Les satellites de Starlink sont « une menace pour les observations astronomiques »
La menace pas du tout phantome
Le 21 octobre à 11h31
4 min
Sciences et espace
Sciences
L’Observatoire de Paris - PSL se fait l’écho d’une publication parue le 18 septembre dans la revue Astronomy and Astrophysics. Elle est intitulée « rayonnement électromagnétique intense et involontaire provenant des satellites Starlink de deuxième génération ».
Starlink et les signaux radio non intentionnels
Les perturbations en question sont des signaux radio non intentionnels (ou UEMR pour Unintended ElectroMagnetic Radiation). La situation n’est pas nouvelle, mais elle empire avec les satellites de nouvelle génération. En 2023, rappelle l’Observatoire de Paris, une première étude avait déjà montré que les UEMR des satellites Starlink de première génération pouvaient « nuire aux observations astronomiques ».
Avec les nouveaux satellites « V2 mini » c’est bien pire puisqu’ils émettent « jusqu’à 32 fois plus, et dans une plus large gamme de fréquences, que la première génération ». La version 1.5 des satellites Starlink avait amélioré les choses, mais les V2 mini émettent cinq fois plus d’UEMR que les V1.5.
Les conséquences peuvent être importantes : la flotte en cours de déploiement « menace ainsi d’aveugler les radiotélescopes et d’interdire des recherches vitales pour notre connaissance de l’Univers ». Ce n’est pas la première fois qu’une guerre des ondes se déclare entre pays et/ou organismes (sociétés privées, scientifiques…), malgré des protections mises en place par l’Union Internationale des Télécommunications (UIT).
- Sciences, changement climatique : une féroce guerre des ondes, sur Terre et dans l’espace - Next
- Les constellations de satellites parasitent la vision de Hubble
Des émissions dépassent les niveaux recommandés par l’UIT
L’Observatoire de Paris ne décolère pas et affirme que les émissions dépassent les niveaux recommandés par l’UIT dans la bande des 150,5 à 153 MHz, qui est normalement allouée à la radioastronomie. L’UIT en parle dans ce document, page 502.
Ce n’est pas tout, comme l’indiquent les chercheurs dans leur publication : la pollution de Starlink est aussi « présente dans les bandes 116 à 124 MHz et 157 à 165 MHz, ainsi que dans les bandes de fréquences de 50 à 66 MHz où les satellites de première génération ne sont pas détectés ».
Une relative bonne nouvelle tout de même : les perturbations provoquées par la première génération sur les fréquences à 125, 135 et 150 MHz semblent absents avec les V2 mini. Mais les chercheurs ajoutent que cette « amélioration est complètement annulée » par les UEMR qui « affectent une partie nettement plus grande de la gamme de fréquences observée ».
« 10 millions de fois plus intenses »
En effet, « les UEMR de Starlink sont 10 millions de fois plus intenses que les sources les plus faibles observables par LOFAR », un interféromètre européen dans lequel la France est engagée. Et la situation ne fait que s’aggraver « avec le lancement par Starlink de 40 satellites V2 mini par semaine », sans compter le développement d'autres constellations de satellites en orbite basse (Kuiper, OneWeb…).
« Leur puissance et leur vitesse de défilement affecteront tout particulièrement l’observation des sursauts et des phénomènes transitoires rapides provenant de nombreuses sources astrophysiques, telles que les exoplanètes, les novae, etc », ajoute l’Observatoire de Paris.
À travers cette publication, les scientifiques souhaitent assister les opérateurs afin d’identifier les causes de leurs signaux radio non intentionnels, et donc les limiter au maximum.
Le CNRS a mis en ligne une vidéo du passage d’un satellite Starlink dans le champ de vision de NenuFAR, une « super station de LOFAR » depuis maintenant plus de deux ans. « La position tabulée du satellite est marquée par un cercle rouge, ainsi que celle d’autres satellites à plus haute altitude ».
LOFAR a déjà publié de nombreuses données
LOFAR (LOw Frequency ARray) est interféromètre radio Européen piloté par les Pays-Bas. Un des sites officiels du projet explique qu’il est actuellement constitué d’une cinquantaine de stations, « chacune hébergeant 192 antennes couvrant le domaine de fréquence de 15 à 250 MHz ».
Début 2022, les données du radiotélescope européen et des supercalculateurs avaient permis d’obtenir « un visage très dynamique de notre Univers ». Les scientifiques avaient compilé « 3 500 heures d'observations qui occupent 8 Po d'espace disque (équivalent à une pile de DVD de 2 km de haut) ».
Le domaine d’étude de LOFAR est très vaste : de la formation des galaxies aux grandes structures de l’Univers, en passant par les amas de galaxies, le champ magnétique des galaxies, la cartographie profonde du ciel radio, l’étude du Soleil, la détection des rayons cosmiques, les explosions d’étoiles, les trous noirs…
Les satellites de Starlink sont « une menace pour les observations astronomiques »
-
Starlink et les signaux radio non intentionnels
-
Des émissions dépassent les niveaux recommandés par l’UIT
-
« 10 millions de fois plus intenses »
-
LOFAR a déjà publié de nombreuses données
Commentaires (6)
Vous devez être abonné pour pouvoir commenter.
Déjà abonné ? Se connecter
Abonnez-vousModifié le 21/10/2024 à 13h42
(Jean Pierre Coffe inside)
Le 21/10/2024 à 13h48
Le 21/10/2024 à 15h15
Le 21/10/2024 à 17h10
Le 22/10/2024 à 06h28
Le 23/10/2024 à 16h17
Bref, l approche commerciale de ces constellations où il faut occuper l’espace en premier a tout prix, cela va impacter pas mal de domaines. Et comme il n’y a pas de places pour beaucoup d’opérateurs sur ces orbites, ca va encore faire d autres dégâts.
Durée de vie des satellites : 5 ans? Et après?
Destruction en rentrant dans l’atmosphère comme dit plus haut, avec les conséquences sur celle-ci.
C est pas gagné…
Et Starlink demande de nouvelles autorisations pour envoyer de plus gros satellites à une plus haute altitude via leur fusée super heavy = plus de pollution encore.🤨