Redevance copie privée : le ministère de la Culture planche sur la situation des professionnels
Sous menace européenne
Le 14 septembre 2015 à 09h48
5 min
Droit
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Vendredi après-midi, industriels et ayants droit se sont retrouvés au ministère de la Culture pour évoquer un des versants de la redevance copie privée : la situation des professionnels. Un premier rendez-vous avant une série d'autres et d’où pourraient naître des amendements au projet de loi Création.
Les deux collèges étaient conviés à un rendez-vous chapeauté par Émilie Cariou, la conseillère de Fleur Pellerin, chargée du financement de la création. L’objet de cette réunion ? Trouver des pistes pour assouplir les conventions d’exonération des professionnels au regard de la redevance copie privée, mais aussi fluidifier les traitements liés à l’exportation des supports à l’étranger. Le projet de loi Création, qui sera débattu à la fin du mois à l’Assemblée nationale, pourrait du coup être un tremplin pour de futurs amendements, du moins selon les épineux arbitrages exprimés entre les murs du ministère.
Pour mémoire, selon la législation française, la redevance copie privée – 235 millions d’euros en 2014 – est payée par tous les acheteurs de supports à l’intérieur de nos frontières. Il s’agit de compenser la possibilité pour eux de réaliser des copies privées des œuvres protégées, une exception au monopole du droit d’auteur. Seulement, sous l’aiguillon du droit européen, la loi du 20 décembre 2011 autorise depuis les professionnels (tels que les hôpitaux) à se faire rembourser la redevance. Du moins pour les seuls « supports d’enregistrement acquis notamment à des fins professionnelles dont les conditions d’utilisation ne permettent pas de présumer un usage à des fins de copie privée ».
Outre ce système de remboursement, la même loi a organisé un système d’exemption, qui n'était encadré qu'au bénéfice des entreprises liées aux ayants droit jusqu'alors. Elle a prévu la possibilité pour tous les professionnels de conclure une « convention constatant l’exonération et en fixant les modalités » avec Copie France, l’organisme collecteur des ayants droit.
Publié cet été, le rapport Copie Privée du député Marcel Rogemont avait cité un exemple d’exonération : « l’entreprise Airbus, qui publie sur CD des manuels d’instruction pour l’ensemble de ses pilotes à travers le monde, bénéficie à ce titre d’une convention d’exonération. La convention permet aux professionnels d’acheter des supports sans se voir facturer la RCP. »
Des conventions et des remboursements trop rares
Seulement, le mécanisme est au point mort (remboursement, exonération), comme le regrettait le député socialiste. Il s’est armé de deux tableaux pour dresser un constat éloquent : « L’étude d’impact accompagnant la loi du 20 décembre 2011 évaluait les remboursements à un montant annuel de 58 millions d’euros. Or, selon les chiffres communiqués par le ministère de la Culture le 13 mai 2014, le total des remboursements depuis l’origine atteint seulement 375 805 euros, soit moins de 0,65 % de la somme prévue par l’étude d’impact ». De même, « la liste des sociétés exonérées est consultable sur le site de Copie France. 1 720 conventions étaient en vigueur en mai 2015 », loin des 2 048 passées par exemple en 2007.
Selon Marcel Rogemont, cette situation a une explication simple : « Le manque d’effectivité des remboursements des professionnels tient en grande partie à la lourdeur des démarches administratives que ces derniers doivent engager ». Pour les ayants droit, ce n’est pas une mauvaise affaire puisque l’argent payé et non réclamé est conservé dans leur trésorerie. L'auteur du rapport avait donc suggéré que « les professionnels soient mieux informés de la possibilité de conclure des conventions d’exonération avec Copie France » et qu’on obtienne enfin « une réelle simplification des demandes de remboursement de la rémunération pour copie privée ». C'est ce mouvement que tente d'initier aujourd'hui le ministère de la Culture.
La menace européenne
D’autres réunions seront organisées dans les jours à venir pour que les participants puissent trouver de possibles solutions. En attendant, la France sait qu’elle peut être menacée par une procédure européenne : dans son arrêt Amazon du 11 juillet 2013, résumé dans le rapport précité, la CJUE « admet que la rémunération puisse, pour des raisons de simplicité qui doivent être solidement documentées, s’appliquer indistinctement à l’ensemble des supports mis en circulation, pour autant qu’un tel système soit assorti, pour ceux qui ont été acquis à des fins professionnelles, d’un mécanisme permettant un remboursement effectif et ne rendant pas excessivement difficile la restitution de la rémunération payée ».
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Des conventions et des remboursements trop rares
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La menace européenne
Commentaires (26)
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Abonnez-vousLe 14/09/2015 à 10h02
Je suis en prof libéral et j’ai acheté environ 6 DD de 4To.
Quand j’ai vu la compléxité et la paperasse qu’il fallait remplir ( et chercher… ) pour se faire rembourser j’ai laissé tomber. Il est bien évident que c’est fait exprès.
Cette foutu redevance est d’une hypocrisie sans limite, ca dépasse l’entendement.
Le 14/09/2015 à 10h02
EN effet, ils vont plancher dessus ….
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Le 14/09/2015 à 10h44
C’est une mafia… ^^
Le 14/09/2015 à 10h59
Le plus amusant c’est que ce sont les “professionnels” donc théoriquement exonérés de taxe qui achètent en France et que les “particuliers” (enfin les moins cons d’entre eux) achètent à l’étranger.
Donc il est normal de rendre lourde et complexe la procédure de remboursement, autrement cette taxe ne rapporterait plus grand chose.
Le 14/09/2015 à 11h04
Le 14/09/2015 à 11h06
Oui le remboursement ne peut être envisageable seulement pour les grosses boite , les artisans et commerçants peuvent aussi aller se faire voir
Pour les ayants droit, ce n’est pas une mauvaise affaire puisque
l’argent payé et non réclamé est conservé dans leur trésorerie.
Au lieu d’augmenter la redevance TV elle n’aurait pas pu se servir vu que de toute façon ils ne rembourseront personne de façon rétroactive ? (pas fait de calcul " /> )
Le 14/09/2015 à 11h11
Et sinon, la suppression pure et simple de cette taxe débile, ça serait bien nan ? On baisse un peu le nombre de fonctionnaires dans nos collectivités locales et c’est good ! Conseil régional, conseil général, communauté de communes, communes, communautés urbaines ……………….
Le 14/09/2015 à 11h16
Ah vi baissons le nombre de fonctionnaires. J’ai ma petite en maternelle, ils sont 30 par classe, pour une maitresse et une assistante maternelle payée par la mairie !
Laisse les fonctionnaires ou ils sont, va plutot voir du coté des dépenses vraiment inutiles de l’état.
Je serai bien tenté de faire une liste, mais y aurait un roman a écrire… .
Et au passage, les communautés de communes/urbaines, ont été créées pour pallier au manque de crédits alloués par l’état via une mise en commun des ressources.
Rien qu’á la sécu y a des milliars à économiser. Ils serait temps de généraliser le système alsacien.
Le 14/09/2015 à 11h27
Pourquoi ne pas simplement supprimer cette taxe de m totalement injustifiée ( comme tant d’autres ).
Le 14/09/2015 à 11h29
ce n’est pas une taxe, c’est une redevance mais le reste de ta phrase est bon
Le 14/09/2015 à 11h35
Le 14/09/2015 à 11h37
ce n’est pas une redevance, c’est un racket mais le reste de ta phrase est bonne
" /> déjà loin " />
Le 14/09/2015 à 11h46
Le 14/09/2015 à 11h52
Le 14/09/2015 à 12h17
Aucun rapport. La redevance copie privée ne va pas dans la poche de l’état ni d’aucune collectivité locale. Ça va dans la poche des zayandroits.
Le 14/09/2015 à 12h33
Le 14/09/2015 à 12h49
Le 14/09/2015 à 12h58
réactif au bout de 10-15 ans ils se demande si cette taxe n’est pas une ineptie
Le 14/09/2015 à 14h48
Le petit musicien qui paye une taxe sur ses outils de travail pour engraisser les gros, c’est ça la réalité de ce système.
Le 14/09/2015 à 14h55
Le 14/09/2015 à 15h37
Parce que pour toi, financer un festival, c’est assimilable à un impôt ?
Le 14/09/2015 à 15h40
Le 14/09/2015 à 16h38
Si ce sont des DD internes, il n’y a pas de taxe copie privée.
Si ce sont des DD externes… bah il faut les acheter à l’étranger sur le web… c’est tout l’effet négatif des usines à gaz produites par nos gouvernants successifs, tous plus imbéciles les uns que les autres, et qui produisent ensuite des exceptions à la loi imbécile, dont il est question dans l’article !
Le 14/09/2015 à 19h19
Le 14/09/2015 à 22h01
Retranche 15 à 20 minutes. Ils sont préformatés de nos jours. " />
Le 16/09/2015 à 11h45