement à disposition des particuliers, des entreprises et des administrations une base de données de toutes les adresses de France – et ce en incluant la géolocalisation. Le tout est réutilisable librement, à condition toutefois de participer à l’amélioration de ces précieuses informations.
C’est au mois de novembre qu’ont été posées les bases du site dévoilé mercredi soir, en présence notamment du secrétaire d’État en charge de la Réforme de l’État, Thierry Mandon. L’idée ? Développer, avec l’aide de volontaires, une base de données publique référençant l'intégralité des adresses du territoire français. Ou, plus précisément, toutes les informations qui « composent » en réalité ces adresses : les données sémantiques, telles que l’adresse ou le code postal, mais aussi géographiques (la géolocalisation précise de chaque adresse). Un défi d’autant plus important que plusieurs milliers de nouvelles adresses apparaissent chaque année...
Aujourd’hui, ce type d’informations est exploité par de nombreux acteurs privés, à l’image de Google Maps ou des fabricants de GPS. Ces données sont pourtant fondamentales, aussi bien pour les pompiers ou policiers amenés à conduire des opérations de terrain que pour les services administratifs à la recherche d’une adresse, ou bien encore pour les développeurs d’applications basées sur la géolocalisation.
Les données de La Poste et de l'IGN enrichies par la société civile
Comme cela avait été prévu, la Base d'Adresses Nationale est composée des bases d’adresses de La Poste et de l’Institut national de l’information géographique et forestière (IGN), ce qui permet d’en certifier la qualité. La véritable originalité de cette base de données recensant actuellement 25 millions d’adresses, c’est qu’elle a ensuite vocation à être enrichie par les administrations et contributions citoyennes. De ce fait, le dispositif se décline en deux parties distinctes :
- Un premier fichier CSV contenant les données brutes de La Poste et de l’IGN, d’un peu plus de 800 Mo. Ses données peuvent être utilisées gratuitement (sur demande), sous réserve du repartage des contributions (voir ici).
- Un deuxième jeu de données, composé de ces informations retraitées (suppression de certains libellés redondants, harmonisation des noms de voie...), est proposé sur le site de l’association OpenStreetMap, dans un format CSV, Shapefile ou Json. Le tout est cette fois placé sous une licence ODbL 1.0, qui autorise l’utilisateur « à copier, distribuer, utiliser les données, produire des créations, transformer et construire à partir de cette base de données », à condition toutefois de mentionner la source des données et « de partager à l'identique les bases de données dérivées et plus généralement de garder ouvertes ces données » (voir ici).
Pour les réutilisateurs qui ne souhaiteraient pas entrer dans cette logique de contribution, des licences payantes pourront leur être proposées.
Le site adresse.data.gouv.fr propose en outre trois outils, d’ailleurs sous licence libre : une carte interactive qui permet de rechercher directement une adresse depuis un navigateur (voir ci-dessus), une API en ligne et un géocodeur CSV.
Une démarche d'ouverture qui séduit de plus en plus l'État
Pour vanter les mérites de cette démarche, les initiateurs de ce projet brandissaient il y a peu une étude menée au Danemark, et selon laquelle l’ouverture d’une base nationale d’adresses similaire aurait permis de réaliser plus de 60 millions d’euros d’économies. De la même manière, la France espère générer de l’innovation et de l’activité du côté des entreprises comme des particuliers, tout en lorgnant sur une amélioration du travail de l’administration.
« Avec ce nouvel accord, Etalab ouvre un nouveau chapitre de la stratégie Open Data du gouvernement, correspondant à un axe fort du plan d’action national pour un gouvernement ouvert en cours d’achèvement : la création et la maintenance de grands biens communs collaboratifs au service du dynamisme économique, de l’efficacité du service public et de l’autonomie des citoyens » s’est ainsi félicité Henri Verdier, directeur de la mission Etalab et Administrateur général des données. « La collaboration a été une dimension structurante d’adresse.data.gouv.fr ; j’espère voir se multiplier ce genre de projets où l’intérêt public fait travailler ensemble des structures différentes » a de son côté ajouté le secrétaire d’État Thierry Mandon.
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Les données de La Poste et de l'IGN enrichies par la société civile
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Une démarche d'ouverture qui séduit de plus en plus l'État
Commentaires (36)
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Abonnez-vousLe 17/04/2015 à 08h56
Si je ne les mentionne pas directement, c’est juste parce que je les inclus dans l’Etat (contrairement à La Poste, groupe privé, et OSM, qui est une association). L’idée était de ne pas tout dérouler dès les premiers mots de l’article…
Le 17/04/2015 à 08h59
Surtout que c’est pas un annuaire…
Le 17/04/2015 à 09h00
Marrant que l’IGN participe [enfin] à la diffusion gratuite des données collectées.
J’ai souvenir de nombreux de leurs produits, payants, ayant clairement pour objectif de rendre inaccessibles ces mêmes données (CartoExplorer et sa protection infâme, base BD Nyme fermée, fermeture de topics de bricoleurs ayant rendu accessibles les cartes…).
Que l’IGN, fonctionnant sur financement public, diffuse enfin certaines de ces données de manière publique est un juste retour des choses.
Je demande à voir.
Le 17/04/2015 à 09h08
Qu’est ce qui te fait penser que ce sont eux qui ont fait le développement ?
Le 17/04/2015 à 09h12
L’IGN
Le 17/04/2015 à 09h57
Cool, enfin une vraie alternative à G-Maps !
Le 17/04/2015 à 09h58
Je connais le projet.
Mais j’ai été un peu méchant dans l’autre sens, l’IGN n’a pas tout fait tout seul : le site lui-même a été fait (je crois) par Etalab, OSM a fourni quelques outils. Reste que le gros du travail c’est l’IGN (et un peu de La Poste) : l’infra, la base adresse elle-même et ses mécanismes de MAJ, les fonds de carte pour l’affichage (vraisemblablement issus du Géoportail), la plate-forme de saisie collaborative et le circuit de validation des adresse (sachant que comme on est dans le cadre d’une V2, base+validation existaient probablement déjà et ne nécessitaient qu’une adaptation).
Le 17/04/2015 à 10h44
Oui, donc finalement c’est un peu tout le monde :-)
Le 17/04/2015 à 10h47
Oui, c’est super de voir une synergie état/privé/société civile.
Mais pour replacer les choses dans leur contexte, c’est surtout grâce à OpenStreetMap et au secrétariat d’État en charge de la Réforme de l’État que c’est arrivé.
L’IGN et la poste travaillaient sur le sujet depuis 10 ans en trainant des pieds et espéraient monétiser la base.
OpenStreetMap, en ayant marre de la situation, a décidé de lancer sa propre base (BANO) libre en combinant des données libres (publiées par les grosses communes par exemple), des données issues du cadastre (la direction générale des impôts permet aux contributeur du projet libre OSM d’utiliser le cadastre) et des données venant directement d’OpenStreetMap.
C’est ce gros coup de pied dans la fourmilière et l’action exemplaire du secrétariat d’État en charge de la Réforme de l’État (qui a profité de ce coup de pression sur l’IGN et la Poste pour promouvoir une belle synergie public/privé/société civile).
Merci OSM france !
Cette base unique, remplaçant les dizaines de bases existantes et souvent redondantes va permettre tant au public au privé d’économiser des dizaines de millions d’euros et favoriser un bond qualitatif (voire sauver des vies en aidant les pompiers / SAMU à mieux localiser les victimes).
Le 17/04/2015 à 11h01
Pour ceux qui veulent ajouter des adresses ou corriger des erreurs, le plus simple est de le faire via les outils d’OpenStreetMap. Les modifications remonteront automatiquement à la BANO (c’est pas immédiat).
https://www.openstreetmap.org
Le 17/04/2015 à 11h12
Le 17/04/2015 à 18h34
Un peu plus d’infos sur ce sujet :
Un billet de mai 2014 d’osm.fr qui évoque les lacunes de l’IGN et donc pourquoi osm.fr va agir.
http://openstreetmap.fr/blogs/cquest/BAN-a-cote-de-la-plaque
La réponse de la CGT de l’IGN vent debout contre ce projet :
https://cgtgeo.wordpress.com/2014/09/25/la-base-adresse-de-lign-en-danger/
Les commentaires sont très intéressants.
Le 17/04/2015 à 19h54
« la frontière entre la liberté du collaboratif et l’ultralibéralisme est ténue »
Sont complètement à côté de la plaque à la CGT de l’IGN… " />
Le 17/04/2015 à 23h33
Est-ce que prochainement on pourra aussi participer pour indiquer si le voisin à une piscine pour que ça soit plus simple à croiser dans les fichiers que de faire joujou avec Google Maps " />
Le 18/04/2015 à 03h30
Toutes les pubs que je reçois sont “non adressées”, c’est à dire distribuées au pif dans toutes les boîtes au lettres : pizzerias, agents immobiliers, témoins de la résurrection du lapin de pâques, voyants qui réparent mon pc par télépathie, partis politiques (c’est classé par ordre de crédibilité)
edit : à bien y regarder, seules les pizzerias sont crédibles, mais uniquement le midi
Le 18/04/2015 à 10h10
A prendre avec des pincettes d’un côté comme de l’autre, il est de notoriété publique que ça a clashé entre les deux.
Le problème pour la CGT, il est très simple : si on remet en cause le business model de l’IGN, il y a un risque que la voilure soit réduite, donc c’est mal. Partant de là, tous les arguments sont bons pour s’y opposer, même ceux qui ne leur auraient posé aucun problème dans un contexte différent. Si l’état s’était engagé à compenser le manque à gagner par une dotation, ils auraient peut-être été pour.
Le problème d’OSM, c’est qu’à eux seuls, ils auraient beaucoup de mal à atteindre une base d’aussi bonne qualité que ce qui existe déjà chez l’IGN et la Poste, donc ils ont fait le lobbying et l’entrisme qu’il fallait pour que l’état les forcent à coopérer, ce qui nécessitait de casser du sucre sur leur dos dans les médias (le fait que les critiques soient justifiées ou non n’ayant qu’une importance secondaire).
Le fait que la version des faits d’OSM domine dans les médias ne veut pas dire qu’elle soit 100% objective.
Le 17/04/2015 à 06h56
“Aujourd’hui, ce type d’informations est exploité par de nombreux acteurs privés, à l’image de Google Maps […]”
“[…] ou bien encore pour les développeurs d’applications basées sur la géolocalisation.”
Je ne suis pas développeur Android donc ma question peu sembler bête mais il n’y a pas un sdk Google Maps gratuit à disposition des développeurs ? Aujourd’hui comment font-ils ?
Le 17/04/2015 à 07h11
oui, il y a des API pour questionner la base Google maps :
GoogleCertaines sont gratuites “fond de carte & co”, d’autre avec un quota.
plus d’info : Googlelicensing
Le 17/04/2015 à 07h22
Et comment on fait pour géo localiser facilement une adresse que l’on connais mais qui n’est pas sur la carte ?
Le 17/04/2015 à 07h28
Tu veux dire que lorsque tu la tapes dans le champ de recherche, tu n’as pas de résultat ?
Le 17/04/2015 à 07h35
Mouai en fait il n’affiche pas le numéro comme sur l’image de la page d’accueil, pas cool
Le 17/04/2015 à 07h46
J’ai trouvé ce lien du projethttp://tile.openstreetmap.fr/~cquest/leaflet/bano.html
On y voit beaucoup de choses (dont les erreurs repérées automatiquement par des scripts), mais on voit bien les numéros pour certaines zones.
Le 17/04/2015 à 07h48
Ca peut être pratique dans mon travail quand j’ai une tâche sur le foncier :)
Le 17/04/2015 à 07h50
Ou plus simple surhttp://layers.openstreetmap.fr/ mais le serveur a l’air d’avoir quelques difficultés.
Le 17/04/2015 à 08h02
‘tention ! La Bano, qui est un peu l’ancêtre de la BAN, n’utilise pas les mêmes données.
Bano : données du cadastre + données opendata des collectivités + données OpenStreetMap
Ban : données Ign + données La Poste
Tout cela va progressivement et partiellement fusionner, mais il faut laisser un peu de temps.
Le 17/04/2015 à 08h30
super
on a pas fini de se faire inonder de pubs dans les boites aux lettres et de se faire démarcher !!
Le 17/04/2015 à 08h30
Merci ! :)
Le 17/04/2015 à 08h33
Je crois que t’as vraiment rien compris. " />
Le 17/04/2015 à 08h44
Je ne vois pas non plus le rapport, sauf si les publicitaires envoient leurs pubs par drones en indiquant les coordonnées GPS " />.
Le 17/04/2015 à 08h48
Le 17/04/2015 à 08h53
C’est pas très gentil d’oublier l’IGN dans le premier paragraphe. C’est quand même eux qui ont développé le bouzin, pas OSM ou Etatlab.
Le 18/04/2015 à 21h23
Et au final, est-ce que Qwant va utiliser cette base de données ?
C’est une étape de plus pour se rapprocher de ce que propose Google.
Le 19/04/2015 à 18h39
C’est très gris leur map. (OpenStreetMap fonctionne bien par contre.)
Le 20/04/2015 à 05h32
Le 20/04/2015 à 09h27
Des arguments vérifiables?
ils auraient beaucoup de mal à atteindre une base d’aussi bonne qualité que ce qui existe déjà chez l’IGN et la Poste
15 millions d’adresse contre 20. OSM reconnait lui-même qu’il est bien content de s’appuyer sur leurs données.
donc ils ont fait le lobbying et l’entrisme qu’il fallait
La position d’OSM est reprise partout dans les médias, celle de l’IGN et de la poste sont inaudibles. Christian Quest, président d’OSM s’est fait nommer à Etatlab.
Notez que bien qu’ils soient connotés péjorativement, le fait que j’utilise lobbying et entrisme n’est pas une critique de ma part. C’est le constat d’une stratégie de positionnement d’OSM que je trouve non seulement tout à fait logique, mais aussi très profitable pour nous tous (et, j’en suis convaincu, à long terme profitable aussi pour l’IGN et la Poste)
Par contre, ce sont des choses qu’on ne peut pas ignorer quand on analyse qui a dit quoi, sans quoi on avale des couleuvres
casser du sucre sur leur dos dans les médias
Je vais reprendre quelques éléments de ce que vous avez dit plus haut, qui est très représentatif du discours d’OSM sur le sujet :
Le 20/04/2015 à 09h52
Oups, j’ai posté par accident avant de finir le message.
Pour compléter le 1° point, les systèmes participatifs sont très efficaces en ville, ou ils rivalisent effectivement avec les organismes de cartographie biens établis, mais beaucoup moins dans les zones peu denses. C’est là que l’IGN et la Poste auraient gardé leur avance un bon moment.
Et pour conclure le message dans son ensemble : je ne critique pas la position d’OSM, elle est logique, correspond aux valeurs de la boite, et je suis très satisfait de ce qu’elle a obtenu.
Par contre, présenter OSM comme l’initiateur et l’auteur principal du projet est injuste envers le couple IGN-La Poste, qui ont beaucoup travaillé sur le sujet, depuis bien plus longtemps qu’OSM, et qui même dans la situation actuelle, en restent les contributeurs principaux. Leur seul tord, quelque part, c’est d’avoir voulu faire de l’argent, ce que je trouve difficile de leur reprocher, compte tenu de ce que leur coute le maintien de telles bases.