Bilel Benbouzid : « À travers la technique, les ingénieurs rêvent de transformer la société de manière neutre »
La neutralité, c'est politique ?
Une semaine sur deux, entre chaque épisode du podcast Algorithmique, les abonnés de Next peuvent écouter en intégralité l’un des entretiens qui a servi à sa fabrication ou lire sa retranscription.
Le 27 novembre à 17h00
69 min
IA et algorithmes
IA
Sociologue au Laboratoire interdisciplinaire Sciences Innovations Sociétés et maître de conférence à l'université Gustave Eiffel, Bilel Benbouzid est co-auteur d'une cartographie de la régulation de l'intelligence artificielle. Il a animé un séminaire intitulé « À la recherche du politique de l'intelligence artificielle » à Sciences Po Lyon.
Dans cet entretien enregistré le 2 juillet 2024, entre les deux tours des élections législatives, pour l'épisode 5 d'Algorithmique, il détaille les enjeux les différentes arènes des débats politiques autour de l'intelligence artificielle, la manière dont elles s'allient et s'opposent selon les enjeux, et leurs effets concrets, notamment dans un texte comme le règlement sur l'intelligence artificielle.
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Abonnez-vousBilel Benbouzid : « À travers la technique, les ingénieurs rêvent de transformer la société de manière neutre »
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Pouvez-vous vous présenter ?
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Vous avez animé un séminaire-enquête qui s'appelle « À la recherche du politique de l'intelligence artificielle ». Pourquoi est-ce que ça nécessite enquête ?
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J’ai découvert votre travail avec votre cartographie des différentes définitions de l'intelligence artificielle. Cette cartographie, vous l'avez publiée dans un article de la revue Réseaux qui s'intitule Quatre nuances de régulation de l'intelligence artificielle. Commençons donc par ceci : à quoi ça sert un tel outil ?
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Pourquoi est-ce que ça ne fonctionnait pas ?
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Quelle solution avez-vous trouvée ?
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C’est l'image du marteau ?
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Qui sont les anti-neutres ?
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Pourtant, ces personnes appellent quand même à la développer.
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Par qui cette arène est-elle critiquée ?
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Est-ce que ça n'est pas quand même une théorie critique très étasunienne ?
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TESCREAL ? L’acronyme trace une filiation entre les courants transhumanistes, altruiste effectif, long-termiste, etc.
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Est-ce qu’il y a une figure représentative des neutres ?
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Qu’est-ce qui a opposé Yann LeCun et Timnit Gebru ?
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Pourquoi est-ce que c’est si difficile à comprendre ? Est-ce que peut-être il n'y a pas un problème avec le fait que ces débats se fassent sur les réseaux et en particulier sur Twitter, qui n’est pas un lieu très calme ?
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Mais est-ce qu'ils ont plus de cours en STS qu'avant ?
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Ça sonne très macroniste, ce en même temps, non ?
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Où sont les citoyens, dans la boussole ?
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C'est-à-dire un champ d'applications plus que de recherche ?
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Pour revenir sur la question de la neutralité : vous dites que finalement les big tech sont partout, par exemple, et vous avez dit au début que les entreprises arrivent très bien à récupérer la critique… J’y entends un peu l’idée que le capitalisme arrive très bien à intégrer la critique, comme le disait Shoshanna Zuboff.
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Est-ce qu’il n'y a pas quelque chose à creuser sur cette forme de neutralité économique ? Est-ce que la neutralité n‘est pas le positionnement du capitalisme ?
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Qu’entendez-vous par fiction politique ?
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Là, on parle des deux arènes anti-neutres. Est-ce que ce n‘est pas une fiction politique à partir d'être neutre ?
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La raison pour laquelle je vous pose cette question, c'est que plus tôt, vous disiez : il faudrait que ceux qui sont dans la position neutre assument qu'ils sont dans la position neutre, dans un potentiel débat politique. Mais est-ce que ce n'est pas paradoxal de base, puisque si on se pense neutre, je suppose qu'on ne se pense pas politique ?
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Au début, vous souligniez que ce qui se passe sur l'IA explique un peu, ou bien est lié à ce qui se passe actuellement, politiquement, en France. Est-ce que vous pouvez développer ?
Commentaires (7)
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Abonnez-vousModifié le 27/11/2024 à 18h59
Dissocier la technologie de l'humanité à laquelle elle est censée être assujettie, en tant que simple outil, et qu'elle doit servir, car les problèmes à adresser voire résoudre sont humains, c'est la première et fondamentale erreur qui va créer de la violence.
La machine est fatale, car elle réduit les problèmes à des cases.
Les mêmes qui vont refuser de s'intéresser au commun politique et le moquer, les mêmes qui vont refuser l'action syndicale et la moquer.
Tout en étant les premiers à chouiner sans jamais se bouger.
Devinez quoi ?
De leur refus de leurs obligations citoyennes, ils arrivent derrière quand même à créer une pseudo-nouvelle idéologie, tout en restant servile vis-à-vis de celle dont ils servent (consciemment ou non) les intérêts.
Ils me font honte.
J'appelle de tous mes vœux que ces robots déshumanisés (consciemment ou non) cherchant à déshumaniser (consciemment ou non) les problèmes pour les traiter de manière inhumaine (consciemment ou non) (re ?) prennent conscience qu'il faudrait qu'ils reviennent vivre dans un monde humain.
Heureusement que les salariés du secondaire permettent aux cortèges de manifestations ou aux cellules syndicales d'exister, par leur énergie, leur temps, et leur motivation parfois dépensée sans compter.
Merci à eux.
Le 27/11/2024 à 20h44
Le 28/11/2024 à 08h26
Modifié le 28/11/2024 à 17h58
Pour moi si ça s'est imposé dans la plupart des pays les plus riches c'est que ça permet de maximiser le potentiel des humains d'une société, tous les cerveaux produisent, l'assentiment est plus grand à fonctionner collectivement, moins de conflits, meilleure santé générale via un relatif partage... Et en fait ce sont les pays qui n'ont pas développé ces concepts qui se sont sabotés via leurs préjugés ou leur morale inférieure et sont restés pauvres.
Le pb de vouloir inclure ça dans l'IA c'est que l'IA n'a aucun besoin que les cerveaux humains produisent le plus possible, aucune plus value à ce que les humains consentent ou fonctionnent collectivement, à la la limite l'IA sait/saura rapidement mieux forger du consentement humain en trompant nos sens à l'échelle individuelle personnalisée que n'importe quelles valeurs morales/légales humaines dans une société libre et consciente d'elle même. De la même manière que, au moins temporairement, le fanatisme patriotique peut remplacer les droits humains de manière efficace pour faire prospérer une société.
Si je comprend bien ce qu'il en dit, le vide de fiction politique autour des droits humains dans l'IA et qui met le camp des "anti neutres" (des militant-e-s concrètement j'ai l'impression) est juste logique. L'IA est/sera utilisée pour optimiser la société malgré les humains, ou en dépit d'eux. Donc les droits fondamentaux, les sentiments de justice, d'équité etc. ne peuvent en être car ils sont une méthode du passé pour optimiser une société.
La seule chose qui pourrait contrer l'IA déshumanisée et manipulatrice qu'on pressent venir serait de réussir à coder des affects pro humains dedans, pas de vouloir la réguler légalement. Et compter sur ces affects éventuellement pour qu'une fois le point de singularité atteint, on ne soit pas traités comme la viande irrationnelle qu'on est par une intelligence qui nous dépasse en tous points.
Il faut qu'on inclue de l'amour parental dans les moteurs d'IA !
Qui veut le prix nobel de la paix peut commencer à plancher sur le code en C de l'ocytocine.
C'est peut être la seule régulation légale qu'on peut envisager raisonnablement.
pour l'article sinon
Modifié le 02/12/2024 à 12h26
La première, c'est le second paragraphe sur la démocratie. C'est bien méconnaître l'Histoire, ne serait-ce que celle de la France, pour écrire que la démocratie s'est imposée. Quand on voit les revirements de régimes depuis la révolution de 1789 et la montée de l'extrême droite en Europe, effectivement, la démocratie ne va pas de soit (moins de la moitié de la population mondiale vit dans une démocratie complète ou imparfaite), il faut se battre pour qu'elle se maintienne.
Je passe sur la qualificatif "inférieure" concernant la morale des pays "restés pauvres".
La seconde est de considérer le camp de l'anti-neutralité comme composé de militants/es. Ce qui laisse entendre qu'il n'y a pas de militant/e dans celui de la neutralité.
Cela me fait penser à ceux qui disent qu'ils ne sont ni de gauche, ni de droite. En général, ils sont de droite, ou pour le moins surtout pas de gauche.
Modifié le 03/12/2024 à 00h31
Jusqu'au milieu du XXe Siècle, le racisme se voulait être une justification scientifique de la colonisation et de l'esclavage. On sait aujourd'hui que le racisme n'a rien de scientifique et qu'il s'agit d'une idéologie. Dès qu'un discours, qui se veut démonstratif ou raisonné, comporte des mots comme « inférieur » « supérieur » ou « faible » « fort » pour qualifier des groupes humains (dans l'idée de les hiérarchiser), il s'agit de la même idéologie nationaliste, suprémaciste ou raciste qui veut légitimer la domination des uns par les autres ou légitimer la loi du plus fort qui serait l'unique manière d'imposer l'ordre et d'instituer l'excellence (une utopie comme toutes les idéologies en proposent).
Le 02/12/2024 à 13h18
Source: mes vieux cours de 4e au collège