LinkedIn dope ses outils de recrutement à l’IA
LinkedIn lancera début 2025 un agent IA dédié aux professionnels du recrutement, qui constituent le cœur de son modèle économique. Une nouvelle brique qui s’ajoute à la longue liste des outils nourris à l’IA exploités par le réseau social.
Le 06 novembre à 11h48
6 min
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Souvent présenté comme la problématique numéro un des entreprises, le recrutement est l’une des briques du modèle économique de LinkedIn, le réseau social dédié aux professionnels propriété de Microsoft. Et l’offre de services correspondante, baptisée Talent Solutions, s’étoffera bientôt d’un « agent » dédié, Hiring Assistant, pour l’instant testé auprès d’une quantité limitée de clients, parmi lesquels AMD, Canva ou Siemens, uniquement en langue anglaise.
Un assistant dédié aux tâches répétitives
D’après Hari Srinivasan, vice-président en charge du Produit chez LinkedIn, cet assistant est avant tout « conçu pour prendre en charge les tâches les plus répétitives d'un recruteur », afin que ce dernier puisse se consacrer aux pans à réelle valeur ajoutée de ses missions, comme le conseil aux métiers qui recrutent ou le lien avec les candidats.
Dans le détail, cet Assistant est notamment censé savoir traiter les fiches de poste, les notes d’admission, et les éventuels commentaires du recruteur pour immédiatement « traduire ces informations en compétences et construire un vivier de candidats qualifiés ».
Le site dédié promet quant à lui que l’assistant « constituera automatiquement un vivier de candidats qualifiés à examiner, fera apparaître les meilleurs candidats, rédigera des projets de prise de contact et répondra même à des questions de base sur le poste », le tout sur la base des objectifs de recrutement définis par l’utilisateur.
« Au cours de l'année à venir, Hiring Assistant fournira également un nouveau support de messagerie et de planification permettant aux recruteurs de se concentrer sur les conversations, et non sur la logistique », ajoute Hari Srinivasan.
LinkedIn ne donne aucun détail précis quant au fonctionnement technique de son assistant. Le réseau social prend en revanche soin de souligner qu’il est « associé » à son immense catalogue de données, avec une base revendiquée de plus d’un milliard de membres, 68 millions d’entreprises et 41.000 compétences.
Un gisement de données propice à l’entraînement, que LinkedIn a d’ailleurs entrepris d’exploiter sans le consentement préalable de ses utilisateurs – en dehors de l’Europe, RGPD oblige – et pour lequel il offrira bientôt un « paramètre de refus ».
Le « master plan » IA de LinkedIn dans le recrutement
L’annonce de cet assistant pourrait paraître anecdotique, si l’IA n’avait pas pris une place aussi prégnante dans la communication de LinkedIn en direction des entreprises et des professionnels du recrutement. Dans la foulée du lancement de ChatGPT, puis des liens capitalistiques noués entre Microsoft et OpenAI, le réseau social a d’abord commencé par revendiquer une approche « décisionnelle » de l’IA, en rappelant qu’il l’utilise de longue date pour améliorer ses outils de recommandation.
L’IA générative figure quant à elle au catalogue des offres dédiées aux recruteurs depuis le printemps 2023, avec des modules dédiés soit à l’automatisation de la prise de contact, soit à la création d’une offre d’emploi attractive à partir d’une fiche de poste ou d’un document interne.
Le discours s’infléchit à partir d’octobre 2023. Lors de son événement annuel dédié aux recruteurs, LinkedIn présente une feuille de route qui prévoit la sortie, en deux vagues et sur douze mois, de nombreuses briques fonctionnelles dopées à l’IA. Rebelote fin 2024, avec la mise en ligne des premiers éléments relatifs au plan « Hiring 2025 », nouvelle feuille de route dont les ambitions s’incarnent en partie au travers de cet assistant.
De l’IA à tous les étages du modèle économique
Avec ces promesses d’automatisation, de préqualification et de gain de temps, l’IA constitue l’un des fers de lance de la promesse commerciale de LinkedIn pour ses licences dédiées aux professionnels du recrutement, dont les prix peuvent, sur les formules dédiées aux grands comptes ou aux cabinets spécialisés, atteindre 10 000 dollars par an et par poste. Sur les 15 milliards de dollars de chiffre d’affaires réalisés en 2023, LinkedIn en attribue ainsi 7 milliards, soit près de la moitié, à ces licences.
L’intérêt économique de LinkedIn pour l’IA ne s’arrête cependant pas là. Le réseau social en a fait l’un des nouveaux arguments commerciaux de son abonnement Premium, dédié cette fois aux utilisateurs individuels et notamment aux personnes en recherche d’emploi. D’après Dan Shapero, directeur général de LinkedIn, cité par Reuters en mars dernier, ces outils d’IA auraient largement contribué à la hausse de 25% du nombre d’abonnés enregistrés par LinkedIn en 2023. De façon plus discrète, l’IA sous-tend également les fonctionnalités de ciblage publicitaire proposées par le réseau social aux recruteurs.
Des outils « responsables »
Sans surprise, LinkedIn concentre sa communication sur l’efficacité, et désamorce les questions relatives aux limites de l’IA en arguant du fait que ses outils sont construits en accord avec ses principes d’IA responsables, lesquels formulent des promesses génériques de justice, d’inclusion, de confiance, de transparence et de gouvernance.
L’IA appliquée au recrutement soulève cependant des problématiques spécifiques, comme le rappelaient récemment les chercheuses Isabelle Collet et Raziye Buse Çetin, au micro de Next dans l’épisode 2 de notre podcast Algorithmique. En 2021, les algorithmes de LinkedIn avaient d’ailleurs été directement épinglés pour leurs biais dans un reportage de la revue du MIT, Technology Review.
Plus récemment, un rapport du programme européen Fairness and Intersectional Non-Discrimination in Human Recommandation (FINDHR) soulignait début 2024 la propension des outils automatisés à exclure des candidats pourtant qualifiés en raison de critères autres que leurs compétences.
À défaut de détails précis, Aarathi Vidyasagar, vice-présidente de l’ingénierie chez LinkedIn, veut apporter des garanties quant au fonctionnement du nouvel agent. « Lors du développement de l’Assistant Recrutement, nous avons mené des évaluations rigoureuses pour identifier les lacunes et les risques, tels que les hallucinations et le contenu de mauvaise qualité. Les actions sont auditées et signalées de la même manière que celles des utilisateurs humains. Cela garantit que les activités maintiennent le même niveau de transparence et de responsabilité », écrit-elle.
Le 06 novembre à 11h48
LinkedIn dope ses outils de recrutement à l’IA
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Un assistant dédié aux tâches répétitives
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Le « master plan » IA de LinkedIn dans le recrutement
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De l’IA à tous les étages du modèle économique
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Des outils « responsables »
Commentaires (4)
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Abonnez-vousAujourd'hui à 12h44
#1
Aujourd'hui à 13h32
#1.1
Aujourd'hui à 13h09
#2
Il est clair qu'un individu ce n'est guère qu'une série de compétences préqualibrées par des notes définies qui permettent de ranger chacun dans des cases.
Il est clair qu'il n'existe pas de capacité individuelle difficilement quantifiable mais néanmoins importante.
Aujourd'hui à 13h31
#3