Meta a abandonné ses systèmes d’automatisation de la réduction de la portée des fake news
Yolo
Mark Zuckerberg a affiché la semaine dernière un nouveau virage pour Meta. Mais l’annonce de l’abandon des partenariats de fact-checking au moins aux États-Unis s’est accompagnée, de façon plus discrète, de l’arrêt des systèmes de Meta pour réduire la portée des fake news.
Le 16 janvier à 16h30
5 min
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Ce début d’année, juste avant l’investiture de Donald Trump, est mouvementé chez Meta. Mark Zuckerberg a décidé de suivre le virage emprunté depuis quelque temps par Elon Musk, notamment concernant la modération des réseaux sociaux.
Il a pris la décision d’arrêter les programmes de fact-checking aux États-Unis et l’entreprise n’est pas claire sur le futur de ceux qui existent en Europe. Meta a aussi changé sa politique de modération, laissant désormais passer certaines insultes envers les femmes et les personnes de la communauté LGBTQ et a stoppé, comme d’autres, sa politique d’inclusivité professionnelle.
Dans l'annonce à propos de cette nouvelle politique de modération faite par Joel Kaplan, le nouveau responsable des affaires internationales de Meta, celui-ci affirmait : « Nous rétrogradons également trop de contenus dont nos systèmes prévoient qu'ils pourraient enfreindre nos normes. Nous sommes en train de nous débarrasser de la plupart de ces rétrogradations et, pour le reste, d'exiger une plus grande confiance dans le contenu qui enfreint nos propres normes », sans pour autant détailler de quel genre de contenu il parlait.
Meta ne pénalise plus les fake news
On en sait désormais un peu plus : le média américain Platformer a appris que Meta avait demandé à ses équipes chargées du classement des contenus de ne plus pénaliser ceux véhiculant des fausses informations. Comme le pointent nos confrères, des fake news comme celles qui ont été diffusées sur Facebook lors de la présidentielle de 2016 comme le soutien du Pape François à Trump ou le Pizzagate peuvent de nouveau se répandre comme n’importe quelle information.
Pourtant, selon Plateformer, les algorithmes de classification de Meta étaient petit à petit arrivés à réduire la portée de ces fake news de 90 %.
Meta renvoie aux déclarations de Mark Zuckerberg en août dernier
La décision de ce changement ne semble pas avoir été prise récemment. En effet, si Meta n’a pas voulu commenter le sujet lorsque nos confrères l’ont contactée, l’entreprise les a renvoyés vers la lettre de Mark Zuckerberg à Jim Jordan, président de la commission judiciaire de la Chambre des représentants, rendue publique en aout dernier.
Le CEO de Meta a envoyé cette lettre dans le cadre d'une commission, dirigée par les Républicains qui accusaient Meta de s'être livrée à « un sabotage politique en supprimant des contenus de droite », comme l'expliquait Wired. Dans son courrier, Mark Zuckerberg faisait une sorte de mea-culpa en affirmant qu'en 2021, l'administration Biden a demandé à Meta « de censurer certains contenus liés à Covid » et que l'entreprise a suivi cette demande. Il y regrettait cette décision.
Il évoquait aussi la rétrogradation d'un article du New-York Post à propos de Hunter Biden, expliquant que « le FBI nous a mis en garde contre une opération de désinformation russe potentielle concernant la famille Biden et la Birmanie avant les élections de 2020 ». Il affirmait : « Nous avons envoyé cet article à des vérificateurs de faits pour examen et l'avons temporairement rétrogradé dans l'attente d'une réponse. Depuis, il a été clairement établi qu'il ne s'agissait pas de désinformation russe et, rétrospectivement, nous n'aurions pas dû rétrograder l'article ».
Mais cette déclaration indiquait donc que l'entreprise ne rétrograderait plus des contenus suspects avant de les avoir vérifiés, pas qu'elle abandonnait totalement la détection et la rétrogradation des fake news.
Peu d'effort aussi pour modérer les publicités problématiques
Les fake news ne sont pas les seules à poser problème dans la politique de modération de Meta. Comme expliqué plus haut, l'entreprise a changé sa politique de modération pour laisser passer certaines insultes. Mais comme le rappelle Alexio Mantzarlis, du centre de recherche Cornell Tech, l'entreprise permet aussi à des services comme Crush AI de publier des milliers de publicités pour une IA qui déshabille les femmes.
« Crush AI échappe à la modération de Meta en créant des dizaines de nouveaux profils d'annonceurs et en changeant fréquemment de domaine. Après avoir informé Meta de trois des quatre domaines que j'avais trouvés, la plateforme a supprimé les annonces correspondantes. Ce matin, le domaine que j'avais involontairement omis de communiquer à Meta diffusait encore 150 annonces », explique-t-il.
En utilisant Similarweb, il a observé que « les quatre sites web du réseau ont reçu 263 119 visites en décembre 2024. Parmi celles-ci, 237 420 provenaient de Facebook ou d'Instagram ». Il conclut : « cela représente 90 % de leur trafic, grâce à Mark Zuckerberg ».
Meta a abandonné ses systèmes d’automatisation de la réduction de la portée des fake news
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Meta ne pénalise plus les fake news
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Meta renvoie aux déclarations de Mark Zuckerberg en août dernier
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Peu d'effort aussi pour modérer les publicités problématiques
Commentaires (4)
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Abonnez-vousModifié le 16/01/2025 à 18h19
Mais qqn connait le nombre de faux-positif ? Parce que le problème est là. Combien de news injustement détectée/bloquée comme étant "fake" est-on prêt à accepter ?
Aujourd'hui à 18h45
Aujourd'hui à 19h05
1. est volontairement fabriquée, falsifiée ou mensongèrement attribuée à un tiers,
et
2. à troublé ou est susceptible de troubler la paix publique.
Modifié le 16/01/2025 à 19h35
Et très bonnes définitions.
C'est tellement plus joli dit en Français que cet horrible & abominable "Fake News" (popularisé par Trump au pasaage) alors qu'il existe :
- mensonge
- désinformation
- information fausse ( & volontairement en général comme tu le soulignes en effet)
- information mensongère
- (gros) bobard ou (gros) pipeau
Et celle-ci que j'aime bien, qui est un nom "porte-manteau" :
- infox (soit l'accouplement entre info & intox)
(Sinon cela fait plus de 15 ans que j'habite dans une ex-colonie britannique... avec du riz à table quasiment tous les jours... Mon commentaire était avant tout pour titiller l'auteur de l'article...)
Et je me la sauve qq part ta définition... Ça pourrait me reservir plus tard)